Chapitre XI Le principe premier est sans cause Les partisans du matérialisme sont très pointilleux sur la question de l'argument de l'absence de cause pour l'existence de Dieu qu'invoquent les croyants. ILs disent que si l'on accepte le créateur et qu'on voit en lui la source de toute l'existence, pourquoi le Créateur ne serait - Il pas Lui aussi sous la loi de la causalité. Bertrand Russel a déclaré lors d'une conférence tenue à la société nationale laïque à Londres: "Un jour que je lisais à l'âge de 18 ans l'auto biographie de Stuart
Mill, mon attention fut attirée par une de ses citations: Malheureusement cartains philosophes théistes de l'occident ont été eux
aussi incapables de résoudre cette question. Herbert Spencer, philosophe
anglais, écrit à ce propos: Ailleurs, il écrit: Nous renvoyons cette objection aux matérialistes mêmes. Nous leur
demandons: si nous suivions la chaîne de la causalité, nous arriverions à
la première cause; disons qu'elle n'est pas Dieu, mais la matière. Mais
alors dites - nous qui a créé la materia prima, la matière
originelle? Tenant compte de ce que la chaîne des causes et des effets ne peut pas être infinie, il ne peut y avoir d'autre réponse, que de dire que la matière est un être infini et éternel qui n'a pas besoin de cause; et auquel on ne peut déterminer un commencement. La matière aurait aussi existé depuis toujours, et ne connaît ni fin ni commencement et son existence émane d'elle - même et de sa propre nature. Nous vous retorquerons alors qu'ainsi vous admettez le principe du non - commencement et de la pré éternité, et vous soutenez que toutes les choses procèdent de la matière éternelle, que l'existence aussi a surgi d'elle, sans qu'elle - même ait eu besoin d'un producteur. Au cours de la même conférence, Russel évoque ce point et dit: Tout comme M. Russel considère la matière comme éternelle; les croyants
attribuent cette même qualité d'éternité à Dieu. Outre cela, la matière est sujette au changement et au mouvement. Son mouvement est intrinsèque et dynamique. Or l'éternité ne s'accorde pas avec le mouvement intrinsèque. La matérialité et l'immutabilité sont deux propositions contradictoires, et ne peuvent coexister dans une même chose. L'essence est toute entière immuable. Il est impossible qu'elle soit affectée par le mouvement. Comment alors les partisans du marxisme qui reconnaissent que la matière est accompagnée de son anti - thèse peuvent - ils justifier aussi son éternité? Eternité signifie immuabilité intrinsèque et non anéantissement alors que la matière est de par sa nature un essemble de forces et d'aptitudes, la relativité même, un cycle de vies et de morts. L'éternité ne s'accorde aucunement avec le mode d'existence de la matière et de tout ce qui participe à sa nature. Quand les croyants acceptent un principe absolu et immuable, ils ne le font qu'au sujet d'un être ayant les qualités d'absoluité et de permanence. Or la matière, a entre autres particularités, celle de refuser la permanence et l'éternité, et d'être en mouvement constant et relatif, ce qui est en opposition totale avec la perfection et l'absolu. * * * |