Chapitre V L'unité divine Quand la discussion porte sur les dogmes religieux à propos de l'unité
divine, il faut comprendre par là l'unité de Dieu dans Son Essence, dans
la création, dans Ses actes et dans Sa souveraineté sur l'univers et sur
l'administration de l'ordre universel, dans le culte et dans les autres
domaines. Si nous regardions un paysage naturel à travers des écrans transparents
de couleurs différentes, ce paysage nous apparaîtrait à chaque fois
différent. De même quand, avec nos esprits, nous envisageons l'Essence de
Dieu, qui est unique, nous Lui attribuons la qualité que nous - mêmes nous
avons choisi. A propos de science, nous parlerons de Dieu comme le Savant
par excellence, l'Omniscient. Quand nous l'envisageons sous l'angle de la
force, nous dirons qu'Il est Tout Puissant, etc... Si nous comprenons que l'existence de Dieu procède de Lui - même, nous devons en déduire que l'existence absol ue est illimitée dans tous les sens. Car si l'existence ou la non existence étaient les mêmes pour Dieu, Il devrait forcément emprunter l'existence hors de Son essence. Or, cette existence ne se réalise pas par ellemême. Par conséquent, l'existence pure est celle qui procède d'elle- même. Et quand l'Essence se confond avec l'existence, elle est illimitée au point de vue de la science, de la puissance, de l'éternité, du Temps; car la science et la puissance constituent des aspects de l'existence. Et l'Essence qui est l'Existence même possède toutes les perfections sans exception. * * * L'unicité est l'un des attributs divins les plus manifestes. Toutes les
religions célestes non- falsifiées l'ont prônée et préchée aux hommes, et
ont condamné le polythéisme et l'idôlatrie comme les pires formes de
l'égarement, et comme la dégradation la plus humiliante de l'esprit et de
l'intelligence. Par l'unité divine, il ne faut pas entendre un corps, car le corps est
constitué par plusieurs parties et éléments, or, il s'agit là de choses
qui ne concordent pas avec Son essence, Tout corps composé ne pourrait
être par conséquent un dieu ou quelque chose de semblable. Mais dès que nous faisons entrer d autres considérations, de nouveaux
individus feront l'objet de la représentation mentale, selon le nombre
d'éléments surajoutées, comme par exemple l'eau de pluie, l'eau de source,
l'eau de rivière et l'eau de mer, en tel ou tel lieu et à telle ou telle
époque. Mais si nous enlevons ces conditions, la pluralité disparaît et
nous retrouvons une seule et même réalite : l'eau ! Dieu n'est pas un, au sens numéral où l'on peut ajouter un second de
même catégorie. Son unicité est telle que si on Lui supposait un second,
il ne saurait être que Lui- même. L'unicité de Dieu signifie que si on se Le représentait seul et unique
-indépendamment de l'existence des autres êtres- son existence serait
incontestable, tout comme lorsqu'on L'envisagerait par rapport à
l'ensemble des autres êtres. Il n'a besoin ni d'associé, ni d'aide et ni
de descendance. Tandis que si nous envisageons les autres êtres, sans
tenir compte de l'existence du Créateur, ces êtres n'auront plus la
possibilité d'exister. Leur existence est conditionnée par l'existence de
Dieu, qu'il s'agisse de leur avènement ou de leur permanence. Par exemple, si nous admettions que cet univers dans lequel nous vivons
était infini dans toutes les directions spatiales, pourrions-nous en même
temps supposer l'existence d'un autre monde aussi infini et de même
nature? Certainement pas, parce que la deuxième hypothèse contredirait la
première. Et tout deuxième univers que l'on supposerait, ne serait en fait
que le même premier univers. Par conséquent, l'expression: "Dieu est un" ne signifie pas qu'il n'y a
pas un second dieu, mais plus que cela; elle signifie qu'il est impossible
de supposer l'existence d'un second Dieu. L'existence même de Dieu
implique qu'Il est un, un par l'Essence, ce par quoi il se distingue des
autres êtres, alors que les autres êtres ne se distinguent pas par leurs
essences, mais par des caractéristiques et spécificités acquises de par la
création. * * * Nous remarquons sans grande peine que toutes les parties de l'univers sont régies par une sorte d'unité et d'intégration permanente: l'homme produit le gaz carbonique nécessaire à la vie des plantes et ces dernières produisent notre élément vital qu'est l'oxy gène; cet échange se fait en sorte que se maintienne toujours un certain niveau d'oxygène dans la nature, sans quoi toute trace de vie disparaîtrait de la terre. La quantité de chaleur que reçoit la terre du soleil, est conforme aux
besoins des créatures vivantes. La vitesse de rotation de la terre autour
du soleil, et sa distance à l'égard de cette source de chaleur et
d'énergie sont réglées de façon à rendre possible la vie des hommes sur
cette planète. Par exemple, si la vitesse de rotation de notre planète
passait de 1000 miles à 100 miles à l'heure, les nuits et les jours
seraient 10 fois plus longs. La chaleur diurne atteindrait des degrés tels
qu'elle brûlerait toutes les plantes, et le froid nocturne serait tel
qu'il gélerait toute la végétation. Sous cet angle, la marche de l'univers est comparable à une caravane dont l'ensemble des voyageurs constituent une chaîne ininterrompue, et se mouvant dans une seule direction et dans un même effort comme les pièces petites et grandes d'une machine. Et dans tout cet organisme, chaque chose agit suivant sa fonction et sa position, de façon à compléter la tâche de la chose précédente, et à créer un lien profond entre toutes les composantes de la machine. Le professeur Ravaillet écrit: Observons un être vivant. Les cycles sanguin, lymphatique et nerveux et
les fonctions hormonales sont homogènes, coordonnés et même unis. Ces
fonctions se réalisent en permanence dans le corps humain, par exemple,
avec force et cohésion, au point que la personne peut penser à première
vue qu'elle vit au milieu d'un flot de désordre et de chaos. L'homme est étonné et plongé dans la stupéfaction quand il voit qu'il
existe une cohésion et un équilibre entre toute cette agitation
superficielle et ce déferlement de vagues qui interviennent à
l'instigation d'un facteur unificateur, grand et puissant. L'univers qui est tout à fait uni, a donc nécessairement besoin d'une réalité et d'un principe unique. Son existence doit procèder de cette unique source. Si l'univers a une seule existence, son instaurateur ne peut être multiple. Celui qui a instauré cette unité et cette intégration au milieu d'une multiplicité et d'une variété dans les formes et les apparences a donné ce faisant, la preuve irréfutable de son unicité, de sa toute puissance et de son omniscience. "Dis. "Voyez - vous? Les associés que vous invoquez en dehors de
Dieu, Coran, sourate 35, versets 40 et 41 Cette unité qui caractérise notre existence, nous la percevons bien en nous - mêmes quand, lors des malheurs et des grandes épreuves de la vie, nous voyons tous nos espoirs converger vers un même point, et nos coeurs se tourner vers une même direction. Hicham ibn al Hakam posa la question suivante à l'Imam Jaafar Sadegh -
que la paix soit sur lui -: Donc la régularité et l'étendue de l'ordre qui régit toutes les choses, réfutent l'idée selon laquelle il y aurait plusieurs dieux régnant sur les mêmes ou différentes sphères. * * * Maeterlink dit: "Chaque molécule fendue laisse apparaître un atome. En fendant l'atome nous arrivons à ce que nous appelons par contrainte: "électricité" et qui apparaît sous toutes les formes pour être même à l'origine des matériaux de construction de par le monde. De ce fait, nous déduisons que le créateur de ce monde ne peut être qu'un car toute chose dans ce monde, (matériaux ou lois), procède d'une seule origine. Celle que nous n'avons pas encore connue."42 Tout en insistant sur l'unité de Dieu et Sa sagesse dans la Création, le Coran mentionne aussi le rôle des causes et des moyens par lesquels se réalise le Commandement divin. Il dit:
Coran, sourate 16, verset 65 Une fois parvenu à la conclusion que Dieu seul est engagé dans l'oeuvre de création, d'ordonnancement et de direction de l'univers tout entier, et que toutes les sources d'effet et de causalité sont subordonnées à Sa volonté et à Son Commandement, chacune ayant son rôle particulier assigné par Dieu; une fois donc que nous sommes parvenus à cette conclusion, comment nous serait- il possible d'imaginer un tout autre être du même niveau que Dieu et de nous incliner devant lui en adoration?
Coran, sourate 2, verset 165.
Coran, sourate 41, verset 37 * * * |