Chapitre II Une analyse du malheur et des difficultés de la vie La question de la justice divine soulève certains problèmes, comme l'existence des calamités, des désastres et malheurs dans l'ordre naturel, et des inégalités dans l'ordre social. Cette question soulève en fait tout un ensemble de problèmes et d'objections dans l'esprit de beaucoup de gens. Ces questions sont si importantes que tout doute ou hésitation à leur sujet devient en fin de compte un complexe insoluble. Certains se demandent comment il est possible que dans un monde créé sur la base de l'intelligence et de la sagesse puissent prévaloir tant de souffrance, de douleur et de mal. Ils se demandent aussi pourquoi le monde devrait-il être soumis en permanence aux coups successifs de la difficulté et de l'infortune, et dans la voie d'une constante dégradation. Comment se fait-il qu'en de nombreuses parties du monde, des évènements terribles, des catastrophes imparables s'abattent sur les hommes, causant des dommages et des destructions incalculables. Pourquoi une personne est-elle laide, une autre belle; une est en bonne
santé, l'autre malade? Pourquoi tous les hommes ne sont-ils pas créés
pareillement? * * * Pour commencer, nous devons admettre que notre évaluation des affaires de l'univers ne nous permet pas de pénétrer les profondeurs extrêmes des phénomènes. Elle ne convient pas à l'analyse des fins et des objectifs des choses. Notre première compréhension des malheureux évènements et désastres, ne
peut être que superficielle. Nous ne sommes pas prêts de reconnaître
quelque vérité qui se trouverait au-delà de notre impression initiale.
Nous ne pouvons pas dès le départ, fixer les. buts finaux de ces
évènements, et nous les considérons ainsi comme des signes d'injustice.
Nos sentiments s'irritent alors et nous poussent aux analyses les plus
illogiques. Notre monde matériel ne cesse d'évoluer. Des évènements qui n'existent
pas maintenant, surviendront demain. Certaines choses disparaîtront et
d'autres les remplaceront. Dans un tel monde, hypothétique et sans changement, il n'y aurait ni
perte et déficience, ni croissance et développement, aucun contraste ou
différence, aucune variété ou multiplicité, il n'y aurait pas non plus de
critères, de limites ou de lois sociales, humaines ou morales. Le
développement et le changement sont le résultat du mouvement et de la
rotation des plantes et s'ils cessaient d'exister, il n'y aurait plus de
terre, de lune, de soleil, de jour ou de mois, ou d'année. * * * Une vue d'ensemble du monde nous permettra de comprendre que ce qui
nous est nuisible ou qui pourrait l'être à l'avenir, est bénéfique pour
les autres. Le monde en tant qu'entité globale, se dirige dans une
direction inspirée et dictée par l'objectif total de l'existence et de son
intérêt; même si des individus souffrent dans ce processus. Mais est-ce que l'homme possède une perception aussi étend ue des
chaînes de causalité horizontales et verticales? Peut-il se situer sur
l'axe agité de ce monde? La nature peut souvent agir dans le sens de l'accomplissement d'un but
particulier, qui est inimaginable par l'homme, étant donné ces
circonstances conventionnelles. Pourquoi ne pas supposer que des
évènements désagréables sont le résultat d'efforts destinés à préparer le
terrain pour un nouveau phénomène qui sera l'instrument de la volonté de
Dieu sur terre? Et il se pourrait même que les conditions et circonstances
de l'époque nécessitent de tels processus. Pourquoi accusons-nous le monde d'injustice, d'être instable et sans
ordre, simplement à cause de quelques évènements et phénomènes dans la
nature? Formulerions-nous des objections à cause d'une poignée de
caractères désagréables, minimes ou majeurs, oubliant par là les
manifestations de précision et de sagesse, toutes les merveilles que nous
observons dans ce monde et qui témoignent de la volonté et de
l'intelligence d'un être su prême? Selon le dire du Docteur Carrel: Puisque l'homme voit l'évidence d'une planification attentive à travers
l'univers, il doit admettre que le monde est un tout prémédité, un
processus allant dans le sens de la perfection. Chaque phénomène dans ce
monde est soumis à un critère spécifique, et si un phénomène apparaît
comme inexplicable ou injustifiable, ceci revient à la courte vue de
l'homme. L'homme doit réaliser que s'il ne peut, dans ses limites,
posséder la capacité de comprendre les buts et objectifs de tous les
phénomènes et comprendre leur contenu; cela ne veut pas dire que la
création comporte un certain défaut. Naturellement non, parce qu'il en voit seulement le processus, et non
les calculs et plans des architectes et autres personnes. * * * Si nous observons plus profondément les malheurs et désastres qui
tourmentent l'homme, nous verrons qu'en réalité ils sont plutôt des
bienfaits et non des ennuis. Qu'un bienfait soit un bienfait ou qu'un
désastre soit un désastre, ceci dépend de la réaction de l'homme; un même
évènement pourrait être prouvé différemment par deux personnes
distinctes. Si la richesse mène à la complaisance envers soi-même et à la recherche
du plaisir, c'est un malheur et un désastre en même temps et si la misère
et la privation mènent au perfectionnement et au développement de l'âme
humaine, c'est une bénédiction. Les personnes qui, vivant dans un environnement libre de toute
contrainte, ne sont pas entraînées dans des luttes, seront facilement
noyées par la prospérité matérielle dans les plaisirs charnels. La lutte et la contradiction sont comme un fléau poussant l'homme en
avant. Les objets sont brisés par la pression des coups répétés, mais les
hommes sont formés et acquièrent le sang froid par le fait des souffrances
qu'ils supportent; ils plongent dans un océan afin d'apprendre à nager, et
c'est dans la fournaise de la crise q ue le génie émerge. Ainsi, l'attachement de quelqu'un a ses goûts et penchants et son
inclination à ses envies, est evidemment incompatible avec la fermeté et
l'élévation de l'âme avec l'effort réfléchi. La recherche du plaisir et la
corruption d'un côté, et la force de volonté et la recherche d'un but,
d'un autre, représentent des penchants contradictoires en l'homme.
Puisqu'aucun ne peut être nié ou confirmé à l'exclusion de l'autre,
l'homme doit lutter constamment pour réduire la force du plaisir et
renforcer l'opposition en lui-même. Les repos matériel et spirituel ne deviennent précieux que lorsque
l'homme éprouve les hauts et les bas de cette vie et de ces désagréables
surprises. Par conséquent, il aura besoin d'être réveillé par quelqu'un qui le
conduira à la maturité de ses pensées, et qui lui rappellera la brève
durée de ce monde, et l'aidera à atteindre le but final de tous les
enseignements célestes: la libération de l'âme, de tous les obstacles et
barrières empêchant l'homme d'atteindre la perfection. Assurément de tels efforts ne seront déployés que pour la purification interne de l'homme et pour permettre à ses capacités cachées, d'apparaître. Car la persistance dans le péché et la recherche du plaisir, pervertit l'âme humain et la ronge à l'intérieur, et c'est seulement à travers la résistance obstinée aux impulsions basses que l'homme arrive à accomplir la mission de rompre les barrières qui se dressent sur son chemin, et c'est de cette façon qu'il pourra s'élever au royaume des hautes valeurs. * * * |