Le problème de concentration dans la
Prière
La Prière, ses objectifs et ses
significations
Le problème de concentration dans
la prière est une préoccupation universelle pour des millions de priants qui y
sont confrontés quotidiennement.
Un problème, car la prière
rituelle occupe une place primordiale dans le système des rites en Islam et tout
Musulman est tenu obligatoirement d'accomplir cette prière cinq fois par jour,
sous peine d'être fautif vis-à-vis d'Allah. En effet, selon le Hadith, la prière
est le pilier de la Religion, si elle est acceptée, le reste (des actes de piété
du croyant) sera accepté, et si elle est rejetée, tout le reste sera rejeté
aussi. Or, pour être acceptée, la prière doit remplir un certain nombre de
conditions, et entre bien d'autres, elle doit être correctement accomplie selon
un ordre prescrit précis. Et on sait que la prière rituelle consiste en une
suite de gestes, de mouvements et de positions corporels pendant lesquels le priant doit prononcer des
lectures prescrites. L'acceptation de la prière ou son rejet dépend en partie de
l'accomplissement correct et selon l'ordre prescrit de tous les mouvements et
lectures que chaque prière requiert. Il suffirait donc que le priant omet ou
oublie d'accomplir une séquence de la prière, une lecture, un mouvement prescrit
pour que sa prière soit invalidée ou défectueuse. Or de tels oublis sont
fréquents chez un bon nombre de priants, vu nos soucis, nos préoccupations et
nos stress quotidiens qui nous déconcentrent souvent, et nous font perdre le fil
du déroulement de la prière. Il arrive à chacun de nous souvent pendant la
prière de penser subitement à un ami qu'on a rencontré ou qu'on va rencontrer, à
ce qu'on mange tout à l'heure, à une remarque désobligeante faite par un
individu etc... Or ce sont ces idées qui envahissent
sans cesse et l'une après l'autre notre esprit qui empêchent celui-ci de se
concentrer sur le déroulement correct de la prière.
D'autre part l'esprit est le
centre de la pensée et l'entité dans laquelle naissent et passent les idées. Il
doit être donc forcément toujours occupé par une pensée, tout comme un corps
creux dans l'air ou dans l'eau ne peut rester une seconde inoccupé par l'air ou
l'eau qui l'entoure. Or, nous accomplissons très souvent nos prières, dont nous
connaissons le moindre et tous les détails par coeur, machinalement et notre
esprit se trouve de ce fait par moment inoccupé, ce qui permet aux idées
extérieures de s'y introduire pendant ces moments d'inattention et de nous
distraire ou de nous déconcentrer. De là nous perdons le fil du déroulement de
la prière, et nous savons plus si nous avons déjà accompli deux ou trois rak'ah par exemple.
La preuve de l'importance de ce
problème universel qu'est la concentration dans la prière est l'invention
aberrante, par quelques esprits mercantiles, d'un instrument ou plutôt d'un
gadget avertisseur qui rappelle au priant dans quelle rak'ah de prière il se trouve, afin qu'il ne se trompe pas
dans le nombre de rak'ah qu'il a accomplies. Nous
disons aberrante, car loin de résoudre le problème de la concentration, elle la
supprime, et ce faisant, elle pallie un problème de forme au détriment du fond
qu'elle annihile carrément, en vidant la prière de tout son contenu et en la
réduisant à quelques gestes corporels creux. Car comme nous allons le voir dans
les pages suivantes, la concentration est la première étape vers un état
spirituel et de recueillement qui se situe au centre de tous les objectifs de
cette obligation grandiose, et sans lequel l'acceptation de la prière est
sujette à caution. En laissant à la boussole avertisseuse le soin de nous
rappeler les étapes du déroulement de la prière, nous nous perdons même le peu
d'effort de concentration que nous déployons pour suivre les différentes
séquences de la prière, et par conséquent nous perdons tout espoir de parvenir
un jour à cet état de recueillement total, tant souhaité par tous les croyants.
Que faire donc pour garder et
développer la concentration dans la prière et éviter d'être distrait par
l'intrusion incessante des pensées et des souvenirs qui vaguent dans notre
esprit ? La réponse qu'on entend souvent est qu'il n'y a pas un remède miracle à
ce phénomène et que chacun à sa propre recette pour essayer de maintenir cette
concentration si bien souhaitée par tous et chacun. Voilà quelques propositions
à cet égard :
1-Commencer la préparation de la
concentration avec les préalables de la prière (le wudhû') en essayant de nous départir de toutes nos
préoccupations terrestres et de chasser de notre esprit toutes les pensées ne se
rapportant pas à la prière et en récitant des salawât, des tasbih, ou des versets coraniques.
2- On se met à respirer
profondément, avant de commencer la prière, ce qui aide à la concentration,
comme on le fait lorsqu'on se trouve devant un examinateur et que nous voulons
ne rien oublier de ce que nous avons appris par coeur ou de ce que nous aurions
à dire.
3-Lorsqu'on s'apprête à commencer
la prière, on essaie de s'imaginer dans une situation où on se trouverait devant
une personnalité importante à qui on doit exposer nos idées ou nos doléances, ce
qui nécessiterait un maximum de concentration, ou devant un examinateur ou un
sélectionneur devant lequel le maintien de la présence d'esprit est
indispensable.
4- Lorsqu'on commence la prière,
on fixe un point par terre ou devant soit et on se concentre sur ce point, pour
empêcher notre esprit de se disperser ou de se distraire.
5-On chasse systématiquement
toutes les pensées intruses qui pénètrent l'une après l'autre dans notre esprit,
ou en d'autres termes on procède à un effort constant de vidage systématique de
nos préoccupations terrestres en nous concentrant sur les séquences de la
prière.
6-On se concentre sur la
signification des mots que nous prononçons et les mouvements que nous
effectuons, et chaque fois que nous sommes en train d'accomplir une séquence de
la prière nous pensons à la séquence suivante pour ne pas laisser à une pensée
intruse de se frayer un chemin vers notre esprit entre les deux séquences. Ou
bien lorsque nous prononçons "qul huwa-l-lâhu ahad." par
exemple, nous pensons à la suite immédiate de cette lecture, à savoir "Allâhu-ç-çamad" et ainsi de suite. Ou encore, lorsque
nous sommes en train d'accomplir la première prosternation de la première rak'ah, nous pensons à la seconde prosternation, et avant la
fin de celle-ci nous nous rappelons que nous allons commencer la seconde rak'ah.
En bref, l'essentiel pour le
priant est de garder un état de concentration et de conscience dans la prière et
chacun peut trouver le moyen le plus approprié pour lui de parvenir à cet état.
Mais pour parvenir à cet état de concentration, l'effort soutenu et
l'entraînement sont nécessaires.
7-- L'esprit est le centre de la
pensée et les idées y naissent perpétuellement. Lorsque nous accomplissons la
prière machinalement puisque nous savons par coeur toutes ses parties, notre
esprit se trouve donc libre et toutes les pensées surgissent pour occuper
l'espace inoccupé ou le vide créé par notre inattention. Il suffit donc que nous
l'occupons avec les détails du déroulement de la prière pour faire barrage aux
pensées intruses qui risquent de nous déconcentrer et nous faire oublier telle
ou telle autre partie de la prière.
8- Le
priant peut imaginer qu'il y a derrière lui d'autres priants qui le suivent dans
l'accomplissement de la prière et il est obligé donc de garder sa vigilance et
son esprit alerte pour ne pas induire en erreur ceux dont il a la
responsabilité.
Si le
problème de concentration se pose pendant la prière plus qu'ailleurs (lors d'un
entretien avec une haute personnalité, un examinateur ou dans des cas
semblables), c'est que dans le second cas, on est en présence d'un stimulus
matériel ou physique qui maintient l'esprit de l'individu en état d'alerte,
alors que dans la prière un tel stimulus n'existe pas, sauf bien entendu pour
des adorateurs qui ont atteint un haut degré de spiritualité et qui ressentent
très fortement la présence du Créateur devant eux sans Le voir physiquement.
Il est
instructif à cet égard de jeter un coup d'oeil sur ceux qui pratiquent le yoga,
le zen ou la méditation pour développer leur capacité à la concentration qui se
situe au coeur de ces pratiques. Pour un débutant qui veut pratiquer la
méditation, laquelle consiste schématiquement à essayer de vider l'esprit ou
d'en chasser toutes les pensées qui y pénètrent sauf une sur laquelle il se
concentre exclusivement, on recommande au néophyte d'allumer une bougie par
exemple et de concentrer toute sa pensée sur cette bougie. Une autre méthode
d'entraînement à la concentration consiste à se focaliser l'attention sur une
activité physiologique machinale, la respiration. Le débutant est appelé à se
concentrer sur chaque inspiration et chaque aspiration ou/et à compter
mentalement le nombre de secondes que dure chacune d'elles (l'inspiration et
l'aspiration)..
Ceci n'est qu'un entraînent et un
exercice qui vise à maîtriser la concentration. Mais lorsqu'on devient un yogi
confirmé ou un maître dans le domaine de la méditation, un tel support extérieur
n'a plus de raison d'être. De même, les démarches, les pratiques ou les
exercices précités pour le priant sont destinés au commun des mortels d'entre
eux, et servent à lui faire acquérir la capacité à la concentration, alors que
les mystiques chez qui prévaut le monde spirituel n'ont pas besoin de tels
accessoires pour parvenir au sommet du recueillement pendant la prière où ils se
trouvent totalement et exclusivement concentrés sur leur bien-aimé Créateur.
Ceci dit, il est intéressant de
voir ce que suggère à cet égard un grand savant et maître religieux,
Son Eminence Ayatollah Behjat.
On a demandé à son Eminence :
"O votre Eminence ! Malgré notre
âge avancé, nous n'avons pas encore éprouvé le plaisir de l'adoration, notamment
la douceur de communier avec Allah lors de la prière. À votre avis que
devrions-nous faire pour éprouver, ne serait-ce qu'un peu du plaisir que nos
Imams infaillibles nous ont promis ?"
Son Eminence acquiesça d'un signe
de tête et dit :
"Cher fils ! Effectivement c'est un
problème universel. Chacun de nous est confronté à ce mal"
Mais l'interlocuteur n'était pas
satisfait de cette réponse et lui demanda de lui donner un conseil plus concret
:
"Notre position diffère de celle
que vous avez atteinte : vous êtes parvenu au plus haut degré de la
spiritualité, alors que nous sommes de simples débutants. Que devrions-nous
faire donc ?"
Son Eminence dit :
"Peut-être moi aussi,
souhaiterais-je avoir votre position ! "
Non satisfait de cette réponse
modeste, l'interlocuteur demanda plus de clarification.
Son Eminence concéda cette réponse
:
"Pour avoir la concentration
nécessaire dans la Prière, on doit observer
a- certains préparatifs nécessaires
avant la Prière et
b- certaine discipline pendant la
Prière
Explication:
a- On doit observer la taqwâ (la crainte révérencielle d'Allah) avant la Prière,
c'est-à-dire que l'on doit s'abstenir de tout péché qui conduirait noircir la
pureté naturelle du Coeur, car "les péchés polluent la pureté du Coeur!" et
réduit par conséquence sa luminosité.
b- On doit ériger un haut fil de
sécurité autour du cur de telle sorte qu'aucune pensée
intruse et distractive ne puisse entrer dans son sanctuaire sacré. La pensée du
priant doit être concentrée intensément sur Allah et personne d'autre qu'Allah
ne doit y avoir accès.. Et si sa pensée commence à
errer, il doit la ramener vers la bonne direction dès qu'il se rend compte de ce
début de déviation.
Notre conscience de la Magnificence
d'Allah n'est pas suffisante (pour éprouver le plaisir de la communication
spirituelle) et a besoin d'être renforcée, ce qui signifie que notre imân (foi) est faible et a besoin d'être consolidé.
Quelques mesures pratiques dont :
"Lorsqu'on commence la prière on
doit focaliser notre attention sur la signification de la sourate al-Hamd et de la sourate complémentaire afin de maintenir le
contact avec le Créateur"
L'un des facteurs qui aide à la
concentration est l'exercice du contrôle sur les organes de nos sens (les yeux,
les oreilles, la langue etc) tout au long de la
journée, étant donné que la concentration ne peut être obtenue qu'à travers sous
des conditions préliminaires spécifiques dont la surveillance étroite de nos
organes sensoriels
A la question : "Que devrions-nous faire en vue d'obtenir
l'état d'obéissance totale aux Commandements d'Allah »? et surtout pour être au nombre de ceux qu'Il désigne dans les
versets coraniques suivants (Sourate al-Mu'minûn :
1-2/23) : «Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humble dans
leur Salât (Prière) » ? Comment un croyant peut-il atteindre cet heureux état
d'humilité » ?
Son Eminence répond :
"Au
début de la prière on doit demander sincèrement l'intercession de l'Imam du
Temps, al-Hujjat-ibn-Hassan (l'Imam al-Mahdi) (Qu'Allah hâte sa réapparition et qu'Il nous place
parmi ses partisans) et accomplir la prière selon sa forme requise »
Comment
obtenir la présence d'esprit pendant la prière et comment contrôler nos pensées
et nos sentiments ?
Son Eminence répond :
"Au Nom du Très-Haut. Du moment où
votre attention est concentrée sur Allah, ne la laissez pas disparaître "
Comme on peut le remarquer dans
ces échanges entre un commun des mortels et un grand Savant, ce qu'on cherche
dans la prière ce n'est pas seulement comment accomplir la prière correctement
pour s'acquitter d'une obligation pour être quitte devant Allah, mais aussi, et
c'est la préoccupation ou le désir ardent de beaucoup de croyants, comment
atteindre tous les objectifs sublimes liés à cette législation divine.
Expliquons-nous, lorsqu'Allah nous ordonne de faire
quelque chose, c'est sûrement parce que ce quelque chose nous est bénéfique,
lors même que nous ne saurions pas quel est son intérêt ou son avantage pour
nous, de même que lorsqu'Il nous interdit de faire
quelque chose, c'est parce que ce quelque chose nous est nuisible, lors même que
nous ignorerions quelle est sa nuisance. Nous accomplissons donc le premier et
nous nous abstenons du second respectivement pour obéir à Allah et pour ne pas
subir Sa colère. Mais lorsqu'Allah nous demande de lui
obéir et de nous acquitter d'une obligation qu'Il nous impose, Il nous promet
également une récompense spirituelle liée à cette obéissance. Donc en
accomplissant la prière, non seulement nous cherchons à nous soustraire au
châtiment d'Allah, mais nous aspirons aussi à obtenir la récompense spirituelle
qui découle de l'acquittement de ladite obligation. Et s'il suffit un minimum -
l'accomplissement correct de la prière- pour que nous puissions estimer nous
être acquitté de cette obligation (la prière), l'effort pour la perfection est
nécessaire pour pouvoir espérer l'obtention de la récompense spirituelle de la
Prière. C'est dire que plus nous essayons d'accomplir la prière de la façon la
plus parfaite possible, plus nous pourrons espérer avoir le mérite d'une grande
récompense spirituelle, et tirer les plus d'avantages possibles que présente cet
accomplissement. Ainsi, lorsque le hadith nous parle d'une "Prière acceptée ou
agréée par Allah", il faudrait comprendre le terme "acceptation" dans un double
sens, au sens propre et au sens figuré. Au sens propre, lorsqu'on accomplit la
prière correctement et conformément aux règles prescrites, notre prière est
valide, et nous pouvons estimer avoir obéi à Allah, nous être acquitté de notre
obligation, être en règle avec Allah et rien de plus. Au sens figuré, lorsque
"l'acceptation" est synonyme du mérite de la récompense spirituelle, dû aux
efforts de perfectionnement dans l'accomplissement de la prière ou
l'acquittement de l'obligation. Dans le premier cas, la concentration est
requise pour l'accomplissement correcte de la prière, et dans le second, outre
la concentration, la présence de coeur et d'esprit, le recueillement, la
conscience d'être en présence d'Allah etc. sont nécessaires. En un mot, l'idéal
pour tout croyant pieux est non seulement de s'acquitter correctement de son
obligation, en l'occurrence, la Prière, mais aussi avec le plus grand
recueillement possible pour espérer atteindre au plus grand nombre des avantages
infinis de cet acte de piété sur lequel le Créateur, le Prophète (P) et les
Imams ont tellement insisté.
Evidemment ce haut degré de
détachement des préoccupations terrestres et la concentration totale sur la
présence d'Allah devant le priant est souvent le propre des Prophètes, des Imams
et des adorateurs vertueux; mais ce degré de spiritualité est ardemment désiré
et prisé par tous les croyants, car après tout la raison d'être de la Prière et
son objectif final est justement d'amener le croyant à ce stade, étant donné que
le but de la création de l'homme est de lui permettre d'oeuvrer en vue
d'atteindre à la perfection.
Ce bref exposé sur le double sens
de l'acceptation de la prière devrait nous permettre de mieux comprendre les
différents versets coraniques ou hadiths du Prophète et des Imams, ainsi que des
ulémas qui évoquent souvent les conditions requises d'une prière agréée, ou la
signification profonde de cette obligation centrale en Islam, comme on le
constatera dans les pages suivantes qui montrent que "la Prière
représente chez le Musulman le degré le plus élevé de conscience et de réflexion
sur la Vérité et sans cette conscience, on ne doit pas s'attendre à ce qu'elle
(la Prière) produise l'effet escompté.(1) :
La Prière, sa signification et les
exigences de son accomplissement
1-La Prière, la Conscience et la
Quiétude
Le Noble Prophète (P) au Compagnon
auguste, Abû Tharr al-Ghifârî :
«Ô Abû Tharr! Deux rak'ah de Prière
accomplies dans la sérénité valent mieux que l'accomplissement des Prières toute
la nuit avec un coeur distrait».(2)
Ici
nous comprenons que ce qui importe dans la pratique de l'adoration c'est la
sérénité contemplative, la conscience de l'acte dans un climat de tranquillité
de l'esprit, et non la quantité non accompagnée d'une élévation qualitative, car
négliger celle-ci pourrait conduire à la non-acceptation de la Prière, cette négligence étant
assimilée à une attitude de mépris envers elle.
Le
Saint Prophète (P) a dit, en effet:
«Quiconque accomplit sa prière à la légère
n'est pas de moi, Par Dieu, il ne me rencontrera pas auprès du Bassin (au
Paradis)».
Selon
l'Imam al-Sâdiq (p):
«Par Allah, il arrive qu'un
individu fasse la prière pendant cinquante ans sans qu'Allah accepte une seule
de ses prières. Par Allah, si vous faisiez la prière pour un voisin ou un ami,
il n'accepterait pas votre prière, si elle est faite à la légère. Or Allah Qui
n'accepte que ce qui est Beau, comment pourrait-IL
accepter un acte accompli avec dédain?!»(3)
Selon l'Imam al-Bâqer (p):
«Un jour, alors que le
Prophète (P) était assis dans la mosquée, un homme entra et se mit à prier, mais
sans terminer complètement l'acte d'Agenouillement (rukû') et l'acte de Prosternation (sujûd). Le Prophète dit alors: C'est comme le becquetage du
corbeau! Si cet homme meurt avec cette façon de prier, il mourra dans une
religion autre que la mienne».
Selon le Prophète (P):
«La Prière est comme la balance: qui donne
le plein poids, aura le plein poids».
Selon
l'Imam al-Sâdiq (p):
«Lorsque vous accomplissez une Prière
obligatoire, accomplissez-la à l'heure prescrite, et comme quelqu'un qui fait
ses adieux, craignant qu'il ne revienne jamais. Puis, concentrez votre regard
sur l'emplacement où vous posez votre front pendant la prosternation. Car si
vous saviez qui se trouve à votre gauche et à votre droite, vous accompliriez
bien mieux votre Prière. Et sachez que vous êtes entre les mains de Celui Qui
vous voit et Que vous ne voyez pas».
L'Imam al-Bâqer (p) dit:
«La moitié, le tiers, le quart ou le
cinquième de la Prière, selon le cas, est accepté. N'est acceptée de sa Prière
que la partie accomplie de tout son coeur».(4)
De là
on comprend pourquoi l'interdiction de l'alcool en Islam a débuté par
l'interdiction faite aux ivrognes d'accomplir la prière en état d'ivresse, car
il leur manque l'état de conscience requis lors de l'accomplissement de la
prière.
C'est aussi pour la même raison
que l'Islam fustige ceux qui font montre de paresse lorsqu'ils s'apprêtent à
accomplir la prière, car l'état de paresse ne concorde pas avec l'état de
conscience et de sérénité requis.
C'est pourquoi enfin la
tranquillité de l'esprit a été posée comme la condition préalable à
l'accomplissement de la Prière, comme en témoigne le verset coranique:
«Acquittez-vous de la Prière quand vous êtes
dans la tranquillité».(5)
Donc la conscience dans un climat
de tranquillité est très nécessaire pour que la Prière produise l'effet
souhaité. C'est pourquoi, beaucoup de hadith affirment
qu'une heure de réflexion d'un savant conscient vaut mieux que des années
d'adoration d'un adorateur inconscient.
En posant la condition de la
conscience, de la compréhension et de la réflexion dans la prière, l'Islam veut
l'enraciner chez le Musulman afin qu'il soit toujours alerte, actif, se
maintenant toujours sur le Droit Chemin, évitant de trébucher sur l'ignorance,
et d'oublier la promesse qu'il a faite à Allah.
Donc la répétition de la Prière
(cinq fois par jour tout au long de l'année) ne fait que confirmer la continuité
de la conscience, et refixer les concepts qu'elle
exprime. De là, la Prière est le meilleur rappel, fait à l'homme pour qu'il
demeure conscient et applique ou observe la signification de ses actes de
Prière:
«Acquitte-toi de la Prière: la Prière
éloigne l'homme de la turpitude et des actions blâmables. L'invocation du Nom de
Dieu est ce qu'il y a de plus grand. Dieu sait parfaitement ce que vous
faites».(6)
Et selon les Imâms d'Ahl-ul-Bayt, parlant de l'utilité de la Prière:
«La raison de la
Prière! Elle est la reconnaissance de la Seigneurie d'Allah (IL est Très-Haut et
Exalté) et la continuation de Son évocation jour et nuit, afin que le serviteur
n'oublie pas son Maître, son Régulateur et son Créateur, pour devenir insolent
et tyran. Donc le fait d'invoquer son Seigneur et de se mettre débout devant Lui
pour accomplir l'Office, servirait de barrage devant les péchés et d'empêcheur
de toutes sortes de perversion».(7)
Et:
«Allah aime que les
serviteurs commencent toute action tout d'abord par Lui obéir et L'adorer, car
ce faisant, ils ne L'oublieront pas ni ne L'ignoreront, ce qui leur évite
d'avoir les coeurs endurcis».(8)
Maintenant passons aux choses que
la Prière incarne et rappelle.
Et l'Imam al-Baqer (p) (le 5e Imam) dit:
«Quiconque boit de l'alcool et
s'enivre, sa Prière ne sera pas acceptée pendant quarante jours».(9) Et selon un
autre hadith: «Celui qui outrepasse les droits des autres, sa prière ne sera pas
acceptée».(10)
Enfin, c'est sans doute parce que
la Prière développe chez le priant l'élément de l'auto-comptabilité ou de l'auto-surveillance, qu'on dit qu'elle «éloigne la
turpitude et les actions blâmables» (Inna-ç-çalâta tanhâ
'an-il fah-châ'i wal-munkar).(11)
2-La
Prière et la Sécurité intérieure
Les jeunes gens qui grandissent au
sein de la civilisation matérialiste souffrent énormément du problème de
l'angoisse et du stresse. Aussi le seul moyen de se soustraire à cet état de
malaise, c'est de s'engager dans les groupuscules anarchistes, les sectes
suicidaires, le naturisme, ou de noyer leur angoisse dans la drogue.
Sans doute le facteur le plus
important de cet état de stress et d'angoisse est-il la perte de la tranquillité
spirituelle et la peur de l'inconnu qui habitent
l'homme.
En Islam le problème est éradiqué.
Le problème du stress n'existe que dans les sociétés qui se sont écartées de
l'Islam ou s'en sont éloignées.
C'est la foi consciente du
Musulman qui le met à l'abri de ce phénomène qui fait des ravages dans les
sociétés occidentales. Le fait que le Musulman consacre quelques minutes,
plusieurs fois par jour, pour méditer et parler avec le Maître du Mystère, lui
fait oublier tous les soucis mondains et tous les problèmes quotidiens, car il
sait qu'il a affaire là au Tout-Puissant qui a entre
les mains la clé de tout ce qui pourrait l'angoisser, et que sa pensée ou son
souci se dirige vers un monde infiniment et incomparablement plus important que
le monde actuel, à savoir la vie éternelle.
La prière lorsqu'elle est
accomplie correctement représente le plus haut degré de l'invocation d'Allah et
le meilleur refuge pour le Musulman: «N'est-ce pas par l'évocation d'Allah
que se tranquillisent les coeurs».(12)
L'Imam
al-Sâdiq (p) le 6e Imam d'Ahl-ul-Bayt, dit:
«Lorsque l'Imam Ali (p) se sentait
terrifié par quelque chose, il se réfugiait dans la Prière».
Et:
«Qu'est-ce qui vous empêche de
faire le wudhû' et d'entrer à la
Mosquée pour accomplir deux rak'ah (unité) de
Prière chaque fois que vous avez une affliction?! N'avez-vous pas entendu Allah
dire: Cherchez secours dans l'endurance et la Prière...(13)».(14)
Bien d'autres hadith projettent la lumière sur les vertus de la Prière et
montrent combien Allah entoure de Sa Miséricorde le priant. Selon un hadith du
Prophète (P): «Lorsque le serviteur se met à Prier, Allah - IL est Puissant et
Exalté - le regarde et la Miséricorde le couvre depuis sa tête jusqu'à l'horizon
du Ciel, et il est entouré des anges jusqu'à l'horizon du Ciel. De plus Allah
affecte un ange qui se tient au-dessus de sa tête et lui dit: «O toi, qui pries!
Si tu savais Qui te regarde et à Qui tu t'adresses, tu ne tournerais jamais ton
regard et tu ne bougerais jamais de ta place».(15)
Notons enfin que la différence est
grande et évidente entre la Prière du Musulman et celle des gens qui se
réfugient dans des sectes inspirées du bouddhisme. Certes tous deux vivent dans
un monde spirituel, mais alors que le premier (le Musulman) vit consciemment, et
transcende avec la vérité que confirme sa nature innée, le second s'absente dans
un rêve et dès qu'il se réveille, il revit sa réalité amère.
* * *
3-La
Prière s'adapte à Toutes les Formes de la Vie humaine
De même que tous les rites ou
actes d'adoration islamiques se caractérisent par leur universalité,
c'est-à-dire leur adaptation à toutes époques et à toutes sociétés, de même la
Prière est adaptable à tous les états et changements de la vie de l'homme: dans
l'aisance comme dans la difficulté, dans la tension comme dans la détente. Le
Musulman a l'obligation de l'accomplir chaque matin, chaque midi, chaque
après-midi, chaque crépuscule et chaque nuit. En aucun cas le Musulman n'en est
dispensé. De même le Musulman est tenu d'accomplir d'autres prières périodiques:
la Prière hebdomadaire (du Vendredi), la Prière annuelle (de la Fête de Ramadhân et de la Fête du Sacrifice) ainsi que les prières
ponctuelles, telles celles de l'éclipse solaire ou lunaire, du tremblement de
terre etc.
Ce large éventail d'occasions
auxquelles le Musulman est tenu d'accomplir la Salât (Prière) montre
l'importance primordiale que le Ciel attache à cet acte d'adoration par le fait
qu' IL tient à ce que l'homme demeure en contact
permanent avec Allah, tantôt pour Le remercier des Cadeaux de la Fête, tantôt
pour s'y protéger contre la colère du tremblement de terre.
En tout état de cause les
bienfaits de la Prière sont tellement nombreux qu'il faudrait des centaines de
pages pour les exposer exhaustivement, mais ils sont d'autre part tellement
évidents que les priants conscients et avertis peuvent les ressentir à tout
moment.
Peut-être le meilleur moyen de
conclure ce bref exposé sur les effets de la Prière est-il ce testament de
l'Imam Ali (p) à ses Compagnons:
«Recommandez-vous mutuellement la
Prière, préservez-la, accomplissez-en autant que vous pouvez, et approchez-vous
d'Allah par elle, car Certes, oui, la Prière demeure, pour les Croyants une
prescription à temps marqués.(16) N'avez-vous
entendu des habitants de l'Enfer répondre à la question: Qu'est-ce qui vous
a amenés au Saqar?(17); Nous
n'étions pas de ceux qui Prient.(18) La Prière
fait tomber les péchés comme tombent les feuilles des arbres. Le Saint Prophète
l'a comparée à une source thermale située à la porte (la maison ) de l'homme: il s'y lave cinq fois par jour. Comment
une malpropreté pourrait-elle dès lors rester sur lui!? Les hommes pieux que ni
l'ornement de la jouissance (de ce monde), ni l'amour des êtres qui leur sont
les plus chers, leurs enfants, ni les attraits irrésistibles des biens matériels
ne sauraient les distraire de la Prière, en savent eux les mérites et les
vertus. Allah, qu'IL soit Glorifié dit à ce propos:
«Des gens que ni le négoce ni troc ne distraient du Rappel d'Allah et de
l'accomplissement de la Prière et de l'acquittement de la Zakât...».(19)
Le Messager d'Allah (P) priait
jusqu'à l'épuisement depuis qu'on lui avait annoncé qu'il aurait le Paradis
comme demeure éternelle, dans le verset suivant: «Commande à ta famille la
Prière, et accomplis-la toi-même avec persévérance...».(20) C'est ce
qu'il faisait assidûment».(21)
4-Les
Prières Surérogatoires (Recommandées: Nawâfil) et l'Esprit de
Volontariat
Jusqu'à présent, il était question
des Prières obligatoires. Quant aux Prières recommandées, elles sont
innombrables et il est difficile d'en délimiter les horaires ou les occasions de
les accomplir. Elles jouent des rôles secondaires, renforcent et prolongent les
effets des Prières obligatoires. Elles ont des significations spécifiques qu'il
est difficile de les énumérer. Mais on peut dire en résumé qu'elles développent
chez l'homme l'esprit de volontariat et le désir de perfectionnement. Lorsqu'on
accomplit des prières surérogatoires, on a tendance à dépasser le stade de
l'acquittement des obligations et des devoirs pour rechercher à s'approcher de
plus en plus d'Allah, et s'engager dans la voie de la sublimation et de la
transcendance, et de «la rivalité dans l'accomplissement de bonnes
oeuvres».(22) «Et
concourez au Pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (Paradis) large comme les
Cieux et la terre, préparé pour les pieux».(23)
******************************* Notes
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1. Voir : Sayyed Mohammad Bâqer al-Sadr :"Le Sustème des Rites en Islam"
2.
Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 54
3.
Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, pp. 15-16
4.
Al-Wasâ'il al-Chî'ah, tome III, p. 52
5.
Sourate al-Nisâ', 4: 103
6.
Sourate al-'Ankabut, 29: 45
7.
Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 4
8.
'Uyûn akhbâr al-Redhâ, tome. X, p. 108
9.
Al-Khiçâl, p. 534
10.
Al-Khiçâl, p. 242
11.
Sourate al-'Ankabût, 29: 45
12.
Sourate al-Ra'd, 13: 28
13.
Sourate al-Baqarah, 2: 45
14.
Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 263
15. Wasâ'il al-Chî'ah, tome. III, p. 21
16. Sourate al-Nisâ', 4: 103
17. Sourate al-Modathir, 74: 42
18. Sourate al-Modathir, 74: 43
19. Sourate al-Nour, 24: 37
20. Sourate Tâhâ, 20: 132
21. Nahj al-Balâghah, Prône No. 199
22. Sourate al-Baqarah, 2: 148
23. Sourate Âle 'Imrân, 3: 133