QU’EST-CE QU’UN MOUJTAHID ?
Dans cet ouvrage, l’auteur s’est
attaché à mettre en évidence la place et l’importance du Moujtahid
dans la Religion Musulmane Shi’ite.
En
effet, la Tradition de l’Ecole de Ahloul-Bayt (a.m.) se distingue de celle des autres Ecoles par le fait
que l’ « Ijtihad », c’est-à-dire la voie de la
Recherche, par l’analyse des Textes Coraniques et Prophétiques, complétée par
les Dires des Ahloul-Bayt (a.m.)
et les Rapports des « Ravi » (rapporteurs de Ahadice)
sûrs, y est toujours, et constamment, ouverte à toute personne désireuse d’y
puiser Savoir et Compétence.
L’auteur
en a profité pour nous présenter un tour d’horizon global de différentes
connaissances historiques et religieuses, qui nous permettent de nous
rapprocher de nos Imams Immaculés et de notre Foi, et nous font chaud au cœur
en ce monde tourmenté, où le choc des civilisations laisse notre esprit dériver
sans but et où nos questions demeurent très souvent sans réponse.
S’adressant avant tout à un
public jeune et non initié, il s’est efforcé de respecter un style clair et
concis afin de ne pas rebuter le lecteur, mais au contraire de l’inciter à
aller plus loin dans sa quête du Savoir. Allah (s.w.t.)
nous y encourage lui-même : « Icra !… » (i.e. « Lis »), est le Premier Verset du Saint-Qur’an
révélé à notre Saint-Prophète (s.a.w.).
AU NOM D’ALLAH (S.W.T.),
LE CLEMENT,
LE MISERICORDIEUX
QU’EST-CE QU’UN MOUJTAHID ?
P. H. Nathoo
AU NOM DE NOTRE
SEIGNEUR (s.w.t.),
MAITRE DE L’UNIVERS
Cet
ouvrage a été réalisé dans un but de TABLIGH (propagation de la connaissance
religieuse), afin d’aider à éclairer nos – plus ou moins – jeunes sur la
question du TAKLID qui embarrasse un grand nombre d’entre nous, et sur laquelle
nous nous posons des questions sans toujours trouver des réponses adéquates et
satisfaisantes.
Lors
de mes lectures, j’ai d’abord été inspiré par un petit ouvrage en goujrati intitulé « Qui peut-on appeler Moujtahid
? »
Ce
livre, très instructif, est écrit par Houjjatoul
Islam Sheikh Mohammad Ismael RAJABI (a.r.) et publié par Najafi Foundation, Mumbai.
Je l’ai traduit en français dans le but
de servir mes jeunes frères en religion.
Sensible
à l’adage indien : « Goûter, c’est apprécier », je me suis laissé prendre au
plaisir de l’écriture. J’ai alors complété ce premier travail par l’exposé de
certains critères permettant de reconnaître les AHADITH (ou Paroles du Saint-Prophète (s.a.w.) – au
singulier : HADITH ) authentiques
J’ai,
pour cela, traduit des extraits d’ouvrages très précieux, à partir de leur
version goujrati :
« TAWZIHOUL MASSAEL », de Ayatoullah-é-Ozama
Sayyed Aboul Qassim al Mussavi Al Khoey (a.r.), publié par «
Islamic Seminary », Mumbai,
(India),
-
« OUSSOUL-E-DINE », publié par « Tanzihul Makatib », Beejnor, Lucknow (India),
-
« FIQAHE JA’AFARI », de Ibrahim B. Patel (Abu Hussein), Bharuch (India),
-
« ISNA ASHARI », mensuel publié par « Anjumané Himayatul Islam », Mumbai,
-
« RAHE NAJAT », mensuel publié à Karachi, Pakistan, par Mohsin
Kausari, petit-fils du vénérable « Haji Naji » (a.r.)
envers qui nous avons une énorme dette de reconnaissance.
Je
fus aidé dans ma tâche, pour la révision et la correction de mes écrits, ainsi
que pour la publication de cet ouvrage, par mes fils, qui se sont ainsi assurés
leur part de sawab dans l’achèvement final de cet
ouvrage.
Comme
je n’ai nullement la prétention de me considérer comme un érudit en matière de
religion, j’accueillerais volontiers toute suggestion positive et constructive,
concernant un quelconque passage de cette étude.
L’objectif
de mon essai étant uniquement, comme indiqué plus haut, la propagation de la
connaissance religieuse (Tabligh), j’autorise la réimpression intégrale et sans
altération - avec la mention de l’auteur – ainsi que la diffusion de cet
ouvrage, à toute personne souhaitant poursuivre le même but.
Si
ce livre pouvait aider, ne serait-ce qu’un seul de nos jeunes, à s’instruire
dans la voie d’Allah (s.w.t.), je m’estimerais
pleinement récompensé de ma peine, et je prie pour que cet effort soit agréé
par nos Massoumines (a.m.).
P.H.NATHOO
Jamadi’ul
Awwal 1423 Août 2002
PREMIERE PARTIE
QU’EST-CE QU’UN MOUJTAHID ?
I
l est
incontestable que tout au long de notre vie ici-bas, nous sommes confrontés à
divers problèmes et à différentes situations ou circonstances touchant à notre
vie personnelle, familiale, sociale ou professionnelle, auxquels nous devons
trouver des réponses et des solutions qui soient conformes à notre foi et à
notre religion, l’ISLAM.
Or,
le commun des Croyants que nous sommes, ne connaissons en matière de Religion, que
ses Préceptes de Base. De plus, cela ne concerne essentiellement que ceux d’entre nous qui avons eu la chance
d’avoir été élevés dans un environnement religieux.
Pourtant,
nous savons bien que lorsque nous tombons malades, nous devons consulter un
médecin compétent afin qu’il remette notre santé sur de bons rails ; de même, pour
un problème d’ordre juridique, nous nous ferons assister du meilleur avocat
possible afin qu’il nous défende en justice et que nous ne soyons pas lésés
indûment,… et ainsi de suite. Ces
différents spécialistes ont
fait de longues études, chacun
dans un domaine précis ; et c’est pourquoi
nous acceptons de
leur faire confiance et de
remettre notre sort entre leurs mains, reconnaissant de facto notre ignorance
et notre incompétence dans un domaine qui est le leur.
Partant
du même principe, pour nos problèmes spirituels et religieux, nous devons nous
adresser à un ALIM (ou FAQIH : Savant en matière de Religion - au pluriel : Olama et Foqaha). Ce dernier a
fait des études approfondies en Théologie, et de ce fait, il sera amené à nous
guider sur la voie à suivre en matière de Religion.
Or,
le MOUJTAHID est justement ce Faqih qui maîtrise absolument toutes les branches du «
ILM-E-DINN » (connaissances religieuses), et qui est autorisé à nous donner des
FATWA (Directives ou Décrets Religieux).
Le
Moujtahid porte ce Titre parce qu’il est apte, de par
son immense Savoir, à effectuer l’IJTEHAD.
La
définition du mot IJTEHAD dans le dictionnaire arabe est textuellement : «
Grand effort de recherche », ce qui équivaut à : employer toute son énergie
intellectuelle, toute son énergie spirituelle, ainsi que toutes ses
connaissances religieuses, dans le but de formuler un Décret Religieux, en fait d’apporter la
réponse à un
problème spécifique qui soit conforme au SHARIAT (Code Religieux).
L’Ijtehad nécessite la Compétence Religieuse ainsi que le
Savoir, et par conséquent la capacité de trouver cette réponse.
Celui
qui suit le Moujtahid et se conforme à ses Fatwa (ou
Décrets Religieux) est appelé MOUKALLID (ou suiveur), et cet acte s’appelle : «
faire le TAKLID ».
Tout
Croyant, dès lors qu’il devient « BALIG » (adulte, selon les critères religieux),
est tenu de faire le Taklid de l’un des Moujtahid vivants de son époque, qu’il se choisit lui-même
s’il a suffisamment de connaissances en matière de religion ; dans le cas
contraire, il fera confiance au choix fait par sa communauté.
Une
fois sa décision prise, il devra formuler son NIYYATE, c’est-à-dire son
intention ferme de suivre ce Moujtahid, et de devenir
ainsi son Moukallid.
Ce
choix restera irrévocable du vivant du Moujtahid
choisi.
Le
Moukallid qui a choisi de suivre un Moujtahid déterminé, doit respecter tous ses Fatwa, sans
exception. Il ne peut prendre la liberté, par exemple, de suivre uniquement
certains de ses Fatwa et d’en délaisser d’autres, ni même d’appliquer certains
Fatwa délivrés par un autre Moujtahid.
Ce
n’est qu’en cas de décès de ce Moujtahid que son Moukallid
aura à effectuer un nouveau choix, dans les mêmes conditions que précédemment.
Cependant,
il pourra continuer à suivre les Fatwa de son ancien Moujtahid
s’il en a une connaissance parfaite et s’il les a déjà appliqués de son vivant.
Seul
un Moujtahid est dispensé de suivre les Fatwa d’un
autre Moujtahid.
Tous
les autres individus, qu’ils se prétendent « Olama »,
Chercheurs en Religion, Moullas, Professeurs, Orientalistes,
Islamologues ou Philosophes, tant qu’ils ne sont pas parvenus au niveau de « Moujtahid », sont tenus de faire le Taklid
d’un Moujtahid.
LES CONNAISSANCES
D’UN
MOUJTAHID
U
n Moujtahid est un Expert Religieux aussi bien en FIQH (Jurisprudence
Islamique), qu’en TAFSIR (Commentaire du Saint-Qur’an)
selon les Paroles de notre Saint-Prophète (s.a.w.) et de nos Massoumines (a.m.). Par conséquent, il doit posséder un pouvoir de «
ZANN » et de « GOUMANN » pour formuler un Décret Religieux, c’est-à-dire qu’il
doit maîtriser tous les ILM (connaissances) et solutionner tous les problèmes, qu’ils
soient basiques ou modernes, se présentant à ses disciples.
Marhoum Mirza Kummi
(a.r.) a énuméré dans son livre « KAWANINE » les ilm qu’un Moujtahid doit maîtriser :
1. LOUGT : Encyclopédie du sens exact du Terme Arabe ;
2. SARF : Grammaire Arabe ;
3. NAHAV : Conjugaison et Terminologie en Arabe ;
4. KALAM : Théologie, étude de la Parole Divine ;
5. MANNTIK : Logique, ou comparaison et capacité de jugement
entre deux solutions possibles d’un sujet donné ;
6. OUSSOUL : Racines, Fondements des Lois Islamiques ;
7. TAFSIR : Commentaire Authentique du Saint-Qur’an,
conforme aux paroles de AHLOUL-BAYT (a.m.), i.e. la
Famille du Saint-Prophète (s.a.w.)
;
8. HADITH ou HADICE (au pluriel : ahadith
ou ahadice) : Paroles du Saint-Prophète
(s.a.w.), et capacité de distinguer les vrais ahadith des faux ahadith ; voir le chapitre consacré à ce sujet ;
9. REJAL : Biographies Historiques des RAVI (rapporteurs des ahadice)
;
10. MAANI WA BAYANN, et OUROUZ : Art de
manier la
Littérature et la Poésie Arabes ;
11. HAY’ATT : Astronomie ;
12. TIBB : Principes de Médecine ;
13. HINSAR, HISSAB et RIYAZI : Mathématiques.
Les
Foqaha ont scindé les MASSAEL (sujets d’ordre
religieux), en Quatre Parties, elles-mêmes subdivisées en plusieurs chapitres :
A. IBADATE
B. MOUAMALATE
C. IKA’ATE
D. EHKAME
Par
ailleurs, cinquante deux ouvrages ou traités de base ont été réalisés sur ces
sujets, à savoir :
- 10
traités sur l’IBADATE,
- 19
traités sur le MOUAMALATE,
- 11
traités sur l’IKA’ATE,
- 12
traités sur l’EHKAME.
Un Moujtahid
maîtrise parfaitement tous ces sujets
LES QUALITES D’UN
MOUJTAHID
U
n TALIB-E-ILM,
(Etudiant en Sciences Religieuses), qui veut accéder à ce niveau suprême du
Savoir, doit ressentir, en premier lieu, un niyyate
pur, c’est à dire la ferme intention de vouloir acquérir ce Savoir, exclusivement
pour plaire à ALLAH (s.w.t.) (« kourbatane
élallah »), et ce niyyate
doit être exempt de tout désir de profit matériel ou temporel. Il doit se
contenter de peu pour sa vie personnelle, vivre humblement et avec simplicité, sans
aucun luxe ni faste.
De
plus, il doit posséder et cultiver un caractère MALAKOUTI, c’est à dire
compatissant, sympathique, ne s’emportant pas facilement. Il doit pouvoir
endurer toutes les privations, contraintes et ZOULM (exactions) qu’il pourrait
avoir à affronter sur son chemin à cause de son IMAANE (foi). Il ne se pliera
pas devant les tyrans qui voudraient lui faire promulguer des Fatwa contraires
au SHARIAT-E-AHLOUL-BAYT (a.m.)
L’Histoire
a conservé les noms de très nombreux Moujtahid, qui
ont été martyrisés en raison de leur Imaane. Des
contemporains en font partie.
Parmi
ces derniers, tous mondialement connus et estimés, nous nous contenterons de
citer notre précédent Marja-é-Taklid, Ayatullah Sayyed Aboul Qassim Al Khoey, dont la plupart d’entre nous, plus particulièrement
ceux qui lui ont rendu visite lors d’un Zyarat à
Karbala et à Najaf, se souviennent parfaitement, pour
son érudition, sa grandeur d’âme et sa piété.
En
dépit de leur activité toute spirituelle, ils ont été enlevés, torturés ou
sommairement exécutés par les tyrans à la tête de leur pays, ceci pour avoir
simplement été les Garants de notre foi et du Message de notre Saint-Prophète (s.a.w.). Et ce
sublime Message a pu nous parvenir sans les altérations programmées par les
différents dictateurs dans le but de dénaturer l’Islam à leur profit. Aucun de
nos Moujtahid n’a jamais failli à sa mission : Seule
la Vérité consent ainsi tous les sacrifices !… Les Moujtahid demeureront les Garants de notre foi tant que
durera la période d’Occultation de notre Douzième Imam, l’Imam de notre temps, Al
Mehdi Sahébouz-Zamane (a.f.)
C’est
bien parmi ces Personnes hors du commun, que nous sommes invités à nous choisir
un Guide sur le plan spirituel.
En
effet, nous n’avons ni leur courage, ni leur esprit de sacrifice, de dévouement
et de renoncement, pour la perpétuation - dans notre intérêt - de la Foi
Authentique, ni même leur ilm, leur immense Savoir
acquis dès leur plus jeune âge, leur capacité de recherche permanente et
approfondie qu’une vie entière ne saurait achever… Et pourtant, par manque
d’information ou par arrogance, il arrive parfois à certains d’entre nous, pauvres
ignorants, de « nous asseoir à la table de négociation », de nous mettre à
contester ou à adapter leurs Directives à nos desiderata… et de n’oublier
qu’une seule chose, c’est qu’il n’y a pas là, matière à négocier, que le Moujtahid ne tire aucun profit des Directives qu’il nous
donne, qu’il nous fait gracieusement profiter de ses propres recherches, pour
notre Salut auprès d’ALLAH (s.w.t.), en nous
déchargeant de bien des soucis !… Imaginons que nous ayons à effectuer toutes
ces recherches, nous-mêmes : outre la prolifération de différentes opinions qui
n’auraient d’ailleurs pas de bases bien solides, il y aurait de fortes chances
que nous devenions encore plus exigeants, la connaissance apportant la
responsabilisation !…
Venons-en
maintenant aux autres conditions pour pouvoir devenir Moujtahid.
Il faut pour cela être :
o BALIG, ce qui signifie adulte, comme
défini plus haut ;
o AAKIL, c’est à dire en possession de
toutes ses facultés mentales et intellectuelles ;
o AADIL, ou magnanime, juste, franc ;
o HOMME, dans le sens complet du terme ;
o SHIA
ISNA ASHARI, fidèle de Ahloul-Bayt
(a.m.)
Si une seule de ces conditions
fait défaut à celui qui souhaite accéder à ce rang élevé, les Croyants ne
pourront pas faire son Taklid, et ne pourront donc
pas suivre ses Fatwa.
Un MARJA-E-TAKLID est un Moujtahid que ses pairs reconnaissent comme étant le plus
compétent en ILM-E-FIQH, en TAKWA
et en PARHEZGARI
(piété
et ascétisme). Il est alors autorisé à émettre des Fatwa à ses disciples (Moukallid).
Par
ailleurs, rappelons qu’un Moujtahid ou un Marja-é-Taklid ne se contentent pas d’acquérir des
connaissances religieuses à leur profit exclusif. Ils les approfondissent, font
des recherches dans tous les domaines cités plus haut et dispensent leurs connaissances
à leurs Talib-é-ilm (étudiants), afin de former les Olama et Foqaha à venir. Ils
écrivent aussi des KITAB (ouvrages de Théologie) sur différents sujets, dont de
nombreux, se composant de plusieurs Volumes, sont le fruit de dizaines d’années
de travail. Tous les Tolaba (étudiants) peuvent
consulter et étudier ces traités, même après le décès de leur auteur.
Un
Marja est également l’Autorité Suprême habilitée
à recevoir et à distribuer les aumônes
religieuses, comme la ZAKAT, le KHOUMS, etc… Ces
aumônes ont été prescrites par ALLAH (s.w.t) dans le Saint-Qur’an, et ses bénéficiaires sont bien déterminés. Sans
l’intermédiaire de notre Marja, il aurait été
impossible à chacun d’entre nous d’accomplir correctement ce devoir et de les
faire parvenir à qui de droit.
Enfin,
le Marja est amené à diriger et à subventionner des
MADRESSA, des HAWZA (Ecoles Religieuses), des Mosquées, et à aider les pauvres
et les nécessiteux de la Communauté, partout dans le monde.
Il
a le pouvoir de nommer des Représentants en différents lieux, et de les
autoriser à collecter en son nom les aumônes religieuses.
Certains
d’entre eux sont également mandatés pour distribuer eux-mêmes une partie de ces
aumônes à qui de droit.
En
un mot, un Moujtahid ou un Marja
consacrent toute leur vie terrestre à la Recherche, à la Propagation (Tabligh) et
au soutien de l’ISLAM. C’est ainsi qu’ils continuent
à vivre après leur mort.
C’est là, le vrai SAWAB-E-JARIA
(bienfait
perpétuel)
QUI PEUT DEVENIR MOUJTAHID ?
O
n peut
affirmer sans conteste que tous les Musulmans de la planète, et de quelque époque qu’ils soient - passée, présente,
ou future - , sont égaux face aux devoirs religieux du Shariat
: tous doivent en effet se conformer aux mêmes Préceptes Islamiques ; par
ailleurs, nous savons que l’ISLAM doit perdurer
jusqu’à la fin du monde.
Notre
Saint-Prophète (s.a.w.) a dit :
« Ce qui est HALAL (licite) restera
halal jusqu’au QIYAMAT (Jour du Jugement Dernier) ; et ce qui est HARAM (illicite)
restera haram jusqu’au Qiyamat
»
« Il est du devoir de chaque
Musulman, Homme ou Femme, d’acquérir le Ilm (la
Connaissance) »
« Il doit sortir d’entre vous des personnes qui
appelleront les gens sur la voie d’ALLAH (s.w.t.) »
Il
est donc tout à fait clair que quiconque,
sans exception, souhaite acquérir l’ensemble des connaissances religieuses, peut
le faire librement, et qu’il y est même encouragé. Ce qui veut dire que le
grade de Moujtahid ou de Faqih
n’est en aucun cas réservé à une race, à une famille, à un clan ou à un pays. Tout
Croyant, qu’il soit Arabe ou AJAM (non Arabe), SAYYED (descendant de l’un de
nos Douze IMAMS infaillibles, eux-mêmes liés directement par le lien du sang au
Saint-Prophète (s.a.w.)), ou
simple Musulman, de quelque pays, race, couleur ou caste que ce soit, peut
entreprendre les études nécessaires pour y accéder. L’Histoire nous fournit
d’ailleurs les Noms de nombreux Moujtahid réputés
pour leur Ilm, qui n’étaient ni Arabes, ni Sayyed.
Il
va de soi que le grade de Moujtahid n’est pas
héréditaire.
Ainsi,
il est mentionné dans l’ouvrage intitulé « IDDA » de Sheikh Toussi
(a.r.) que notre Saint-Prophète
(s.a.w.) avait envoyé Ma’az
ibn Jabal (un SAHABI , ou
Compagnon) à titre de Représentant au Yémen, et qu’il l’avait autorisé à
émettre des Fatwa.
Nos
Imams de Ahloul-Bayt (a.m.)
avaient, eux-aussi, agréé des Foqaha
pour délivrer des Fatwa aux Croyants ; parmi ceux-là, on peut citer Aba’an ibn Taglab, qui officiait
en la Mosquée de Madina (Médine), du temps de notre 5è
Imam, l’Imam Mohammad Baqir (a.s.),
avec son agrément.
De
même, nos 10e et 11e Imams (a.m.) ayant été
emprisonnés et empêchés de faire le tabligh sous la
dynastie abbasside, avaient nommé des Foqaha afin de
guider les SHIAS de leur époque.
Enfin,
les Noms des Quatre NAYAB (Représentants) de notre Imam Contemporain, Sahébouz-Zamane (a.f.) pendant la
période de la Petite Occultation (GAYBAT-E-SOUGRA) sont connus de nous tous :
- Abou
Oumar Ousmane bin Saïd, qui avait déjà été Nayab de nos 10è et 11é Imams (a.m.),
et dont le mausolée se trouve à Bagdad,
- son
fils Abou Jaafar Mohammad bin
Ousmane,
- Abou
Kassim bin Rawh bin Abi Bahar Navbakhti,
qui était lui-même un grand Faqih,
- Aboul Hassan Ali bin Mohammad Samari
Cette
période de Gaybat-é-Sougra dura de l’an 260 à l’an 329
Hijri, puis débuta la Grande Occultation (GAYBAT-E-KOUGRA),
période que nous vivons actuellement, et durant laquelle il nous est ordonné
par notre Imam (a.f.) de nous adresser aux Moujtahid pour toutes les Directives Religieuses.
De
nos jours, les Moujtahid remplissent ce rôle auprès
de nos communautés de par le monde.
Il
en existe en Iraq, en Iran, au Liban, au Pakistan, en Inde, etc…,
bref, dans les pays où les Shias ne sont pas soumis à
une oppression ouverte.
DEUXIEME PARTIE
QU’EST-CE QUE LE SOUNNAT-E-RASSOUL
? (s.a.w.)
L
e
SOUNNAT-E-RASSOUL (s.a.w.) se divise en Trois Parties
:
1.
Les AHADICE ou KAUL : Paroles, Dires du Saint-Prophète
(s.a.w.) ; en d’autres termes, ce qu’il (s.a.w.) a dit, ordonné ou interdit,
2.
Les KIRDAR : la façon dont le Saint-Prophète (s.a.w.) s’est comporté durant sa
vie, sa manière d’être et d’agir nous servant de Modèle,
3.
Les FE’EL ou TAKRIR : comportements des AS’HAB (Compagnons) du Saint-Prophète (s.a.w.) ; autrement
dit, la façon dont ils se sont comportés devant lui (s.a.w.),
et qu’il (s.a.w.) a approuvée, ou du moins qu’il (s.a.w.) n’a pas empêchée.
Il
est important et de rigueur que ces trois sounnates
ne peuvent et ne doivent jamais être en opposition aux instructions du Saint-Qur’an, qui est la Parole d’Allah (swt).
LES AHADITH
AUTHENTIQUES
L
e terme
AHADICE (ou AHADITH) est employé couramment pour désigner les Paroles, les
Dires de notre Saint-Prophète (s.a.w.).
Il faut savoir que tous les Ahadith, ou présentés
comme tels, ne sont pas dignes de confiance. Pour nombre d’entre eux, il
subsiste un doute quant à leur véracité. Notons bien que ce ne sont pas les
Paroles de notre Saint-Prophète (s.a.w.)
qui sont mises en doute, mais la franchise, l’équité, et la mémoire de leurs
rapporteurs (RAVI).
Du
vivant de notre Saint-Prophète (s.a.w.),
les MOUNAFEKOUN (hypocrites ; au
singulier : mounafik ) et les JUIFS avaient déjà commencé à semer la zizanie et
le doute dans l’esprit des nouveaux Croyants, dès lors qu’ils avaient constaté
une désaffection grandissante à leur égard et au profit de l’ISLAM, qui, de son côté, progressait rapidement en dépit de
tous leurs efforts pour l’anéantir. La Sourate « Mounafékoun
» dans le Saint-Qur’an en est le témoignage permanent.
Notre
Saint-Prophète (s.a.w.) avait
d’ailleurs lui-même mis en garde les Croyants :
« Si des paroles vous sont rapportées comme
émanant de moi, ne les acceptez pas avant d’avoir vérifié et constaté qu’elles
sont en parfait accord avec le Saint-Qur’an et ma Sounnate, sinon, rejetez-les ! »
Après
la période prophétique, et durant le règne des différentes dynasties, beaucoup
d’autres soi-disant Ahadith eurent
cours, avec ou sans le soutien des autorités de leur époque. La Terre d’Islam
s’étendant et devenant de plus en plus vaste, il fut d’autant plus difficile de
les vérifier.
Face
à cette prolifération de faux Ahadith, nos Grands Olama et Foqaha, au prix d’un
travail fastidieux et de longue haleine, s’étalant sur plusieurs siècles, finirent
par réaliser une nomenclature exhaustive de tous les Ravi. Ils compilèrent et
écrivirent également leurs Biographies. L’ensemble de ces oeuvres est appelé le
SHARH-E-HAL. Cette Branche de la « Connaissance des Ahadice
» s’appelle ILM-E-REJAL pour les Ahadice reconnus
comme authentiques, et ILM-E-DIRAYAT pour les autres.
Le
ILME-REJAL est la connaissance des Ravi sûrs,
dont la vie,
les comportements et
les
agissements,
le passé et le présent étaient au-dessus de tout soupçon. Ils étaient loin de
tout mensonge et de toute vanité ou vantardise. Les Ahadice
qu’ils ont rapportés sont agréés comme MOA’TABAR, ou authentiques.
Le
ILME-DIRAYAT est la connaissance des Ravi qui ont rapporté des Ahadice émanant de notre Saint-Prophète
(s.a.w.) ou de nos Imams (a.m.),
en les ayant entendus soit directement, soit d’une autre personne, laquelle dit
les avoir entendus d’une tierce personne, et ainsi de suite, jusqu’à parfois
plusieurs intermédiaires. Ces Ahadice sont soumis à
plusieurs tests avant d’être, soit acceptés comme dignes de confiance, soit
rejetés.
Sheikh
Bahaoudine Ameli (a.r.) a écrit un Traité intitulé « VAJIZEH », qui nous
éclaire amplement sur ce sujet.
Pour
qu’un Hadice soit agréé comme étant
authentique, les Olama et Foqaha
les font analyser en fonction de plusieurs critères :
- Le KHABAR ou information concernant les
Paroles du Saint-Prophète (s.a.w.)
qui nous sont parvenues par un Sahabi, (ou Tabéï, i.e. Compagnon), autre que nos Imams (a.m.) ;
- Le MATANE ou Paroles d’origine ;
- Le SANADE ou Paroles rapportées par
différents Ravi, cités par leurs noms ;
- Le SILSILA ou la chaîne des Ravi successifs
qui ont rapporté le Hadice.
Si
ledit Hadice est confirmé comme étant digne de
confiance après avoir été soumis à ces diverses
analyses,
il sera appelé MOTAVATIR, sinon il sera classé comme VAHID, et sera seulement
mentionné pour information.
Si
au moins trois Ravi l’ont rapporté sans que l’on puisse affirmer si ces Ravi
sont sûrs ou non, ce Hadice sera classé comme
MOUSTAFIZ, mais s’il a été rapporté par une seule personne, il sera appelé
GARIB.
Si
un Hadice est rapporté par plusieurs Ravi, qui sont
tous connus - et reconnus -, alors il sera classé comme MOUSNAD, mais si ceux-ci
ne sont pas reconnus, il sera classé comme MOUN’KATAA ou MOUN’FACIL.
Si,
dans le silsila des Ravi, le mot « ANN’ » a été
employé plusieurs fois, ce Hadice sera classé comme
MANA’ANN. D’autre part, si dans le silsila, aucun nom
de MAASSOUM (a.s.), - les quatorze Maassoum (a.m.), ou Immaculés, étant
: le Saint-Prophète (s.a.w.),
sa fille Janabé Fatéma
Zehra (a.s.) et les Douze Imams (a.m.)
- n’a été mentionné, il sera classé comme MOUZMAR. Si les Ravi ne sont pas
nombreux, il sera classé comme AALI.
Cette
analyse comporte encore d’autres critères, comme les
MOUSSALSSAL, SHAZ, SAHIH,
HASSAN, KAVI, MOASSAK, ZAEEF et
MAKBOUL, dont il serait fastidieux d’énumérer ici tous les détails.
Comme
le lecteur s’en sera rendu compte par lui-même, lorsqu’on lit ou lorsqu’on
entend une Parole présentée comme Hadice de notre Saint-Prophète (s.a.w.), il faut
avant tout bien réfléchir, vérifier, prendre des avis autorisés, et non pas
l’accepter de suite, les yeux fermés et la conscience tranquille, comme étant
authentique.
La
même recommandation est valable, non seulement en ce qui concerne la pléthore d’ouvrages
écrits par des soi-disant Orientalistes, Chercheurs ou autres Professeurs, ouvrages
présentés à grand renfort de publicité comme « islamiques » et « objectifs », et
dont regorgent les librairies, mais aussi en ce qui concerne les œuvres
cinématographiques concernant l’Islam, la vie de notre Saint-Prophète
(s.a.w.) ou celle des autres Prophètes (a.s.), qui contiennent de nombreuses contre-vérités
ayant pour but de les dénigrer et de les rabaisser au rang du commun des
mortels, avec des défauts et des faiblesses, ce qui est contraire aux Récits
Coraniques. Ces ouvrages nous spolient, et de notre argent, et de notre imaane (vrai foi), en semant le trouble dans notre esprit.
Nous
ne prétendons pas que ces ouvrages sont
tous tendancieux, mais simplement qu’ils sont sujets à caution, et qu’ils
doivent donc être abordés d’un oeil critique et initié.
Une
vigilance solidement documentée s’impose.
UN EXTRAIT DE
« NAHJUL BALAGHA »
D
ans
l’incomparable Recueil de Lettres et de Sermons (KHOUTBA), nommé « NAHJUL
BALAGHA », Imam Ali (a.s.) clarifie les causes des
contradictions existant entre différents Ahadice de
notre Saint-Prophète
(s.a.w.). Il dit en substance :
« Les gens possèdent de vrais et
de faux Ahadice, détenant ainsi la vérité et le
mensonge, ils possèdent des Ahadice confirmés et
d’autres annulés, des Ahadice pour le commun des
croyants et d’autres adressés à certains d’entre eux, des Ahadice
clairs et d’autres ayant un sens plus profond, des Ahadice
authentiques et d’autres, inventés de toutes pièces ».
Notons
à ce propos que durant la vie même du Saint-Prophète (s.a.w.), de nombreuses paroles lui furent attribuées
mensongèrement. Le phénomène prit une telle ampleur qu’il (s.a.w.)
dut un jour se lever et avertir solennellement dans l’un de ses khoutba :
« Quiconque m’attribuera de
fausses paroles aura sa demeure éternelle en enfer ».
Imam
Ali (a.s.) continue ainsi :
« Il y a exclusivement cinq
catégories de personnes, qui vous rapportent des Ahadice
du Saint-Prophète
(s.a.w.).
« Celui
qui appartient à la première catégorie est celui dont le visage est différent
du cœur. Il prétend avoir la foi, se conduit apparemment en Bon Musulman, mais
n’hésite pas à commettre un péché et à agir comme le lui dicte son instinct. C’est
celui qui attribue de fausses Paroles au Saint-Prophète
(s.a.w.). Si les gens savaient qu’il est mounafik (hypocrite) et faussaire, ils n’accepteraient
aucun des Ahadice rapportés par lui, et ne croiraient
à aucune de ses paroles. Mais ils disent que c’est un Sahabi,
qu’il a vu en personne le Saint-Prophète (s.a.w.), qu’il a entendu ses Paroles et qu’il s’est
instruit auprès de lui (s.a.w.). Ils acceptent donc
sans hésiter tous les Ahadice venant de lui. Allah (s.w.t.) les a mis
en garde contre les mounafékoun et leur façon d’agir.
Pourtant, ces hypocrites n’ont pas cessé
d’agir après la mort du Saint-Prophète (s.a.w.), et par leurs paroles mensongères, ont continué à
entraîner les gens dans une fausse direction. Ces derniers, qui les tenaient en
grande estime, les ont placés sur un piédestal ; ils les ont installés à de
hautes fonctions et leur ont octroyé les plus hauts rangs de la société. En
règle générale, les gens admettent aisément les directives de leurs chefs. Et
ce fut bien le cas ici, sauf pour une minorité, qui était au courant de la
réalité - et qu’Allah (s.w.t.) garde en Sa protection
- car elle avait été en intimité avec le Saint-Prophète
(s.a.w.). Ce sont là, les gens de la première
catégorie.
« Celui
qui appartient à la deuxième catégorie est celui qui avait réellement entendu
un Hadice du Saint-Prophète
(s.a.w.), mais qui n’avait pu le mémoriser, ni
entièrement, ni parfaitement. Il a, en fait, oublié une partie de ce qu’il
avait entendu. Il ne ment pas sciemment, mais rapporte ce qu’il a retenu, agit
conformément à ce qu’il rapporte, et affirme que c’était bien là ce que le
Prophète (s.a.w.) avait dit. Si les Musulmans
savaient qu’il a oublié une partie de ce qu’il avait entendu, ils ne le
suivraient pas ; et lui-même, s’il le savait, il se repentirait.
« Celui
qui appartient à la troisième catégorie est celui qui avait bien entendu le Saint-Prophète (s.a.w.) donner un
certain ordre, et par conséquent, il le rapporte. Mais il n’avait pas entendu, ou
n’avait pas été informé du fait que le Saint-Prophète
(s.a.w.) avait par la suite abrogé cet ordre ; ou à
l’inverse, il y a celui qui avait bien entendu le Saint-Prophète
(s.a.w.) interdire quelque chose, mais il n’avait pas
été informé du fait que par la suite, cette interdiction avait été levée par le
Saint-Prophète (s.a.w.) lui-même.
Par conséquent, ces deux types de
rapporteurs
disent
de bonne foi ce qu’ils avaient entendu, et ceux qui suivent leurs Ahadice agissent conformément à leurs dires. S’ils
connaissaient les uns et les autres la réalité, ils
n’agiraient pas ainsi.
« Celui
qui appartient à la quatrième catégorie est celui qui n’attribue aucun mensonge,
aucune fausse Parole à ALLAH (s.w.t.), ni à son Prophète
(s.a.w.). Il craint Allah (s.w.t.),
il porte l’Excellence et la Supériorité (« AZMAT ») du Saint-Prophète
(s.a.w.) dans son cœur, et il hait le mensonge. Il a
une mémoire sûre ; il a donc mémorisé parfaitement et entièrement ce qu’il a
entendu, n’y a rien ajouté, ni soustrait. Il a lui-même agi conformément au Hadice confirmé et s’est abstenu du Hadice
annulé. Il est au courant du Hadice destiné à toute
la OUMMA (la Communauté des Musulmans). Il met chaque Hadice
à la place qui lui revient. Il est au courant des Ahadice
clairs et de ceux qui renferment un sens profond.
« Enfin,
les Paroles du Saint-Prophète (s.a.w.)
étaient parfois destinées à certaines personnes, durant une certaine période, ou
étaient prononcées dans certaines circonstances ; en d’autres circonstances, il
(s.a.w.) s’adressait à tous les Musulmans, de tous
les temps et de toutes les époques, dans n’importe quelle circonstance. Il est
naturel que ceux qui entendaient ses Paroles, n’étaient
pas tous qualifiés pour en saisir le sens exact, et par conséquent, ils les
rapportaient selon leur propre compréhension. De plus, les Sahabi
du Saint-Prophète (s.a.w.) n’osaient
pas tous lui poser des questions, mais attendaient qu’un Bédouin venu de loin
lui en pose, afin de profiter eux-mêmes de la réponse donnée, et de s’instruire
ainsi. Mais moi, (Imam Ali a.s.), si un évènement se
produisait en ma présence, je posais des questions sur-le-champ et je
mémorisais parfaitement toutes les
Paroles du Saint-Prophète (s.a.w.).
«
Ce sont là les raisons des contradictions qui
existent entre différents Ahadice, ainsi
qu’entre leurs rapporteurs (Ravi) ».
TROISIEME PARTIE
LES ECOLES JURIDIQUES ISLAMIQUES
D
urant la période de la vie du Saint-Prophète
(s.a.w.), il était relativement facile de guider les Croyants. Les premiers
Musulmans, contemporains du Saint-Prophète (s.a.w.), qui avaient eu la chance inouïe de le voir et de
s’abreuver de ses Paroles, c’est-à-dire ses As’hab (ou
Sahabi), avaient toute latitude pour venir lui
exposer les problèmes qui les embarrassaient. Il leur montrait donc le chemin à
suivre. Les AYATE (versets) du Saint-Qur’an relatifs
aux Ordres et Interdits du Shariat leur étaient adressés
directement. Notre Saint-Prophète (s.a.w.) leur récitait ces Ayate en même temps qu’il (s.a.w.)
les leur expliquait. Par exemple, il est ordonné dans notre Livre Saint de
s’acquitter de la Prière (SALAAT, ou NAMAZ), mais la façon de l’accomplir n’y
est pas indiquée. C’est donc notre Saint-Prophète (s.a.w.) qui en a enseigné les rites aux premiers Croyants (KAYAM,
ROUKOU, SOUJOUD (SAJDA), le nombre de RAKAAT, les périodes et
les horaires, etc…). Il
existe ainsi
environ
cinq cents Ayate - certains très clairs, mais
d’autres moins évidents - qui se rapportent aux Préceptes Religieux.
Pour
leurs problèmes, les premiers Musulmans consultaient aussi Hazrat
ALI IBN ABI-TALIB (a.s.) : ces problèmes, aussi
divers et variés fussent-ils, étaient résolus parfaitement et sur-le-champ !…
Il faut savoir que Imam Ali (a.s.) et son cousin le
Prophète Mohammad (s.a.w.) sont les émanations du
même « Nour », et que Hazrat
Ali (a.s.) a vécu auprès du Saint-Prophète
(s.a.w.) depuis sa naissance jusqu’au décès de ce
dernier.
Ensuite,
durant la période des trois premiers Califes, les Musulmans continuèrent à
s’adresser à Hazrat Ali (a.s.),
comme le prouvent à la fois l’Histoire de l’ISLAM, et
les Ahadice contenus dans les Livres de SAHIH SITTA (livres
de Ahadice sunnites). Ces Califes eux-mêmes avaient
recours à Hazrat Ali (a.s.)
lorsqu’ils étaient dans l’embarras !… Leurs paroles désabusées et leurs aveux, tels
que ceux du second Calife par exemple :
« Qu’Allah ne me montre pas le
jour où ABOUL HASSAN (i.e. Imam Ali (a.s.)) ne sera
pas parmi nous… »
« Si Ali (a.s.)
n’était pas là, je serais perdu »
… mentionnés dans les Livres
d’Histoire ou de Ahadice (tels les Sahih Sitta), en témoignent si
nécessaire.
Le
Prophète (s.a.w.) avait d’ailleurs lui-même dit à Hazrat Ali (a.s.) :
« Tu es le seul capable
d’éclaircir les mystères après moi, pour ma Communauté »
Il
(s.a.w.) avait également prononcé ce célèbre Hadice, cité aussi dans le Sahih Sitta :
«
Je suis la cité du Savoir et Ali en est la Porte »
Le
Vertueux et Incomparable Ali (a.s.) était donc l’Ultime Recours de tous les Croyants.
Mais
Hazrat Ali (a.s.) fut
martyrisé, victime des agissements perfides de celui qui était avide de pouvoir
personnel tout en se prétendant l’Emir des Croyants, et qui fonda la dynastie omayyade, persécutrice des Descendants du Saint-Prophète (s.a.w.), les Ahloul-Bayt (a.m.).
Imam
Ali (a.s.) fut frappé d’une épée empoisonnée en
pleine prière de Fadjr le 19 Ramadhan 40 Hijri et succomba après de grandes souffrances, le
surlendemain 21 Ramadhan.
Après
lui, l’Imamat revint à son fils Imam Hassan (a.s.), auquel
les Musulmans prêtèrent allégeance. Cependant, il ne fut jamais laissé en paix
et malgré son abdication du pouvoir temporel au profit de Moawia,
il fut empoisonné à son tour.
Ce
fut alors au tour de Imam Houssein (a.s.), de guider les Croyants.
Imam
Houssein (a.s.) fut lui
aussi, cruellement martyrisé à Karbala (Irak), avec ses 72 fidèles Compagnons, pour
avoir refusé de prêter allégeance au nouveau souverain Yazid
ibn Moawia, qui mettait en péril l’existence même de
l’ISLAM. Ils furent impitoyablement massacrés après avoir été assiégés et
assoiffés avec femmes et enfants durant plusieurs jours dans un désert brûlant…
Yazid n’ignorait pas qui était Imam Houssein
(a.s.) – petit-fils du Saint-Prophète
(s.a.w.) ; et il se souvenait très clairement du
fameux Hadice de notre Saint-Prophète
(s.a.w.), mentionné dans tous les recueils de Ahadice :
« Hassan et Houssein
sont les Chefs des Jeunes du Paradis »
Mais
dans le cœur des Bani Omayya
brûlait une haine ancestrale contre les Bani Hachim (dont était issu notre Saint-Prophète
s.a.w.). Elle s’était déjà manifestée du temps de
Abou Soufiane, dont la femme Hinda
avait mâché le foie saignant de Hamza, oncle du Saint-Prophète
(s.a.w.), tué à la bataille de Ohad.
Cette
haine fut ici encore la plus forte, et Yazid eut
l’occasion de l’assouvir contre la Famille du Saint-Prophète
(s.a.w.) : il ne s’en priva pas, et s’en vanta même
publiquement devant sa Cour…
Le
terrible massacre de Karbala est une tragédie unique dans les annales de
l’Histoire.
Il
peut être abordé sous différents aspects :
si on l’analyse sous
l’angle des Evènements qui s’y sont déroulés, ceux-ci ont été d’une ampleur et
d’une cruauté sans précédents ;
si l’on réfléchit aux Paroles et au Comportement
d’Imam Houssein (a.s.), des
membres de sa Noble Famille et de ses Compagnons, ceux-ci ont tous été, sans
exception, d’une Dignité Exemplaire, et leur Fidélité envers Allah (s.w.t.), constante et indéfectible, quelle que soit la
dureté des épreuves.
l’Enjeu, quant à lui, était crucial pour toute
l’Humanité : la sauvegarde et la pérennité de l’Islam, Religion Universelle, que
Yazid, qui avait sombré dans la débauche, voulait
anéantir.
si l’on s’en tient, par
ailleurs, aux Enseignements que notre Imam (a.s.) nous
a légués, ils reflètent une grande Noblesse et nous servent d’exemples pour
nous élever (Akhlaq). Ils concernent, entre autres :
l’Endurance, la Foi, la Persévérance et le Courage, peu
importe que le combat soit inégal, pourvu qu’il soit Juste,
le sens de l’Abnégation, de la Magnanimité, du Pardon, du Sacrifice suprême et
du Dialogue avec l’ennemi égaré du Droit Chemin,
la recherche constante d’une armistice, sans faillir
aux Principes inaltérables de l’Islam,
la valeur suprême de la Prière (Salat), même dans les
circonstances les plus terribles, ….
Enfin, le But atteint, au delà de cette tragédie, est
Sublime et Grandiose, car, au prix de toutes ces Valeurs éternelles, c’est la
démonstration vivante de ce qu’est le Vrai ISLAM, lequel fut sauvé de la
déviation et de la perdition programmées par ses ennemis de toujours, les Banou Omayya.
Cette
tragédie, ainsi que les rudes épreuves qu’allaient encore subir les survivants,
allaient marquer d’une douleur ineffaçable le cœur de tous les Shias et de tous les êtres épris de Justice, pour lesquels
ces Valeurs comptaient.
En effet, Yazid
et ses sbires avaient perfidement fait croire que c’étaient là, de simples
rebelles, vaincus et capturés. Mais Imam Ali Zaynoul Abédine (a.s.), et Bibi Zainab (a.s.), respectivement le seul fils survivant, et la sœur
dévouée de Imam Houssein (a.s.),
prononcèrent des Khoutba (sermons) retentissants, en
état de captivité, devant les habitants, à la Cour même de Yazid.
Précisons
que Hazrat Ali Zaynoul Abédine (a.s.) n’avait pas pu
combattre car il était plongé dans les affres de la maladie, Allah (s.w.t.) voulant ainsi qu’il devienne notre 4è Imam (a.s.) et l’Héritier Spirituel de son père, afin de
poursuivre la lignée de nos Imams Immaculés.
Ces
Khoutba eurent un effet inattendu par le tyran : ils
réveillèrent brutalement la conscience du peuple, qui découvrit, stupéfait et
consterné, que c’est à la Famille même du Saint-Prophète
(s.a.w.) que leur souverain avait osé s’attaquer.
Après
avoir lâchement fait massacrer tous les hommes, en dehors de notre 4è Imam (a.s.), il avait impitoyablement fait mettre des chaînes au
cou et aux membres des prisonniers, essentiellement des femmes, mais aussi des
enfants, dont beaucoup n’avaient pu survivre à la tragédie, et d’autres encore
avaient péri en cours de route. Tous ces prisonniers étaient exhibés et traités
comme des malfaiteurs. Les femmes de la Famille du Saint-Prophète
de l’Islam (s.a.w.) étaient là, debout et enchaînées.
Leur voile, signe de noblesse et de piété, leur avait été arraché. Elles
étaient la cible particulière des sarcasmes du souverain. La tête décapitée de
Imam Houssein (a.s.), était
profanée par Yazid devant eux. Il se délectait en
particulier de faire souffrir Sakina, l’enfant de 4 ans que l’Imam martyre
chérissait tant. L’Imam avait également un nourrisson de 6 mois, Ali Asghar, adulé par sa sœur, et que sa mère n’était plus à
même d’allaiter. Il l’avait porté devant les ennemis, qui, comme lui, avaient
sûrement des enfants, … afin qu’ils étanchent sa soif. Une flèche lui avait
aussitôt transpercé la gorge. Sa petite tombe creusée par son père dans le
désert fut ensuite profanée. Sa tête était là, parmi les autres, en guise de
trophée, devant la petite Sakina.
C’est
ainsi que, jusqu’à la fin des Temps, la mémoire des Shias
restera imprégnée du généreux Message transmis avec tant de souffrances par
Imam Houssein (a.s.) au
delà de son immense Sacrifice, à savoir, la Défense de l’Islam, de la Vérité, de
la Justice et de la Paix, par les moyens du Dialogue, du Pardon et de l’Amour
de son prochain, avec Persévérance et surtout une Confiance absolue en Allah (s.w.t.) malgré les difficultés.
Cette
démarche positive et une stratégie uniquement défensive malgré des atouts non
négligeables sur le plan militaire, devaient au contraire permettre à l’Islam
d’en ressortir Victorieux !
…Et
pourtant, le pire avait été commis : c’est le sang du Saint-Prophète
(s.a.w.) lui-même qui coulait dans les veines de Imam
Houssein (a.s.) et de sa
Noble Famille ! c’est ce sang qui avait été versé - cruel
paradoxe – par des individus se réclamant de l’Islam, Religion de Paix, et
affirmant respecter le Saint-Prophète (s.a.w.) ! Ils avaient en réalité voulu porter un coup fatal
et définitif au Message révélé par notre Saint-Prophète
(s.a.w.). Ils avaient par là, anéanti leur propre
Salut. La convoitise et l’appât de gains terrestres futiles l’avaient emporté
sur la raison.
Dorénavant,
rien de plus terrible ne pourra plus
jamais toucher l’Islam.
Le
Message Authentique d’Allah (s.w.t.), tel que révélé
par notre Saint-Prophète (s.a.w.), a en effet été préservé et transmis de
génération en génération, en dépit de toutes les persécutions que les Shias, fidèles Partisans du Saint-Prophète
(s.a.w.) et de ses Descendants, Ahloul-Bayt
(a.m.), continuèrent et continuent encore de nos
jours à subir dans différents pays, avec fermeté et courage, tant le Souvenir
du Sacrifice de Imam Houssein (a.s.)
est gravé avec force dans leur coeur.
Avec
Persévérance et Espoir, ils continueront toujours à porter le flambeau, quoi
qu’il leur en coûte…
Imam
Houssein (a.s.) avait pour
cela donné son sang. Il avait tout sacrifié. Mais il avait sauvé l’Islam, et
c’est ce qui importait.
Aucun
homme, dans l’Histoire de l’Humanité, n’a jamais eu à surmonter une telle
Epreuve, avec une telle noblesse de caractère, une telle clairvoyance, une
telle constance – surhumaine - dans son comportement.
Ecartant
à l’évidence toute idée de stratégie militaire pour gagner une bataille, en
dépit de souffrances inhumaines, le but à atteindre était bien la pérennité de
l’Islam originel, Mission Divine que lui avait prédite son propre Grand-Père, le Prophète Mohammad (s.a.w.),
sur les révélations de l’Ange Jibraïl.
Cette
Mission le rapproche inévitablement du Saint-Prophète
(s.a.w.) : celui-ci, sur ordre d’Allah (s.w.t.), planta l’étendard de l’Islam sur une terre hostile,
celui-là le fit flotter définitivement sur l’Humanité toute entière, par delà
sa mort. Ce tout aussi célèbre Hadice du Saint-Prophète (s.a.w.) témoigne
brillamment de cette affinité de destin :
« Houssein
(a.s.) est de moi, et je (s.a.w.)
suis de Houssein (a.s.) »
Absolument
rien ne lui a été épargné. Imam Houssein (a.s.) a tout donné, avec un consentement plein et entier. Et
Allah (s.w.t.) lui a accordé le Meilleur, à travers
un Hadice que nous avons déjà cité mais qui révèle
ici tout son éclat et toute sa
magnificence :
« Hassan et Houssein
sont les Chefs des Jeunes du Paradis ».
Son
Sacrifice évoque aussi, mais avec infiniment plus d’intensité et des
conséquences inégalables, celui de son aïeul Ibrahim (a.s.)
qui s’apprêta sur Ordre Divin, à sacrifier son fils Ismael
(a.s.), mais qu’Allah (s.w.t.)
épargna en le remplaçant au dernier instant par un mouton.
Le
miracle est qu’après plus de quatorze siècles, le deuil d’Imam Houssein (a.s.) et des siens soit
toujours aussi vivace dans notre cœur. Il est ressenti de manière permanente et
bien plus forte que celui d’un proche. C’est un phénomène inexplicable à la raison
humaine, qui nous invite à méditer et à nous perfectionner en ce bas monde (Akhlaq), en vue de nous préparer à notre vie éternelle, qui
est en fait le but ultime de tout Croyant…
Les
Imams successifs de Ahloul-Bayt (a.m.),
Descendants en ligne patriarcale directe de Imam Houssein
(a.s.) continuèrent la lourde tâche de guider, sur le
plan spirituel, les fidèles (Shias) au péril de leur
vie. Ils furent soumis à de terribles difficultés, à des exactions, placés en
résidence surveillée, emprisonnés, et finalement empoisonnés l’un après l’autre
; les membres de leur famille furent durement persécutés. Les potentats omayyas et abbassis ne pouvaient
pas supporter de voir le Respect que les Musulmans, en particulier ceux de Madina, leur témoignaient. En effet, au vu de cette sympathie et de cette attirance pour
nos Imams, ils craignaient à tort que ces derniers ne fomentent un complot
contre leur régime illégitime et autoritaire afin de reprendre leurs droits, car
les Imams de Ahloul-Bayt (a.m.)
étaient en fait les vrais Successeurs Spirituels, que notre Saint-Prophète
(s.a.w.) avait clairement et nommément désignés dans
ses Ahadice. Ils étaient les Garants de notre
Religion, face à la tendance déviationniste et à la traditionnelle opposition
de cruels dirigeants.
Il
est recommandé de consulter à ce sujet l’ouvrage intitulé : « Histoire des
Premiers Temps de l’Islam », de Sayyed Safdar Husayn.
Parmi
ces Imams de Ahloul-Bayt (a.m.),
les six premiers vécurent pendant la période des Banou
Oumayya. Cette dynastie, appelée aussi les Oumayyades, déclina et fut chassée par les Bani Abbassi (dynastie des
Abbassides), à l’époque des 5e et 6e Imams (a.s.). Cette
période de troubles et de guerres intestines fut mise à profit par ces deux
derniers – Imam Mohammad Baqir (a.s.)
et son fils Imam Ja’far-as-Sadiq (a.s.)
- pour propager ouvertement la Foi Islamique Authentique qu’ils avaient héritée
en droite ligne du Saint-Prophète de l’ISLAM (s.a.w.). Leur démarche
n’avait aucun but temporel, mais uniquement spirituel, alors que les potentats
au pouvoir s’activaient au contraire en se servant du paravent et du nom de l’ISLAM, pour agrandir leur royaume, qui, à cette époque, s’étendait
sur toute l’Arabie (englobant le Yémen, l’Iraq, la Syrie, et le Liban actuels),
l’Egypte, la Perse, et le Maghreb. Ils rivalisaient de faste, de somptuosité, et
de luxure avec les autres royaumes de
l’époque, en opposition flagrante avec les Enseignements de l’ISLAM.
Imam
JAAFAR-AS-SADIQ (a.s.) avait alors fondé la Première
Université Islamique, à Médine, où des milliers d’étudiants (Talib-é-ilm) acquéraient les connaissances juridiques de l’ISLAM. Toutes les branches des connaissances y étaient
enseignées par l’Imam (a.s.) à ses disciples.
Les
vestiges de ce HAWZA (Université) sont encore visibles de nos jours.
Il
est donc bien établi, sans aucune contestation possible, que l’Ecole Juridique
de Ahloul-Bayt (a.m.) fut
la première de l’ISLAM, après la disparition de notre
Saint-Prophète (s.a.w.).
Imam
Jaafar-as-Sadiq (a.s.) fut
empoisonné et mourut en martyr en l’an 148 Hijri.
Les
SHIAS que nous sommes, ou fidèles partisans et suiveurs de la Famille du Saint-Prophète (s.a.w.) (i.e. Ahloul-Bayt a.m.,), avons toujours été en conformité avec les Directives
ainsi qu’avec avec la Voie indiquée par nos Saint-Imams
(a.m.)
Nous
sommes aussi appelés « JAAFARI », du nom de notre 6è Imam (a.s.),
qui est tenu en grande estime par tous les Musulmans.
L’Ecole
de Ahlul-Bayt (a.m.) est
une Ecole qui enseigne la Tolérance, la Persévérance, la Patience, la Sympathie
active envers son prochain, fusse-t-il un ennemi, en un mot : LA PAIX.
Par
ailleurs, il est primordial de rappeler ici que sur tous les sujets importants,
les Fatwa (Décrets Religieux) de tous nos Imams, ainsi que leurs Paroles (Ahadice) concordent parfaitement et qu’il n’y a aucune
contradiction entre eux. Jusqu’à la période de notre 6è Imam (a.s.), tous les Fatwa et Ahadice étaient
mémorisés oralement.
Durant
la période du 6è Imam (a.s.), avec la faveur et
l’appui des autorités, d’autres Ecoles de Fiqh virent le jour. Ce n’est qu’à partir de cette époque, qu’il
fut nécessaire de conserver les massaél et rivayate par écrit afin de souligner les différences entre
les diverses Ecoles Islamiques.
Parmi
ces Ecoles, quatre furent reconnues et agrées par les Olama
Sunnites, les autres étant considérées comme secondaires.
Ces
quatres Ecoles avaient été fondées par :
1. Abou Hanifa, de son
vrai nom No’man bin Thabit, qui fut pendant longtemps un élève de notre 6è Imam
(a.s.), mais qui divergea par la suite de son Maître.
Ils furent même opposés dans un MOUNAZERA (débat religieux), que remporta
l’Imam Jaafar-as-Sadiq (a.s.),
ce qui n’empêcha pas Abou Hanifa de se cramponner à
ses idées. Il décéda en l’an 150 de l’Hégire (Hijri).
Ses adeptes sont nommés Hanafites ;
2. Malik bin Anas, qui mourut en l’an 179 Hijri,
et dont les adeptes sont appelés Malékites ;
3. Mohammad bin Idriss Shafeï, qui mourut en l’an
204 Hijri, et dont les adeptes sont les Shaféïtes. Il a composé des poèmes fort élogieux en
l’honneur de Ahloul-Bayt
(a.m.) ;
4. Ahmad bin Hanbal, qui mourut en l’an 241 Hijri,
et dont les adeptes s’appellent les Hanbalis.
On
peut se rendre compte qu’aucun de ces quatre Foqaha, que
nos frères Sunnites appellent des Imams, n’a vécu du temps du Saint-Prophète (s.a.w.), mais
près de deux siècles après lui. Ils ne l’ont donc pas connu, ni lui, ni même ses
As’hab (ou Sahabi), alors
que la chaîne de nos Imams a commencé du temps de notre Premier Imam Ali ibn Abi-Talib (a.s.), à l’époque du Saint-Prophète (s.a.w.) lui-même,
et s’est poursuivie sans aucune interruption.
Voilà
pourquoi il n’y a pas de contradiction entre les Fatwa de nos Olama, c’est-à-dire de notre Ecole de Ahloul-Bayt
(a.m.). Le Saint-Prophète (s.a.w.) ne contredit jamais le Saint-Qur’an
; sa Sainte-Famille et ses Descendants non plus, malgré
les persécutions endurées ! Et les Imams des Shias
sont des Imams Infaillibles, Immaculés, issus de la Sainte-Famille
du Saint-Prophète (s.a.w.),
qui ne se contredisent jamais entre eux.
Par
contre, en ce qui concerne les quatre Ecoles Sunnites, bien que soutenues par
les dirigeants, qui, soucieux de conserver leur pouvoir temporel, cherchaient à
freiner l’attirance des Musulmans envers les Ahloul-Bayt
(a.m.) par de cruelles sanctions (mutilations
physiques, éxécutions arbitraires et sanctions
économiques imposées à ceux qui leur rendaient simplement visite), on remarque
que nombre de leurs Fatwa divergent
d’une Ecole à l’autre, et sont même parfois en nette contradiction entre elles,
portant ainsi un coup sévère à leur crédibilité.
Il
est également amusant de noter que parfois la Fatwa d’une Ecole Sunnite est
différente de celle d’une autre Ecole Sunnite, mais qu’elle concorde
parfaitement avec celle de l’Ecole de Ahloul-Bayt (a.m.) !
Ces
quatre Ecoles, grâce, bien entendu, au soutien des autorités, eurent l’adhésion
de la masse des Musulmans, surtout des nouveaux convertis habitant les contrées
fraîchement conquises. Ces adhésions massives se firent par pays entiers.
Cependant,
ceux qui avaient déjà acquis le vrai ISLAM du temps de notre Saint-Prophète (s.a.w.), et leurs
descendants, ont gardé intact leur attachement et leur dévouement à Ahloul-Bayt (a.m.). C’est
pourquoi nous trouvons de nos jours des centaines de milliers de Shias en Arabie même, à Médine (ou Madina),
la ville du Saint-Prophète (s.a.w.),
mais aussi au Yémen, en Egypte, en Syrie, au Liban, en Iraq, en Iran, et
également dans d’autres contrées. Des milliers de Shias
ont préféré perdre la vie, mais conserver leur foi intacte lorsqu’ils ont été
persécutés à mort par des dictateurs sans pitié. L’Histoire
de l’ISLAM est remplie de ces atrocités, dont un seul
exemple suffirait amplement à édifier le lecteur, comme le fait d’ériger des
murs sur des personnes vivantes, durant le règne abbaside.
Les
Foqaha Sunnites ont
interdit la Recherche et l’Analyse des Evènements Historiques par la
Raison et par les Concepts Coraniques et Prophétiques. Ils ont ainsi fermé la
Porte de l’Ijtihad depuis fort longtemps.
Les
Foqaha Shias ont toujours
maintenu cette Porte ouverte, car les Textes avaient été respectés, protégés, et
sauvegardés par les Douze Imams, qui ont hérité tout le Savoir de leur Grand-Père (s.a.w.).
Enfin,
nous terminerons ce Chapitre par la détermination des critères de base à
respecter lors de la recherche de Fatwa :
Les Foqaha de
Ahloul-Bayt, (i.e. les Moujtahid),
se basent sur quatre critères, à savoir :
1. Le SAINT-QUR’AN, selon l’interprétation (Tafsir)
de nos Imams (a.m.),
2. Le SOUNNAT-E-RASSOUL (s.a.w.), avec
les Ravi agréés par l’Ecole de Ahloul-Bayt (a.m.),
3. L’IJMA-E-FOQAHA, ou l’unanimité de tous les Foqaha sur un sujet donné,
4. L’IJTEHAD, ou leurs propres recherches basées sur les trois
critères précédents.
Les Foqaha de
Sunnat-Wal-Jamaat se sont basés également sur quatre
critères :
1. Le SAINT-QUR’AN, dont l’interprétation (Tafsir)
est différente de celle des Shias pour certaines Ayate,
2. Le SOUNNAT-E-RASSOUL (s.a.w.), avec de nombreuses différences pour l’agrément des
Ravi,
3. L’IJMAA, ou unanimité des Foqaha
Sunnites,
4. Le KYASS, ou suppositions personnelles du chercheur.
Précisons que les Fatwa des
Ecoles Sunnites et Shiites sont concordantes sur la majorité des massael, mais qu’elles diffèrent dans le cas de certains massael de base.
LES PRECEPTES DE BASE DE L’ISLAM
L
es
Préceptes de base de la foi islamique sont divisés en deux catégories ou
Parties :
- Les OUSSOUL-E-DINE ou
Fondements, Racines, Piliers de la Religion ;
- Les
FOUROU-E-DINE ou Branches, Edits de la Religion.
1) OUSSOUL-E-DINE
Une
personne doit d’abord adhérer aux premiers Préceptes – Oussoul-é-Dine
– après les avoir bien compris, acceptés et assimilés avec son raisonnement
personnel et avec l’assentiment et la conviction de sa propre conscience, et
non pas après les avoir seulement mémorisés, tout simplement parce qu’on les
lui aurait enseignés, de sorte que si l’occasion d’un débat se présentait à lui,
il pourrait en discuter et prouver le bien fondé de sa foi.
Le
Taklid est donc interdit en Oussoul-é-Dine.
Il
est dit dans le Saint-Qur’an :
«
Il n’y a pas de contrainte en religion ».
Celui
qui n’accepterait pas ces premiers Préceptes, est libre de suivre une autre
religion ou de rester athée - quoi que les athées eux-mêmes croient en quelque
chose - mais dans ce cas, il ne devient
pas, ou n’est plus, Musulman. Le Saint-Qur’an affirme
également :
« A vous votre religion, à moi ma
religion » (Sourate Al Kafiroun).
« La vrai religion auprès d’Allah
(s.w.t.) est l’Islam ».
Il
y a cinq Oussoul-é-Dine, ou Bases de notre foi :
1. TAWHID : ou Unicité
d’Allah (s.w.t.),
2. NOUBOUWATE : ou
l’envoi de Prophètes (a.m.) par Allah (s.w.t.),
3. QYAMATE : ou le Jour
du Jugement Dernier,
4. ADL (ou adal) : ou Equité d’Allah (s.w.t.),
5. IMAMATE : ou période
des Successeurs Spirituels et désignés par le dernier des Prophètes, Hazrat Mohammad Moustafa (s.a.w.).
L’adhésion
aux trois premiers Oussoul-é-Dine nous fait entrer
dans la communauté des Musulmans (la OUMMAT).
L’adhésion
complémentaire aux deux derniers fait de nous des adeptes ou suiveurs de l’ECOLE DE AHLOUL-BAYT (a.m.), ou
FIQH-E-JAFARI, la première Ecole de Jurisprudence Islamique, datant du vivant
même de notre Saint-Prophète (s.a.w.).
Reprenons
les différents points évoqués ci-dessus dans un ordre conforme à notre Oussoul-é-Dine (Tawhid, Adl, Noubouwate, Imamate, Qyamat) :
1. TAWHID, ou l’Unicité d’Allah (s.w.t.)
Un
Musulman est fermement convaincu que cet Univers, dont fait partie notre Terre,
et qui englobe toutes les galaxies, ne s’est formé ni tout seul, ni à la suite
d’un ou de plusieurs accidents cosmiques, mais qu’il y a un Créateur, qui l’a
créé, planifié, et qui le dirige. De plus, ce Créateur est Unique. D’ailleurs, à
supposer que le « big bang », - théorie élaborée et
extrapolée à partir de suppositions (et il y en a eu bien d’autres auparavant…)
- ait réellement eu lieu, il eût besoin d’un détonateur dont Quelqu’un possédât
la clé : c’est en Lui que nous avons placé notre foi (notre IMAANE). Il est Un
et Unique, dans le sens où il ne peut y en avoir un deuxième, tout comme Il n’a
pas d’associé, n’a pas été engendré, et n’a point engendré non plus. Il est
Omniscient. Son Savoir et son Pouvoir recouvrent tout ce qui existe. Il ne peut
pas être représenté par une divinité ou par une statue.
Si
l’Homme réfléchit et s’intéresse à sa propre existence, à son corps, si
judicieusement formé, avec des organes parfaitement adaptés à leurs fonctions
respectives, à son esprit qui peut concevoir des pensées et des sentiments, à
son cerveau grâce auquel il peut maîtriser les forces de la nature, - cerveau
dont les scientifiques ne parviennent pas à expliquer le fonctionnement -, ainsi
qu’à ce monde merveilleux qui l’entoure et qui est à sa disposition, duquel il
tire sa subsistance et puise toutes les nécessités vitales, … comment ne pas être convaincu que tout cela
ne peut être le fait du hasard, et qu’il y a bien derrière ce mécanisme bien
rodé, merveilleux, un Pouvoir Suprême, qui est en fait son Créateur ?
Les
qualités propres à Allah (s.w.t.) sont appelées SIFAT-E-SOUBOUTIYAH.
Elles sont au nombre de huit.
Les
qualités impropres à Allah (s.w.t.) sont appelées
SIFAT-E-SALABIYAH. Elles sont également au nombre de huit.
Ces
qualités sont toutes expliquées en détail dans les livres de DINIYATE.
2. ADL (ou ADAL)
Un
Musulman suiveur de l’Ecole de Ahloul-Bayt (a.m.) croit que Allah (s.w.t.) est
Juste et Equitable, qu’Il ne lèse personne, qu’Il n’attribue ni récompense ni
châtiment selon Son bon vouloir ou Son humeur du moment. Le Saint-Qur’an
dit :
« Celui qui aura fait un atome de
bonne action, le verra le Jour du Jugement dernier, et celui qui aura fait un
atome de mauvaise action, le verra aussi. »
L’Homme,
sur la terre, est libre de ses actions. Certes, son destin est tracé en ce sens
que Allah (s.w.t.), qui est Omniscient, sait d’avance
ce qu’il va faire. Mais Il (s.w.t.) l’a laissé libre
de ses actions, de sorte qu’elles ne dépendent pas d’Allah (s.w.t.),
mais de lui-même. Il peut choisir le Droit Chemin, qui est, bien sûr, semé de
difficultés, et où il lui faudra consacrer des sacrifices pour accéder à la
félicité éternelle ; il peut au contraire choisir la facilité, le chemin qui
mène à la luxure, aux plaisirs de ce bas-monde, à ses
honneurs, à ses éclats, à ses vacarmes, … pour finalement voir ce beau « rêve »
s’évanouir, et les yeux s’écarquiller sur la réalité qui le frappera lorsqu’il
se réveillera, alors que la mort l’aura surpris.
La
logique nous indique que pour obtenir une chose, on doit toujours fournir un
effort, parfois consentir des sacrifices, des privations, etc. Ne serait-il pas
tout à fait concevable que pour accéder à la vie éternelle, avec ses félicités,
l’on doive également fournir certains efforts et accepter certains sacrifices, cultiver
certaines qualités, et renoncer aux mauvaises actions ?
Croire
que nous sommes contraints, de par notre nature, à faire du mal ou à commettre
des péchés, serait croire que c’est Allah (s.w.t.) qui
nous y contraindrait, ce qui serait complètement absurde et contraire aux
Enseignements Islamiques ; s’il en était ainsi, l’envoi de tous les Prophètes (a.m.) pour guider l’Humanité, ainsi que l’existence du Jour
du Jugement Dernier n’auraient aucun sens. Ce serait
comme si notre Créateur nous faisait d’abord commettre le mal pour ensuite nous
en punir, ce qui ne serait pas juste.
Notre
Créateur est, rappelons-le, Omniscient. Il sait ce que Sa créature fera sur
terre. Il est aussi Clément, Miséricordieux et Compatissant. Il peut nous
pardonner tous nos péchés si nous nous en repentons de tout notre cœur, avec la
ferme intention de ne plus en commettre jusqu’à notre mort. Il aime pardonner, et
non pas punir. Il n’est ni tyran, ni
rancunier ; cependant, Il est en même temps Justicier. Les injustices et les
exactions qu’une personne aura exercées à l’encontre de son prochain, fusse-t-il
Musulman ou non, ne seront pardonnées par Allah (s.w.t.)
que si la victime y consent elle-même. Allah (s.w.t.) dit dans le Saint-Qur’an :
« Nous l’avons prévenu et lui
avons montré les deux voies (la bonne et la mauvaise). Qu’il soit reconnaissant
(en suivant la bonne voie), ou ingrat (en suivant la mauvaise voie) »
3. NOUBOUWATE
Sa
foi indique au Musulman que depuis la création de ce monde, Allah (s.w.t.) a envoyé des Prophètes (a.m.)
pour guider l’Humanité : 124 000 selon les RIVAYATES (chroniques). Il (s.w.t.) en a envoyé à tous les peuples, dans toutes les régions
du monde. Qu’après leur mort, leurs habitants, ou les dirigeants du Culte, aient
pu introduire des déviations dans les Enseignements prodigués afin d’en tirer
un profit personnel, le blâme en incombe a ces derniers. Le premier Prophète
sur terre fut le Père de toute l’Humanité, Hazrat
Adam (a.s.), et le dernier, notre Saint-Prophète
Hazrat Mohammad Moustafa (s.a.w.),
qui est le Sceau des Prophètes et dont le NOUR (« Lumière étincelante ») fut
créé avant même la création de toute chose. Toute la vie terrestre de notre
bien-aimé Prophète (s.a.w.) se passa suivant le VAHI-E-ILAHI
(Directives d’Allah (s.w.t.), apportées par Jibraïl (a.s.), l’Archange
Gabriel).
Il
est erroné de croire qu’il (s.a.w.) avait deux
identités, l’une comme Prophète (s.a.w.), Messager
d’Allah (s.w.t.), et l’autre, comme simple être
humain, identique à nous ; et qu’il ne fut Infaillible qu’en tant que Prophète (s.a.w.) et non en tant qu’être humain. Ceci est une
absurdité. Allah (s.w.t.) a envoyé le Saint-Prophète (s.a.w.) comme un Modèle
pour toute l’Humanité, un Idéal à suivre. S’il avait été fautif dans certaines
de ses actions - Ma’azallah (qu’Allah (s.w.t.) nous préserve de cette pensée) - s’il y avait eu
une seule faille ou une seule faiblesse dans ses faits et gestes, comment nous
serait-il possible de le suivre comme Modèle ? Il a mené une vie terrestre
parfaite et exemplaire pour nous servir de Guide. Il a été « Rahmatoul-lil-alamine », une Bénédiction pour les Humains
et pour l’Univers tout entier. Nos Saintes Ecritures nous indiquent clairement
qu’il (s.a.w.) a eu pour Mission de parfaire nos
AKHLAK (ou Qualités). Croire le contraire équivaudrait à réfuter les
Enseignements Islamiques.
Les
Paroles que Allah (s.w.t.) nous a transmises par
l’intermédiaire de notre Saint-Prophète (s.a.w.) renferment des Merveilles et des Secrets pour
l’Humanité toute entière, jusqu’à la fin des Temps. Ainsi le Saint-Qur’an est un Miracle Permanent.
Depuis
sa Révélation et jusqu’à nos jours, beaucoup de recherches et de méditations
ont été menées par des Savants, des Philosophes et des Scientifiques « bien
pensants », dans cet immense Océan de Savoir, certaines dans le but avoué de
trouver une faille, une contradiction ou une contre-vérité, afin de tenter de
prouver qu’il ne s’agirait là simplement que d’une œuvre de notre Saint-Prophète (s.a.w.) ou de
quelques autres êtres humains : leurs efforts ont été vains ! Finalement, ces «
illustres personnages » n’ont pu qu’admettre, soit explicitement, soit à mots
couverts, que ce ne sont pas là des
paroles humaines. Le style même des versets coraniques est tellement
merveilleux et inimitable qu’on ne se lasse jamais de les réciter, jour après
jour. De nombreuses données scientifiques (biologiques, astronomiques, et
autres…), renfermées dans le Saint-Qur’an, étaient
absolument inconnues et indéchiffrables par les hommes, Arabes ou non, au
moment où il fut révélé, et c’est seulement aujourd’hui, à l’ère des
Découvertes et de la Science, que les chercheurs sont parvenus à en percer
certains secrets : ils en sont restés éblouis, émerveillés ! … Tout est
miraculeux dans ce Livre-Saint : le style, la syntaxe,
la disposition originale de l’écrit, la merveilleuse concordance numérale du
Texte Coranique, les prédictions et les prophéties, ainsi que les décrets simples pour guider les
humains dans le Droit Chemin, vers leur Créateur.
4. IMAMATE
La
période prophétique s’est achevée avec notre Saint-Prophète
(s.a.w.). Il n’y aura plus d’autre Prophète après lui,
mais Allah (s.w.t.) ne peut pas abandonner ses
Créatures sans Guide.
Notre
Saint-Prophète (s.a.w.) a
dit dans son célèbre Hadice Sharif (Hadicé-Sakalayne)
:
« Je vous laisse, après moi, deux Entités de
Poids égal : le Livre d’Allah (s.w.t.) (le Saint Qu’ran) et ma Sainte-Famille (Ahloul-Bayt a.m.). Si vous vous
accrochez à eux, vous ne serez jamais égarés. Ces deux Entités ne se sépareront
jamais jusqu’à ce qu’elles ne m’aient rejoint au Hawzé
Kawsar (la Fontaine du Paradis) »
Ce
Hadice Sharif est mentionné dans tous les ouvrages
islamiques, sans distinction. Le Prophète (s.a.w.) a
prédit lui-même qu’il aura Douze Successeurs Légitimes, tout comme les Douze Hawariss (apôtres) de Hazrat Issa
(a.s.) (Jésus). Ce dernier hadice
figure d’ailleurs lui aussi dans tous les Recueils de Ahadice.
Il a même énuméré les Noms de ses Douze Successeurs. Le Monde ne peut exister
sans Lumière, et cette Lumière nous est transmise par l’intermédiaire de nos
Douze Imams (a.m.), qui sont les Délégués d’Allah (s.w.t.).
Nous
croyons fermement que dès la fin de la période prophétique, a débuté la période
d’Imamate. Les Noms et Biographies de nos Douze Imams
(a.m.) sont également relatés dans les manuels de
DINIYATE.
5. QYAMATE
Le
Jour du Jugement Dernier, tous les morts seront ressuscités ; ils seront jugés
équitablement ; toutes leurs actions, commises sur terre, défileront devant eux
: ils seront récompensés pour les bonnes actions et châtiés pour les mauvaises.
Ayons
conscience du fait que tout au long de notre vie ici-bas, nous devons rendre
compte de nos actions : dans l’enfance, à nos parents ; ensuite à nos
enseignants et éducateurs ; parvenus à la vie active, nous devons obéir à nos
supérieurs ou employeurs, aux règles de notre profession et aux lois et
coutumes de notre société, de l’administration de notre pays, etc. Aucune
nation ne pourrait fonctionner sans lois
pour la régir.
L’Etat
récompense et honore ses bons et loyaux serviteurs et punit, parfois sévèrement,
les transgresseurs, ce que nous trouvons juste et logique. La même logique nous
amène à admettre et à croire en la Justice Divine, pour pallier les manquements
de la justice humaine. En effet, nombre de délinquants, d’escrocs, d’assassins
et autres rusés parviennent à échapper à la justice humaine, mais nul ne pourra
échapper à la Justice Divine. On voit que beaucoup de pécheurs commencent déjà
à recevoir le début de leur châtiment dans ce Monde, avant même leur mort. Il
est dit dans les Livres Saints, qu’Allah (s.w.t.) a
beaucoup de Patience et qu’Il (s.w.t.) laisse du
temps à sa Créature afin qu’elle se repente, mais que rien ni personne ne
peuvent lui échapper.
Celui
qui aura été lésé dans ce monde pourra réclamer Justice dans l’au-delà et les
misérables de ce monde seront les bienheureux de l’autre, pourvu qu’ils gardent
Foi et Persévérance.
2) FOUROU-E-DINE
Une
fois qu’une personne a adhéré consciemment et librement aux Oussoul-é-Dine,
il lui incombe d’accomplir les Fourou-é-Dine ou Edits,
Ordres régissant sa foi, et c’est alors qu’il a besoin des Savants en Théologie,
les Foqaha ou Moujtahid, afin qu’ils lui montrent le chemin à suivre pour
l’accomplissement des différents Préceptes.
Rappelons
que si une personne n’accepte pas les Oussoul-é-Dine,
c’est qu’elle a perdu sa foi et ne peut plus se considérer comme Musulmane. Tandis
qu’en ce qui concerne les Fourou-é-Dine, si un
Musulman manque à l’accomplissement d’un
Ordre Religieux, il est sûrement fautif, pécheur et aura à en rendre compte
devant Allah (s.w.t.), mais il conserve sa foi - si
toutefois il ne l’a pas reniée - et reste toujours Musulman.
Cependant,
la persistance de la désobéissance envers son Créateur finira par lui enlever
sa foi et le perdre véritablement. Ceci est un piège de Shaytan.
Comme
il a été évoqué dans la Première Partie, nous devons insister sur le fait que
le commun des Croyants n’étant pas ALIM (érudit en matière de religion), il
doit, en ce qui concerne les Fourou-é-Dine, se
conformer aux Directives d’un Moujtahid ; cela
s’appelle faire le TAKLID, et il est obligatoire pour un Croyant, de faire le Taklid d’un Moujtahid
contemporain. Ceci est d’une importance capitale.
Les
Fourou-é-Dine sont au nombre de dix, à savoir :
1)
SALAAT, NAMAZ : les Cinq Prières quotidiennes obligatoires qui doivent être
adressées à Allah (s.w.t.), non pas du bout des
lèvres et aussi vite que possible en les considérant comme un fardeau, mais
bien du fond du cœur, avec la conviction que l’on est devant son Créateur, prêt
à Lui rendre compte de ses actions, qu’Il (s.w.t.) nous
voit et nous entend, et que chacune de nos prières pourrait bien être la
dernière ;
2)
SAUM,
ROZA : le Jeûne Obligatoire du mois de Ramadhan, qui consiste non seulement à
s’abstenir de manger et de boire depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil, mais
également de toutes les actions blâmables, qu’elles soient effectuées par
l’intermédiaire de ses mains, de ses pieds, de ses yeux, de ses oreilles, ou
surtout de sa langue. Il faut en effet bien maîtriser sa langue afin d’éviter
de proférer des paroles blessantes pour son prochain, des médisances ou des
calomnies, qui empêchent notre jeûne d’être validé et annihilent nos bonnes
actions ;
3)
HADJ
: le Pèlerinage à la Mecque, qui est obligatoire une fois dans sa vie si l’on
est en mesure d’en remplir les conditions préalables, c’est-à-dire, posséder
une somme d’argent correspondant au moins aux frais de voyage et d’hébergement
et disposer en plus, de l’équivalent d’une année de provisions de subsistance
pour sa famille, être en bonne santé, ne pas craindre pour sa propre sécurité
au cours du voyage, etc… ;
4) ZAKATE
5) KHOUMS
Ces
Aumônes Religieuses sont également obligatoires sous certaines conditions ; celui
qui ne s’en acquitte pas alors qu’il satisfait aux conditions requises, s’oppose
à la bonne marche et au progrès de la Oumma, et ses
autres actions ne sont alors pas exaucées ;
6)
JIHAD
: ce terme désigne la Lutte dans la voie d’Allah (s.w.t.).
Le Jihad-é-Akbar, ou Grand Jihad,
est à mener contre son propre Nafs-é-Ammara (ses
mauvais penchants), qu’il convient de
dominer afin de ne pas être entraîné à sa perte spirituelle.
7) AMR-BIL-MAARUF
: prêcher le Bien autour de soi, avec douceur et persuasion - jamais avec
autorité - en donnant soi-même le bon exemple ;
8) NAHI-ANIL-MOUNKAR
: dissuader du mal, tout aussi pacifiquement, avec un bon comportement
personnel (Akhlaq) ;
9)
TAVALLA
: aimer les envoyés d’Allah (s.w.t.) (Prophètes, Imams
et leurs vrais amis), et s’appliquer à suivre leur exemple dans sa propre vie ;
10)
TABARRA : haïr, s’éloigner de leurs ennemis, afin que sa propre vie ne leur
ressemble pas ;
Il
est recommandé de consulter plus en détail ces explications dans les Livres de
DINYATE et de MASSAEL (Enseignements
Religieux).
CINQUANTE AHADICE
DE NOS MASSOUMINES
(a.m.)
1. Recherchez le Savoir depuis le berceau jusqu’à la tombe (i.e.
durant toute votre vie).
2. Le Savoir (ilm) est identique à la
richesse perdue des Musulmans, emparez-vous en, où que vous la trouviez.
3. Allez jusqu’en Chine, s’il le faut, pour acquérir le Savoir.
4. Deux sortes de personnes ne sont jamais rassasiées : le Talib-é-Ilm (« chercheur du Savoir ») et le Talib-é-Maal (« chercheur de richesses matérielles »).
5. Le Savoir est la beauté ainsi que l’épanouissement du riche ;
il est la compétence et la source de revenus du pauvre.
6. Le Savoir est une richesse, l’ignorance est une pauvreté.
7. Servez votre mère, le Paradis se trouve sous ses pieds.
8. Le meilleur des héritages est la politesse, et le meilleur
des soutiens est le conseil du Sage.
9. Ne pas apprendre le ilm-é-dine est
la pire des maladies.
10. Celui qui se sert de son intelligence approfondit son ilm-é-dine, et agit conformément au Shariat.
11. Le rang d’un ALIM-E-DINE (érudit en matière de religion) vis-à-vis
d’un ABID (celui qui passe son temps en prières), est comparable à celui de la
pleine lune au milieu des étoiles.
12. Un ALIM peut juger un JAHIL (ignorant) à sa juste valeur, car
il a lui-même été jahil auparavant, mais un jahil ne pourra jamais juger un Alim, car il n’a jamais été
Alim lui-même.
13. L’Homme est caché derrière sa langue : il suffit qu’il parle
pour qu’on puisse le juger à sa juste valeur.
14. La langue de l’Homme est comparable à un animal carnassier : s’il
ne peut dompter sa langue, celle-ci dévorera tout son entourage.
15. Celui qui contrôle sa langue, contrôle également son cœur, et
préserve sa foi.
16. La langue d’un Mo’mine est derrière son cœur : il réfléchit d’abord
et parle à bon escient ; par contre, le mounafik
parle sans arrêt et sans réfléchir.
17. La méditation dans la voie d’Allah (s.w.t.)
est la meilleure des prières, l’âme de la Prière ; et la meilleure voie est celle qui consiste à
méditer sur les créations d’Allah (s.w.t.). La Prière
rituelle mène l’Homme au sawab, et la méditation le
rapproche de son Créateur.
18. Oubliez définitivement le bien que vous avez fait à votre
prochain, mais gardez bien en mémoire le bien qu’il vous a fait.
19. Ceux qui ont une langue douce et un visage souriant attirent
les gens comme dans un filet ; ils sympathisent avec eux.
20. Est pauvre celui qui n’a pas de véritable ami.
21. Celui qui manque de politesse, attire en lui de nombreux
défauts.
22. Le Créateur répond toujours à l’appel de sa créature.
23. Celui qui agit avec cruauté envers autrui, verra un autre agir
de la même façon à son égard.
24. Abstenez-vous de faire des suppositions sur les gens, car la
supposition est la pire des mensonges ; ne recherchez pas les défauts des gens,
ne les espionnez pas, ne les jalousez pas, et ne constituez pas de catégories
entre vous (le Saint-Prophète s.a.w.).
25. Peu de richesse s’avère être abondante si elle est dépensée
correctement, mais une richesse abondante demeure insuffisante si elle est
gaspillée de manière outrancière et illicite.
26. Qui persévère, atteint son but.
27. Celui qui, dans l’opulence comme dans la pauvreté, adopte
toujours une conduite médiane et raisonnable, parvient toujours à faire face
aux difficultés.
28. Lorsqu’une personne rend grâce à Allah (s.w.t.)
pour ses bienfaits, Allah (s.w.t.) augmente ses
richesses ; lorsqu’une personne sert Allah (s.w.t.), Il
fait de lui un Grand Homme.
29. L’Homme juste voit son honneur augmenter ; l’Homme injuste et
cruel voit sa vie diminuer.
30. Etre sous le poids d’une dette financière ou morale équivaut à
être sous la dépendance d’autrui ; s’acquitter de sa dette, c’est recouvrer sa
liberté.
31. L’endettement et la misère équivalent à la mort, et une vie
sans valeurs religieuses est en soi une grande calamité.
32. Si tu ne contrôles pas ta colère, elle t’anéantira.
33. Celui qui se met en colère, est déjà à moitié fou, et si sa
colère persiste, il le devient totalement.
34. Qui veut éloigner le moment de sa mort et augmenter sa
richesse, doit agir avec bonté envers les membres de sa famille et ses parents.
35. Les largesses faites dans la voie d’Allah (s.w.t.)
préservent des malheurs à venir.
36. La donation d’un sou faite par soi-même durant sa vie vaut
plus qu’une donation de cent sous faite par testament après sa mort.
37. Aller à la rencontre de ses amis avec le sourire et la bonne
humeur et leur offrir un repas, est également une bonne action ; son sawab est
équivalent à celui d’une donation.
38. Garder de bonnes relations avec ses voisins et leur offrir des
cadeaux fait partie des bonnes actions, au même titre que la donation.
39. N’appelez pas la mort avant qu’elle n’arrive.
40. Parlez en bien des défunts et abstenez-vous de dévoiler leurs
défauts.
41. Le suicide fait partie des Grands Péchés (Gounahé Kabira) : en effet, c’est se désespérer de la Clémence
d’Allah (s.w.t.).
42. Celui qui cherche sa subsistance par des moyens licites est
l’ami d’Allah (s.w.t.)
43. A qui mendie, Allah (s.w.t.) ouvre la porte de la misère.
44. Si tu as un ami, ne lui confie pas tous tes secrets, car il
pourrait un jour devenir ton ennemi ; si tu as un ennemi, ne romps pas
totalement avec lui, car il pourrait un jour devenir ton ami.
45. La discrétion permet de cacher vos défauts et d’embellir votre
honneur ; elle vous met en sécurité, en même temps que votre interlocuteur.
46. Trois défauts causent la perte de l’Homme : l’arrogance, l’envie,
et la jalousie ; l’arrogance l’écarte de la juste voie, l’envie est le pire de
tous les dangers, et la jalousie est le prélude à tous les vices.
47. Lorsque vous rendez visite à quelqu’un, vous le faites pour
l’une des trois raisons suivantes : soit vous espérez en tirer un profit, soit
vous ne craignez aucun mal de lui, soit vous rendez une visite de courtoisie à
un parent.
48. Dès le jour de ta naissance, ta vie va en diminuant ; avant
que ce Monde ne t’expulse, tâche d’y prendre ce qui te servira là-bas et ne
dilapides pas ton temps en des plaisirs éphémères.
49. Si tu souhaites devenir ascète, préserves-toi de ce qui est
illicite ; si tu souhaites devenir riche, contentes-toi de ce que Allah (s.w.t.) a fixé dans ton destin ; si tu souhaites devenir un
bon Musulman, entretiens de bonnes relations avec tes voisins, si tu souhaites
devenir équitable (adil), comportes-toi avec les gens
comme tu voudrais qu’ils se comportent avec toi.
50. L’Histoire des peuples qui vous ont précédés est devant vos
yeux : ils avaient amassé des richesses, construit des châteaux et de belles
maisons, et avaient encore de grands projets. Mais aujourd’hui, leurs civilisations
sont éteintes, leurs actions ne sont plus que des récits, et leurs demeures, des
ruines.
ABREVIATIONS UTILISEES :
s.w.t. : Soubhanahou wa
Ta’ala
s.a.w. : Sallallahou Alaihé
wa Alehi wa Sallam
a.s. : Alayhi Salam (masculin) ; Alayha Salam (féminin)
a.m. : Alayhémous Salam (pluriel)
a.r. : Alayhir Rahma
a.f. :
Ajjalallahou Farajahou
RABBANA TAKABBAL MINNA INNAKA ANTAS-SAMIOUL
ALIM BE FAZLEKA WA RAHMATEKA YA ARHAMAR RAHEMINE
AMEEN