LA BATAILLE DE KHAYBAR
Au
Nord de Médine, se trouvait une terre fertile appelée la Vallée de Khaybar.
Elle était peuplée de 20 000 Juifs, fermiers et guerriers très compétents. Ils
avaient construit sept forts à Khaybar pour se protéger de toute attaque.
Lorsque
les tribus juives des Bani Kaynkaa et des Bani Nouzayr furent expulsés de
Médine à cause de leur complot contre l’Islam, certains d’entre eux
s’installèrent à Khaybar. Là, ils continuèrent à encourager et à aider les
Arabes à s’attaquer à l’Etat de l’Islam .
Même
après avoir perdu la Bataille de Ahzab contre les Musulmans, les Juifs
demeuraient une menace pour les Musulmans. De plus, le Saint Prophète (s)
avaient envoyé des lettres à plusieurs chefs de pays avoisinants, et il
craignait que ceux d’entre eux qui avaient refusé l’Islam puissent se joindre
aux Juifs de Khaybar pour menacer les Musulmans.
Etant
donné qu’il venait juste de signer un traité de paix avec les Koraïchites, le
Saint Prophète (s) savait qu’il n’avait rien à craindre d’eux et qu’il pouvait
s’atteler à enlever le danger pour l’Islam que représentait Khaybar. Il ordonna ainsi les Musulmans à se
préparer à conquérir le dernier centre des Juifs en Arabie.
L’armée musulmane se composait de 1 600 hommes, dont
200 cavaliers. L’armée se mit en marche sous l’étendard d’Imam Ali (a).
Pour
empêcher les tribus des Bani Ghatfaan et des Bani Fazarah de venir en aide à
leurs alliés juifs, le Saint Prophète (s) se mit tout d’abord en marche vers
eux afin de les déloger.
Puis,
le Saint Prophète (s) prit la direction de Khaybar et le temps que les deux
tribus réalisent que la cible réelle était les Juifs, il était trop tard pour
eux de venir en aide à leurs alliés.
Les
septs forts de Khaybar étaient Naïm, Kamouss, Katibah, Nastaat, Shik, Watih et
Soulalim. Chaque fort contenait un
gardien et des sentinelles qui faisaient le guet pour surveiller tout ennui.
Les forts étaient élevés de manière à pouvoir défendre toute l’espace et les
murs étaient équipés d’armes de défense comme des catapultes géantes destinées
à repousser l’ennemi.
Les
Musulmans atteignirent la Vallée de Khaybar, et en observant la situation, ils
occupèrent tous les points d’accès afin d’empêcher les Juifs de fuir.
La
venue des Musulmans passa inaperçue et lorsque les fermiers sortirent des forts
le matin suivant, ils furent choqués de se retrouver face à une armée.
Les
Juifs se précipitèrent dans les forts et se concertèrent sur la manière d’y
faire face. Finalement, il fut décidé de conduire les femmes et les enfants
dans un fort et la nourriture dans un autre. Cela pouvait se faire parce que
les forts étaient reliés par des tunnels souterrains. Les Juifs décidèrent
ensuite de s’attaquer aux Musulmans de leurs forts en désignant leurs meilleurs
guerriers.
Pendant
ce temps, les Musulmans se préparèrent aussi à la guerre. Le premier fort de
Khaybar à passer sous l’emprise des Musulmans fût celui de Naïm. Pour le
conquérir, certains Musulmans furent tués, beaucoup d’autres blessés. Ces
deniers étaient conduits dans un hôpital de fortune où des femmes de la tribu
des Bani Ghifar les soignaient.
Le
deuxième fort à être attaqué fut celui de Kamouss. Après moult combats, ce fort
fut aussi capturé. Deux femmes présentes dans le fort furent également arrêtées.
L’une d’entre elle, Safiyah, fille de Hay bin Akhtab, épouserait le Saint
Prophète (s) plus tard. La conquête des
deux forts augmentèrent grandement l’assurance des Musulmans, tandis que les
Juifs étaient très inquiets et effrayés.
Alors
que le siège des forts continuaient, les Musulmans commencèrent à se retrouver
à court de nourriture et durent manger la viande de cheval qui est Makrouh mais
pas Haram.
Durant
ce moment difficile, un berger qui gardait les moutons des Juifs s’approcha du
Saint Prophète (s) . Après discussion, il fut convaincu par la véracité de
l’Islam et devint Musulman. Lorsqu’il demanda ce qu’il devait faire des moutons
qu’on lui avait confiés, le Saint Prophète (s) lui dit clairement en présence
de centaines de soldats affamés,
"Dans ma religion, la trahison est un des plus grands crimes;
Porte les moutons jusqu’aux portes du
fort et remets-les à leurs propriétaires. ".
Le
berger fit ce qui lui était demandé puis prit part à la bataille et devint
martyr.
Par
cette action, le Saint Prophète (s) montra clairement qu’il n’était pas à
Khaybar pour conquérir la terre ou sa richesse, mais que son but était de se
débarrasser du danger pour l’Islam que représentaient les Juifs. En dépit des
besoins de ses hommes, il ne se permettrait pas de faire l’usage illicite des
biens des ennemis, et il pria plutôt Allah de leur donner la victoire dans la
conquête du fort contenant la nourriture.
Alors que les jours passaient, les
Musulmans s’emparaient d’un fort après l’autre.
Encore,
les héros de l’Islam firent preuve de bravoure et d’auto-sacrifice afin
d’obtenir la bénédiction d’Allah.
Après
avoir capturé les forts de Naïm et de Kamouss, les Musulmans se mirent à
attaquer les forts de Watih et de Soulalim. Ces forts étaient très bien gardés
et les Musulmans ne parvinrent pas à s’emparer d’eux même au bout de 10 jours
de lutte.
Aussi
bien Abou Bakr que Oumar, dans des occasions différentes, ammenèrent les Musulmans à pénétrer dans les
forts mais tous deux ont dû rebrousser chemin. Oumar finit même par démoraliser
les Musulmans en louant le courage du chef des Juifs, un guerrier redoutable du
nom de Marhab. Cette action d’Oumar affligea grandement le Saint Prophète
(s) .
Finalement,
le Saint Prophète (s) clama un message qui est resté célèbre. Il déclara :
"Demain, je donnerai l’étendard à quelqu’un qui aime Allah et le
Prophète et qui est aussi aimé par Allah et le Prophète, et Allah accomplira la
conquête de ce fort de ses mains. C’est un homme qui n’a jamais tourné le dos à l’ennemi et qui ne fuit pas du champ
de bataille. ".
Tous
les soldats étaient curieux de savoir qui pouvait être cette personne, et le
lendemain, ils se rassemblèrent autour du Saint Prophète (s) qui demanda:
"Où est Ali?".
On
lui apprit que Imam Ali (a) souffrait d’une infection des yeux si sévère
qu’elle l’empêchait de voir. Le Saint Prophète (s) ordonna qu’on lui amène Imam
Ali (a). Lorsqu’Imam Ali (s) vint, le Saint Prophète (s) lui frotta les yeux et
pria pour sa guérison. Les yeux d’Imam Ali (a) guérirent aussitôt et il n’eut
jamais plus de soucis d’yeux à nouveau.
Le
Saint Prophète (s) ordonna ensuite Imam Ali (a) de s’avancer contre l’ennemi.
Il lui dit de demander aux chefs des forts d’accepter l’Islam. S’ils
refusaient, il leur demanderait de se rendre et de vivre librement sous la
protection des Musulmans en échange d’une taxe versée à l’état musulman. S’ils
refusaient cette offre aussi, alors il se battrait.
Imam
Ali (a) s’approcha des forts vêtu d’une grosse armure et portant son épée à
double tranchant , Zoulfikar.
Les
Juifs envoyèrent l’un de leurs meilleurs guerriers, Harith, frère de Marhab.
Les soldats musulmans furent figés de peur en voyant le puissant Harith
s’avancer vers eux. Mais, Imam Ali (a)
releva le défi et après une courte bataille, mit Harith à terre.
La
mort de son frère enragea Marhab. Il sortit du fort armé jusqu’aux dents prêt à
commettre un meurtre. Il était vêtu d’une grosse armure et portait un bonnet de
pierre sous son casque. Alors qu’il défia les Musulmans, il récita son chant de
guerre:
"Les murs de Khaybar témoignent que je suis Marhab, le meilleur
guerrier, et quiconque m’affronte sur un champ de bataille se retrouve
recouvert de son propre sang."
Imam Ali (a) s’avança en récitant son
propre poème:
"Je suis l’homme appelé Haidar, lion sauvage, par sa mère. Sur le
champ de bataille, je viens très vite à bout de mes ennemis."
Les
mots d’Imam Ali (s) étaient soigneusement choisis. Il savait que Marhab avait
eu récemment des cauchemars où il était déchiré en deux par un lion, et les
propos d’Imam Ali (a) surprirent et perturbèrent Marhab. Mais, Marhab s’avança furieusement,
déterminé à utiliser toute sa force pour venger son frère mort.
L’explosion
qui éclata entre les deux guerriers impressionnèrent les spectateurs. Soudain,
Marhab lança sa lance à trois pointes sur Imam Ali (a) qui l’esquiva et donna
un puissant coup sur la tête de Marhab. L’épée d’Imam Ali (a) traversa le
casque, le bonnet et la tête de Marhab jusqu’à ses dents.
Un
silence s’abattit chez les Juifs en voyant leur champion tomber. Alors qu’il
clama "Allahou Akbar!" en
signe de victoire, Imama Ali se retrouve encerclé par plusieurs soldats juifs
chevronnés. Mais, ils ne firent pas à la hauteur de la force d’Imam Ali (a), et
tombèrent tous.
Pendant
la bataille, quelqu’un asséna un coup à Imam Ali (a) qui rompit son bouclier.
Il retourna vers la porte du fort, l’enleva de ses gonds et s’en servit comme
bouclier. Lorsqu’il la rejeta finalement, 10 Musulmans ensemble ne parvinrent
pas à la porter. Imam Ali (a) commenta plus tard qu’il avait soulevé la porte
par la force d’Allah grâce à sa foi ferme au Jour du Jugement.
Grâce
à la bravoure d’Imam Ali (a), le fort fut saisi par les Musulmans et très vite,
tous les forts tombèrent entre les mains des Musulmans. Les Musulmans perdirent
20 hommes durant la bataille, tandis que les Juifs en perdirent 93. Le Saint Prophète (s) permit aux Juifs de
réaliser comme il était futile de comploter contre les Musulmans. Après la victoire,
il remit toutes leurs terres aux Juifs en les ordonnant de verser la moitié des
profits en agriculture aux Musulmans en échange de leur protection.
Mais,
les Juifs n’ont pas oublié leur humiliation face aux Musulmans. Après leur
défaite, une Juive du nom de Zainab apporta de la viande de mouton au Saint
Prophète (s). La viande était empoisonnée et même si le Saint Prophète (s) n’en
avait pris qu’un morceau, le poison eut un effet sur lui sur le long terme, et
quelques années plus tard, alors qu’il agonisait, il dit que sa maladie était
en partie dûe au poison qu’on lui avait donné à Khaybar.
Le jour de la victoire, les Musulmans qui avaient émigré en Abyssinie de la Mecque, revinrent au pays. La joie du Saint Prophète (s) fut à son comble, et il dit qu’il ne savait pas ce qui l’enchantait le plus – la victoire à Khaybar ou le retour de son cousin Jaffar bin Abou Talib et des autres Musulmans d’Abyssinie.