LA BATAILLE DE MOUTA
Vers
l’an 8 A.H, la sécurité régnait dans pratiquement toute l’Arabie, et l’appel à
l’Islam s’était répandu dans bien des lieux. Les Juifs au Nord et les
Koraichites au Sud s’étaient repliés à cause des victoires musulmanes lors de bataille,
et ils ne présentaient plus de menace.
Le
Saint Prophète (s) envoya des missionnaires dans les pays avoisinants les
invitant à rejoindre l’Islam. Certains de ces missionnaires étaient bien reçus
tandis que d’autres étaient maltraités voire tués. Ainsi, un de ses
missionnaires du nom de Harisse bin Oumayr Azdi était envoyé avec une lettre
chez le chef de la Syrie. Mais avant d’atteindre sa destination, il fut capturé
à Mouta par Shourahbil, le gouverneur pour le chef de la Syrie dans les villes frontières.
Entravant la loi universelle protégeant les missionnaires, Shuurahbil tua
Harisse. Un autre incident tua aussi 15 missionnaires envoyés en Syrie.
Lorsque
le Saint Prophète (s) reçut la triste nouvelle des décès, il en fut fortement
blessé et il décida de punir Shourahbil
et ceux qui font obstacle à l’extension de l’Islam. Il déclara le Jihad et 3
000 hommes se réunirent à Jurf, la station militaire de Médine. L’armée eut
pour instruction de marcher vers Mouta et d’inviter au préalable les gens à
devenir Musulmans. S’ils acceptaient, le meurtre du missionnaire ne serait pas
vengé, mais s’ils résistaient, les Musulmans devraient se battre contre eux au
Nom d’Allah.
Djafar
bin Abou Talib était désigné comme commandant de l’armée et le Saint Prophète
(s) dit que si Djafar était tué, ce serait alors Zayd bin Harisse qui les
mènerait. S’il venait à mourir aussi, alors les Musulmans choisiraient un
commandant parmi eux. Avant d’envoyer l’expédition, le Saint Prophète (s) les
recommande d’observer les règles suivantes:
1. Ne pas intervenir chez les
moines et les sœurs pratiquant dans leurs monastères.
2. Ne pas porter la main sur
les femmes, les enfants et les personnes âgées.
3. Ne pas abattre les arbres
ni détruire les bâtiments.
Ces
instructions reflétaient le mode de pensée du Saint Prophète (s) et les efforts
qu’ils faisaient afin d’apporter le changement dans tous les domaines de la
vie, à une époque où l’Arabie ne faisait preuve d’aucun scrupule dans leurs
actions, notamment en guerre.
En
réaction à la nouvelle de la marche de l’armée musulmane, Hercules de Rome et le Chef syrien
envoyèrent leurs meilleures troupes aux frontières, et Shourahbil rassembla une
armée de 100 000 soldats.
Non
seulement les Musulmans étaient dépassés en nombre, mais ils devaient aussi
faire face à une armée professionnelle. Etant donné leurs guerres constantes
contre l’Iran, les Romains étaient devenus experts en stratégies et tactiques
militaires. Ils étaient aussi équipés d’armes plus performants et de modes de
transport plus sophistiqués que les Musulmans. De plus, les Romains avaient
l’avantage de combattre chez eux tandis que les Musulmans se trouvaient en
terrain inconnu.
Malgré
le fait qu’ils étaient en moins bonne position, les Musulmans donnèrent une
image héroïque de leur vaillance. Djafar divisa ses hommes en 3 divisions et
les armées se rencontrèrent à Sharaf
près de Mouta. La bataille débuta par de simples combats pour tourner très vite
vers une guerre à grande échelle. Les Musulmans combattirent avec courage, mais
très vite l’écart en nombre se creusa beaucoup trop. Djafar se retrouva
encerclé et perdit un bras, puis l’autre pour finalement mourir assommé à la
tête. Après Djafar, Zayd et Abdoullah
devinrent aussi des martyrs.
Vers
la fin de la première journée de guerre, l’armée musulmane se trouva
considérablement réduite et en déroute. En tant que nouveau commandant de
l’armée, les Musulmans choisirent Khalid bin Walid.
Durant
la nuit, Khalid ordonna les divisions restantes de l’armée musulmane à changer
de côté, et le bruit émis par le déplacement d’un grand nombre d’hommes
persuada le camp adverse que les Musulmans avaient reçu des renforts.
Le
jour suivant, Khalid organisa l’armée musulmane de manière à donner
l’impression que de nouvelles troupes l’avaient rejointe. Cette stratégie
laissa le camp ennemi dans l’hésitation et Khalid saisit l’occasion pour
retirer son armée et retourner à Médine.
Le
retrait des Musulmans n’était pas bien perçu par certains à Médine qui disaient
qu’ils auraient dû se battre jusqu’au bout. Cependant, étant donné les
circonstances, Khalid eut raison de les ramener à Médine car il aurait été
inutile de sacrifier les vies de plus de Musulmans.
Le
Saint Prophète (s) fut très blessé par la perte des Musulmans et en particulier
par celle de son cousin Djafar. Il vit en rêve que Djafar avait deux ailes
comme les anges au paradis, et depuis, Djafar est connu sous le nom de
Tayyaar : celui qui vole.
Juste
avant son décès, le Saint Prophète (s) prépara une forte armée sous
Oussama bin Zayd qu’il renvoya à Mouta.
Mais, cette expédition ne sortit jamais de son territoire à cause de la maladie
du Saint Prophète (s). Bien que Oussama était prêt à se mettre en marche,
certains Musulmans et en particulier Abou Bakr et Oumar craignaient ne pas être
à Médine lorsque le Saint Prophète (s) mourrait.
Ils
tenaient à être présents afin d’empêcher la succession d’Imam Ali (a) et de
mettre en action leurs propres plans. Mais, deux ans plus tard, une puissante
armée retourna en Syrie et conquit les Romains suite à la bataille de Yermouk,
amenant une grande partie de la Syrie à adopter l’Islam.