LA BATAILLE DE OHOD
Les
Mecquois étaient déterminés à se venger de leur défaite à Badr. Leurs femmes ne
pouvaient pas accepter que leurs braves champions aient été si facilement vaincus par les Musulmans, et elles se
moquaient de la faiblesse de leurs hommes. Abou Soufiyane voulait garder la
colère des gens vive et il interdit tout deuil tant qu’ils n’auraient pas
entièrement vengé leurs camarades tués.
Les sentiments des gens étaient nourris encore plus par certains Juifs
qui composaient des poèmes les incitant à la guerre.
Lorsque
le Saint Prophète (s) bloqua les routes aux caravanes Koraïchites vers l’Irak,
ce fut la goutte de trop! Les chefs Mecquois décidèrent qu’ils avaient à
présent assez de raisons pour s’attaquer aux Musulmans. Les commerçants
Koraïchites auraient à nouveau accès aux routes si les Musulmans étaient
vaincus ; ils acceptèrent donc de payer toutes les dépenses pour la
guerre.
Abou
Soufiyane était conscient de la bravoure des Musulmans et il savait qu’il lui
faudrait plus d’hommes qu’eux s’il voulait emporter la guerre. Il lista donc
les tribus de Kanànah et de Sakif, leur promettant des armes et toutes les
provisions pour le séjour.
Un
grand nombre d’esclaves se jouinrent également aux Koraïchites en espérant
acquérir ainsi leur liberté. Parmi eux, se trouvait Wahchi, un esclave
Ethiopien. Il possédait une grande adresse dans l’utilisation des lances et on
lui avait promis sa liberté s’il tuait le Saint Prophète (s), Imam Ali (a) ou
Hamza.
Abou
Soufiyane parvînt ainsi à préparer une importante armée de 700 hommes en
armures, 3 000 soldats sur chameaux, une cavalerie de 200 hommes et un groupe
de fantassins. Cette armée se mit en
marche vers Médine et campa au pied des collines d’Ohod, le 5 Chawwal 3 A.H.
Le
Saint Prophète (s) était mis au courant des intentions des Koraïchites par son
oncle Abbass qui résidait à la Mecque. Après consultation des Musulmans, il
décida de faire face à l’ennemi en dehors des limites de la ville de Médine
pour 3 raisons :
1. Un face à face dans les rues étroites
de Médine ne serait pas organisé et les
soldats ne pourront pas faire bloc face à l’ennemi. De plus, une fois que
l’ennemi aura franchi la ville, la vie des femmes et des enfants serait en danger.
2. L’ennemi pourrait encercler la ville
et contrôler toutes les routes menant hors de la cité. Un tel siège porterait
atteinte au moral des Musulmans.
3. Le Saint Prophète (s) ne faisait pas
confiance à certains hypocrites comme Abdoullah Oubay, et craignait que ceux-là
ne fassent du mal aux Musulmans à l’intérieur même de la ville.
Le
Saint Prophète (s) accompagné de 1 000 hommes se mit donc en route vers Ohod à
5 Km de Médine. Abdoullah Oubay, qui
voulait se battre à Médine, déserta l’armée Musulmane avec 300 de ses hommes.
Il
prétexta que le Saint Prophète (s) avait écouté les plus jeunes plutôt que de
l’écouter, lui. Il ne restait au Saint
Prophète que 700 hommes. Seuls 100 d’entre eux portaient une armure et ils
n’avaient que 2 chevaux en tout.
Le
Saint Prophète (s) se mit à préparer son armée à l’attaque. 50 archers étaient
flanqués entre deux collines d’Ohod afin de veiller à l’armée contre toute
attaque par l’arrière. Ils avaient reçu l’ordre strict de ne quitter leurs
postes sous aucun prétexte, quel que fût le dénouement de la bataille.
Le
Saint Prophète (s) avait conscience que
les Musulmans seraient inquiets d’être surpassés en nombre par le camp
ennemi; c’est pourquoi il renforçait leur moral en leur disant: "C’est une
tâche difficile que de combattre l’ennemi, et seuls ceux qui seront guidés et
soutenus par Allah resteront inébranlable .
Souvenez-vous
qu’Allah est avec ceux qui L’obéissent , tandis que Chaytane est le compagnon
de ceux qui Le désobéissent. Restez fermes au Djihad et profitez-en pour
bénéficier des bénédictions promises par Allah. Nul ne mourra dans ce monde
tant qu’Allah ne l’aura pas décidé." Il leur dit ensuite de ne pas
commencer la bataille tant qu’ils n’auront pas reçu l’ordre de se battre.
Du côté des Mecquois, Abou Soufiyane
avait divisé son armée en 3, les hommes armés étant placés au milieu. Les
hommes étaient à présent prêts et la petite troupe des Musulmans prête à
laisser leurs vies pour défendre l’Islam faisait face à la grosse armée de
mécréants.
L’homme qui commença la bataille d’Ouhoud
s’appelait Talha bin Abi Talha, un grand guerrier de l’armée d’Abou Soufiyane.
Il s’engagea dans le champ de bataille et défia les Musulmans à se battre un
contre un. Le défi fut accepté par Imam
Ali (a) et en moins de deux le corps inerte de Talha gisait sur le sol.
L’étendard fut pris par deux de ses frères, mais les deux furent abattus par
les flèches des Musulmans.
Neuf
Mecquois prirent l’étendard, l’un après l’autre, mais chacun d’eux fut envoyé
en enfer par Imam Ali (a). Ensuite, une soldat Ethiopien du nom de Sawaab
s’avança sur le champ. Il avait un visage effrayant et en le voyant aucun
Musulman n’osa avancer. Cet homme fut tué par Imam Ali (a) d’un seul coup.
Voyant
ses hommes si facilement tués, Abou Soufiyane ordonna une attaque générale. Les
deux armées firent face et le bruit des armes retentissait dans l’air. Du côté
des Musulmans, Hamza, Abou Doujana et Imam Ali (a) firent preuve d’héroïsme et
de vaillance et le chaos se mit à régner dans l’armée d’ Abou Soufiyane.
A
ce moment-là, l’esclave Ethiopien Wahchi se mit discrètement derrière Hamza et
d’un lancer précis et instantané, le maudit transperça Hamza à l’abdomen et
l’assassina.
Les
Musulmans continuèrent à attaquer l’ennemi avec succès et les Mecquois
commencèrent à perdre confiance. Après avoir perdu beaucoup d’hommes, ils
décidèrent de se retirer et se prirent la fuite.
Ce
fut à ce moment-là que les Musulmans commirent une grossière erreur qui leur
coûta beaucoup: au lieu d’obéir le Saint Prophète (s) et de poursuivre l’ennemi
en dehors du champ de bataille, ils déposèrent les armes et se mirent à
ramasser le butin.
Pensant
que la bataille était finie, la majorité des archers bloquant le passage vers
les collines quittèrent leurs postes pour ramasser le butin, malgré les ordres
de leur chef.
Un
des commandants Mecquois, Khalid bin Walid, fuyait lorsqu’il saisit
l’opportunité d’attaquer les Musulmans par l’arrière. Il rassembla ses hommes
et lança une furieuse attaque par l’arrière.
Les
Musulmans furent tellement surpris qu’ils ne savaient plus que faire. Dans la
confusion, leurs rangs furent désordonnés. Les Mecquois qui s’étaient retirés
se rassemblèrent à nouveau pour une attaque frontale.
Le
porte-étendard Musulman, Muss'ab bin Oumair fut tué. Il avait une grande
ressemblance avec le Saint Prophète (s) et les Mecquois se mirent à clamer que
le Saint Prophète (a) était mort. Cela jeta encore plus les Musulmans dans le
chaos et la consternation.
Beaucoup
de leurs célèbres personnalités perdirent courage. Certains, moins tenaces,
comme Abou Bakr et Oumar bin Khattab jetèrent leurs épées ne voyant plus
l’intérêt de se battre si le Saint Prophète (s) n’était plus. Oussman aussi
s’enfuit, s’éloignant tellement qu’il ne revînt à Médine qu’au bout de 3 jours.
D’un
autre côté, bien des soldats vaillants restèrent fidèles et s’engouffrèrent
parmi les Mecquois, déterminés à se battre jusqu’à leur dernier souffle. Cela
continua ainsi jusqu’à ce qu’un Musulman voie le Saint Prophète (s) et se mit à
hurler le plus fort possible que le Prophète était encore en vie.
Les
Musulmans reprirent leurs esprits mais le Saint Prophète (s) était maintenant
devenu la cible des Mecquois. Les Mecquois se mirent à l’attaquer et une épée
brisa ses deux dents supérieures. Il était tombé dans une fosse lorsqu’Imam Ali
(a) le trouva et le protégea contre les
attaques constantes des Mecquois. D’autres fidèles, incluant la valeureuse dame
Oumme Ammarah, empêchaient également l’ennemi d’approcher le Saint Prophète (s)
et l’abritaient contre la pluie de flèches.
Ce
fut dans cette bataille que la réputation d’Imam Ali s’affirma et il fut
reconnu comme un maître en attaque à l’épée.
Il se battait avec une telle force que son épée se brisa. Le Saint
Prophète (s) lui remit alors sa propre épée
"Zoulfikar". Appréciant la bravoure d’Imam Ali (a), la voix de
l’ange Djibraîl retentit des cieux:
"Point de guerrier qu’ Ali; point d’épée que Zoulfikar." (Là ftàh illà ‘Ali, là
sayfa illà Zoulfikar)
Les
forces Mecquoises avaient retourné la situation mais ils étaient trop épuisés
pour pouvoir profiter de leur avantage en attaquant Médine ou en faisant
descendre les Musulmans des hauteurs des collines d’Ohod. Ils satisfirent leur
désir de vengeance en commettant des atrocités à l’égard des blessés, leur
coupant les oreilles, le nez et mutilant ainsi leurs corps. Le brave Hamza
faisait partie de ces martyrs. Hind, la femme d’Abou Soufiyane lui arracha le
foie qu’elle mâcha.
Dans
cette bataille, 70 Musulmans furent martyrisés et 70, blessés. Imam Ali (a) fut
aussi gravement blessé. Les Mecquois perdirent 22 guerriers parmi lesquels 12
furent tués par Imam Ali (a).
La défaite des Musulmans était une épreuve pour eux, et des cendres de la bataille, ils ressortirent plus déterminés et désireux de défendre leur foi et leur cause : l’Islam.