INTRODUCTION



Au nom d'Allâh le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux.

 

Nos sens et la raison même nous enseignent clairement que tout ce qui est au monde est dans un état de transformation et de changement, et que l'ordre créaturel repose sur le principe du renouvellement constant de la vie.

La croyance en la loi immuable du principe de développement de la vie nous commande de croire aussi en l'immutabilité de certaines idées qui régissent ce monde, à savoir les lois morales. La raison nous fait percevoir la nécessité de respecter ces lois, et il s'ensuit qu'a moins de nous y conformer la vie serait impossible.
C'est le facteur moral qui, par la tension plus ou moins forte qu'il provoque conditionne la qualité de la vie sociale, tantôt fructueuse et réussie, tantôt décadente et stérile.
De par sa nature, l'homme présente une disponibilité à la perfection. Ses facultés, ses dons et potentialités sont inscrits en lui, avant même que sa personnalité soit révélée.

La nécessité de maitriser les passions et les sentiments, de les contenir dans les limites de la raision est une des questions les plus importantes dans la vie d'un homme, comme le confirment les recherches des spécialistes de l'éducation et de la psychologie.
Les potentialités humaines constituent un capital inépuisable; leur exploitation et leur développement sont de loin plus importants que tout ce que l'homme peut acquérir de connaissances dans différents domaines, car c'est avec ces potentialités que l'homme vit à chaque instant.

La raison, bien qu'elle éclaire naturellement la vie de l'homme, peut cependant être débordée par les instincts enfouis en chacun et qui sont les véritables sources de tout mouvement et l'instrument naturel de la raison, et perdre ainsi son autorité sur eux. Le débordement des instincts constitue une limitation de l'aire d'influence de la raison, et conduit l'homme à agir contre son propre intérêt. De là, le rôle important de la morale, et la gravité de la responsabilité de ceux qui ont mission d'éduquer.
D'autre part, l'application des principes moraux s'accompagne forcément d'une série de privations et de conflits. Dans la plupart des cas, on constate qu'une contradiction se fait jour entre les penchants naturels de l'homme et les exigences de la morale, et il arrive que la satisfaction des désirs se fasse en piétinant la morale. C'est que l'éducation sans une base spiritiuelle ne peut pas résister à l'assaut des instincts. Ceux qui ne sont pas protégés par le rempart spirituel ne tardent pas à céder à la pression des passions.

Le meilleur garant de l'application des principes de la morale, et le soutien le plus puissant des vertus morales est la foi religieuse, C'est une garantie parce qu'elle implique la croyance en un Dieu créateur dont la Loi s'exécute sur tout l'ordre de l'existence et dont la science embrasse les secrets les plus intimes de chacun. Elle implique aussi la croyance en la récompense et en la punition aprés le Jugement dernier. Grâce à des pensées saines et pures, l'homme pourra se libérer de ses mauvais insitncts.
La mission et le but de tous les prophètes, et en pariculier du prophète de l'Islam, étaient d'éduquer les hommes en vue de les faire parvenir à l'élèvation spirituelle, et les débarasser des pensées futiles.
L'oeuvre morale de l'Islam conduite par l'Envoyé de Dieu, fut révolutionnaire en elle-même, tant en originalité qu'en profondeur. Elle embrassait tous les aspects de l'âme humaine y compris les plus subtils, et se préoccupait de toutes les manifestations extérieures de cette âme. L'effet de cette révoltuion morale fut de propulser au plus haut niveau de la spiritualité la psychologie de certains peuples comme les arabes qui se trouvaient alors au degré le plus bas de l'humanité. Ce peuple décadent se relèvera grâce à la morale islamique et portera le flambeau de la foi avec laquelle il imprimera un élan nouveau à la vie sur terre, devenant un modèle inègalè pour les autress peuples.

Même de nos jours, et dans cet Occident qui a perdu ses valeurs morales, nous voyons des hommes venir à l'Islam, en quête d'édification spirituelle, L'effet est incontestable. Quand un noir américain embrasse l'Islam, toute sa vie est profondèment bouleversée, révolutionnée, bien que sa formation islamique soit le plus souvent rudimentaire, ne disposant pas du matériel pédagogique. Voici le témoignage du Professeur Eric Lincoln, spécialiste des sciences religieuses dans une Université américaine:

"L'influence de l'Islam sur les noirs américains est l'expérience, un enfant qui n'est pas mal né, et qui a conservé jusqu'à vingt ans son innocence, et l'Islam, même leur situation économique et sociale s'améliore.
Nous ne retrouvons dans les familles des noirs américanis musulmans aucune trace de la dépravation et de la corruption qui s'abattent sur la jeunesse américaine, Certains individus, parmi les jeunes drogués non-musulmans ont même pu se débarasser de leur accoutumance aprés avoir reçu l'enseignement de l'Islam, et sont redevenus des êtres normaux dont la vie sert même d'exemple.
Les musulmans noirs d'Amérique ne cherchent pas à nuire à autrui. Quand ils ressentent qu'un danger les menace, ils se défendent de toute leur force, toujours avec succès"1

Les lois et les systèmes positifs sont sans effet sur la psychologie profonde de l'individu, et ne peuvent donc pas le toucher à la source même de sa volonté et de ses mobiles, ni capter ses énergies pour l'édification d'une société saine. Ils ne peuvent éduquer l'homme suivant un idéal sublime, élargissant ses horizons à l'infini.
En ce qu'il a une âme, l'homme est un être immortel et éternel. En ce qu'il est doté d'un corps physique, il est périssable, mortel.

Les hommes de science savent bien que ces deux aspects sont étroitement liés, de sorte que si une anomalie survenait en l'un, elle ne manquerait pas d'avoir un impact sur l'autre. C'est la raison pour laquelle les décisions qui ont été prises sans tenir compte de cette interaction ont abouti à des effets contraires à ceux escomptés.
Nous sommes aujourd'hui les témoins de l'absence d'équilibre et de sagesse dans l'orientation idéologique des sociétés humaines. Nous constatons bien des déviations et des excès dans l'un ou l'autre sens: ou bien l'accent est mis abusivement sur l'aspect matériel, ou bien au contraire on ne cherche à promouvoir que l'aspect intellectuel et spirituel en l'homme. Ces dernières années, le matériallisme idéologique a reculé, mais dans la pratique il existe toujours.
En Islam, l'éducation repose sur une évaluation de l'homme qui tient compte de sa nature profonde primordiale, c'est-à-dire de sa nature en tant qu'ensemble de prédispositions que Dieu a mises en lui, et non de la nature au sens négatif d'ensemble d'instincts animaux.

La pédagogie de l'Islam posséde les enseignements nécessaires pour l'actualisation des potentialités de la fitrat, de l'ensemble des aspirations positives de l'homme.
Bien assimilés, ces enseignements devraient assurer le bonheur des individus, en satisfaisant leur légitime soif de valeurs élevées.
Cette promotion de l'homme doit se faire par l'exemple. Chaque individu qui s'amende contribue à l'amélioration de la société, et accroit le potentiel moral de celle-ci. Il devient un militant de la perfection humaine.

Je forme le voeu que les matières traitées dans ce livre qui puise sa substance dans les riches sources islamiques, tout en faisant appel aux témoignages modernes, puissent jeter quelque lumière sur les principes d'une pédagogie authentique. Si je réussis à me faire l'interprète de certins enseignements qui nous ont été transmis par les grands maitres de la morale et de l'humanisme, j'en serais ravi.

Je prie Dieu d'accorder succès et bonheur à toute l'humanité, à l'ombre des enseignements de l'Islam.