Chapitre IV Dieu n'est pas le seul "invisible" Le Dieu à l'adoration et à la connaissance duquel nous convient les
prophètes et les chefs de notre religion, a entre autres qualités, celle
d'être absolument non - perceptible par les sens. Non seulement Il est invisible, mais nos sens sont incapables de Le
percevoir, car ce qui peut prendre place dans notre cerveau est toujours
sous le coup d'une limitation, alors que Dieu est absolu et
infini. Quand la représentation d'une chose lui est problématique, l'homme
trouve plus facile de la nier. Ces gens perdent de vue cette vérité que l'homme ne peut connaître, à
l'aide de ses sens naturels limités qu'une facette de l'être. Quant à nous, nous découvrons l'existence d'une loi invisible à travers
l'observation d'un ensemble de phénomènes inexplicables autrement que par
cette loi. * * * A propos des réalités matérielles, tout être raisonnable adhère au principe suivant lequel le fait de ne pas sentir ou voir ne peut pas constituer un motif essentiel pour se nier, tout comme il ne peut taxer d'inexistant tout ce qui échappe à sa perception sensorielle; à plus forte raison les réalités non matérielles. Dans les expériences scientifiques, nous ne nions pas l'existence de la
cause d'un phénomène quand celle - ci n'est pas encore mise en évidence.
Nous disons plutôt que la cause nous en est inconnue. Ce qui signifie que
notre loi est distincte des expériences scientifiques, et que l'on ne peut
nier la causalité au moyen de l'expérimentation. Tous les matérialistes savent que la plupart de nos connaissances font partie de propositions et de réalités non sensorielles et non familières. Sur la scène de l'existence, il y a beaucoup de choses qui ne se prêtent pas à la perception visuelle, surtout à notre époque de progrès des sciences où des réalités innombrables ont été découvertes. L'une des questions qui font l'objet d'un intérêt accru de la part des savants est celle de la transformation de la matière en énergie. Les êtres et les corps visibles de ce monde doivent transformer leur forme originelle en énergie pour assurer leur survie. Mais cette énergie qui est le pivot de nombreuses actions et réactions du système de l'existence est - elle visible et tangible? Nous ne savons que trop que l'énergie est une source de force, mais sa
nature demeure encore pour nous une énigme. Certaines découvertes
résultent de la spéculation et de l'argumentation pure, non de
l'observation visuelle. Aucun physicien ni homme de laboratoire n'a pu voir de ses yeux l'électricité qui fait pourtant partie de notre civilisation, de notre science, et de notre vie quotidienne. Personne ne l'a pesée, ni touchée pour en éprouver la consistance, ni entendu son bruissement. Personne ne peut affirmer directement la présence d'électricité dans un fil métallique, sans l'intermédiaire de l'expérience. La nouvelle physique affirme que les objets que nous touchons sont
solides, inertes et stables et que l'oeil nu ne perçoit pas leurs
mouvements. L'air qui est si abondant autour de nous a un poids extraordinairement lourd, exerçant une pression permanante sur le corps, évaluée à 16 tonnes. Comme cette pression est neutralisée par le corps, nous n'en éprouvons pas de malaise. C'est là une réalité scientifique indiscutable, demeurée méconnue jusqu'à Galilée et Pascal, parce que nos organes sensoriels ne pouvaient pas la percevoir.17 Même les propriétés attribuées aux éléments naturels par les savants
par déduction spéculative ou expérimentale, ne peuvent pas être perçues
directement. En géologie, on étudie la formation des couches géologique remontant à des millions d'années, puis l'on déduit de façon catégorique les plissements, les couches, les fossiles, l'étendue progressive des océans, des chaînes de montagnes, des déserts, alors qu'aucun savant n'a été témoin de ces transformations géologiques. Dans notre univers mental, des notions comme la justice, la
beauté, l'amour, l'inimitié et la rancune ou le savoir, n'ont pas
d'existence tangible et sensible, ni la moindre apparence physique, mais
cela ne nous empêche pas de leur reconnaître une réalité. * * * Naturellement, la vie existe et l'on ne saurait la nier, mais par quel moyen pourrait - on la mesurer? De même quel critère nous permettrait de mesurer la vitesse du processus de la pensée et de l'imagination? "J'ai souvent demandé à mes élèves d'essayer de rédiger pour moi la formule chimique d'une pensée, de m'en dire la longueur en centimètre, son poids en grammes, sa couleur, son image agrandie, sa pression et son élasticité, son champ d'action, la direction et la vitesse de son mouvement. Ils ne pourront jamais exprimer l'idée ou la pensée par une interprétation physique, une équation ou une formule chimique."18 Une nouvelle terminologie doit être utilisée où les notions de poids, de longueur et autres notions semblables perdraient la signification qu'on leur donne en physique. La science est un savoir testé, mais elle est aussi en butte à l'erreur. Elle n'a de caractère légal et d'authenticité que dans ses limites propres. Son domaine est celui du quantitatif. Elle commence et finit par des hypothèses et non des certitudes. Ses conclusions, en particulier dans les mesures et les relations existant en les divers phénomènes qu'elle étudie sont provisoires, approximatives et comportent toujours une marge d'erreur. Les déductions scientifiques ne connaissent pas de fin, chacune rédifiant ou bouleversant la précédente. "Toute réalité a été jusqu'à présent discutable. Nos perceptions
personnelles des phénomènes naturels sont très relatives et
conditionnées. Il n'est donc que trop clair que nier l'existence de ce qui n'est pas perceptible par nos organes sensoriels, visuels et auditifs est une attitude illogique et contraire aux principes rationnels. Pourquoi les athées acceptent ils un principe scientifique et en rejettent - ils un autre, en l'occurence l'existence de Dieu. Ne perdons pas de vue que nous sommes limités par le cadre matériel de notre vie. Nous ne pouvons nous représenter ordinairement un être absolu. Si nous disions à un paysan qu'il existe dans le monde une ville du nom de Londres , grande et très peuplée, il se la représenterait sous la forme d'un grand hameau, semblable aux dizaines de villages proches du sien, avec la même forme architecturale, les mêmes vêtements, les mêmes rapports entre les individus, et s'imaginerait aussi que le mode de vie des londoniens est le même que chez lui. La seule chose que nous pouvons lui dire pour rectifier l'image erronée
qu'il se fait de Londres est que cette ville est un lieu habité, mais pas
de ces lieux qu'il pense, et qu'elle n'a rien de comparable à ceux qu'il a
vus. C'est par ce moyen qu'il est possible, dans une certaine mesure, de
dépasser les limites qui nous sont imposées. Même pour les matérialistes,
il est impossible de se représenter réellement ce que fut la matière à
l'origine, la matiera prima. Il faudrait en discerner, sans préjugé aucun, la nature et la réalité
ainsi que la part de crédit qu'on peut leur accorder dans l'investigation
des faits. Autrement, on s'ex pose à l'errance, car les connaissances nées
de nos sens concernent seulement une quantité spécifique de phénomènes et
d'objets sensibles, et ne portent pas sur la nature et l'essence de ces
objets et phénomènes. En outre, les ouvrages de psychologie consacrent des chapitres entiers à l'étude des aberrations de nos sens, en particulier pour les illusions d'optique. Les couleurs que nous distinguons comme telles ne sont en réalité que des mouvements vibratoires de différentes fréquences perçues différemment par l'oeil. En d'autres termes ce que nous percevons avec nos organes sensoriels est limité par la structure et la capacité mêmes de ces sens. Par exemple, il a été déduit que certains animaux, comme le boeuf ou le chat, distinguent toutes les choses différemment de l'homme, bien que l'analyse scientifique n'ait pas encore éclairci la nature du mécanisme de la perception polychronique, et q ue les idées avancées dans ce domaine soient encore hypothétiques. Pour montrer que l'on ne peut se fier au sens tactile, on peut se livrer à l'expérience des trois récipients remplis respectivement d'eau chaude, d'eau froide et d'eau tiède: On met une main dans l'eau chaude, l'autre dans l'eau froide. Après quelque temps, on retire les deux mains et on les plonge dans le troisième récipient. On éprouve alors avec étonnement une sensation double: une main témoigne que l'eau est froide, l'autre qu'elle est chaude, alors qu'il s'agit du même liquide, de température égale. Mais la raison et la logique nous affirme qu'il est impossible que
l'eau soit simultanémènt froide et chaude. Cette aberration du sens
tactile est dûe au fait que le sens tactile a provisoirement perdu sa
fonction sous l'effet des deux récipients d'eau chaude et d'eau
froide. * * * Par conséquent, nos sens qui ont une valeur empirique, sont dépourvus
de valeur scientifique. Et ceux qui dans leur recherche ne s'appuient
exclusivement que sur les données brutes des sens ne pourront jamais
résoudre les problèmes de l'être. Les partisans des doctrines métaphysiques sont d'avis que tout comme l'expérimentation est la méthode d'investigation et de connaissance du monde physique, l'intelligence et la spéculation sont le moyen d'investigation des réalités dans le domaine métaphysique. Camille Flammarion écrit dans son livre: "Les Secrets de la mort": "Les hommes vivent dans l'ignorance et l'inconscience. Ils ne savent pas que sa constitution physique ne peut pas conduire l'homme aux vérités. Ses cinq sens le trompent en tout. La seule chose qui peut guider l'homme dans sa quête de la Vérité est la raison, la pensée et, l'attention scientifique. De nos jours, la raison juge catégoriquement qu'il existe des êtres, de
l'air, des forces et des choses que nous ne voyons pas, et que nous ne
pouvons percevoir avec aucun de nos sens. Nous devons plutôt penser le contraire. * * * |