Chapitre V Le principe de la causalité Le principe de la causalité est une loi générale et universel, et aussi le soubassement de tous les efforts pratiques ou scientifiques. Le souci des savants de découvrir la cause de tout évènement naturel ou social s'explique par le fait qu'ils n'acceptent et n'accepteront jamais que quelque chose se produise sans facteur préalable. Les investigations des savants et des penseurs, partout dans le monde, leur ont permis de connaître davantage l'ordre complexe qui régit la nature. Plus ils ont progressé dans leur savoir, et plus ils se sont persuadés du principe de la causalité. Le lien de cause à effet, et ce fait qu'aucun phénomène ne survient sans un agent est l'un des arguments rationnels les plus puissants, et l'idée la plus impérieuse de l'humanité. C'est aussi une chose tout à fait naturelle, innée, régissant automatiquement au niveau du cerveau, nos actions et réactions. Même les peuples non - civilisés ont tendance à chercher les causes des
phénomènes. Mais comme ils sont privés des moyens d'investigation
scientifique, ils justifient les phénomènes en les imputant aux actions
des esprits et génies, bénéfiques ou maléfiques. La précision, le calcul et la mesure naissent de la pensée, de la volonté, de la force et de la capacité constructive et efficace, qui agissent sur la base d'un projet ou d'une intention. Alors que ce qui procède d'un facteur dépourvu d'intelligence révèle dans tous ses aspects le désordre et la confusion. Comment peut - on imputer au hasard cet ordre et cette merveille qui gouverne la nature depuis l'aube de l'existence à nos jours? Cet ordre peut - il être le résultat d'un coup de dés? La chaîne des causes et des effets remonte à l'infini; et l'incapacité
de discerner la cause première ne doit pas servir de prétexte pour la
nier, ni pour décider qu'une telle cause est le premier chaînon. Si l'apparition du monde résultait d'un hasard, pourquoi alors
l'explication matérialiste reposerait -elle aussi sur la base d'un ordre,
d'une prédétermination, et de l'absence du hasard? Alors que dans l'existence, on ne rencontre rien qui soit né
spontanément. Et dans l'atelier de la création, rien ne se voit qui ne
témoigne de la raison, de la minutie de son auteur. Et d'autre part ce
sont les particularités de l'effet qui nous orientent toujours vers les
particularités de l'agent de cet effet. Par conséquent l'hypothèse du hasard, comme fondement et mobile de
l'ordre universel n'est compatible avec aucune preuve ni argument
scientifique, et ne peut aucunement être acceptée comme solution
définitive du problème de la structure de l'être. Francis Bacon, grande figure du mouvement scientifique européen
dit: Seule une philosophie superficielle pourrait entraîner l'humanité à
l'athéisme. Une philosophie profonde serait celle qui dirigerait l'homme
vers la religion. * * * Il convient ici d'évoquer les propos échangés un jour entre Newton et
un de ses amis matérialistes. Il avait commandé à un mécanicien habile et
de talent de fabriquer une maquette du système solaire. Un jour donc Newton reçut la visite d'un ami professant des idées matérialistes. Dès que celui - ci entra, son regard fut attiré par la maquette qui l'éblouissait par la perfection qui s'en dégageait. Quand il en déclencha le mouvement, il vit les petites planètes entamer leur mouvement autour du soleil. Il ne put contenir son admiration: "Quel travail parfait, qui est - ce qui l'a fabriqué?: Newton s'approcha alors de son ami, le prit par les épaules et lui dit: "Cher ami, ce que vous voyez et dont vous cherchez à connaître le fabricant n'est rien d'autre qu'une maquette. Une maquette qui est l'imitation d'un système réel énorme le système solaire. Cependant, vous n'êtes pas prêt à admettre que cette maquette ne doit son existence qu'à elle - même; qu'elle ne la doit pas à un artisan habile, savant, et qui est conscient de ses gestes. Pourquoi alors persistez - vous à croire que le système solaire, avec toute sa complexité, son énormité et son étend ue n'a pas de créateur puissant et savant? "Le matérialiste demeura confus et silencieux. * * * |