Chapitre III L'EDUCATION DE LA PERSONALITE ET SA PLENITUDE
Ce qui différencie les êtres humains et constitue la référence pour
évaluer la valeur de chacun c'est la "personalité". Malgré la ressemblance
de leurs attributs qualitatifs et la similitude de leurs réactions et de
leur comportement général dans la vie sociale, il demeure que chaque
individu présente des particularités sur le plan éducatif qui forment une
entité distincte des autres êtres qui comme lui font partie du genre
humain. Cependant, malgré que les principes présidant à la formation et au
développement de la personalité sont les mêmes pour tous, il n'en demeure
pas moins que leur application à deux êtres ne donne pas un même résultat.
Au vu de la comparaison qu'on peut faire entre eux, on relève des
différences bien marquées. De même, si nous pouvons évaluer les aspects
perceptibles de la personalité par une analyse des réponses fournies à des
questions précises, donc évaluer cette personalité, il est très difficile
d'en cerner les aspects cachés, les facteurs incitatifs et les raisons qui
la déterminent et qui ne sont pas détectables du fait qu'elles plongent
leurs racines dans l'inconscient de l'être. Le développement de la personalité d'un individu et la formation des
caractères de l'esprit en lui sont intimement tributaires de l'étendue et
du niveau de sa perception des faits qui se produisent autour de lui et de
la façon de les appréhender et de les évaluer. Il est naturel que
l'individu adapte sa personalité avec ce qui l'intéresse le plus, qu'il
organise ses activités et son comportement de manière harmonieuse et en
accord avec la valeur la plus éminente à ses yeux dans la vie. La
différence des valeurs nous renseignera sur la manière de penser et la
psychologie des êtres humains. De là, nous pensons comprendre la valeur
réelle de chaque homme et évaluer, de ce point de vue, sa
personalité. Les psychologues émettent plusieurs théories au sujet de la relation
entre la personalité et les faits sociaux et, plus spécialement, dans le
domaine de la psycho-sociologi. Certains voient dans la personalité la
résultante du système physiologique et génétique de l'individu, tandis que
d'autres pensent que les aspects de la personalité ne sont que le reflet
des aspects sociologiques. Pour ma part, je crois que la théorie réaliste,
en dépit des divergences relatives à certaines questions, soulève
essentiellement deux hypothèses. Parlant des causes psychologiques, Mann dit: "Les effets que génère l'environnement sur la formation de la
personalité de l'individu ont une grande importance. Si l'un de nous était
né dans une tribu esquimau, il auraite une personalité tout à fait
différente de celle qu'il a aujourd'hui; nous ne serions pas si différents
dans notre manière de nous habiller, de nous loger, de parler et de se
nourrir, mais notre regard sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure
et notre place dans ce monde serait réellement différent. Les premiers temps de l'enfance sont les plus importants dans la modélisation de l'homme du point de vue sentimental et pour créer cette société parfaite tant désirée. Ainsi, l'éducation première que reçoit l'enfant de ses parents, et plus généralement de ses proches parents, le modélise en quelque sorte car ce que font et ce que disent les éducateurs aura un effet décisif sur la ligne de conduite et la manière de vivre future de l'enfant, c'est ce qui libérera ses énergies et forgera sa personalité. De même, leurs erreurs dans l'éducation peuvent inhiber la personalité de l'enfant et annihiler ses bonnes dispositions. Une analogie peut être faite avec la jeune pousse qui vient de sortir de terre et que l'homme peut, à ce stade de la croissance, orienter à son gré. Ainsi, nous pouvons déterminer l'orientation de la personalité de tout
individu dès ses premières années et la rendre positive, par l'adaptation
du contexte et des nécessités. Dès l'instant où nous déterminons la
position qu'occupe l'enfant au sein de sa famille, nous pouvons dessiner
les contours de sa personalité et sa manière de réagir face aux évènements
défavorables. De cette façon, nous aurons la possibilité de rechercher les
causes de l'immaturité de l'individu ou de son échec dans la vie dans sa
personalité. Schoppenhauer note: "Parmi les éléments les plus importants du bonheur de l'homme, on relève une nature calme, une vision optimiste, de la force et de l'énergie. Il est possible au sage, même dans l'isolement le plus total, de vivre les heures les plus heureuses de sa vie par la pensée et l'imagination; tandis que l'ignorant, bien que vivant dans le monde et organisant des sorties touristiques pour lesquels il dépense sans compter, il ne peut fuir la lassitude qui gagne son âme et son corps. L'homme mature et optimiste peut passer sa vie dans la misère avec conviction et contentement, tandis que le matérialiste, quand même il posséderait toutes les richesses d'ici-bas et de l'au-delà, il continuerait à vivre dans l'ennui et l'insatisfaction. L'homme sage et réfléchi est immunisé contre les tentations matérielle qui poussent certains au suicide lorsqu'ils échouent à réaliser leurs espoirs. Comme disait Socrate, observant une exposition de bijoux et de parures: Que de choses existent en ce monde dont l'homme n'a nul besoin. C'est pour cela que nous disons: l'élément le plus important qui influence le bonheur de l'homme c'est sa propre personalité."2 Nous ne devons pas juger la personalité sous un seul angle pour en
faire ensuite la référence d'évaluation unique, car ce mauvais
raisonnement peut fausser l'évaluation même et nous éloigner de la
vérité. Quoique vous essayiez de dissimuler vos faiblesses et chaque fois que
vous permettez aux mauvaises pensées de dominer votre esprit, vous
participez ainsi à perpétuer ces faiblesses. La réussite dans la vie est
liée, chez l'homme, aux décisions qu'il prend. Les chances d'éduquer
l'esprit sont illimitées et les résultats, en général, sont excellents.
L'important est de s'interroger pour savoir quel genre d'homme on veut
devenir. Cette pensée se matérialise dans l'esprit au moment de prendre la
décision vitale quant à la voie à suivre dans la vie pour se réaliser
pleinement. Les psychologues rapportent, pour leur part, une analyse spéciale à ce sujet: "Comme possibilités d'éviter le danger, il est celle d'affronter les
contradictions morales et leurs conséquences avec le courage et la
lucidité nécessaires pour atténuer l'effet de celles-ci et réaliser une
entente entre elles afin qu'elles puissent co-exister dans la conscience
sans heurts. Ceux qui sont dôtés d'une double personalité affichent, vis-à-vis de
l'extérieur, un certain visage, mais agissent à l'insu des autres d'une
manière tout à fait surprenante. L'importance du facteur moral dans l'éducation Toutes les écoles philosophiques dans le monde voient dans l'éducation
le sujet le plus important dans la vie sociale de l'Humanité. Personne ne
peut ignorer le rôle capital que joue l'éducation dans l'amélioration de
la vie des hommes. L'important est de déterminer le sens réel de
l'éducation, ses contraintes et ses fondements qui sont considérés comme
des références pour l'évaluation de la personalité morale des individus et
qui, par leur application, aident à emprunter la voie du bonheur et de la
plénitude. Si les éléments extérieurs ne forment pas un obstacle aux
prédispositions naturelles, celles-ci s'épanouiront dans la conscience de
l'homme et dans son coeur et l'aideront à réaliser une entente entre ses
inclinaisons et sa volonté profonde. Et chaque fois que cro îtra chez lui
ce sentiment de force intérieure, il se d'autant plus disposé à s'y
soumettre. En ce qui concerne les questions morales et philosophiques liées à la
réalité de l'homme. Elles ne sont pas capables de se fray er un chemin
vers la réalité enfouie dans l'âme humaine. Elles ne suffisent pas à
l'éduquer et à le rendre heureux. Car même si l'individu parait adhérer à
ces valeurs, il le ferait, en véreité, sans conviction et à
contre-coeur. Une observation attentive de la vie d'aujourd'hui, marquée par la
technique qui est le phénomène dominat de ces temps troubles, nous
confirme cette réalité, à savoir que l'homme, bien qu'il ait atteint un
niveau de développement très appréciable du point de vue des sciences
exactes et des industries, des découveres scientifiques et matérielles, a
emprunté la voie de la décadence dans la connaissance de son moi. Ces
mêmes connaissances ont fini par devenir l'instrument de sa
destruction. Ariche Karoum a écrit: "Ces relations qui existent aujourd'hui ne sont pas des relations humaines, mais sont des relations éclatées et fragmentaires. Cette situation apparaît nettement dans la destruction qu'opère l'homme sur son âme. L'homme ne vend pas seulement, aujourd'hui, des marchandises; il aliène sa propre personalité car il se considère comme étant lui-même une marchandise! L'ouvrier qui vit à la sueur de son front vend ses efforts, tandis que les commerçants, médecins et fonctionnaires, ou "cols-blancs", aliènent leurs "personalitès". Pour vendre leurs services et leurs produits, ils doivent avoir une personalité attrayante et posséder de l'énergie et de de l'ingéniosité. Ce qui évalue la valeur de ces qualités et détermine les besoins c'est le marché; s'il peut se passer des qualités qu'offrent les hommes, c'est comme si ceux-ci n'avaient aucune qualité, tout autant qu'un produit invendable sur le marché perd sa valeur bien qu'il soit de qualité. En un mot, nous disons: il n'est pas possible, aujourd'hui, d'évaluer un individu, quelles que soient ses qualités intrinsèques, sans prendre en compte les concepts purement mercantiles des besoins du marché."4 L'accomplissement de l'homme dans le système musulman Islamique Chaque être en ce monde a une personalité qui lui est propre et dont
nous ne pouvons imaginer qu'il en soit dépossédé. Tout homme est à la fois
une personne physique et une personne morale. La personalité morale est
tributaire, pour sa part, de l'héritage de l'humanité et de ses acquis
spirituels afin de ne pas réduire l'être humain à la seule personalité
sensitive. Cette analyse s'applique aussi bien aux individus qu'aux
peuples et aux différentes éthnies avec tout ce qui les caractérise et les
distingue. Si ce développement néglige les orientations des prescriptions divines,
l'enfant ne pourra pas s'accomplir pleinement. Les défficiences devront
alors être paliées. En fait, de même que l'instinct de l'homme renferme
une disposition naturelle à se sublimer, il développe également la
disposition à l'avilissement. Chacune de ces deux dispositions co-existant
chez l'individu, elles ne lui sont nullement imposées par
l'environnement. L'Islam est venu forger une nation à part qui brandirait l'étendard de
la religion et de l'ordre divin. Une nation qui guiderait l'humanité vers
son salut et la sauverait des mauvaises orientations d'écoles
obscurantistes et rétrogrades par une vision universelle juste
garantissant le développement de toute la communauté humaine. L'Islam rappelle à l'homme que la satisfaction des désirs et des
tentations l'entraînera dans le monde des ténèbres et le fera dévier de la
juste voie que lui a assignée le Créateur. L'effet de la foi et de la raison sur la formation de l'homme L'Islam voit dans la force de la raison un fondement dans la formation
de l'homme et insiste pour qu'elle soit suivie dans la vie pratique et
dans la pensée libre pour s'orienter dans les dédales de l'existence, pour
être plus perspicace et apporter sa pleine contribution à l'ensemble de
l'humanité. L'homme, dans sa quête du bonheur, a besoin d'un élément moral qui lui
permette de mieux appréhender le monde. Cet élément c'est le discernement
que Dieu nous accorde et qui nous évite l'inconscience et les déviations
de l'âme. La foi en Dieu a une valeur intrinséque dans la vie des gens.
Elle est la source de la liberté individuelle et de la promotion humaine.
Elle joue un rôle particulier dans le développement de la personalité
humaine. Max Planck, le célèbre physicien allemand, écrit: "L'homme, au quotidien, a besoin de fondements nécessaires qui sont
plus nécessaires pour lui que sa soif de connaissances scientifiques. Ces
fondements doivent être mis à la disposition de l'homme, hors du système
de la raison. Ainsi, si la direction morale n'arrive point à éveiller les consciences
aux lumières de la religion, les fondements et principes terrestres
humains ne pourront pas faire naître dans l'âme humaine les sentiments
vertueux lui permettant d'assumer les responsabilités civilisationnelles
qui sont les siennes. D'un autre côté, l'Islam ne rejette pas l'aspect matériel de la vie de l'homme, mais refuse plutôt le repli sur soi et le rejet des plaisirs licites: "Dis Oui a interdit la parure de Dieu qu'Il a produite pour Ses esclaves, ainsi que les excellentes nourritures?!. Dis: Elles seront, dès la vie présente, à ceux qui croient, exclusivement leurs au jour de la résurrection. Ainsi détaillons-Nous les signes pour les gens qui savent."7 Le renoncement aux plaisirs matériels signifie l'humiliation de la
raison et l'élévation de la matière au rang d'objectifs de la vie. Les
biens de la vie terrestre tentent, le plus souvent, les gens de peu de
volonté et de foi qui n'ont pas cette force de contrôle dont dispose le
vrai croyant et qui lui sert de guide. L'homme dont l'Islam parle comme d'un modèle d'éducation parfait est
cet individu réfléchi, positif, efficace et bien élevé. C'est un homme
dont on observe la droiture, la complémentarité, la réflexion et le
comportement, dans tous les domaines de la vie. son âme, libre et bien
éduquée, lui donne un équilibre qui lui autorise certains plaisirs sans
verser dans l'excès matérialiste et de participer à la civilisation et au
progrès de l'humanitè. Ce principe fondamental qu'est la "purification de l'âme" est
l'indication permettant de connaître la vraie nature de l'homme. Il n'y a
pas, dans l'Islam, de références scientifiques matérielles qui pourraient
donner la valeur de l'homme, car ces références concernent un ou deux
aspects et ne permettent pas de prendre en compte les autres facettes de
la personne. L'Emir des croyants disait, à ce propos, ce qui suit; "Si nous ne souhaitions pas le paradis et ne craignions pas ni l'enfer, ni récompense ni châtiment, nous serion tout de même obligés d'avoir de bonnes moeurs, car elles sont la voie de la réussite."9 Il disait également: "Résiste à la tentation avant qu'elle ne te domine, car si elle grandit elle te dominera et t'orientera sans que tu puisse la combattre."10 "L'esclave de la tentation est plus vil que tout autre esclave."11 "Celui qui vainc sa tentation préserve sa dignité."12 Pour Wayne Durant: "Notre raison et nos besoins sont comme le vent qui pousse les navires, mais nous ne devons pas laisser les voiles à l'abandon, car si nous leur cédons elles nous domineront et nous serions tels des esclaves ou des prisonniers. Chacun d'entre nous a pu voir, durant sa vie, des gens prisonniers de l'envie, du plaisir ou de la colère. Faute d'y mettre un frein, cela entraî ne la dégradation des moeurs de l'homme. Je rappelle l'histoire bien connue des enfants de Kesroès-roi perse zoroastrien. Leur nourrice les laissait libres de faire tout ce qu'ils voulaient. Le résultat a été qu'ils sont devenus des incapables et des pervertis. Donc, la primauté de la connaissance sur les penchants et les tentations est l'essence même de la raison et la base du self-contrôle qui sont le fondement nécessaire à la formation des caractères."13 La volonté est au centre des activités et des responsabilités dans le
système éducatif de l'Islam. L'homme étant doué d'une liberté de réflexion
et d'exécution doit s'en servir de la meilleure manière possible afin de
se consacrer à ce qui est son véritable objectif: son
accomplissement. Jacquaud disait: "Pour empêcher l'implosion de la personalité et sa multiplicité-qui
réduit le self-contrôle-nous devons procéder à une utilisation et une
division du temps très strictes. Car l'organisation de la vie selon des
programmes bien établis atténue les effets des impulsions et fait que
l'inconscient accepte l'idée qui a pris corps. Il est certain que le combat de l'âme encline aux tentations est chose difficile. L'Islam, à cet égard, assure que la victoire contre les tentations dénote la force de caractère de l'homme. la grande fierté de l'être humain est de débuter son éducation spirituelle par un contrôle total sur les désirs et les tentations pour parvenir à se forger une réelle personalité. L'lmam Sâdeq disait: "Force ton âme à éviter ce qui lui nuira avant qu'elle ne te quitte et oeuvre à la satisfaire comme tu le fais pour gagner ta vie, car ton esprit est tributaire de ton travail."15 Pour le Docteur Carrel: "Le développement qui néglige l'esprit demeurera un développement
incomplet. L'homme ne parviendra pas à la plénitude sans l'intervention de
sa volonté. Chacun de nous sait que le développement des organes et des
muscles du corps ne peut se faire que par un entraî nement physique et
l'individu ne peut prétendre devenir un champion sportif sans un
entraînement régulier et soutenu. Pour Bergson: "Acquérir une personalité, avoir telle ou telle vertu, ne peut
s'accomplir que par un acte volontaire de la part de l'individu. Pour
cela, l'intéressé doit puiser dans son âme et dans son corps tout ce
qu'ils renferment comme volonté, énergie et force; qu'il organise son
existence et sa vie intérieure du mieux qu'il peut; qu'il se forge une âme
ferme et volontaire. Le Calife Ali disait, à ce sujet: "La pire misère est celle de l'âme."17 Il est vrai que l'homme pâtit plus du manque de spiritualité que d'un
quelconque besoin matériel non satisfait. Lorsque l'esprit est malade du
fait d'un manque de clarté et d'incompréhension, le mal gagnera la pensée
et les sens et l'individu, dès lors, faillira dans ses activités. A partir
du moment où l'homme perd son discernement et le sens du réel, il ne saura
plus tirer profit des éléments matériels et des énergies qu'il porte en
lui. L'Islam, pour limiter la domination des tentations, lui propose un
cadre organisationnel. Cette organisation vise à comptabiliser l'âme selon
des règles et des principes fondés sur le discernement et la raison.
ainsi, se forme une adéquaiton entre les penchants de l'individu, en tant
que personalité indépendante et en qualité de membre de la société, qui le
limite dans l'action à ce qui est convenu, c'est-à-dire préserve la
société de l'individu et l'individu de la sociéte. Tandis que l'homme pèse
le pour et le contre, li aura à choisir entre ses intérêts personnels et
ceux de toute la société. "Tout comme l'homme ne ressent pas le poids de son corps, de même il ne voit point les mauvaises habitudes et les actions détestables qu'il commet. Au contraire, il a toujours tendance à rejeter sur les autres ses défauts et ses faiblesses. Nos semblables sont comme le miroir qui reflète nos défauts et faiblesses que nous ne pouvons voir nous-mêmes. Il nous semble alors voir dans ce miroir l'image d'autrui."18 La personalité croît selon un système de valeur dans la vie suivant
lequel se développeront les qualités et les caractères. Si l'homme
n'arrive pas à user de sa liberté raisonablement et n'arrive pas à libérer
de quelque manière ses instincts, il sera dès lors soumis à ses
tentations. Il est évident que cela signifie un avilissement de l'âme et
une humiliation de la nature humaine qui l'empêcheront de s'accomplir
pleinement et limiteront les horizons de la pensée et de l'esprit. L'Islam sème dans le coeur des gens la graîne de la vertu et de
l'honneteté et n'accepte pas de séparation entre l'action et la foi. Cette
religion tente perpétuellement de faire que l'homme, à tout instant et
pour toute occasion, sache que Dieu l'observe et le juge car Il est son
Créateur et le Confesseur de ses secrets cachés. Ali a rapporté un certains nombre d'observations à ce sujet. Il disait: "Evertues-toi à penser, cela te conduira vers le bien."19 "Penser au bien pousse à le faire."20 "Songer à entreprendre une chose, c'est déjà la réaliser."21 Au sujet de la pensée, le Docteur Marden écrit: "La pensée est partout présente dans le monde. Mais cette vérité est
restée longtemps cachée et indlscernable durant tout le long de l'histoire
de l'humanité. Et lorsque on s'en est aperçu, qu'on a entrepris de la
considérer et de l'évaluer, on a cru que c'était une chose rare qui ne
concernait qu'une élite. Durant ces dernières années, l'homme a décidé de
soumettre la pensée à l'étude et en faire l'objet de ses enquêtes. Les dégâts des mauvaises pensées Tout comme les idées positives engagent l'homme à entreprend re des
actions fructueuses, les pensées malveillantes avilissent celui-ci. c'est
parce que l'homme est un être qui pense et qui s'exerce à penser que le
fait de penser mal ou de manière malveillante obscurcit l'âme humaine et
l'empêche de faire le bien. "Force-toi à la réflexion et à demander pénitence, car cela effacera de ton coeur la haine et y glorifiera l'amour."23 Il ajoutait: "Force-toi aux bonnes intentions pour que tes efforts soient couronnés de succès."24 Changer les traits de caractères d'une personne est chose malaisée et ardue, cependant cela est possible si l'individu fournit l'effort nécessaire et se dote d'une volonté inébranlable et évite la mauvaise pensée comme la mauvaise action. Cela est d'autant plus possible que l'homme est porté naturellement vers le bein, compte tenu de ses prédispositions innées. Pour Calman Jacquaud: "L'éducation de l'esprit ressemblerait en un sens à une armée disciplinée faisant face aux habitudes, qui au lieu d'attaquer de front celles-ci susciterait des idées et des sentiments dans l'inconscient de l'individu pour contrarier et annihiler ces habitudes. Ainsi, de manière graduelle, le cerveau va pouvoir faire la distinction entre bonnes et mauvaises actions. Mais, avant d'y parvenir, la première chose que l'on doit observer est de se rappeller la réalité suivante: on peut changer une habitude et soi-même on peut soulager définitivement l'esprit du mal qui le ronge et atteindre ainsi l'objectif souhaité. Il faut se rappeller cette vérité de façon continuelle et l'enraciner dans la conscience pour qu'elle devienne conviction. Cette conviction-en vertu de la loi sur l'effet de
l'éducation-soustendue par le rappel incessant aura les caractéristiques
d'une réalité absolue et l'inconscient se chargera de consacrer cette
réalité en effaçant la conviction originelle que les habitudes sont
incontournables ou irrésistibles. La relation des objectifs avec le développement Ce qui peut faire de l'homme un être supérieur et, par conséquent, contribuer au développement de la personalité c'est qu'il se fixe des objectifs nobles dans l'existence. Plus ces objectifs sont nobles, plus la personalité de l'homme s'épanouit. Il est indéniable que l'Islam a de grands objectifs et une vision large et unificatrice. Les musulmans qui ont été éduqués sous la houlette du Prophète de l'Islam et de ses prédications ont établi des relations existentielles fermes et solides et se sont caractérisés par une personalité élevée et originale. Les buts louables qu'ils se sont fixés leur ont permis de faire des progrès continuels. Pour le célèbre psychologue américain Alworth: "Les objectifs et buts sont considérés comme des caractéristiques
spéciales et complexes de la personalité, de même que les intentions et
les projets que l'homme porte en lui annoncent l'avenir qu'il veut se
préparer. Les intentions et les objectifs individuels optent pour des
motivations bénéfiques et proposent un choix particulier. Les moyens
licites et interdits ont un grand impact sur le développement et
l'accomplissement de chaque individu. La plupart des croyants sentent que la foi qui les anime prend sa
source dans cette force surnaturelle qui est derrière toute chose et
chaque phénomène naturel renforce leur conviction religieuse. C'est cette
conviction qui leur donne un but dans la vie et leur apporte paix et repos
de l'âme. La religion forme et prépare l'homme à se prémunir contre l'anxiéte, les troubles, le doute, l'échec et le désespoir en même temps qu'elle le fortifie dans ses résolutions et engagements vis-à-vis de l'avenir et qui lui permet de trouver sa place dans l'univers, au sens intégral du mot et du concept."26 La relation entre les activités spirituelles et physiologiques Des études scientifiques ont démontré que les troubles psychologiques
influencent le corps et le perturbent. D'un autre côté, l'esprit est
affecté apr les réactions chimiques qui ont leur siège dans le corps. Dès
lors, nous pouvons comprendre cette réaction qui lie esprit et
corps. Ainsi, l'Emir des Croyants (Imam Ali) disait à propos de l'effet des maladies de l'esprit sur le corps: "L'anxiété épuise le corps"27; il ajoutait égaliement: "Celui qui obéit à sa colère précipite sa perte".28 Le Prophète insistait sur la relation qui existe entre les réactions chimiques du corps et les dispositions d'esprit de l'individu et ses moeurs et disait: "N'étouffez pas les coeurs par un excès de nourriture et de boissons car le coeur périt telles les plantes d'un excès d'eau".29 Il disait aussi: "Celui qui s'habitue à trop manger et boire endurcit son coeurn et: "L'obésité détruit la sagesse".30 Le professeur Carrel disait: "Les activités spirituelles sont liées aux activités physiologiques du
corps et nous pouvons observer certaines transformations organiques
lorsque nous suivons les différents cas psychologiques ou bien lorsque
nous voyons certains cas psychologiques être affectés par certaines
activités organiques. En un mot, nous disons que cet ensemble formé du
corps et de l'esprit est influencé par les facteurs organiques et
psychologiques qui le transforment. L'exemple du corps et de l'esprit peut
comparé à la statue taillée dans le marbre: on ne peut changer la forme de
celle-ci sans casser la pierre ou la retailler. Le rapport régissant les activités conscientes et les activités physiologiques ne concorde pas avec l'ancienne théorie qui plaçait l'âme dans le cerveau. Le corps, en réalité, est un tout formé par les forces spirituelles et physiques, tandis que la pensée serait le résultat des sécrétions produites par les glandes internes et le cortex. Ainsi, il est nécessaire que le corps participe à l'harmonie de l'esprit. En un mot, nous disons: l'homme réfléchit et décide, aime et hait, souffre et jouit, invite et prie, tout cela grâce à son cerveau et à tous ses organes."31 Pour le célèbre psychologue C. Murphy: "Durant la dernière décennie de ce siècle, il est apparu clairement combien les sentiments et les théories, ou bien l'amour et la haine étaient, chez les hommes, le symbole des combinaisons chimiques du corps. La psycho-pathologie a clairement démontré cette relation d'interdépendance entre la santé corporelle et spirituelle, c'est-à-dire ce lien fonctionnel entre les réactions chimiques du corps et les choses de l'esprit et la relation entre réactions spirituelles et les réactions corporelles d'un autre côté. Nous ne pouvons plus, aujourd'hui, dire du système vital chimique dans le corps qu'il est l'élément fondamental dans l'organisation de la vie spirituelle. Nous devons donc aussi dire que les réactions spirituelles organisent le système chimique du corps. Le mieux serait de dire-comme l'indiquent les chercheurs-que nous faisons toujours face à un système unique composé du corps et de l'esprit dans lequel le côté spirituel peut dominer mais que. par fois, l'aspect physiologique et chimique soit en première place."32 Le terme "connais-toi toi-même" que citaient les anciens n'a plus,
aujourd'hui, le sens de la prépondérance de l'esprit sur la matière sans
âme, comme cela était le cas auparavant; comme il n'a plus le sens que lui
accordaient les matérialistes du 19ème siècle et qui disaient: de même que
le foie secrète une matière jaunâtre du "pancréas", le cerveau lui secrète
les pensées. |