Chapitre VI L'APPORT DES RICHESSES DANS L'ORGANISATION DE LA VIE
Les nobles sentiments qui émanent du tréfonds de l'âme et qui
s'expriment à travers les actes de bonté et de charité au service de
l'humanité, représentent le plus haut degré dans les qualités morales
humaines. Ces sentiments agissent sur le coeur de l'être humain lorsqu'il
asssiste à des malheurs ou à la souffrance d'autrui, et le poussent au
sacrifice et à la lutte pour le soulager et le consoler. Au demeurant, il est impossible de vouloir trouver des solutions aux
problèmes courants sans faire de sacrifice et sans préfére quelques fois
les autres à soi-même dans les moments décisifs. Il ya lieu de signaler, à
cet égard que parmi les fondements nécessaires à la construction d'une
véritable "entraide sociale", la compassion, le sacrifice et la préférence
des autres à soi occupent une place trés importante. La personne ou la
collectivité qui s'imprègnent de cette spiriualité dans leur vie sociale
ne peuvent que parvenir à la perfection. Celui qui n'a pas semé le bien dans la vie, comment espére-t-il
récolter le bien? Bien plus, les vertus humaines et la responsabilité
sociale dans une société donnée agissent en fonction de la méthode de
pensée et de la spiritualité en vigueur dans cette société. Cela dit,
l'absence de cette spiritualité au sein de personnes ou de collectivités
est la preuve qu'il y a un déséquilibre quelque part et qu'il y a un
retard en matière de maturité sociale. Par conséquent, cette société se
trouve livrée au laisser aller, à l'irresponsabilité et au désordre moral
par la faute de ses membres qui n'ont pas su comprendre que leur bonheur
dépend de celui des autres. Il reste bien sûr évident que le sacrifice au service des autres, n'est pas chose facile. Un savant a dit à ce sujet: "On éprouve toujours de la peine et des contraintes à faire des actes de bienfaisance. Toutefois, au fur et à mesure qu'on avance dans cette voie, on sent comme une force nous pousser et nous stimuler. En vérité, les actes de bienfaisance ressemblent à des femmes fécondes desquelles nait une nombreuse descendance." Ceci est vrai, en ce sens que le sacrifice et le dévouement aux autres constituent une grande charge pour l'homme soucieux de son bien-être et enfoui dans son égoisme, cet homme avide de toute chose et prêt à se sacrifier pour parvenir à son but, à son idéal, quelqu'en soit le prix! Or y a-t-il dans la vie de l'homme une chose qui ne constitue pas un problème et une peine? Bien au contraire dans tout geste qu'il accomplit couramment, il y a une peine et une lassitude. Il en va ainsi de l'effort de perception et de compréhension comme des autres efforts quotidiens. La diférence n'existe qu'au niveau de la démarche et de l'effort fourni. C'est ainsi qu'une juste et sage perception de choses peut mener l'homme à la vérité et à la certitude dans ce bas monde et dans l'autre où il trouvera la récompense et la béatitude. Le contraire est aussi vrai. Cependant, bien qu'ils soient nombreux ceux qui prétendent être
bienveillants et partager la souffrance des autres, il n'en demeure pas
moins qu'ils refusent d'assumer leurs responsabilités afin d'alléger, un
tant soit peu, le malheur de ceux qui souffrent. De fait, si on propose, à
l'un d'eux, une responsabilité ou une charge impliquant des dépenses ou
des efforts pénibles de sa part pour aider les nécessiteux, ou bien de
renoncer à certains de se priviléges, celui-ci ne peut que. refuser cette
charge et s'en éloigner. Tout ça, parce que ces gens-là, nont pas été
préparés à assumer des responsabilités et des fonctions. Bien plus, ils
n'ont pas voulu s'habituer à assumer la plus petite des responsabilités
afin d'être aptes à en assumer de plus importantes. Porter sur soi la
souffrance d'autrui est un sentiment sublime digne de la plus haute
considération. Les plus hauts délices spirituels L'effort accompli en vue de soulager les gens qui souffrent n'est pas une fonction impartie à telle ou telle personne. C'est un des actes les plus sublimes de la vie. L'homme est appelé à aimer son prochain, et à inclure dans son amour tout le genre humain. Son âme et son coeur n'en seront que purifiés et illuminés. Il connaitra alors le vrai bonheur et percevra la beauté en toute chose. Un savant occidental a dit à ce sujet: "Chaque bonne action implique nécessairement une récompense et
vice-versa. mais que valent cette récomppense ou cette punition au-delà du
bien et du mal et de leur implication morale? Y a-t-il en effet une
satisfaction plus belle que celle que produit un acte vertueux accompli
pour aider auturui? Y a-t-il, également une punition plus ignominieuse que
le fait de se sentir coupable de turpitude? L'intention de faire le bien est déjà en soi un acte louable.
Cependant, il importe de concrétiser cette intention et de la mettre en
pratique. Au demeurant, lorsqu'une pensée bienfaisante effleure notre âme,
nous sommes les seuls à en jouir. Or les actes de piété et de charité
ressemblent aux étoiles brillantes qui illuminent le chemin des hommes.
Cela dit, il importe à nous de bâtir une société saine et vertueuse ou de
la détruire. C'est pourquoi notre responsabilité est engagée. Certes, il n'y a pas de limite pour la piété et la bonté, car les sentiments humains sont inépuisables. Bien plus à chaque fois qu'on les sollicite, ceux-ci grandissent de plus en plus. Ne dit-on pas que les cerveaux humains sont limités tandis que les sentiments ne connaissent aucune limite du fait qui'ils peuvent englober toutes les choses et les contenir? En un mot, disons que dans les actes de bonté et de charité au service des autres réside une joie à laquelle seuls quelques hommes peuvent prétendre. L'insouciance vis-à-vis des problèmes des autres Les gens qui abhorrent tout ce qui a trait aux bonnes actions et éprouvent du mépris pour leurs semblables n'ont plus d'attachement avec le monde où ils vivent! Ils se sont renfermés sur eux-mêmes et ont oublié l'existence des autres, auxquels ils ont d'ailleurs dénie tout droit à l'existence. Jamais ils ne pourront penser que leur prospérité implique aussi celle des autres. Il est vrai que cette catégorie de gens n'est pas totalement dépourvue de sentiments humanitaires en ce sens qu'ils sont conscients de la souffrance des autres. Ils sont, hélas, prisonniers de leur égoisme et de leur narcissisme qui ne laisse aucune place dans leur coeur à l'amour d'autrui. En d'autres termes, ils ne peuvent dépasser le "moi" individuel pour le "moi" collectif. Le Dr Alexis Carrel écrit dans cette optique: "Tout homme qui conduit sa vie de façon rationnelle voit son caractère changer du tout au tout. Et quand les actes du corps et de l'espirt sont en harmonie avec leur ordre naturel, ils deviennent plus fructueux encore. Le respect des régles de la nature pour la préservation de la vie et la continuation de l'espèce et le développement mental entrainent un surcroit de force dans toutes les activités physiques et mentales. Ce développement se manifeste de façon particulière dans l'accroissement des vertus morales, du sentiment religieux et humain, et dans l'illumination de l'intelligence. Quand l'être humain comprend que le but de la vie ne consiste pas
seulement dans la jouissance et l'intérêt matériels, mais dans la vie
elle-même, il cessera de faire de ce monde son seul souci. Il regardera sa
vie et celle des autres d'un regard plus aigu. Il comprendra par exemple
que sa vie dépend de celle des autres et réciproquement. Il devient alors
manifeste pour nous que les théories de Jean-Jacques Rousseau sont des
vues de l'esprit, et que l'individualisme est une théorie dangereuse, et
que la théorie du contrat social n'est pas logique, et qu'il est
nécessaire de considérer les autres à toutes les étapes de la
vie. D'autre part, l'excès dans l'amour de soi rend impossible la constitution de la société. Par conséquent l'amour de l'espèce est aussi une nécessité naturelle comme l'amour de soi. Un équilibre doit régner entre le "moi" et le "nous" comme la condition sine qua non pour la résussite dans la vie, comme la précision dans les mouvements de nos mains est la résultante naturelle de la contradictuion qui existe entre les membres qui se courbent et ceux qui sont droits."2 Les programmes éducatifs en Islam ont été conçus de façon à permettre à
l'esprite humain d'approfondir sa vision des choses en matière de
réflexion et d'étude des faits sociaux. En effet à chaque fois que la
vision de l'hommme s'élargit et que le niveau de sa reflexion
s'approfondit et s'élève, celui-ci parvient à sortir de l'ornière du moi
et de l'égoîsme. Pour ce faire, les programmes d'inspiration islamique ont
été organisés de façon à affermir, en sus du sens moral individuel,
l'éthique sociale afin que l'être humain lie son moi individuel au moi
collectif. Ce faisant la société sera composée d'êtres solidaires entre
eux et non d'égoistes qui ne penseront qu'à eux-mêmes. Les liens et les
relations sociales dans une société islamique sont également affermis par
une attache divine qui leur confère un caractère sacré. C'est ainsi qu'ils
sont tenus de se recommander les uns les autres le bien, la piété et les
bonnes oeuvres, de même qu'ils doivent s'aider mutuellement afin de jeter
les bases d'une société solidaire où les générations futures pourront
vivre dans le vien et la vertu, à l'ombre de la foi et des valeurs saines.
A la suite de quoi, toutes les forces vives seront mobilisées dans la voie
du bien et du progrès et non dans la voie du mal et de la destruction. De
cette façon-là, se conjugueront les démarches et les objectifs de même que
s'harmoniseront les coeurs pour travailler au service de l'humanité. Par
ailleurs, du moment que l'Islam exige que soit mise en place une société
solidaire fraternelle et unie, de façon à pouvoir assumer ses
responsabilités sociales, et sachant que la vertu, la piété t la
bienfaisance sont les fondements de sa morale, il a proclamé et décrété
que celui qui ne travaille pas pour le bien de la société n'est pas un
musulman, C'est ce qui ressort de la parole du Prophète (sur lui
bénédiction et salut): Depuis que l'Islam s'est levé comme une aurore dans les ténèbres de l'ignorance, il a donné au monde une conception de la vie embrassant toutes les préoccupations de l'individu et de la société. Il s'est attelé à purifier et à éduquer une nation habituée à vivre dans la haine, l'orgueil, le vice, la déchéance morale et l'exploitation de l'homme par l'homme. Il les a invités à la fraternité, la bienfaisance, la compassion, la miséricorde et l'amitié sincère. De ce fait, il a pu donner à chaque homme une personnalité solide et remarquable de façon à ce qu'aucun prétexte ne puisse les diviser, et semer parmi eux la haine. Ce fut une société forte et saine où la foi, le dévouement pour autrui et la recherche de l'intérêt général constituaient les fondements principaux. Dans cette société-là, il est évident que chaque membre se sente reponsable du sort des autres comme s'il en avait la charge à lui seul. Chacun des membres de cette société éprouve pour son prochain de l'affection, de la générosité et un dévouement qui l'amène à lui donner la préférence sur sa propre personne. N'est-ce pas ces relations qu'a décrit le Saint Coran dans les versets qui suivent: "Ceux qui avant eux se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent chez eux et ne ressentent dans leurs poitrines aucun sentiment d'envie pour ce que ces gens ont reçu. Ils leur donnent de plus la préférence sur eux-même, même quand ils sont dans le besoin".4 Il a aussi décrit les pieux et les justes en ces termes: "Qui a donné l'argent, malgré son amour pour lui, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, à l'étranger de passage, aux mendiants et pour affranchir les esclaves".5 L'amour propre étant ce qu'il est, il importe à l'homme riche et aisé qui veut aider les nécessiteux de ne pas toucher leur dignité en sachant procéder avec finesse et tact. Dans cette optique-là, l'Islam recommande aux riches d'abaisser la main qui tient l'aumône par humilité, afin que les pauvres puissent la prendre sans avoir à s'abaisser et sentir l'humiliation et afin qu'ils puissent rester eux-mêmes loin de l'orgueil et de la fierté. Comme disait l'imam Ali: "Qu'elle est admirable l'humilité des riches vis-à-vis des pauvres pour obtenir les bienfaits de Dieu. Mais ce qui est plus admirable encore, c'est l'orgueil des pauvres vis-à-vis des riches parce qu'ils s'appuient sur Dieu".6 Parmi les caractéristiques intrinsèques au musulman, ilya l'amour et la
compassion. Ces deux qualités découlent d'une sincèrité dans la foi qui
l'amène à considérer tout ce qu'il a comme venant de Dieu. et tout ce
qu'il donne il le donne à lui. Celui à qui est accordée cette grâce, son
coeur déborde d'amour pour les êtres, même si aucune relation ne le lie à
eux, car sa conduite s'inspire de l'amour ardent qui passionne son coeur
et qui coule de la fontaine inépuisable de l'amour divin. Evidemment seuls ceux qui font preuve d'une adoration dévouée à Dieu et
qui se souviennent constamment de lui, peuvent éprouver ce genre de
perception supra-humaine. Par ses préceptes et ses enseignements, l'Islam nourrit en l'homme ce
genre de sentiments naturels qui existent en chacun de nous. Une fois que
l'amour devient le reflet de ces sentiments et déborde sur le coeur de
l'homme, celui-ci sera forcément enclin à suivre la voie du bien et à se
dévouer pour ses semblables. En revanche, la haine et la volonté de faire
le mal ne peuvent tenir dans un tel coeur et finiront par se dissiper, car
l'amour ne saurait cohabiter dans un même coeur avec l'infâmie et les
souillures de l'âme. N'est-ce pas la connaissance spirituelle qu'avait le prophète qui lui
faisait dire à propos de ceux qui s'étaient opposés à son message:
"Seigneur, dirige mon peuple sur la bonne voie, car il est dans
l'ignorance". Bien plus la compassion du Prophète n'englobait pas
seulement son peuple, ell s'étendait à toutes les créatures. C'est ainsi
qu'il enseignait à ses compagnons la généralisation du bien et de la
compassion même envers les animaux. Un jour il leur raconta ce qui suit:
"Alors qu'il souffrait de la soif en plein désert, un homme vit un puits
dans lequel il descendit pour se désaltérer. En remontant, il vit un chien
haletant et mourant de soif. Pris de pitié, il redescendit dans le puits
et remplit ses chaussures pour pouvoir donner de l'eau au chien. Dieu lui
pardonna toutes ses fautes passées à cause de ce gest-là" Les compagnons
lui dirent: "Serons-nous récompensés pour notre compassion à l'égard des
animaux?" Il répondit: "Oui! Vous serez récompensés en venant en aide à
tout ce qui posséde un coeur." Le sens du bien dans le monde moderne Nous savons tous que les pays riches consacrent une part de leur budget
à l'aide aux pays pauvres. Ceci est une bonne chose en soi, mais
malheureusement, cette aide n'est jamais dénuée d'arrière-pensées non
louables. Les considérations humanitaires ne sont pas les seules à entrer
en ligne de compte. C'est souvent des raisons bassement mercantiles ou
politiques qui déterminent cette aide. On maintient en vie des pays qui,
s'ils entraient en révolution mettraient en danger les pays riches
eux-mêmes. Quant aux actes charitables accomplis par certaines personnes
qui veulent d'ailleurs donner à leurs actes une publicité la plus large,
ils ne sont souvent que des manoeuvres de snobisme qui finissent le plus
souvent en pure perte ou des tremplins pour lancer de nouvelles stars de
la politique mondiale. Voici ce que dit Alexis Carrel à ce propos: "Le mobile de nos actions est l'acquisition d'un progrés personnel, et
en premier lieu les intérêts financiers et la satisfaction de l'instinct
de mise en valeur de sa personnalité, de la recherche de la promotion et
des grades, ainsi que de la gloire et du rang social. Ces visées se
camouflent parfois sous les masques de l'ostentation et de l'amour du
genre humain. Il nous est possible d'observer les défis secrets et les
trahisons inavouées dans les milieux militaires, les universités, les
milieux politiques et judiciaires, où l'idée d'honneur est souvent
défigurée. Dans un médecin célébre qui conseille ses étudiants et ses patients
d'utiliser un médicament pour lequel il reçoit un pot de vin de la part du
fabriquant. Il va de soi que cette conception du bien qu'ont les pays riches est dénuée de tout sentiment noble qui donne au geste charitable toute sa valeur humaine. Ce qui n'est pas le cas bien sûr, dans l'enseignement religieux des prophètes, où chaque acte de bienfaisance est un maillon d'une chaî ne de vaste solidarité sociale qui relie toutes les catégories sociales et tous les individus. Voici à titre d'exemple ce qu'enseigne l'Islam: "Un homme vint un jour chez le Prophète et lui dit: J'ai faim O envoyé
de Dieu"; Celui-ci envoya quelqu'un auprés de son épouse pour lui apporter
de quoi nourrir l'homme affamé. On lui apprit qu'il n'y avait rien chez
lui, sinon de l'eau. L'Envoyé de Dieu se tourna alors vers ses compagnons
et leur dit: "Lequel de vous veut donner l'hospitalité à cet homme-ci?" Un
homme des Ansars (premiers musulmans de Médine) accepta d'être l'hôte de
l'invité de Prophète. Cet homme se rendit donc chez lui accompagné de
l'indigent, mais sa femme lui apprit que la nourriture disponible pouvait
juste suffire aux membres habituels de la famille. Il demanda quand même
que le repas fut servi, et s'asseyant lui-même dans un coin sombre, il se
débrouilla pour que son invité qui mangea à sa faim, ne se rendit pas
compte qu'il ne mangeait pas. Il y a lieu de signaler cependant que ce genre de bonnes actions que
l'Envoyé de Dieu compare à un simple geste consistant à enlever des
pierres sur la voie, constitue le minimum que peut accomplir un musulman
dénué de moyens et de ressources pouvant lui permettre de faire mieux.
Quant à ceux dont la position sociale est plus aisée, ils doivent faire
des actes de charité en fonction de leurs ressouces et de leur rang
social. En d'autres termes, chaque membre de la société est tenu de faire
des actions de bienfaisance proportionnellement à ses capacités. Quel est l'être le plus aimé aux yeux de Dieu? Al-Kulayni rapporte dans son recueil de traditions intitulé Al-Oussoul min Al-Kâfî, que l'imam Al-Sâdeq a dit: "On a interrogé le messager de Dieu en ces termes: quel est l'être le plus aimè aux yeux de Dieu?" Il répondit? "Celui qui est le plus utile à ses semblables." De même il a dit: Celui qui se désintéresse du sort des musulmans ne fait pas partie d'eux. N'est pas également musulman celui qui entend son frère appeler à l'aide, et ne lui vient pas en aide." En outre, Al-Kulayni rapporte, d'après Safouan Al-Jamal, le récit suivant: "Un jour, alors que j'étais assis chez l'imam Jaafar al-Sâdeq, un homme venu de la Mecque du nom de Meymoun entra et se mit à se plaindre de la difficulté de trouver une location. L'imam Jaafar se tourna vers à chaque fois que la vision de l'homme s'élargit et que le niveau de sa reflexion s'approfondit et mon retour, j'informai l'imam de ce que j'ai fait, en lui disant que Dieu avait régé son problème. Il me dit alors: "Il m'est plus agréable que tu secoures ton frère dans le besoin que de faire durant une semaine les tournées autour de la Kaaba, avant tout le monde. "Il ajouta: un jour, un homme vint voir Al-Hassan ibn Ali pour régler un problème. Il se leva et partit avec lui. Sur le chemin, ils virent Al-Husseyn en train de prier. Al-Hassan dit à l'homme: pourquoi n'as-tu pas sollicité Al-Husseyn que voice, il t'aurait aidé à régler ton problème. "L'homme lui répondit: j'ai cherché aprés lui, mais on m'a dit qu'il était en retraite spirituelle l'imam Al-Hassan lui dit: "s'il t'avait aidé, cela aurait mieux valu pour lui que s'il avait fait une retraite spirituelle d'un mois.9 L'immensité de l'amour et de la bienfaisance Autant les sentiments humains prennent d'étendue et d'ampleur, autant
ils touchent et englobent un plus grand nombre d'hommes. Du reste, la
compassion ne peut pénétrer au plus profond des coeurs étroits. Par
conséquent leur bienfaisance reste sans grand effet et ne touche qu'un
nombre restreint de personnes. une compassion de cette sorte est loin de
la miséricorde divine? Par ailleurs, l'imam Ali ibn Al-Husseyn, fils du précédent, a recommandé à son fils, le cinquième imam, Muhammad Al-Bâqer. "O mon fils, aide quiconque te sollicite. S'il le mérite, tu l'auras fait alors à bon escient. Mais s'il ne le mérite pas, tu seras toujours du nombre des bienfaiteurs"11 Quant au maître des hommes libres, Al-Husseyn ibn Ali, il recommandait aux gens de faire le bien en les stimulant par ces paroles édifiantes: "O mes fréres! Rivalisez entre vous dans la générosité, hâtez-vous dans la recherche du bien, ne laissez pas les occasions de le faire vous échapper, car plus vous vous empressez à faire le bien, plus votre réussite sera digne d'éloges. Par contre, plus vous tergiversez dans le chemin du bien, plus vous vous exposez aux critiques des gens. Apprenez que lorsque vous rendez service à quelqu'un et qu'il ne vous sera pas reconnaissant, Dieu le sera à sa place car Il est le plus généreux et le plus reconnaissant. Apprenez que la sollicitude des gens pour vous est un des bienfaits que Dieu vous accorde. Aussi ne soyez pas excédés des bienfaits de Dieu, sinon ils se
transformeront en courroux. Apprenez que le bien est digne d'éloge de même
qu'il est source de récompense. Si le bien avait un aspect humain, vous le
verrez rayonnaant, sympathique à tous ceux qui le voient. Si le mépris
avait aussi un aspect humain, vous le verrez laid, affreux et repoussant.
O mes frères, celui qui est généreux accède à un rang élevé, alors que
celui qui est cupide s'abaisse dans la servilité. Il va de soi que la chartié et la bienfaisance ne sont pas circoncrites uniquement dans la générosité, la compassion vis-à-vis des gens et la bienveillance envers eux. loin s'en faut. L'aide morale, le bon conseil et l'éducation des gens sont plus précieux que l'aide matérielle. Aussi si quelqu'un s'assigne la tâche de guider les égarés et de les sauver des ténèbres de la corruption et de la dépravation, vers la voie de la lumière et de la vérité, il aura accompli là le plus grand des biens et la plus noble des chartiés. En effet la sollicitude envers les égarés et la main tendue aux noyés dans les ténèbres du vice et du mal est le plus haut degré de la vertu en Islam. N'est-ce pas le Prophère qui disait à Ali: |