Chapitre VII L'ESTIME: ELEMENT FONDAMENTAL
Tout comme l'homme a des besoins biologiques qu'il n'a de cesse de
satisfaire de manière permanente, son âme a également des exigences qu'il
faut aussi impèrativement satisfaire parce que Dieu l'a jugé
nécessaire. A contrarié, le manque de stimulation freine grandement la
complémentarité et le développement social, empêchant les forces et les
énergies de s'exprimer et menant à une léthargie à l'intérieur de la
société. Selon le philosophe anglais Bertrand Russell: "Nous nous devons de louer et d'apprécier toutes manifestations
nouvelles exprimant le courage et l'art ou tout détachement à l'égard de
ce sentiiment d'égoîsme qui caractérise l'enfance, spécialement ce qui
nécessite une lutte contre soi-même. Nous devons plutôt utiliser la
louange et l'encouragement à l'égard de tout travail d'exception et à tous
les niveaux d'éducation. Ce qui est le plus choquant pour les jeunes gens et le plus éprouvant pour leur volonté d'agir et leur énergie c'est d'être mésestimé et délaissé et de ne pas être loué pour leurs actes. La personne souffre quand elles s'aperçoit que les gens font peu de cas d'elle, de son travail et de l'effort qu'elle a fourni pour l'accomplir, c'est-à-dire qu'elle se sent diminuée aux yeux d'autrui. Cela pousse cette catégorie de personnes à l'abattement physique et moral, à verser dans l'inaction et à perdre tout espoir dans l'avenir et dans leurs capacités propres à réaliser de grandes oeuvres. En un mot, ces personnes sont alors atteintes de troubles psychologiques. Car les tendances et les penchants spirituels, s'ils sont refoulés et réprimés chez l'être humain, créent des complexes et des troubles psychologiques qui auront un effet considérable sur son psychique. Ainsi, lorsque les savants ou artistes s'apperçoivent que leurs travaux ou que leurs oeuvres et réalisations ne sont pas appréciés à leur juste valeur par la société, il est possible que ce sentiment de rejet entraî ne une déviation de la pensée et des énergies et les pousse, dans leur quête de la réussite sociale, à emprunter des chemins sinueux et des moyens peu avouables, à savoir à substituer la ruse, la tricherie et le mensonge aux vertus humaines et aux voies de la raison et du coeur. De simples mots de reconnaissance et de louange ont sur l'esprit des
gens un grand effet et il est possible alors qu'ils consacreront leur vie
entière à faire 1e bien dans le but de réussir dans la vie et pour ce que
cela apporte à l'esprit de repos et de quiètude. C'est ainsi que les nations développées à travers le monde font une
place importante aux mérites par la considération que manifestent certains
grands personnages aux personnes douées et de talent. Cette attitude est
décelable à divers degré. Ainsi, il est certain que les talents et les
capacités de tout un chacun ne seront pas ignorés car il est mis en place
le terreau qui permettra à ces talents et à ces capacités de croître et de
se développer, c'est-à-dire de libérer leurs énergies créatrices et de
redonner au travail et à l'effort la plce qu'ils méritent par la
considération accordée aux gens capables et exceptionnels. L'application de ce programme aura une grande influence pour préserver
l'équilibre spirituel de la jeunesse. Car parmi les caractéristiques
naturelles de la jeunesse, il est celle qui consiste, pour le jeune, à se
choisir un modèle d'homme. De sort que si son choix ne se porte pas sur
les gens honnêtes et que son esprit ne soit pas disposé à les apprécier et
à les considérer, il pourrait alors être tenté d'admirer les déviants et
les malhonnêtes hommes dont les comportements deviendraient, pour lui, le
modèle social à suivre, ce qui aurait un effet plus que néfaste sur
lui. Cependant, certains sont très avares de louanges et de reconnaissance,
même envers les gens qui leur sont prôches et ne sont pas disposés à
apprécier leurs qualités et leurs compétences ainsi que leurs
réalisations, de quelque nature qu'elles soient. La différence de la critique fondamentale et des critiques La critique de la personnalité qui se base sur une fausse argumentation est un des grands défauts de nos sociétés, car il règne parmi les différentes classes de celles-ci Nous pouvons observer que toute personne qui entreprend un travail innovateur se trouve sujette à la critique de la part de toutes les franges de la société même si celles-ci ne sont pas habilitées à la critiquer sans aucune forme d'étude ou d'analyse. Selon l'une des personnalités sociales aux Etats-Unis, Wanamaker: "J'ai acquis la conviction, depuis trente ans, que critiquer autrui est une aberration. Car comment pourrais-je corriger les autres et les critiquer tandis que je fais face, moi-même, à des problèmes qui m'empêchent de voir mes torts. J'avoue maintenant que je crois que Dieu n'a pas cru bon de donner à l'un la même raison et la même connaissance qu'à l'autre."2 Nul doute que la critique fondamentale et juste est l'une des vois les plus à même de redresser la société, mais le malheur est que la critique est souvent infondée, faute d'études et d'analyses, ce qui est une attitude inéquitable qui amène à obstruer la voie du développement et de l'inovation. Peut être alors que cette faiblesse morale et sociale a influé négativement sur les plus grands personnages et a réduit à néant leurs espoirs et leurs travaux. Le reproche qui est fait aux gens qui se trompent ou qui connaissent l'échec, selon la plupart des psychologues, est le reflet des fautes et des défauts dans l'esprit de celui qui émet ces critiques transposés chez les autres de manière inconsciente. Selon eux: "De manière générale, et souvent, la critique et le blâme ay ant trait aux fautes et aux erreurs d'autrui ont leurs racines dans nos échecs dont nous sommes inconscients, c'est-à-dire que nous remarquons chez les autres les défauts que nous portons en nous sans le savoir. Ainsi, l'homme positif et consciencieux ne perd pas son temps à critiquer et à blâmer les autres, car il est toujours occupé par des travaux positifs et bénéfiques. Rares sont les critiques faites par les inventeurs et les créateurs et même les critiques d'art lorsqu'ils relèvent les imperfections artistiques des autres, ils ne font en réalité que critiquer leurs propres oeuvres. De même, les théoriciens qui ont connu l'échec sont, le plus souvent, ceux-là même qui théorisent pour les autres sans savoir ce qui leur conviendrait à eux. L'illogisme dans la critique mène, souvent, à camoufler la vérité et à s'éloigner de la réalité des choses. Il est alors possible de percevoir la haine profonde qui anime ceux qui critiquent de manière injuste et inéquitable, étant eux mêmes inconscients de leurs défauts, de voir que cette haine se propage vite à leur environnement et touche toutes les choses qui les entourent. Nous observons une telle attitude chez ceux-là mêmes qui ont eu à souffrir leur vie durant d'abattement et de tristesse morale car ils voient toutes les créatures à travers le prisme déformant de la condescendance et du mépris. La critique de ces gens se développe sur la base de leur haine personnelle, ce qui les pousse jusqu'à fuir aujourd'hui ce qu'ils adoraient hier, ne sachant pas que cette haine ne leur est pas étrangère et qu'elle se développe en eux-mêmes. Ainsi, l'inimitié et le doute sont le rèsultat, en réalité, de l'extinction du sentiment d'estime et d'amitié dans l'esprit de l'homme."3 Toutefois, oeuvrer à faire le bien mérite l'éloge, même si c'est là un
devoir pour celui qui le fait. Car celui qui en connaît les difficultés et
entreprend de le faire au mieux est digne d'éloge et de considération et
mérite qu'on l'encourage à persévérer dans cette voie. A partir de ce moment, chaque fois que survenait une panne sur cette ligne vétuste desservant la région, il se dépêchait de réparer la panne dès que je l'en informais. Frappé de ce que, selon ses propres mots, personne ne l'avait jamais remercié avant ce jour, j'ai appris, enquête, qu'il avait été nommé depuis plusieurs années à ce poste éloigné dans la région et que, effectivement, ses efforts n'avaient jamais été appréciés durant tout ce temps là. Nous devons nous rappeler que la louange, avec tout ce qu'elle comporte comme résultats bénéfiques, doit être limitée et ne doit pas dépasser des limites acceptables et raisonables. Car, à l'instar du manque de reconnaissance qui peut conduire au dépérissement de la pensée et à l'affaiblissement des énergies, un excès de considération et de louanges peut se transformer en flagornerie de mauvais aloi, ce qui est un genre de déviances gratuites des réalités et de la vérité. A ce sujet, Dale Carnegie écrit: "La flagornerie n'a pas d'effet sur les gens éduqués car elle est vide
de sens et tendancieuse. Il est alors naturel que l'auditeur averti n'est
pas influencé par elle. Lorsque Omar Ibn Abd Al-Azziz, qui différait du reste des califes omeyyade par ses qualités humaines profondes, monta sur le trône du califat et se chargea des affaires des musulmans et lorsque les gens accoururent pour le féliciter et le congratuler, un homme dénommé Khaled lbn Abdallah, représentant l'une des délégations, se leva et pris la parole pour dire: "O Emir des Croyants! Beaucoup de gens sont fiers des postes et des situations qu'ils acquièrent, voyant l'honneur dans le commandement, le Califat et la fonction. Quant à toi, tu es la fierté du Califat et du commandement qui se trouvent revalorisés et honorés par ta présence. En réalité, le vers suivants d'un poête s'appliquent à toi: Si la perle peut embellir un visage;
A cet instant, le poête Khaled lbn Abdallah flattait le Calife et le louait par des vers et des paroles mielleuses, mais le Calife se fatigua de son insatiable flagornerie et lui coupa la parole pour lui intimer l'ordre de s'asseoir. Il s'adressa ensuite aux gens présents et leur dit: "Votre ami a plus de langue que de raison et de logique". La flagornerie est un des grands torts de la société qui s'est beaucoup
développé, et les exemples du même genre sont nombreux. Il est rare,
aujourd'hui, que les gens flattent les autres pour relever leur moral, les
soutenir et les fortifier ou pour les informer de leurs droits et de la
valeur de leurs travaux, en vue de les inciter à aller de l'avant et à
progresser. Puis, il ajoute:: "Certes, il est navrant et désolant que la plupart des auteurs et orateurs à travers le monde civilisé-comme il disent: reçoivent, par fois, en un jour des dizaines de lettres à travers lesquelles les gens expriment leurs sentiments, leur considération et leur gratitude pour leurs oeuvres de valeur. Tandis qu'il est rare, en Iran, qu'un orateur ou qu'un auteur soit le sujet de considération qui ne soit pas pernicieuse ou qui ne vise pas un but inavoué." Nous pouvons donc dire que le sentiment de contentement et de quiétude que ressent l'homme à l'issu d'un travail qui lui est confié dans le cadre de ses fonctions et responsabilités est la meilleure des gratifications qu'il puisse recevoir. Mais ceci ne concerne qu'un certain nombre de personnes qui ont atteint un haut niveau de spiritualité. Atteindre ce niveau spirituel et moral n'est possible que pour un nombre restreint de gens, la majorité des autres hommes parvient à un stade spirituel qui ne nécessite pas qu'on leur témoigne de la gratitude ou de la considération. C'est pourquoi nous ne devons pas oublier l'importance de la louange et de la reconnaissance en ce qui concerne cette dernière catégorie d'hommes. Le célèbre psychologue Schachter nous dit: "Si la nécessité se fait sentir de faire oeuvre de critques à propos d'une problématique ou de l'oeuvre de quelqu'un, alors il est important, au début, que vous vous rappeliez l'une de ses oeuvres bénéfiques pour en faire l'éloge et lui montrer de la considération afin d'assouvir son besoin de considération et d'être loué. Si vous agissez ainsi et puis que vous lui présentiez vos critiques, vos observations et critiques paraîtront moins amères. Il se pourrait même que vos conseils et critiques soient accueillis avec intérêt et gratitude." Si un supérieur n'est pas satisfait du travail qu'a accompli l'un de
ses secrétaires, il serait préférable qu'il lui dise par exemple: votre
lettre d'hier était claire et précise, celle-ci par contre parait un peu
obscure; je souhaiterais que vous la relisiez et, le cas échéant, que vous
la réécriviez. De la sorte, le secrétaire ne prendra pas mal cette
critique; il est même possible qu'il soit reconnaissant à son supérieur de
l'attention que celui-ci lui porte et agira ainsi de son mieux. Chaque homme, à tout âge et dans toute situation, aime profondément que
les gens le remarquent et apprécient son travail et le louent. Même le
professeur expérimenté, après avoir passé des années à enseigner et á
recevoir des louanges, est heureux et au comble du bonheur lorsqu'il
entend le petit élève lui dire: Aujourd'hui, Monsieur, nous avons appris
beaucoup de votre cours! Nous devons faire attention au fait que si les hommes peuvent avoir de grandes qualités, ils peuvent aussi avoir leurs défauts et leurs faiblesses et que nous mêmes sommes dans ce cas. En conséquence, au lieu d'épier les défauts de ceux qui nous entourent, il serait préférable que nous nous attachions à remarquer leurs qualités profondes et leur bonté intérieure. A ce sujet, le Calife Ali disait justement: "Soit comme l'abeille qui se nourrit du meilleur, donne le meilleur et lorsqu'elle se pose sur un rameau ne le brise pas" 7 Si vous voyez que les sentiments que vous portent vos amis et vos proches et que leur attitude envers vous sont empreints d'amour et de bonté, et qu'ils font tout pour vous venir en aide, alors vous devez les remercier et leur témoigner les mêmes sentiments et attitude qui sont les qualités de l'homme. La considération peut se traduire par une oeuvre positive, loin de toute hypocrisie et de toute ostentation. Cronin a dit: "Mon fils qui enseignait à la faculté de médecine me raconta ce qui suit: Il était nécessaire, pour soigner un malade à l'hôpital, de lui faire une transfusion sanguine, ce qui fut fait, après le traitement, ce malade se mit à la recherche de celui qui lui avait fait don de son sang pour le secourir. On lui répondit: les noms des donneurs de sang doivent rester anonymes. Il quitta l'hôpital et, après plusieurs semaines, il y revint pour offrir son sang. Il répéta ce noble geste plusieurs fois. Intrigué, un chirurgien lui demanda: Qu'est ce qui vous pousse à agir de la sorte? Il répondit simplement et naîvement: Un inconnu m'a offert son sang et je le remercie par mon geste."8 Ainsi, si faire le bien et montrer de la bonté ne sont pasà tout le moins-payé en retour par la plus simple des marques de considérations-c'est-à-dire par des mots de gratitude, c'est prouver qu'on manque d'humanité et qu'on manque de respect envers le droit des hommes en général et de la société en particulier. Il existe, en ce monde, des gens qui, quelque soit le bien qu'on leur fasse et quelque soit l'aide qu'on leur apporte, n'éprouvent aucune satisfaction morale et ne témoignent leur gratitude ni par l'action ni par le verbe, comme si autrui devait tout naturellement leur rendre service sans qu'ils aient, pour leur part, de devoirs à l'égard des autres et qu'il leur est permis d'ignorer leurs droits et de leur témoigner de la reconnaissance. Les lecteurs pourront remarquer aisèment cette attitude autour d'eux. Le Calife Ali utilise cette comparaison: "Celui qui ne montre pas de la gratitude pour les bontés devra être compté parmi les animaux."9 En ce qui vous concerne, si vous ressentez en quelqu'un de la bonne volonté, vous devez alors montrer de la considération pour cette volonté, même si son résultat n'est pas probant. Car Ali dit également: "Qui ne loue pas son frère pour sa bonne volonté ne le louera pas pour son oeuvre."10 L'lmam Hassan Al-Askari disait: "Le meilleur de tes frères est celui qui oublie tes fautes pour ne se souvenir qui de tes bontés envers lui."11 L'homme ingrat envers autrui ne pourra que se repentir de son attitude; car celui qui ne montre pas de considération pour le travail et les services de ceux qui lui viennent en aide et qui est incapable de les louer et de les remercier en sachant l'importance que revêt leur travail ne fera que les amener à ne plus lui rendre service plus tard et à l'aider à résoudre ses problèmes. L'Emir des Croyants nous fait observer cette occurence à travers une courte phrase qui dit; "Qui ne loue pas la bonté n'aura que privations."12 Tandis qu'à l'époque de Malek Al-Achtar, celui-ci rappelait l'importance qu'il y avait à faire montre de considération à l'égard d'autrui et ses conséquences: "Ne laisse pas passer les bontés de leurs actes pour te rappeler leurs fautes, car te souvenir de leurs bontés les réjouira et leurs fautes leur seront d'une utilité certaine."13 "Laisse les espérer et continue à les louer et à énumérer les bontés de ceux qui sont bons parmi eux, car le rappel constant de leurs bonnes actions soulève leur courage et incite ceux qui sont forts."14 Nous pouvons, à cet égard, nous reporter aux expériences qui ont réussi: "Si les pères, mères et enfants s'engageaient à louer leurs oeuvres réciproques et à les glorifier plus souvent, la présence des gens atteints du complexe d'infériorité soignés par les psychiatres serait moindre. Car l'homme a besoin de sentir en lui la flamme de l'action attisée par le souffle des louanges et de l'éloge qui lui sont adressées par autrui, sinon le respect de soi serait en grand péril. Si l'homme n'entend pas de mots de remerciement pour la peine qu'il se
donne, la vie devient très pénible pour lui. Une femme qui gardait des
vaches pendant vingt ans et qui espérait de ses patrons un mot de
remerciement et de considération essuya seulement ces mots: Tu est folle!
Elle leur répondit: Je ne vous ai jamais entendu dire, jusqu'à présent, un
mot qui me laisserait penser que vous faîtes la différence entre les fous
et les autres! Le Docteur Wyle ajouta: "J'ai éloigné ces deux frères autant que j'ai pu. Par exemple, je les ai mis dans des rangs différents et j'ai demandé aux parents de ne pas blesser les sentiments de l'enfant attardé en le comparant à son frère plus intelligent, mais plutôt de prendre en considération et louer tout travail, aussi banal soit il, que l'enfant entreprendrait. Le résultat fut que, très rapidement, cet enfant a pu se prendre en charge lui-même parce qu'il avait pris conscience de ses capacités et qu'il avait recouvré la confiance qui lui faisait défaut" L'une de mes meilleures et plus riches connaissances se targuait fièrement de n'avoir rien accordé à personne en contrepartie d'un service ou d'un travail qu'on lui avait rendu, excepté le salaire prévu, a subi, au premier jour de l'année, une épreuve douloureuse: son comptable s'est suicidé alors que les comptes portés sur les registres étaient réguliers et ce comptable était un homme franc, équilibré et sans charge familiale. la seule lettre qu'il avait laissée était un petit mot à l'adresse de son riche employeur et qui disait: Je n'ai entendu de vous, depuis plus de trente ans, aucun mot de remerciement! Je suis las de la vie, c'est pourquoi je me suicide."15 Ainsi, l'esprit de louange et de considération est le propre de l'homme mûr, ayant une confiance en soi et un esprit sain, tandis que la flagornerie est la caractéristiques propre d'un sentiment de faiblesse et de peur qui domine la personnalité. La considération et la louange déplacées ne sont qu'une manière à travers laquelle procèdent ceux qui veulent masquer leurs propres faiblesses et leur incapacité ou qui veulent, par ce moyen, servir des intérêts personnels. En conséquence, les paroles trompeuses que distillent les flagorneurs ne sont d'aucune valeur car ne reposant pas sur la conviction et la foi, mais sont plutôt la manifestation d'intérêts personnels inavoués. Les flatteurs et opportunistes sont comme d'habiles pêcheurs qui tendent leurs filets de flatteries et de louanges en vue de réaliser une bonne prise. Selon Walter. "La plupart de ceux qui exploitent le don de la flatterie et de la cajolation cachent, généralement, en leurs coeurs des intentions malhonnêtes." Il est rapporté du Prophète-que le Salut soit sur lui-qu'il disait: "Il n'est pas dans les moeurs du croyant de cajoler "16 Car la flatterie et la louange déplacées mènent à la vanité et la vanité, si elle donne une certaine influence et un certain pouvoir empêche l'homme d'accepter les conseils des autres pour éloigner celui-ci du mensonge et l'amener à la vérité. Durant le Califat d'Ali, celui-ci disait à Malek Al-Achtar. "Habitues-les à ne pas te flatter et te louer pour ce que tu n'as pas fait, car beaucoup de flatterie mène à l'engourdissement de l'esprite et rabaisse la fierté."17 Et à "Béhâr", il disait: "Louer quelqu'un plus qu'il ne mérite c'est faire preuve de flagornerie et ne pas reconnaître à leur juste valeur les mérites c'est faire preuve d'un manque de discernement ou de jalousi." De ce fait, si vous louez quelqu'un plus qu'il ne le mérite réellement
et que vous le fassiez outrancièrement, vous ne rehaussez en rien sa
personnalité; au contraire, par ces flatteries vous avez porté atteinte à
sa personnalité. Tandis que si vous le louez insuffisamment au vu de son
mérite réel, cela est la marque soit d'un esprit peu assuré et faible,
soit de votre jalousie. Alors que si vous estimez quelqu'un pour ce qu'il
est et pour ses mérites propres, vous ne faîtes par là que préserver sa
personnalité et la vôtre en l'empêchant lui de sombrer dans le mensonge et
vous de vous déconsidérer. Le Calife Ali rapporte cette odieuse particularité chez les flagorneurs lorsqu'il dit: "Du moment qu'il te loue pour ce que tu n'es pas, il peut te critiquer pour ce que tu n'es pas."18 De même que la considération et l'incitation sont des besoins spirituels chez l'homme qui peuvent l'aider à se développer et à mûrir, la critique et le blâme perpétuels et déplacés peuvent influer négativement sur la personnalité humaine et la pousser sur la mauvaise voie. L'lmam Ali disait; "Gardes-toi de blâmer sans cesse car cela incite au pêché et diminue les effets de la réprimande."19 Introduire de la joie dans le coeur des enfants est un facteur d'incitation positive à leur amour qui influe sur leurs relations sentimentales avec leurs proches. Il est rapporté dans le livre"Mustadrak Al-Wassâél" que le Prophète-que le Salut soit sur lui-a dit: "Lorsque le père regarde son enfant et lui fait plaisir, il a alors affranchi un homme." Quant à Bertrand Russell, Il dit: "Il est nécessaire que notre usage de la réprimande et du blâme soit moindre que pour la considération et la louange. La réprimande doit être, à un certain égard, un avertissement qui ne sera utilisé que pour certaines dévations inattendues qui apparaitraient dans le comportement de l'enfant. Et dès lors qu'elle a produit son effet, il convient de ne plus y avoir recours." Contribuer au bonheur d'un enfant équivaut à tous les plaisirs et joies
de l'existence. Nos ancêtres et nos pères ne connaissaient rien de cette
joie et de ce plaisir, c'est pour cela qu'ils en ignoraient la saveur. Ils
enseignaient à leurs enfants qu'ils devaient aimer leurs parents puis ils
agissaient de façon telle qu'il devenait pratiquement impossible aux
enfants de respecter cette volonté. Tant que cette idées dominera la pensée humaine, à savoir que l'amour des parents est un devoir et qu'il est possible de parvenir au respect de ce de voir par la contrainte, les pères ne pourront jamais compter sur l'amour réel de leurs enfants. C'est pour cela que les relations et les liens humains restent durs, froids et bloqués et que les image de mal, de douleur, d'avertissement et de réprimande sont fortement imprimées dans la mentalité. Il est heureux de constater qu'au cours de ce siècle une meilleure image a dominé les relations entre pères et enfants et entre enfants et pères et qu'avec cette image s'est transformée radicalement la théorie ancienne: "Le bâton pour les récalcitrants". J'ai bon espoir que ces idées qui tendent à dominer le monde de
l'éducation se propagent plus largement pour englober tous les secteurs de
la vie sociale, car nous en avons besoin pour l'ensemble des rapports
humains comme nous en avons besoin dans nos rapports avec nos enfants."
Parmi les facteurs qui contribuent à encourager les bienfaiteu rs et à réprimander les malfaiteurs: suivre les exhortations à faire le bien et à éviter le mal dans la société. La propagation du mal fait que les qualités et les valeurs humaines qui sont les fondements du bonheur et de la grandeur de toute société soient oubliées poussant par là les êtres humains vers la voie du pêché. Les pêchés sont de nature très contagieuse car lorsqu'ils apparaissent dans la société, ils se propagent aussi rapidement qu'un microbe, qui se formerait quelque part pour essaimer partout dans le corps de sorte que si nous tardons à combattre ce phénomène dés son apparition, il ne fera que s'étendre et souiller tout ce qu'il touche. En conséquence, les effets des mauvaises actions ne touchent pas que
leurs auteurs, mais également tous ceux qui par leur attitude conciliante
les laissent faire, car par leur comportement consistant, alors qu'ils en
ont la capacité, à ne pas empêcher ces actions nuisibles de se reproduire.
Ils se rendent, de ce fait, complices de ces gens malveillants et ne
tarderont pas à regretter leur comportements de passivité. Il est précisé dans les préceptes religieux que celui qui observe qu'un
mauvaise action est sur le point d'être commise doit l'empêcher par tous
les moyens dont il dispose et qu'il existe diverses façons et moyens pour
y parvenir. que l'homme doit, quelle que soit la situation, s'en donner
les moyens: le devoir de celui qui en a le pouvoir grâce à Dieu est de
tout faire pour amener le pêcheur et les errants à concupisence et les
ramener vers le bien et l'honneur. Celui qui ne le peut pas par l'action,
le doit par la bonne parole et le conseil qui dévoilent les conséquences
nèfastes du pêché et ses effets négatifs dans la vie de l'individu et de
la société. L'Islam a montré dans le combat contre les abominations un intérêt particulier et a appelé de manière pressante à lutter contre le mal et ses conséquences. L'Islam oriente l'humainté vers le bien à travers toutes les étapes de la promotion humaine. Le Coran a, à cet effet, dessinè les contours de la réussite et a défini la catégorie des hommes qui prêchent pour le bien, à travers les versets suivants: "Que soit, parmi vous, une communauté qui appelle au bien ordonne le convenable et interdise de blâmable. Car ceux-là sont les gagnants."21 De ce fait, pour l'Islam, ceux qui entrent dans la voie du bonheur sont ceux dont la pratique et l'action dans la vie ont pour base ce principe. C'est-à-dire que l'appel au bien et le rejet du mal font partie de la voie qu'ils se sont assignés dans la vie quotidienne et qui sont indissociables d'elle. Dans un autre verset de la même sourate, il est dit combien sont vertueuses et grandes les nations dont ce principe est la voie: "Vous êtes la meilleure communauté qui est apparue parmi les hommes. Vous exhortez à faire le bien et vous interdisez le blâmable et vous croyez en Dieu."22 Le Calife Ali disait aussi: "Appelles au bien et agis en conséquence et ne sois pas parmi ceux qui y appellent et qui n'agissent pas dans ce sens afin de ne pas être responsable d'hypocrisie et d'être blâmé devant Dieu."23 Il est rapporté dans le livre "Al-Tahdhib" que le Prophète-que le Salut soit sur lui-a dit: "Mes gens seront toujours heureux tant qu'ils ordonneront ce qui est juste, qu'ils interdiront ce qui est blâmable et qu'ils s'entraideront pour le bien. S'ils n'agissent pas ainsi, ils seront privés de bienfaits et seront mis les uns en face des autres de même qu'ils n'auront aucun soutien sur terre ni dans les cieux." En cette époque de civilisation, certaines nations ont édicté des lois qui s'apparentent à l'appel au bien et au rejet du mal et ont entrepris de les appliquer afin d'instaurer la justice, de promouvoir le bien et de fortifier les bases d'une société équitable. A ce sujet, une personnalité célèbre a écrit dans le journal "Perspectives" en Iran: "Ceci est une vérité indéniable, à savoir que nous devons, pour instaurer une société de justice, être semblables au peuple suisse pour que chacun d'entre nous soit son propre gardien des limites de l'équité, ainsi qu'ils l'ont écrit dans leurs constitution, comme si c'était un message divin et sacré: "Chaque citoyen du peuple, lorsqu'il observe la moindre transgression de la loi ne doit pas se taire jusqu'à ce que force reste à la loi." Cet article de la Constitution helvétique est l'obligation même que l'Islam, il y a quatorze siècles déjà, a faite aux Musulmans. 1- Retraduit du persan: De l'éducation.
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