Chapitre XI LES SPECIFICITES DE L'ACTE VOLONTAIRE
A travers l'histoire sont apparus des hommes peu communs qui sont
sortis de l'obscurité qui a marqué l'humanité et ont gravé en lettres d'or
leurs noms sur les pages de l'histoire. Ces personalités historiques ont,
par leurs qualités spirituelles propres, réussi à réaliser de formidables
transformations pour l'humanité et à étonner le monde avec leurs oeuvres,
de sorte que leurs lumières continuent à éclairer, de manière aussi
vive. Au contraire, il existe d'autres hommes, plus nombreux, qui n'ont
aucune efficacité dans la vie, ou si peu. La vie de ces gens se limite à
une activité sans conséquence dans le temps et l'espace. Leur existence
insignifiante se termine dans la nuit noire et obscure, sans laisser de
traces. Posons-nous la question:- Quelle relation lie les personalités aux
évenements? Serait-ce les évènements mondiaux qui forment la personalité
ou, au contraire, la personalité crée-t-elle les évènements? Les
expériences sociologiques ont prouvé que l'individu influe sur la société
et inversement. Ainsi, nous ne pouvons étudier l'individu en-dehors de son
environnement et de son milieu social de même que ces individus font
partie des personalités qui peuvent changer la situation de leur
environnement grâce à leurs capacités spirituelles et morales
particulières. La faiblesse consécutive à un manque de volonté n'est que le résultat
de motivations négatives qui paralysent l'homme. Ainsi, cette carence ne
signifie pas que l'homme soit dénué de pouvoir concevoir les choses, car
il est capable d'entreprendre tout ce qu'il veut, mais il n'a pas
l'énergie suffisante pour traduire ses intentions en actes. Le manque de volonté: un obstacle à la réussite L'existence de l'homme connaîtra l'échec et la déconfiture sur tous les
plans, par manque de volonté, car le désespoir et la désillusion ne sont
que les conséauences d'une volonté faible et non agissante. Aucune
dispositon ou son ne peut remplacer une volonté forte et inébranlable, car
quel intérêt aurait l'homme à avoir des dispositions extraordinaires pour
ne point les utiliser à atteindre ses buts et objectifs. Il en est de même
pour les sciences et le savoir acquis par l'homme et qu'il n'utiliserait
pas à des fins utiles. Lorsque Napoléon voulut traverser avec son armée le dangereux col de
Saint-Bernard, il consulta ses officiers et leur demanda: Croyez-vous
qu'il soit possible de passer par ce col? Les officiers, après mûre
réflexion, n'émirent que doutes et hésitations et dirent: Il est possible,
avec beaucoup de chance, de traverser ce col. Après que Napoléon eut
entendu l'avis de ces gens, il ordonna, sur un ton ferme et résolu, que
ses troupes traversent le col sur le champ. Certes, beaucoup de chefs militaires avaient les capacités et les
qualités nécessaires à ce genre d'entreprise, mais il leur manquait la
volonté pour l'exécuter. L'anxiété, le trouble et le doute qui les
habitaient les empêchaient d'entreprendre ces actions et de profiter de
ces occasions pourtant propices et cela les menaient à l'échec plutôt
qu'au succès. La volonté ferme et la résolution hardie de Napoléon ont
suscité l'étonnement de tous ceux qui connaissaient ce meneur d'hommes
français et ses actions d'éclat. Il était capable d'entraîner le plus
faible de ses soldats vers l'action glorieuse et héroique et d'insuffler
le courage chez les plus hésitants et les moins téméraires. Cet homme
était capable de veiller durant les nuits glaciales pour lire les rapports
et les réponses à ses lettres. La vigilance à l'ombre des difficultés Certaines personnes ne prennent conscience d'eux mêmes que lorsqu'elles sont mises à l'épreuve. Tel l'arbre dont les racines se frayent un chemin parmi les roches, acquérant force et robustesse garâce à sa lutte perpétuelle contre les éléments naturels défavorables, tels que tempêtes et vents. Un psychologue a dit: Les psychologues ont démontré que les individus normaux ne profitent
pas plus de trente cinq pour cent (35%) de leur existence. Même les plus
actifs et les plus efficaces et ceux qui sont arrivés, par leurs efforts,
au bonheur n'atteignent qu'un pourcentage de cinquante pour cent
(50%). Toute action qu'entreprendra l'homme est l'interprétation dans le réel
de son opinion, de sa détermination et de sa volonté. Si celles-ci ne
représentent chez lui qu'une faible part, alors ses actions n'auraient
aucun intérêt. Quand les gens de faible volonté prennent une décision, ils
doutent et hésitent tellement qu'ils sont tout disposés à changer leurs
opinions et leurs idées à la moindre observation ou critique qu'on leur
fait. L'homme de peu de volonté, hésitant à opérer des choix, prouve par
là qu'il ne maîtrise rien et qu'il est dépendant de l'opinion d'autrui en
toute occasion. Cet homme est tel un arbre qui plie dans la direciton que
le vent lui impose. L'hésitation se traduit chez lui par l'échec et la
désillusion dans la majorité des cas. L'homme perd beaucoup de temps et de dispositions précieuses dans
l'hésitation et le doute inutiles, ce qui transforme sa vie d'une
existence de succès en une vie d'échecs et de défaites. Si l'homme est
esclave d'un esprit hésitant et inactif, alors comment et avec quoi
pourrait-il faire face aux difficultés de la vie? Au contraire de celui
dont les opinions ne changent pas facilement, qui a des idées bien
arrêtées et qui ne perd pas de temps à supputer les évènements futurs, car
grâce à sa foi et à sa forte personalité il ne tient pas compte des
critiques des envieux qui le poussent à abandonner ses objectifs. Ce ne
sont pas n'importe quels raisons ou évènements qui le dévieront de la voie
qu'ils s'est tracée en connaissance de cause et il repousse toute idée ou
pensée qui seraient contraires à celles auxquelles il croit. Celui qui
fait face à ce genre d'hommes peut aisément déterminer le niveau de
l'énergie et de la volonté qui les animent ainsi que la valeur de l'oeuvre
qu'ils poursuivent avec conviction. Ainsi, ces gens demeureront éternellement hésitants et indécis,
changeant d'activités plus souvent que de chemises, sans consacrer leurs
pensées et leur raison à rèussir une action qui leur permettrait de
comprendre le sens véritable du succès pour découvrir, brutalement, un
jour, qu'ils ont épuisé leur existence à entreprendre sans jamais rien
terminer et à décider sans jamais appliquer. Ils auront gâché toutes les
occasions qui se sont offertes à eux sans réussir à concrétiser aucune
d'entre elles. Pour résister aux pressions de ces sentiments destructeurs, nous avons
un besoin urgent d'une volonté de fer et la condition sine qua non pour
cela c'est que celle-ci soit toujours soumise à notre raison. En effet, il
existe beaucoup de différences entre une volonté qui repose sur la raison
et le discernement et une volonté branlante qui tient de la vanité, de
l'orgueil et des sentiments égoistes et partisans. La première représente
le capital bonheur de l'homme et le socle de son succès dans la vie,
tandis que l'autre ne lui apportera que malheur, désespoir, désillusions
et échecs. L'individu qui choisit la voie secondaire lorsqu'il rencontre la plus petite des difficultés dans la vie est un homme à l'esprit faible, sans vitalité ni courage, car il aura baissé les bras devant le premier obstacle dans une vie remplie d'embûche et d'entraves. L'homme s'est ainsi rabaissé et méprisé lui-même. Chaque chose en ce monde doit emprunter le chemin et la voie qui lui
est propre pour atteindre et réaliser ses objectifs. L'homme, à cet égard,
est soumis à la même loi naturelle. Il doit, avant tout, connaître ses capacités et ses dispositions et qu'il sache que parmi toutes les créatures de ce monde, il est le seul que Dieu a choisi pour cette mission et cette épreuve. Dès lors, sa foi et sa confiance en lui-même s'enracineront plus profondément dans son esprit pour libére les forces et les énerties qu'il recèle et qui le méneront vers le succès. Le manque de confiance des gens en eux-mêmes n'est généralement pas lié au manque de ressources, mais plutôt à la méconnaissance de leur moi. Il est très souvent admis que les individus élaborent des théories et des hypothèses scientifiques d'un intérêt certain mais, du fait qu'ils n'ont pas confiance en eux-mêmes et en leurs dispositions et capacités, ils ne les divulguent pas. La peur de l'échec est en soi un échec car ce manque de confiance mène, très souvent, à la non-exploitation d'idées brillantes et profitables à l'humanité. Dès que l'homme aura compris toute efficacité et efficience requiert de l'énergie, sans cesse renouvelable, et qu'il découvre qu'il possède cette énergie en lui et qu'il ne soupçonait pas, sa vie lui apparaitra dès lors plus accessible et plus aisée, de même qu'il sera prêt à faire plus d'effort. Celui qui oeuvre à profiter de la vie autant que possible et à saisir toutes les occasions que celle-ci lui offrira doit, en premier lieu, avoir confiance en soi et avoir une volonté à toute épreuve, qualités qu'il devra constamment cultiver et affermir. Le professeur Carrel disait: "Il ne suffit pas, pour préserver la vie, d'oeuvrer à la conserver seulement, il faut également la rendre plus simple, plus intense, plus dynamique et digne, c'est-à-dire augmenter l'efficacité corporelle et spirituelle, à la fois en intensité et en quantité. Ce dont on a besoin comme énergie et capacité ne ressemble en rien à la force physique du sportif ou à la force spirituelle d'un homme de religion ou mentale d'un philosophe ou d'un savant... mais la force et les qualités requises ici c'est l'endurance à supporter les fatigues, les aléas climatiques, la faim, la soif, les malheurs et la tristesse; en un mot: que nous ayons une volonté, un dessein noble et une activité productive, une force physique et spirituelle à toute épreuve et un enthousiasme débordant. Cependant, comment obtenir ces ressources? La seule manière pour y
parvenir c'est l'effort quotidien soutenu, c'est-à-dire l'effort qui ne
sollicite pas les organes du corps mais l'effort qui fait appel à la
pensée et à la volonté. Nous devons apprendre à nous entraîner
quotidiennement et graduellement pour pouvoir nous organiser dans la vie.
Comment respecter les principes fondamentaux? Comment nous
contrôler? Certaines personnes ne veulent pas payer le prix raisonable pour une
vie heureuse et honorable. Ces gens sont toujours à la recherche de moyens
faciles et rapides pour parvenir à leurs buts, quelles que soient la
qualité et la quantité de ces résultats, et se détournent de tout ce qui
les rendrait plus humains et moins égoïstes, c'est-à-dire qu'ils fuient
les responsabilités qui jouent un rôle essentiel dans l'éducation de
l'esprit et la purification de l'âme, qui leur permettraient de
perfectionner leurs pensées et de leur préparer la voie qui les ménera au
succès. Quel que soit le dynamisme de l'homme, il posséde une force qui lui
permettra de réaliser ses objectifs. En effet, cela dépend de sa confiance
en soi, de l'objectif fixé, de sa détermination, efficacité et dynamisme,
ainsi que de ses tentatives et de son engagement dans la vie, autrement
dit: le succès passe par la volonté de l'homme à vaincre les multiples
obstacles qui jalonnent le chemin de la vie. La première obligation de tout homme est de contrôler son comportement de manière continue afin de renforcer ses énergies créatrices et d'éviter toute atteinte à ce potentiel. De cette manière, cette vigilance et attention soutenues deviendront chez lui une seconde nature sur laquelle reposera sa volonté si nécessaire, car la volonté ferme est la seule qui puisse renforcer nos pas et nous éviter de chuter aux moments cruciaux de la vie lorsqu'on doit prendre des décisions importantes, ces moments durant lesquels la moindre faiblesse peut être source de très grands dangers. L'échelle de responsabilités en Islam En Islam, la volonté mesure le degré de responsabilité de l'homme et
c'est le point de repère de tout croyant. C'est aussi la limite qui sépare
l'homme de toutes les autres créatures et l'unique moyen pour mettre un
frein aux excès des tentations de l'âme. Grâce à la volonté, l'homme peut
résister aux multiples pressions, il est ainsi libre de réprimer son
esprit rebelle et de s'élever à la plénitude, ou bien d'entrer dans un
monde fait d'instincts primitifs et animaliers et de se laisser aller aux
désirs et aux penchants, contraires à toute morale humaine
civilisatrice. L'Islam n'ignore pas la réalité de l'être humain et les forces qui agitent l'âme humaine. Ainsi, il ne demande à l'homme que de s'obliger vis-à-vis de ce qu'il respecte, honorablement et dignement, dans son désir d'élévation. Il fait appel à l'homme pour qu'il utilise ses énergies pour s'élever au-dessus du niveau animalier grâce à sa volonté comme il lui demande d'atteindre le niveau maximum de plénitude par ses capacités et son énergie. Celui qui ne possède pas cette volonté livrera son destin aux désirs et aux tentations qui l'habitent,détruisant ainsi ses forces et son esprit et, par conséquent, demeurera incapable de réaliser les vrais objectifs de la vie. Dompter l'esprit parait, de prime abord, chose impossible. Cependant,
ce scepticisme disparaîtra progressivement avec l'entraî nement et
l'habitude et cela ouvrira la voie a l'accomplissement personnel, La
volonté qui garantit à l'homme progrès et développement dans la vie est le
moyen qui lui permettra d'aller de l'avant lorsqu'elle se consacre au
sacrifice, à la loyauté et à tout sentiment noble et humain. Elle
représente ainsi le signe de la grandeur humaine. Tout homme qui
entreprend une activité, quelle qu'elle soit, avec cet esprit obtiendra
des résultats extraordinaires qui auront des effets durables et positifs
sur son existence. Mann disait dans son livre sur les fondements de la psychologie: "Ce qu'on prétend être la force de volonté n'est, pour les
psychologues, que la capacité proportionnelle des motivations
personnelles. Ainsi, toute décision prise en toute chose est le résultat
de ces motivations qui ont une énorme force attractive. "Pour nous, notre éducation diffère de celle de l'éducation japonaise, ce qui ne nous permet pas de comprendre la mentalité japonaise de manière convenable et satisfaisante. la vérité est que quiconque aurait été éduqué comme ce soldat japonais aurait les mêmes motivations que lui et il agira de la même manière".2 Pour toute action entreprise, la volonté a nécessairement besoin d'un fondement solide et d'une base inébranlable qui est la "foi". La volonté est nécessaire à la foi comme la foi est liée, intimement, à la volonté. Si quelqu'un croit en quelque chose, mais n'a pas la volonté qui lui permettrait de mettre en pratique ses convictions, il ne pourrait dès lors atteindre son objectif. La réussite de tout homme est donc tributaire de son dynamisme et de son activité. Le Coran dit, à ce sujet: "(...) et qu'en vérité l'homme n'a rien que ce à quoi il s'efforce".3 D'un autre côté, si l'homme disposait d'une volonté mais n'avait pas la
foi, il perdrait courage et dynamisme à l'instant même où il rencontrerait
des difficultés ou des cbstacles sur la voie qu'il a emprunté dans la
vie. Lorsque l'homme aura compris cette vérité et que, quelle que soit
l'action qu'il entreprend, le soutien ne lui viendra que de Dieu qui
commande toute chose, il sera convaincu qu'il est sur la voie du succès.
Cette disposition d'esprit lui permettra de vaincre tous les obstacles et
de trouver les solutions qui conviennent aux difficultés les plus
complexes. La Calife Ali (que le salut soit sur lui) qui était le modèle parfait parmi les hommes dont l'histoire a retenu les noms disait: "Par Dieu, si les Arabes s'alliaient pour me combattre, je ne les fuierais pas".5 Il ajoutait également: La volonté détermine le succès La volonté et la résolution peuvent, lors d'évènements importants,
changer leurs cours de manière imprévisible et être un élément dynamique.
La résolution de l'homme à atteindre ses objectifs peut soulever des
montagnes de difficultés, comme si son âme était faite d'airain et
d'acier, sachant que la plus petite hésitation ménerait à sa
perte. C'est alors qu'il résolu de l'attaquer. L'éducation de l'âme est un des éléments essentiels qui renforcent la volonté de réussite. Ainsi, les espoirs les plus fous et les rêves les plus insensés dans la vie sont les motivations premières qui poussent l'homme à oeuvrer et agir pour les réaliser. Ali (que le salut soit sur lui) disait: Jacqueraud disait: "Tant que vous n'imaginez pas votre succès et n'admettez pas la
victoire, vos chances de réussite sont minces. Par cette attitude vous
étouffez en vous ce qui constitue la capacité et la compétence. L'homme
qui a peu de capacité mais une confiance totale en lui-même réussira. Il
réussira parce que, dans sa quête du succès, il puisera son énergie à la
source des vertus et des qualités, sans que le manque de confiance des
autres à son égard ne le décourage ou diminue de sa volonté. Son action
reste liée à son expérience et à sa confiance en soi. "Ecoutez ce que vous disent les gens avec attention et persévérez avec audace, patience et fermeté. Regardez celui qui se distingue par ces qualités, étudiez-le, analysez sa vie et tentez de l'imiter puis récitez votre leçon chaque nuit en rêvant d'être un preux chevalier dans un monde fantastique. Chaque fois que vous en aurez l'occasion, montrez votre audance et votre courage et entreprenez des actions qui demandent de la détermination et de la décision. Lorsque vous tenterez de vous éprouver, rappelez-vous que "vous voulez et que vous pouvez". Et si vous devez prendre une décision qui vous occasionnera des difficultés, dîtes-vous que vous vous y habituerez".8 Tout comme la peur du malheur-en psychologie-est un genre de thérapie
douloureuse qui trouble la pensée et l'esprit, de même l'espérance dans le
bien est une thérapie qui renforce le moral et la volonté. Ali (que le
salut soit sur lui) disait à ce propos: |