Chapitre XII VEILLER A ENTRETENIR DE BONNES RELATIONS HUMAINES
Le sujet qui porte sur l'influence de l'environnement et du contexte
social est un sujet important. Il fait l'objet d'études profondes de la
part des moralistes. L'homme passe son existence en compagnie de ses
semblables et dès lors est dans le besoin de vivre dans une société et une
communauté humaine qui lui garantit un environnement convenable et
nécessaire à sa nature et à son épanouissement. L'isolement, volontaire ou
non, n'est pas un état qui convient à l'être humain. Cette situation le
mène á vivre dans un esprit de repli dans un monde obscure. Tous ceux qui choisissent une voie dans la vie s'y tiennent et veulent
même pousser les gens à suivre ce chemin, créant ainsi un environnement
humain qui convient à son épanouissement. Ainsi, l'homme tente, à travers
les raisons et les arguments qui soutiendront ses projets et ses
conceptions existentiels. Certains savants croient que l'imitation fait partie de la nature
humaine, sans pour autant que cette attitude soit consciente. Ainsi, les
différentes formes d'imitation prouvent que l'homme est influencé dans son
comportement, ses sentiments et ses décisions, et même dans son jugement
et ses opinions, Cette attitude est en rapport au modèle social que la
communauté impose à tous ses membres ou que ceux-ci lui communiquent. Plus
l'individu est d'une éducation élevée et d'une intelligence supérieure,
plus sa liberté d'esprit sera influencée par la société qui l'abrite et
sera soumise à l'influence psychologique des opinions de la majorité. Il
est donc naturel que ceux qui souffrent de faiblesses psychologiques plus
grandes soient plus vulnérables aux attitudes et opinions de ceux qui les
entourent ou qui vivent dans leur proche voisinage. Brown disait: "Les êtres humains n'imitent que si cet acte les aide à atteindre des objectifs psychologiques. Autrement dit, il existe des motivations particulières liées à des forces obscures qui poussent l'homme à imiter et non pas parce qu'une force appelée imitation lui impose cela. Quand une vendeuse, comme Créo, compose des poêmes cela n'est pas dû à une force en elle qui l'y pousse à imiter les poètes, mais c'est parce qu'elle croît que cette manière d'agir est, en elle-même, une manière de vivre particulière".1 Si la compagnie des hommes est nécessaires à toutes les étapes de
l'existence, elle représente néanmoins plus pour les jeunes gens qui ont
clos l'enfance et rentrent de plein pied dans une vie plus réaliste et
plus sociale. Ainsi, leur première préoccupation n'est pas tant de
connaître les qualités de ceux qu'ils voudraient accompagner dans la vie
que de se lier d'amitié avec tous les gens qu'ils croisent, selon des
critères faux et subjectifs, sans rien connaître de leur moralité ou de
leur sociabilité. Cette précipitation irraisonnée peut mener toute une
jeunesse à l'avilissement et au déshonneur. Il convient, dès lors, de ne
pas se voiler la face quant aux faiblesses et aux vices de ceux dont on
aimerait qu'ils soient nos amis et quant à leur propension à fréquenter
des gens qui leur ressemblent. Cela ne les aidera pas à s'amender et à se
corriger si tel n'est pas leur intérêt. Sachant que l'adolescent est dans un état de révolution et de choix et que son coeur est disposé à accepter toute chose avec naïveté et innocence, il devient évident alors le rôle que peut jouer, durant cette étape, un ami qui lui apporterait l'éducation et l'enseignement psychologique et sentimental adéquats. Ainsi, pour se préserver des déviations et des échecs, l'adolescent est appelé à fonder une amitié fructueuse et saine qui accompagnera un développement équilibré de sa personalité. Nous devons, en ce qui concerne nos amis, nous appliquer à faire le bon
choix en toute liberté et sans verser dans la sentimentalité, nous fixer
une echelle de valeurs pour effectuer ce choix avec réalisme, pour
connaître leurs poins faibles, leurs pensées et leurs opinions, leurs
peines et leurs joies, afin de les découvrir tels qu'ils sont en
réalité. Owburry écrivait: "Ce qui est étonnant vraiement c'est que lorsque nous voulons acheter
un cheval nous nous attardons à connaître ses origines et ses exploits,
mais agissons-nous de même dans le choix de nos amis? ou bien nos amis
ont-ils moins d'importance pour nous qu'un cheval? La sensibilité et le sentimentalisme Parmi les sujets importants qui touchent à la vie sociale, il est celui
d'apprendre à vivre avec les gens et à les fréquenter. Nous ne trouverons
jamais des personnes ayant les mêmes pensées, les mêmes sentiments ou les
mêmes croyances et il est très rare que les gens parviennent à une
unanimité, même sur les sujets les plus simples. Nous devons donc être
conscients de cette réalité et, autant que possible, nous adapter et nous
habituer aux différentes personalités et caractères pour pouvoir vivre
paisiblement avec ces gens tout en tissant avec eux des liens et des
relations empreintes de cordialité et d'honnêteté. Dès le début de la vie sociale, le comportement de tout individu doit
être régi par des convenances fondées sur des raisons et des motivations
morales bien définies. L'homme doit savoir que la loi de la vie sociale
nous apprend à accepter des choses qui ne nous satisfont pas, et même qui
sont contraires à nos pensées et à nos opinions, et d'éviter de suivre les
rêves et les illusions pour obtenir ce que l'on désire. Ainsi, l'art de
vivre consiste à savoir changer ses prévisions, car la paix et l'amitié
sont souvent à ce prix. Ce serait une erreur de tout fonder sur nos illusions ou nos penchants. Malgré cela, beaucoup de gens s'abandonnent à leurs rêves et à leurs sentiments. Leur narcissisme est tellement grand qu'ils en perdent tout realisme et se font du mal à eux-mêmes. Tandis qu'une vision réaliste et des prévisions sensées et réfléchies sont plus reposantes pour l'âme. Un docteur en psychologie, parlant de ses rêves irréalistes, raconte qu'"il voulait, durant la deuxième guerre mondiale, quitter sa ville pour une ville lointaine, mais chaque fois qu'il demandait un billet d'avion il ne l'obtenait pas. Les employés de l'aéroport lui disait: la priorité est aux besoins militaires. Il fut donc contraint de voyager en train, dans un wagon de troisième classe". Le docteur ajoute: "Après m'être assis sur un siège inconfortable de troisième classe, pour quelques minutes, je me suis rendu compte qu'un voyage de plusieurs heures dans ces conditions serait pénible. "J'ai alors analysé ma douleur et me suis dit: est-ce que cette douleur est dûe aux conditions peu confortables du
train? ou bien parce qu'ils n'ont pas montré de respect et d'estime à un
psychologue honorable tel que moi et ne m'accordent pas de billet d'avion
même à titre exceptionnel, m'évitant ainsi une perte de temps précieux et
de pareilles conditions de voyage? "J'ai alors immédiatement compris que cette attente était un besoin
déplacé, car tandis que mes frères se trouvaient sous un déluge de feu, il
est normal que leurs besoins aient la priorité absolue. Ceux qui sont contents d'eux-mêmes, qui ne se rendent pas compte des
réalités, peuvent se fixer des objectifs particuliers dans leurs relations
avec autrui, utilisant chaque occasion, évènement ou relation pour
assouvir leurs désirs égoïstes. 11s sont continuellement à la recherche
d'amis qui leur seront matériellement utiles, alors que l'amitié ne doit
pas reposer sur des objectifs personnels et égoïstes. Emerson disait: "Nous savons comment nous sommes dans la réalité; les gens croient que
leurs qualités et faiblesses apparaissent à travers leurs actions, sans
savoir que les qualités et les faiblesses sont visibles à tout moment et
en toute occasion. Du danger des mauvaises fréquentations L'homme peut, de manière générale, choisir une des deux voies. L'une
est de se soumettre aux forces naturelles de son corps et d'enchaîner son
esprit aux désirs et aux tentations de l'âme. L'autre est de répondre à
l'appel de l'être et à ses aspirations divines et d'obéir à ses
orientatiors profondes et sublimes. Par là, l'homme prendra conscience de
la valeur de son être. L'Islam tente de ramener un peu d'ordre et de concentration dans la
raison humaine en conseillant le discernement dans le choix des amis et
des compagnons, la discipline dans l'action et la prise de décision et la
réflexion en toute chose, pour que l'homme puisse accéder aux niveaux les
plus nobles et réaliser ainsi la plénitude totale qui n'a aucun équivalent
matériel. L'attention portée aux caractéristiques spirituelles des amis que l'on se donne n'est pas un thème nouveau pour la psychologie moderne. Le besoin de connaître l'esprit de ceux que l'homme se choisit en tant qu'amis est une question qui a été rapportée dans les textes islamiques. Ainsi, la psychologie moderne est appelée à prendre en compte ces exhortations avec respect et considération et à rappeler ces conseils et ces orientations pleines de sagesse. Al-Nouri rapport que le Prophète (que le salut soit sur lui)
disait: Ali (que le salut soit sur lui) conseillait à chacun de se surveiller
et de ne pas se lier avec les pêcheurs et malfaiteurs, car l'esprit est
très influençable". Il disait: Le docteur carrel disait lui: "Les phènomènes psychiques de chaque individu se définissent, pour une
grande part, selon son environnement psychologique. Si son environnement
est pauvre, ni ses qualités ni ses sentiments ne se développeront, et si
son environnemrnt est mauvais, il influera sur ses activités. Nous
réagissons dans le milieu social comme réagissent les cellules dans le
corps, dans l'interdépendance. Comme elles, nous ne pouvons demeurer à
l'abri des influences des évènements qui affectent notre
environnement. "Il est pratiquement impossible que l'homme défend son esprit contre les effets de l'environnement et du social, car tout le monde, sans exception, est influencé par ses semblables. Si l'homme vit, depuis son enfance, avec les criminels et les ignorants, il reste un être ignorant et aura un comportement criminel".6 Au sujet de l'imitation, les psychologues ont effectué plusieurs expériences dont les résultats ont donné lieu à des constatations étonnantes: "Au Printemps 1953, ils ont présenté un échantillon de cent hommes qui se sont présentés à des postes de responsabilité et de direction. Ils les ont mis à l'épreuve pour déterminer leur capacité intellectuelle, à l'Institut de Psychologie de l'Université de Californie, pendant trois jours. Le troisième jour a été réservé à l'estimation précise du niveau d'influence sur la personalité exercée par autrui et particulièrement par la raison collective. Cet échantillon fut divisé en deux groupes de cinquante personnes chacun, cinquante hommes ont été testés par cinquante autres qui les surveillaient et observaient. Ensuite, les hommes soumis au test furent partagés en petits groupes de cinq individus chacun. En face de chaque individu se trouvait un appareil qui donnait la réponse du candidat. Toutefois, la réponse rapportée sur les fiches de cet appareil étaient dépendantes de la volonté des examinateurs et non de celle des intéressés. En réalité, les examinateurs trompaient sciemment ceux qu'ils testaient par des réponses sensées être celles de la majorité; une majorité fictive en réalité, alors que les personnes testées croyaient que ce qui apparaissait sur l'écran de l'appareil représentait vraiment l'opinion de la majorité de leurs camarades. Et c'est ainsi que, en général, ils reprenaient leurs réponses de manière automatique et irréfléchie. C'est ainsi que quatre vingt dix pour cent d'entre eux ont été influencés par des réponses fausses et illogiques qui étaient celles d'une majorité fictive et qui tendaient à résoudre un problème mathématique".7 Il convient d'observer que si l'objectif de l'amitié portée aux
pêcheurs et hommes entâchés par la vilénie est de les orienter et de les
sauver du déshonneur et du désespoir, alors le but est noble et digne de
respect et l'Islam appelle à ce que les musulmans fournissent les moyens
de s'en sortir à ceux qui ont outrepassé les limites de la vertu et de la
moralité, en les conseillant et en les orientant vers le bien. L'Imam Al-Sâdiq (que le salut soit sur lui) disait: Les anciens disaient pour leur part: le conseil est amer. Ceci est vrai. Ainsi, la personne qui donne le conseil doit s'exprimer avec retenue et tact, montrer du doigt les faiblesses et les négligences morales de ses interlocuteurs de manière appropriée. Il doit leur faire comprendre, avec des mots d'amitié et de considération, que la voie qu'ils ont emprunté ne peut les mener qu'à leur perte. Il devra donc acquérir la confiance et le respect de son ami et
l'amener à adopter son opinion, loin du regard des
étrangers. Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait: "Ton conseil au milieu des gens est perdu d'avance".9 Pour Daryl Carnegie: "Si vous voulez prouver quelque chose, alors agissez avec prudence et talent, de sorte que personne ne devine ce que vous visez par vos paroles. Agissez selon le conseil du poète qui disait : Soyez des éducateurs sans que personne ne s'en aperçoive. Rares sont les hommes qui ont la capacité de discerner et de juger de manière correcte et juste; la plupart d'entre nous sommes tendancieux et entêtés. Nos raisons sont enveloppées dans un voile noir de soupçons et de jalousie, de crainte, d'envie et d'orgueil. Si vous voulez humilier quelqu'un par ses erreurs, alors recherchez leur cause. "Si nous nous trompons et admettons nos propres erreurs avec facilité,
alors nous pouvons, si nous sommes suffisamment habiles, amener les
déviants à reconnaître leurs fautes par des mots gentils et
aimables. Le onzième Imam (que le salut soit sur lui) disait:; D'autre part, si l'un d'entre nous est éprouvé par le pêché et qu'un ami veuille nous sauver de la déchéance par des conseils, il convient que nous acceptions ces conseils d'ami avec générosité et intérêt pour tenter de réparer nos erreurs. Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait à cet égard: Ainsi, chaque fois que l'homme s'empresse de se purifier, dès qu'il s'aperçoit de ses pêchés" il en tirera bénéfices et avantages, car tout retard ou négligence n'améneront que douleurs et désespoir. La critique des proches n'est pas seulement bénéfique pour l'amendement
de soi, mais même celle des ennemis peut entraîner des résultats
satisfaisants pour les hommes comme le disait le calife Ali: Un philosophe américain écrivait: "Certains grands personaages quand ils s'appuisent sur la gloire et la
puissance sont hypnotisés par celles-ci, mais dès lors qu'ils sont frappés
par le malheur ou la défaite ils s'en vont tirer les leçons de l'échec en
remettant en cause leur moi et leur humanité. Ainsi, ils accèdent à la
vérité éblouissante qui leur fait connaître leur ignorance et les libère
de l'érrement en leur indiquant la voie de la droiture et de la
connaissance. "La critique est plus salutaire du point de vue des résultats et des
effets que la flagornerie et c'est pour cette raison que je porte plus
d'intérêt à un journal qui me critique et me parle avec franchise, me
donnant ainsi des raisons d'être content de ma réussite, plutôt que de
m'abreuver de paroles mielleuses et hypocrites qui me desservent auprès de
mes ennemis. L'amitié la plus désastreuse est celle des ignorants et des imbéciles
car elle se traduit par le malheur de celui qui cultive ce genre d'amitié.
Le danger et les dommages qui peuvent affecter l'individu à cause de
l'ignorance de l'ami sont plus grandes que les dangers encourus face à
l'ennemi, car l'ami du fait de la confiance qu'on lui accorde ne
représente pas, à nos yeux, un sujet de préoccupations ou une source de
dangers et peut, dès lors, nous causer la surprise la plus amère et les
torts les plus grands sans qu'on puisse faire marche arrière, alors que
devant notre ennemi nous sommes toujours avertis et prêts à faire
face. A cet égard, le dévouement et la loyauté dans les relations
individuelles ne suffisent pas à faire le tri des amis; il conviendrait
plutôt d'évaluer, selon notre connaissance, leurs qualités et vertus qui
sont, en vérité, plus importantes qu'autre chose. Ainsi, ceux qui refusent
de se lier d'amitié avec les imbéciles peuvent être considérés comme des
gens de grande sagesse. Ali (que le salut soit sur lui) disait: L'lmam Al-Bâqer nous a décrit les individus indésirables qui ne méritent ni l'amitié ni la fréquentation et nous avertit des conséquences à nouer de tels liens avec les gens de cette espèce; "Ne côtoie pas les quagenres d'individus suivants; l'idiot, l'avare, le lâche et le menteur. L'idiot voudrait t'aider mais te nuira; l'avare voudra te prendre sans te donner; le lâche te fuiera et fuiera ses parents enfin le menteur promet mais ne dit jamais vrai".16 L'intellect faible et le manque de clairvoyance quant aux conséquences
des actes entraî nent l'homme à sa perte et, finalement, à son malheur.
Nous avons vu plusieurs personnes qui ont dévié de la bonne voie, sur les
instigations de leurs amis qui voulaient qu'ils leur ressemblent et
partagent leurs crimes, pour que ces gens de bien à l'origine participent
avec eux aux oeuvres malfaisantes et gâchent à jamais leur bonheur. Le Coran rapporte les paroles suivantes de celui qui se rend compte de
son erreur au jour du Jugement Dernier: L'Emir des Croyants Ali (que le salut soit sur lui) nous fait découvrir
une catégorie de gens qui est indigne de fréquentation et d'amitié et dont
il faut se méfier: Il ajoutait: Et encore; Puis: Enfin: La réserve et la prudence en amitié Les sages et les prévenants sont ceux qui respectent les limites de
l'amitié et son équilibre et qui font preuve de réserve et de prudence.
L'excès dans l'amitié et la transgression de ses limites et de la
convenance ne peuvent qu'entraîner à des conséquences désastreuses et
regrettables, car les liens et les sentiments d'amitié ne résistent pas a
toutes les épreuves. Certains évènements ou conflits d'intérêts peuvent
amener l'émergence d'une différence de raisonnement dans la relation
qu'entretiennent les deux parties, c'est-à-dire à une tension qui
ébranlera l'amitié et troublera son cours. Cependant, les relations basées sur l'équilibre et la modération sont,
généralement, les plus durables et les moins exposées aux turbulences. Au
vu de ces aspects, l'Imam Al-Sâdiq a prévenu les gens de ne pas dépasser
les limites de l'amitié au point de divulguer des secrets
personnels: Un savant occidental disait: "Si nous dépassons cette étape, se posera la manière de côtoyer et de
se lier d'amitié avec les gens. Beaucoup de gens continuent d'être anxieux
et troublés. Ils déclarent leurs secrets les plus intimes à leurs amis et
dès que le lien d'amitié se rompte apparait alors l'inimité qui utilisera
les armes que sont les secrets échangés. Nous devons, à cet égard, agir conformément aux dires de l'lmam Ali
(que le salut soit sur lui) qui conseillait: Vous avez peu fait face, dans la société, à des gens qui acceptent et
s'adaptent à tout le monde, avec chaleur et passion, mais qui, en réalité,
tentent ainsi d'attirer l'attention d'autrui et de se grandir aux yeux de
leurs semblables. Leur coeur est vide de tout sentiment et ils cachent
leur véritable visage sous un masque d'amour et d'affection. Leur attitude
est celle des flagorneurs qui font montre d'une dignité feinte et qui
croient que l'hypocrisie est un moyen qui leur permettra, selon le
contexte et la nécessité de l'heure, d'accéder par la tromperie et la ruse
aux range les plus élevés dans la société. Les opinions d'autrui n'ont pas d'importance telle qu'elle puisse
influencer la vie de l'homme et son bonheur. Nous ne devons pas prêter une
attention excessive à ces opinions et sentiments, exprimés par d'autres,
nous devons avec raison et lucidité comprendre que les déterminants du
bonheur sont dans la conscience même de l'homme, non dans les avis des
autres. si une attention trop excessive est accordée au regard et à
l'opinion d'autrui, l'homme deviendra dès lors leur captif et leur
esclave, dépendant de leur humeur versatile. A ce sujet, le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait: Pour Bertrand Russell: "La crainte des jugements portés par autrui-comme toutes les craintes-empêche le développement et le progrès de l'être humain. Tant que cette crainte durera, la réussite et l'ascension sociale deviennent chose très difficile à réaliser. Il est même impossible, dans ce cas, que l'homme ait une indépendance d'esprit et d'âme dont dépend le vrai bonheur, car la condition essentielle du bonheur repose sur notre manière de vivre et sur nos propres motivations et n'est pas liée aux désirs et motivations égoistes et personnelles d'autrui".27 William John riley écrivait à ce sujet: "Nul n'est moins doué d'esprit et de personalité que ces hommes pleins
de suffisance et qui ne sont, en réalité, que des gens habités par le
doute et l'incertitude. Ils pensent sans arrêt à ce que pensent les autres
à leur sujet et sont toujours prêts à agir selon le voeu d'autrui. "La soumission aux désirs et décisions d'autrui produit un changement
dans vos penchants réels et dans vos pensées louables. Elle vous subtilise
votre liberté et votre indépendance individuelles et vous enléve toute
personalité et volonté, au sens réel du terme. Vous ne pouvez plus dès
lors être vous même, car lorsque vous perdez votre liberté de penser vous
avez alors tout perdu. L'isolement et le repli sur soi Les raisons de l'isolement de l'homme et de son repli sur soi, évitant le rapport aux autres, résident en fait dans l'apparition d'un sentiment de culpabilisation'd'autrui qui cause chez l'individu un arrêt du développement sentimental et social. Ainsi, ce sentiment transforme les espoirs de vie communautaire en un affreux cauchemar qui est accompagné d'un sentiment d'impuissance. A ce propos, le calife Ali (que le salut soit sur lui)
disait: Schnachter écrivait: "Chacun aime à fréquenter tout le monde et chacun espère être, dans la société, aimé, heureux et respecté par ses semblables, mais lorsque ce désir est inassouvi l'esprit s'imagine que fuire la compagnie des hommes est plus facile que de vivre avec eux. En fait, la vérité est toute autre, car si la fuite était la solution au mal, il n'en demeure pas moins que notre désir de fréquentation de nos semblables restera inassouvi. On voit que le problème n'est pas résolu. "Il existe des stades et des niveaux d'isolement et de repli sur soi qui peuvent aller jusqu'au point où l'homme abandonne ses amis, sa famille et le monde entier et qu'il s'isole, malheureux et triste. Heureusement que la plupart des gens asociaux n'atteignent ce stade dangereux de suspiscion, de scepticisme et d'isolement. "Nous avons connu un ingénieur qui avait suivi des études très
poussées, professeur accompli, mais qui se comportait avec les employés
sous ses ordres à l'usine avec sécheresse et brutalité. Il déjeunait tout
seul et ne discutait et fréquentait personne. Il ne souriait ni
plaisantait et ne permettait à personne de le critiquer. Nous savions tous
qu'il souffrait au fond de lui-même de son état et qu'il espérait pouvoir
discuter avec les autres, participer à leurs plaisanteries et les traiter
en amis ou, mieux encore, en frères!. Si nous avions à choisir un ami, dans nos moments de solitude, le
"livre" serait le choix judicieux, car il nous propose des sujets dignes
d'intérêts et d'attention et nous connaîtrons, grâce à lui, les oeuvres
des grandes figures du passé, porteuses d'un savoir étendu et de valeurs
authentiques. Par l'étude de ces oeuvres, le lecteur franchit, en un sens, les
limites du temps et profite du savoir de ces hommes exceptionnels qui ont
disparu aujourd'hui. En compulsant ces sons du passé que sont les livres
l'on découvre bien des vérités insoupçonnées. Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait: Il ajoutait: Un savant européen disait: "L'homme, par sa nature, fuit et craint l'isolement et veut toujours
côtoyer ses semblables et ses proches, comme s'il y avait un vide dans sa
vie qu'il faut combler et que des liens et des attaches le reliaient aux
autres, empêchant qu'il vive dans l'isolement. Nul doute, dès lors, que le
livre est le meilleur compagnons, car il nous transporte d'un
environnement plein de gens ordinaires à un monde de pensées et
d'imaginaire fantastique. Il nous permet d'entrer en contact avec les
grandes figures de l'histoire et de partager leur savoir. Pour Taylor. "Le livre est un guide pour les jeunes qu'il entraine vers le bien et la vertu, car la nature de ceux-ci est un mélange d'orgueil et d'ardeur, tandis qu'il est, pour les anciens, un divertissement qui les libère des chaines de la tristesse et du désespoir, car la vieillesse est l'étape de l'isolement et de la solitude dans la vie".33 L'étude de la vie de ceux qui ont amené de grands changements dans l'histoire de l'humanité nous permettra de mieux nous orienter dans la connaissance de la vie et nous offrira des modèles d'hommes dignes d'être suivis dans l'existence. Tout comme il est possible de connaître la moralité des gens en étudiant leurs amis et compagnons, de même le choix des livres qu'on lit et qui nous passionnent est révélateur de la pensée et de l'esprit de l'individu. Ainsi, si nous voulons être vigilants dans le choix des amis, pour
éviter tout lien ou relation dommageables, nous devons également faire un
choix pertinent de nos livres, car le livre n'est pas toujours digne
d'être lu et de combler avec profit notre temps libre. Beaucoup de ces
revues et de ces lectures n'ont aucun intérêt et peuvent même être
porteurs d'idées et de pensées empoisonnées, surtout lorsqu'ils sont
destinés à un lectorat disposé à tout admettre avec enthousiasme, sans
critiques ni discernement. Ce genre d'écrits peut causer bien des dommages
à la jeunesse et hypothéquer son avenir. Le plus souvent, nous nous aperçevons que les moyens de loisir sont,
pour une grande partie de la jeunesse, des livres de moralité douteuse.
C'est ainsi que, jour après jour, ces jeunes s'orientent vers les aspects
matérialitstes de la vie, car peu leur importe le contenu du livre du
point de vue pédagogique pourvu qu'il contienne des histoires d'amour à
profusion. Pour Raymond Page: "Les jeunes doivent faire attention à la qualité de ce qu'ils lisent,
car il est rare, aujourd'hui, que nous soyons confrontés à des pensées et
des idées nobles. Par contre, nous observons que les différentes revues
hebdomadaires et mensuelles factices et peu instructives sont la source
quasi-unique de lecture chez les jeunes. En conséquence, la lecture de livres dignes d'intérêt, parallèlement au fait qu'ils accordent au lecteur une meilleure vision du monde, peuvent ouvrir un nouveau chapitre dans la vie des hommes et font que leurs activités, leurs énergies et leurs efforts tendent à leur ouvrir une nouvelle voie qui améliorera et annoblira leur personalité. Ils sont nombreux ces individus qui ont acquis leurs force morales et spirituelles et leur connaissances par cette source intarissable que sont les livres, pour s'éiever vers les plus hauts honneurs. Pour Gass Hood: "Ma propention naturelle à lire des livres a sauvé le navire de ma vie,
durant ma jeunesse, et l'a empêché de couler au milieu des flôts de
l'ignorance et des pechés, tandis que rares sont ceux qui, comme moi,
privés de l'affection et de la surveillance des parents, ont réussi à
échapper aux vagues de l'obscurantisme et de l'errance. |