Chapitre XII


VEILLER A ENTRETENIR DE BONNES RELATIONS HUMAINES



La sérénité de l'âme dans la Compagnie d'autrui

Le sujet qui porte sur l'influence de l'environnement et du contexte social est un sujet important. Il fait l'objet d'études profondes de la part des moralistes. L'homme passe son existence en compagnie de ses semblables et dès lors est dans le besoin de vivre dans une société et une communauté humaine qui lui garantit un environnement convenable et nécessaire à sa nature et à son épanouissement. L'isolement, volontaire ou non, n'est pas un état qui convient à l'être humain. Cette situation le mène á vivre dans un esprit de repli dans un monde obscure.
Si l'homme ne se lie pas avec ses semblabes d'un lien d'amitié, le sentiment qui le dominera dans sa vie sera celui du vide, de l'anxiété et du désespoir.
D'un autre côté, tout comme le corps se nourrit d'aliments différents, de même l'esprit s'alimente par les liens qui se créent entre les hommes, qu'ils soient positifs ou négatifs.

Tous ceux qui choisissent une voie dans la vie s'y tiennent et veulent même pousser les gens à suivre ce chemin, créant ainsi un environnement humain qui convient à son épanouissement. Ainsi, l'homme tente, à travers les raisons et les arguments qui soutiendront ses projets et ses conceptions existentiels.
C'est ainsi que nous disons que notre bonheur futur est intiment lié à la vie en communauté et à ses limites, car le fait de tirer profit des relations bénéfiques qui nous unissent aux autres aujourd'hui sera utile à l'indépendance d'esprit demain. Nous devons comprendre le besoin spirituel de l'amitié pour ensuite tracer et exécuter nos plans sur la base des contingences de l'amitié.

Certains savants croient que l'imitation fait partie de la nature humaine, sans pour autant que cette attitude soit consciente. Ainsi, les différentes formes d'imitation prouvent que l'homme est influencé dans son comportement, ses sentiments et ses décisions, et même dans son jugement et ses opinions, Cette attitude est en rapport au modèle social que la communauté impose à tous ses membres ou que ceux-ci lui communiquent. Plus l'individu est d'une éducation élevée et d'une intelligence supérieure, plus sa liberté d'esprit sera influencée par la société qui l'abrite et sera soumise à l'influence psychologique des opinions de la majorité. Il est donc naturel que ceux qui souffrent de faiblesses psychologiques plus grandes soient plus vulnérables aux attitudes et opinions de ceux qui les entourent ou qui vivent dans leur proche voisinage.
Des psychologues affirment que l'imitation est le fait d'hommes qui, par ce comportement, cherchent le repos de l'âme et qui s'imaginent qu'ainsi ils seront agréés par leurs semblables ou que c'est à travers cette attitude qu'ils imitent que leurs modèles ont réussi.
Par exemple, imiter les héros ou, pour les enfants, imiter les grandes personnes, n'est que la conséquence de cette pensée. Cependant, les animaux eux-mêmes n'imitent que sous certaines conditions, comme pour accéder à l'object convoité.

Brown disait:

"Les êtres humains n'imitent que si cet acte les aide à atteindre des objectifs psychologiques. Autrement dit, il existe des motivations particulières liées à des forces obscures qui poussent l'homme à imiter et non pas parce qu'une force appelée imitation lui impose cela. Quand une vendeuse, comme Créo, compose des poêmes cela n'est pas dû à une force en elle qui l'y pousse à imiter les poètes, mais c'est parce qu'elle croît que cette manière d'agir est, en elle-même, une manière de vivre particulière".1

Si la compagnie des hommes est nécessaires à toutes les étapes de l'existence, elle représente néanmoins plus pour les jeunes gens qui ont clos l'enfance et rentrent de plein pied dans une vie plus réaliste et plus sociale. Ainsi, leur première préoccupation n'est pas tant de connaître les qualités de ceux qu'ils voudraient accompagner dans la vie que de se lier d'amitié avec tous les gens qu'ils croisent, selon des critères faux et subjectifs, sans rien connaître de leur moralité ou de leur sociabilité. Cette précipitation irraisonnée peut mener toute une jeunesse à l'avilissement et au déshonneur. Il convient, dès lors, de ne pas se voiler la face quant aux faiblesses et aux vices de ceux dont on aimerait qu'ils soient nos amis et quant à leur propension à fréquenter des gens qui leur ressemblent. Cela ne les aidera pas à s'amender et à se corriger si tel n'est pas leur intérêt.
Durant cette époque de l'existence qui est, pour l'individu, la plus sensible et la plus fragile, du point de vue psycgologique, sa personalité tend à être indépendante tandis que s'accorît son admiration pour les héros et les valeureux chevaliers, ce qui dénote chez lui un besoin d'orientation et de repères le poussant à imiter ces héros dans sa vie. Cependant que l'état de doute et de suspicion qui l'anime trouve sa source dans la faiblesse de sa force morale et mentale et dans sa quête d'indépendance.

Sachant que l'adolescent est dans un état de révolution et de choix et que son coeur est disposé à accepter toute chose avec naïveté et innocence, il devient évident alors le rôle que peut jouer, durant cette étape, un ami qui lui apporterait l'éducation et l'enseignement psychologique et sentimental adéquats. Ainsi, pour se préserver des déviations et des échecs, l'adolescent est appelé à fonder une amitié fructueuse et saine qui accompagnera un développement équilibré de sa personalité.

De la valeur de l'amitié

Nous devons, en ce qui concerne nos amis, nous appliquer à faire le bon choix en toute liberté et sans verser dans la sentimentalité, nous fixer une echelle de valeurs pour effectuer ce choix avec réalisme, pour connaître leurs poins faibles, leurs pensées et leurs opinions, leurs peines et leurs joies, afin de les découvrir tels qu'ils sont en réalité.
Nous pouvons découvrir beaucoup de qualités morales chez des individus qui ne laissent rien para ître, par l'amitié que nous leur portons et leur compagnie. Ceux-ci auront certainement, au fil du temps, une influence bénéfique sur notre personalité, changeant ainsi le cours de nos vies et nos manières d'être et de penser et renforçant notre volonté et nos résolutions. D'un autre côté, la négligence de cet aspect est une erreur qui peut coûter à l'individu son bonheur.

Owburry écrivait:

"Ce qui est étonnant vraiement c'est que lorsque nous voulons acheter un cheval nous nous attardons à connaître ses origines et ses exploits, mais agissons-nous de même dans le choix de nos amis? ou bien nos amis ont-ils moins d'importance pour nous qu'un cheval?
"Nous avons dit et nous le répétons que nous devons faires attention au choix de nos amis, car la plupart de nos malheurs sont le fait d'une mauvaise compagnie. Lorsque l'homme passe de l'enfance heureuse au monde réel, il aura affaire dans la société à différentes catégories d'hommes et, selon les hasards, il en côtoiera un certain nombre. C'est souvent alors qu'il tombera dans le déshonneur parce qu'il se sera lié à "ami" ou des amis indignes. Il se peut que ces gens vils n'aient aucune mauvaise intention à son égard, mais leur nature même empoisonne l'esprit de leurs compagnons et amis".2

La sensibilité et le sentimentalisme

Parmi les sujets importants qui touchent à la vie sociale, il est celui d'apprendre à vivre avec les gens et à les fréquenter. Nous ne trouverons jamais des personnes ayant les mêmes pensées, les mêmes sentiments ou les mêmes croyances et il est très rare que les gens parviennent à une unanimité, même sur les sujets les plus simples. Nous devons donc être conscients de cette réalité et, autant que possible, nous adapter et nous habituer aux différentes personalités et caractères pour pouvoir vivre paisiblement avec ces gens tout en tissant avec eux des liens et des relations empreintes de cordialité et d'honnêteté.
Il existe des gens qui n'ont pas une maturité sociale suffisante et qui ne sont pas faits pour co-exister avec leurs semblables, car ils sont susceptibles avec leurs amis et leurs proches, même s'ils les aiment, et ne leur pardonnent pas leurs erreurs ou leurs oublis, aussi involontaires et minimes soient-ils. Le moindre faux pas de leur part déclenche un sentiment de colère chez eux. Ne pouvant pardonner ou être conciliants, ils finissent par rompre tout lien, ignorants que la vie est co-existence, comme co-existent la nuit et le jour, la fleur et l'épine, le beau et le laid, l'un à côté de l'autre.

Dès le début de la vie sociale, le comportement de tout individu doit être régi par des convenances fondées sur des raisons et des motivations morales bien définies. L'homme doit savoir que la loi de la vie sociale nous apprend à accepter des choses qui ne nous satisfont pas, et même qui sont contraires à nos pensées et à nos opinions, et d'éviter de suivre les rêves et les illusions pour obtenir ce que l'on désire. Ainsi, l'art de vivre consiste à savoir changer ses prévisions, car la paix et l'amitié sont souvent à ce prix.
Nous devons donc connaître les gens tels qu'ils sont et non pas comme nous voudrions qu'ils soient. Cette capacité est liée au niveau de maturation morale, aux sentiments et à l'esprit de compréhension qui animent l'homme.

Ce serait une erreur de tout fonder sur nos illusions ou nos penchants. Malgré cela, beaucoup de gens s'abandonnent à leurs rêves et à leurs sentiments. Leur narcissisme est tellement grand qu'ils en perdent tout realisme et se font du mal à eux-mêmes. Tandis qu'une vision réaliste et des prévisions sensées et réfléchies sont plus reposantes pour l'âme.

Un docteur en psychologie, parlant de ses rêves irréalistes, raconte qu'"il voulait, durant la deuxième guerre mondiale, quitter sa ville pour une ville lointaine, mais chaque fois qu'il demandait un billet d'avion il ne l'obtenait pas. Les employés de l'aéroport lui disait: la priorité est aux besoins militaires. Il fut donc contraint de voyager en train, dans un wagon de troisième classe".

Le docteur ajoute: "Après m'être assis sur un siège inconfortable de troisième classe, pour quelques minutes, je me suis rendu compte qu'un voyage de plusieurs heures dans ces conditions serait pénible.

"J'ai alors analysé ma douleur et me suis dit:

est-ce que cette douleur est dûe aux conditions peu confortables du train? ou bien parce qu'ils n'ont pas montré de respect et d'estime à un psychologue honorable tel que moi et ne m'accordent pas de billet d'avion même à titre exceptionnel, m'évitant ainsi une perte de temps précieux et de pareilles conditions de voyage?
"Puis je me suis demandé: convient-il que j'ai une telle attente en temps de guerre? ou bien cette attente est-elle dûe à un égoïsme aveugle?

"J'ai alors immédiatement compris que cette attente était un besoin déplacé, car tandis que mes frères se trouvaient sous un déluge de feu, il est normal que leurs besoins aient la priorité absolue.
"Dès lors que les choses m'apparurent sous cet aspect et que je fus convaincu qu'il ne fallait pas nourrir de faux espoirs, je cessais de me plaindre du siège et j'ai terminé le voyage dans la lecture de certains livres et dans la discussion avec mes compagnons de voyage, dans la joie et la bonne humeur. Je ne me suis pas aperçu de la longueur du voyage, même si les sièges étaient toujours aussi douloureux et aussi inconfortables".

Ceux qui sont contents d'eux-mêmes, qui ne se rendent pas compte des réalités, peuvent se fixer des objectifs particuliers dans leurs relations avec autrui, utilisant chaque occasion, évènement ou relation pour assouvir leurs désirs égoïstes. 11s sont continuellement à la recherche d'amis qui leur seront matériellement utiles, alors que l'amitié ne doit pas reposer sur des objectifs personnels et égoïstes.
Ces gens ne se lient pas d'amitié avec ceux qui ont d'honnêtes intentions et d'honorables sentiments et qui ne visent aucun intérêt matériel. Ainsi, leurs amitiés avec les gens demeurera tant qu'ils tireront les bénéfices escomptés, mais dès lors qu'ils ne réalisent pas leurs attentes et qu'ils s'aperçoivent que cette amitié ne tourne pas dans la direction qu'ils espéraient, une certaine froideur et lassitude remplace la relation chaleureuse qui prévalait avant qu'ils ne rompent définitivement leur relation.
Lorsque le pêché et l'instabilité dominent dans tous les domaines de la vie sociale, il est donc naturel que le voile se soulève et qu'apparaisse progressivement cette réalité. C'est alors que les hommes de bien découvriront le vrai visage de ces amis hypocrites et feront tout pour les repousser de leur vie, comme le commerçant repousse les faux billets de banque.

Emerson disait:

"Nous savons comment nous sommes dans la réalité; les gens croient que leurs qualités et faiblesses apparaissent à travers leurs actions, sans savoir que les qualités et les faiblesses sont visibles à tout moment et en toute occasion.
"Il y a une harmonie spéciale dans toute action de l'homme, quelle que soit l'action et quel que soit l'homme, de sorte que toute action est naturelle à son heure et en son lieu. Les actions qui sont le fait d'une volonté unique sont en réalité concluantes, même si elles sont apparemment divergentes.
Lorsqu'on y réfléchit bien et en prenant de la distance, nous découvrirons que dans le domaine de l'esprit ces actions, bien distinctes, ont un dénominateur moral commun. Ainsi, le cheminement du navire, tel qu'il apparait, nous semble sinueux alors qu'ils est, en réalité et vue de loin, rectiligne et logique".3

Du danger des mauvaises fréquentations

L'homme peut, de manière générale, choisir une des deux voies. L'une est de se soumettre aux forces naturelles de son corps et d'enchaîner son esprit aux désirs et aux tentations de l'âme. L'autre est de répondre à l'appel de l'être et à ses aspirations divines et d'obéir à ses orientatiors profondes et sublimes. Par là, l'homme prendra conscience de la valeur de son être.
L'homme est soumis à deux forces contraires qui tentent chacune de le tirer vers elle. Ce sont celles des deux pôles: l'un positif (qualités) et l'autre négatif (vilénies). Il doit ainsi prendre conscience de la grande tâche dont il a été investi et se choisir la voie qui lui convient en rapport avec ses qualités et son caractère d'être humain. Il doit donc emprunter des chemins qui sont plus sereins pour qu'il puisse réaliser les nobles objectifs humains.
Ce choix continuel et quotidien durera jusqu'à la mort de l'homme. Il devra profiter de chaque occasion pour élever sa position et éviter de régresser et de perdre son âme. L'important, compte tenu de la briéveté de la vie, est que l'homme songe à acquérir, durant cette courte vie, un capital qui lui sera compté dans l'autre monde. Nul doute que s'il arrive à dominer les désirs bas et avilissants et s'il dompte ses penchants, il pourra alors se doter d'un capital valeur qui lui ouvrira les portes de la vie éternelle.

L'Islam tente de ramener un peu d'ordre et de concentration dans la raison humaine en conseillant le discernement dans le choix des amis et des compagnons, la discipline dans l'action et la prise de décision et la réflexion en toute chose, pour que l'homme puisse accéder aux niveaux les plus nobles et réaliser ainsi la plénitude totale qui n'a aucun équivalent matériel.
La fréquentation de gens qui respectent les valeurs morales et humaines est une occasion inespérée de développer les potentialités spirituelles de l'homme. Le champ de la pensée s'élargit à leur contact et l'amour du bien et de l'honneur se développe dans les coeurs. De même, l'homme prend connaissance de ses faiblesses propres et peut espérer son redressement en observant les hommes de qualité. Par cette comparaison, il échappera progressivement à l'influence néfaste des mauvais penchants et accédera au discernement.

L'attention portée aux caractéristiques spirituelles des amis que l'on se donne n'est pas un thème nouveau pour la psychologie moderne. Le besoin de connaître l'esprit de ceux que l'homme se choisit en tant qu'amis est une question qui a été rapportée dans les textes islamiques. Ainsi, la psychologie moderne est appelée à prendre en compte ces exhortations avec respect et considération et à rappeler ces conseils et ces orientations pleines de sagesse.

Al-Nouri rapport que le Prophète (que le salut soit sur lui) disait:
"L'homme est tributaire du comportement de ses amis. Alors, que chacun d'entre vous y prenne garde".4

Ali (que le salut soit sur lui) conseillait à chacun de se surveiller et de ne pas se lier avec les pêcheurs et malfaiteurs, car l'esprit est très influençable". Il disait:
"N'accompagnez pas l'homme de mal, car votre nature imitera la sienne sans que vous ne vous en aperceviez".5

Le docteur carrel disait lui:

"Les phènomènes psychiques de chaque individu se définissent, pour une grande part, selon son environnement psychologique. Si son environnement est pauvre, ni ses qualités ni ses sentiments ne se développeront, et si son environnemrnt est mauvais, il influera sur ses activités. Nous réagissons dans le milieu social comme réagissent les cellules dans le corps, dans l'interdépendance. Comme elles, nous ne pouvons demeurer à l'abri des influences des évènements qui affectent notre environnement.
"Le corps humain est mieux immunisé contre les corps étrangers que ne l'est l'esprit humain des influences pathogènes, car le corps est entouré d'un épiderme qui le protège des attaques des agents chimiques et physiques de la nature, tandis que le psyché est ouvert à touts les vents. L'esprit de l'homme est ainsi exposé aux pressions incessantes des différents éléments d'ordre psychologique et moral, se développant dès lors suivant la nature et la force de ces éléments.

"Il est pratiquement impossible que l'homme défend son esprit contre les effets de l'environnement et du social, car tout le monde, sans exception, est influencé par ses semblables. Si l'homme vit, depuis son enfance, avec les criminels et les ignorants, il reste un être ignorant et aura un comportement criminel".6

Au sujet de l'imitation, les psychologues ont effectué plusieurs expériences dont les résultats ont donné lieu à des constatations étonnantes:

"Au Printemps 1953, ils ont présenté un échantillon de cent hommes qui se sont présentés à des postes de responsabilité et de direction. Ils les ont mis à l'épreuve pour déterminer leur capacité intellectuelle, à l'Institut de Psychologie de l'Université de Californie, pendant trois jours. Le troisième jour a été réservé à l'estimation précise du niveau d'influence sur la personalité exercée par autrui et particulièrement par la raison collective. Cet échantillon fut divisé en deux groupes de cinquante personnes chacun, cinquante hommes ont été testés par cinquante autres qui les surveillaient et observaient. Ensuite, les hommes soumis au test furent partagés en petits groupes de cinq individus chacun. En face de chaque individu se trouvait un appareil qui donnait la réponse du candidat. Toutefois, la réponse rapportée sur les fiches de cet appareil étaient dépendantes de la volonté des examinateurs et non de celle des intéressés. En réalité, les examinateurs trompaient sciemment ceux qu'ils testaient par des réponses sensées être celles de la majorité; une majorité fictive en réalité, alors que les personnes testées croyaient que ce qui apparaissait sur l'écran de l'appareil représentait vraiment l'opinion de la majorité de leurs camarades. Et c'est ainsi que, en général, ils reprenaient leurs réponses de manière automatique et irréfléchie. C'est ainsi que quatre vingt dix pour cent d'entre eux ont été influencés par des réponses fausses et illogiques qui étaient celles d'une majorité fictive et qui tendaient à résoudre un problème mathématique".7

L'orientation des pêcheurs

Il convient d'observer que si l'objectif de l'amitié portée aux pêcheurs et hommes entâchés par la vilénie est de les orienter et de les sauver du déshonneur et du désespoir, alors le but est noble et digne de respect et l'Islam appelle à ce que les musulmans fournissent les moyens de s'en sortir à ceux qui ont outrepassé les limites de la vertu et de la moralité, en les conseillant et en les orientant vers le bien.
Il est naturel que l'exhortation du pêcheur adopt une méthode particulière, car la critique ne donnera le résultat escompté que si elle est faite avec tact et si elle est désintéressée. Certes, dans la plupart des cas, cette méthode s'avère efficace et peut même amener des transformations radicales chez le sujet en lui faisant prendre conscience de la nécessité de s'élever à un niveau humain plus honorable et plus vertueux et on pourra dire que la vertu et l'amitié auront rempli leurs rôles de manière satisfaisante.

L'Imam Al-Sâdiq (que le salut soit sur lui) disait:
"Celui qui voit son frère agir en mal et qui ne l'en empêche pas, alors qu'il le peut, l'aura trahi".8

Les anciens disaient pour leur part: le conseil est amer. Ceci est vrai. Ainsi, la personne qui donne le conseil doit s'exprimer avec retenue et tact, montrer du doigt les faiblesses et les négligences morales de ses interlocuteurs de manière appropriée. Il doit leur faire comprendre, avec des mots d'amitié et de considération, que la voie qu'ils ont emprunté ne peut les mener qu'à leur perte.

Il devra donc acquérir la confiance et le respect de son ami et l'amener à adopter son opinion, loin du regard des étrangers.
Cependant, il peut arriver qu'un ami ignorant conseille une personne et que cela entraîne des résultats contraires, tandis que le sage, même s'il est peu vertueux, donnera des conseils si intelligents et empreints de tant de discernement que les conséquences ne peuvent qu'être bénéfiques.

Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:

"Ton conseil au milieu des gens est perdu d'avance".9

Pour Daryl Carnegie:

"Si vous voulez prouver quelque chose, alors agissez avec prudence et talent, de sorte que personne ne devine ce que vous visez par vos paroles. Agissez selon le conseil du poète qui disait : Soyez des éducateurs sans que personne ne s'en aperçoive. Rares sont les hommes qui ont la capacité de discerner et de juger de manière correcte et juste; la plupart d'entre nous sommes tendancieux et entêtés. Nos raisons sont enveloppées dans un voile noir de soupçons et de jalousie, de crainte, d'envie et d'orgueil. Si vous voulez humilier quelqu'un par ses erreurs, alors recherchez leur cause.

"Si nous nous trompons et admettons nos propres erreurs avec facilité, alors nous pouvons, si nous sommes suffisamment habiles, amener les déviants à reconnaître leurs fautes par des mots gentils et aimables.
"Il est évident que nous pouvons nous onorgueillir de la justesse de notre autocritique et de notre courage à reconnaître nos erreurs, mais il est moins évident que d'autres puissent nous amener à reconnaître ce qui nous déplait".10

Le onzième Imam (que le salut soit sur lui) disait:;
"Celui qui conseille secrètement son frère l'a séduit et celui qui le harangue publiquement l'a desservi".11

D'autre part, si l'un d'entre nous est éprouvé par le pêché et qu'un ami veuille nous sauver de la déchéance par des conseils, il convient que nous acceptions ces conseils d'ami avec générosité et intérêt pour tenter de réparer nos erreurs.

Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait à cet égard:
"Ton conseiller a pitié de toi et te veux du bien; il espère pour toi et tente de corriger tes erreurs. Ton salut passe par l'obéissance à ses conseils et ta perte par ton refus d'en tenir compte".12

Ainsi, chaque fois que l'homme s'empresse de se purifier, dès qu'il s'aperçoit de ses pêchés" il en tirera bénéfices et avantages, car tout retard ou négligence n'améneront que douleurs et désespoir.

La critique des proches n'est pas seulement bénéfique pour l'amendement de soi, mais même celle des ennemis peut entraîner des résultats satisfaisants pour les hommes comme le disait le calife Ali:
"L'ennemi peut être plus bénéfique que l'ami, car il montre à l'homme les faiblesses à éviter".13

Un philosophe américain écrivait:

"Certains grands personaages quand ils s'appuisent sur la gloire et la puissance sont hypnotisés par celles-ci, mais dès lors qu'ils sont frappés par le malheur ou la défaite ils s'en vont tirer les leçons de l'échec en remettant en cause leur moi et leur humanité. Ainsi, ils accèdent à la vérité éblouissante qui leur fait connaître leur ignorance et les libère de l'érrement en leur indiquant la voie de la droiture et de la connaissance.
"Le sage peut s'entendre avec ses ennemis et ses détracteurs, car l'analyse de ses points faibles va le servir davantage, de même que les blessures qu'ils auront pu lui causer se cicatriseront rapidement pour desparaître et lorsque ses ennemis penseront être prêts du but, il l'au déjà atteint.

"La critique est plus salutaire du point de vue des résultats et des effets que la flagornerie et c'est pour cette raison que je porte plus d'intérêt à un journal qui me critique et me parle avec franchise, me donnant ainsi des raisons d'être content de ma réussite, plutôt que de m'abreuver de paroles mielleuses et hypocrites qui me desservent auprès de mes ennemis.
"De manière générale, tout malheur qui ne détruit pas nous est bénéfique. Tout comme les habitants des Iles Sandwich qui lorsqu'ils tuent leurs ennemis croient capter les forces qui les habitent, nous devons, pour notre part, croire que la force de nos ennemis sera la nôtre en fin de compte".14

L'amitié la plus désastreuse est celle des ignorants et des imbéciles car elle se traduit par le malheur de celui qui cultive ce genre d'amitié. Le danger et les dommages qui peuvent affecter l'individu à cause de l'ignorance de l'ami sont plus grandes que les dangers encourus face à l'ennemi, car l'ami du fait de la confiance qu'on lui accorde ne représente pas, à nos yeux, un sujet de préoccupations ou une source de dangers et peut, dès lors, nous causer la surprise la plus amère et les torts les plus grands sans qu'on puisse faire marche arrière, alors que devant notre ennemi nous sommes toujours avertis et prêts à faire face.
Une connaissance incomplète doublée d'une volonté de faire le bien peut amener un ami à connaître des erreurs et donner des conseils qui ne causeront que tracas et malheurs, sans volonté de les causer.

A cet égard, le dévouement et la loyauté dans les relations individuelles ne suffisent pas à faire le tri des amis; il conviendrait plutôt d'évaluer, selon notre connaissance, leurs qualités et vertus qui sont, en vérité, plus importantes qu'autre chose. Ainsi, ceux qui refusent de se lier d'amitié avec les imbéciles peuvent être considérés comme des gens de grande sagesse. Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Ne fréquentez pas les gens de peu de raison".15

L'lmam Al-Bâqer nous a décrit les individus indésirables qui ne méritent ni l'amitié ni la fréquentation et nous avertit des conséquences à nouer de tels liens avec les gens de cette espèce;

"Ne côtoie pas les quagenres d'individus suivants; l'idiot, l'avare, le lâche et le menteur. L'idiot voudrait t'aider mais te nuira; l'avare voudra te prendre sans te donner; le lâche te fuiera et fuiera ses parents enfin le menteur promet mais ne dit jamais vrai".16

L'intellect faible et le manque de clairvoyance quant aux conséquences des actes entraî nent l'homme à sa perte et, finalement, à son malheur. Nous avons vu plusieurs personnes qui ont dévié de la bonne voie, sur les instigations de leurs amis qui voulaient qu'ils leur ressemblent et partagent leurs crimes, pour que ces gens de bien à l'origine participent avec eux aux oeuvres malfaisantes et gâchent à jamais leur bonheur.
Ces gens de caractère faible se rendent compte qu'ils sont entra î nés par leurs amis sur des chemins dangereux, mais ils ont peur d'être accusé d'indécision et de lâcheté. Pour repousser cette accusation, ils se soumettent à la volonté de ces soit disant amis et à leurs requêtes, sans aucune résistance. En fin de compte, le résultat sera invariablement le même: une errance dans les ténèbres et une existence vouée au mal.
Le jour viendra où ils s'aperçevront de leurs erreurs, en imitant aveuglément de faux amis, sans réfléchir aux conséquences. mais, malheureusement, ce réveil et cette prise de conscience se feront après avoir perdu de longues années et gaspillé leur existence à se fourvoyer. Cette période d'inconscience peut durer jusqu'à la fin de la vie de l'homme, sans qu'il puisse sortir du désespir et du malheur où il s'est plongé.

Le Coran rapporte les paroles suivantes de celui qui se rend compte de son erreur au jour du Jugement Dernier:
"Malheur de moi! Hélas! Si je n'avais pas pris un tel pour ami!".17

L'Emir des Croyants Ali (que le salut soit sur lui) nous fait découvrir une catégorie de gens qui est indigne de fréquentation et d'amitié et dont il faut se méfier:
"Ne fréquente point les adeptes de la vie d'ici-bas, car si tu faiblit ils t'abandonneront et si tu dit ils t'envieront".18

Il ajoutait:
"Ne fréquente pas celui qui se souvient de tes défauts et oublie tes qualités".19

Et encore;
"Ne fraternise pas avec qui cache tes qualités et crie tes défauts".20

Puis:
"Ne fréquente pas le flagorneur qui embellit ses actes et voudrait que tu sois à son image".21

Enfin:
"Celui qui ne t'aime pas pour toi-même sera pour toi une calamité".22

La réserve et la prudence en amitié

Les sages et les prévenants sont ceux qui respectent les limites de l'amitié et son équilibre et qui font preuve de réserve et de prudence. L'excès dans l'amitié et la transgression de ses limites et de la convenance ne peuvent qu'entraîner à des conséquences désastreuses et regrettables, car les liens et les sentiments d'amitié ne résistent pas a toutes les épreuves. Certains évènements ou conflits d'intérêts peuvent amener l'émergence d'une différence de raisonnement dans la relation qu'entretiennent les deux parties, c'est-à-dire à une tension qui ébranlera l'amitié et troublera son cours.
Il est arrivé, à plusieurs occasions, qu'une amitié réputée solide et durable s'est transformée en une inimitié vivace et profonde. Du fait qu'une personne connaisse de son ami tous ses points faibles et ses travers, tout acte déplacé n'en aura que plus d'effets, surtout quand cela survient à l'improviste et de manière inattendue pour cet ami.

Cependant, les relations basées sur l'équilibre et la modération sont, généralement, les plus durables et les moins exposées aux turbulences. Au vu de ces aspects, l'Imam Al-Sâdiq a prévenu les gens de ne pas dépasser les limites de l'amitié au point de divulguer des secrets personnels:
"Que ton ami ne sache pas tes secrets que ce que pourrait connaître un ennemi, sans pouvoir te nuire, car l'ami peut devenir un ennemi".23

Un savant occidental disait:

"Si nous dépassons cette étape, se posera la manière de côtoyer et de se lier d'amitié avec les gens. Beaucoup de gens continuent d'être anxieux et troublés. Ils déclarent leurs secrets les plus intimes à leurs amis et dès que le lien d'amitié se rompte apparait alors l'inimité qui utilisera les armes que sont les secrets échangés.
"D'autres se trompent d'une manière différente. Ils ne cessent de faire preuve d'animosité à l'égard de leurs ennemis et, lorsque les images de la colère et des ressentiments se dissipent après un certain temps, ils regrettent amèrement leurs actes et leurs paroles".24

Nous devons, à cet égard, agir conformément aux dires de l'lmam Ali (que le salut soit sur lui) qui conseillait:
"Aime ton ami comme s'il ne devait jamais faire l'objet de ta colère un jour et réprouve avec retenue celui qui te hait car il se peut qu'il devienne un jour ton ami".25

L'hypocrisie et la droiture

Vous avez peu fait face, dans la société, à des gens qui acceptent et s'adaptent à tout le monde, avec chaleur et passion, mais qui, en réalité, tentent ainsi d'attirer l'attention d'autrui et de se grandir aux yeux de leurs semblables. Leur coeur est vide de tout sentiment et ils cachent leur véritable visage sous un masque d'amour et d'affection. Leur attitude est celle des flagorneurs qui font montre d'une dignité feinte et qui croient que l'hypocrisie est un moyen qui leur permettra, selon le contexte et la nécessité de l'heure, d'accéder par la tromperie et la ruse aux range les plus élevés dans la société.
Cela se remarque dans tous leurs comportements, actes et pensées, car ils oublient que les vertus de l'esprit et de l'âme ont plus d'importance que l'opinion toute subjective des hommes.
Lorsqu'on s'aperçoit finalement que toutes les actions qu'entreprennent ces gens sont destinées à assouvir des besoins égoïstes et individuels, au lieu de satisfaire la conscience et l'âme, alors l'on comprend toute l'hypocrisie de ces gens et leur fausseté.

Les opinions d'autrui n'ont pas d'importance telle qu'elle puisse influencer la vie de l'homme et son bonheur. Nous ne devons pas prêter une attention excessive à ces opinions et sentiments, exprimés par d'autres, nous devons avec raison et lucidité comprendre que les déterminants du bonheur sont dans la conscience même de l'homme, non dans les avis des autres. si une attention trop excessive est accordée au regard et à l'opinion d'autrui, l'homme deviendra dès lors leur captif et leur esclave, dépendant de leur humeur versatile.
Il faut dire que les jugements des uns par rapport aux autres sont le plus souvent fondés sur des intérêts personnels tendancieux, changeant avec le contexte et les évènements. Nous devons toujours nous rappeler cette réalité pour évaluer à leur juste mesure les jugements des hommes.
En conséquence, si l'homme devait choisir dans la vie une voie juste, réprouvée par autrui, acceptant de devenir l'objet de critiques injustifiées pour son choix judicieux, il ne devra jamais s'en affecter outre mesure.

A ce sujet, le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Que ne te blesse pas ce que disent les gens de toi, car si cela est vrai ce serait un pêché qui serait trés vite puni et sinon ce serait un bienfait que tu n'aurais pas accompli".26

Pour Bertrand Russell:

"La crainte des jugements portés par autrui-comme toutes les craintes-empêche le développement et le progrès de l'être humain. Tant que cette crainte durera, la réussite et l'ascension sociale deviennent chose très difficile à réaliser. Il est même impossible, dans ce cas, que l'homme ait une indépendance d'esprit et d'âme dont dépend le vrai bonheur, car la condition essentielle du bonheur repose sur notre manière de vivre et sur nos propres motivations et n'est pas liée aux désirs et motivations égoistes et personnelles d'autrui".27

William John riley écrivait à ce sujet:

"Nul n'est moins doué d'esprit et de personalité que ces hommes pleins de suffisance et qui ne sont, en réalité, que des gens habités par le doute et l'incertitude. Ils pensent sans arrêt à ce que pensent les autres à leur sujet et sont toujours prêts à agir selon le voeu d'autrui.
"Ces individus sacrifient, en vérité, leur personalité et leur volonté aux penchants des autres. si vous consentez à être sous l'influence et la domination des autres, vous n'aurez plus le courage de rien entreprendre et ne connaîtrez ni réussite ni bonheur.
"Il est évident que ces propos ne signifient pas qu'il faille fermer les yeux sur les propositions sensées et bénéfiques et qu'on n'en profite pas, mais il faut que l'homme fasse son bénéfice des propositions et opinions qu'il croît dignes d'intérêt et amenant à des solutions raisonables et qu'il agisse en conséquence. Autrement, si vous suivez les désirs des autres sans discernement, vous entrerez alors dans un cercle vicieux dans vos relations sociales. Soyez donc fermes sur les idées auxquelles vous croyez et qui vous paraissent dignes d'intérête, ainsi vous parviendrez à la sérénité et garderez intactes vos forces morales.

"La soumission aux désirs et décisions d'autrui produit un changement dans vos penchants réels et dans vos pensées louables. Elle vous subtilise votre liberté et votre indépendance individuelles et vous enléve toute personalité et volonté, au sens réel du terme. Vous ne pouvez plus dès lors être vous même, car lorsque vous perdez votre liberté de penser vous avez alors tout perdu.
"La raison collective, l'opinion publique, la situation et le contexte général sont changeants et versatiles au point d'être contradictoires. Plus vous recherchez l'accord de l'opinion publique, moins vous aurez de résultats concrets et plus vous résistez aux pressions et aux opinions, plus cette opinion publique se rangera à votre opinion. Il est dans la nature humaine qu'on rende hommage à l'homme courageux et téméraire qui ose prendre des décisions et qui a une volonté de fer".28

L'isolement et le repli sur soi

Les raisons de l'isolement de l'homme et de son repli sur soi, évitant le rapport aux autres, résident en fait dans l'apparition d'un sentiment de culpabilisation'd'autrui qui cause chez l'individu un arrêt du développement sentimental et social. Ainsi, ce sentiment transforme les espoirs de vie communautaire en un affreux cauchemar qui est accompagné d'un sentiment d'impuissance.

A ce propos, le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Celui qui n'a que suspiscion, craindra la présence de tout le monde".29

Schnachter écrivait:

"Chacun aime à fréquenter tout le monde et chacun espère être, dans la société, aimé, heureux et respecté par ses semblables, mais lorsque ce désir est inassouvi l'esprit s'imagine que fuire la compagnie des hommes est plus facile que de vivre avec eux. En fait, la vérité est toute autre, car si la fuite était la solution au mal, il n'en demeure pas moins que notre désir de fréquentation de nos semblables restera inassouvi. On voit que le problème n'est pas résolu. "Il existe des stades et des niveaux d'isolement et de repli sur soi qui peuvent aller jusqu'au point où l'homme abandonne ses amis, sa famille et le monde entier et qu'il s'isole, malheureux et triste. Heureusement que la plupart des gens asociaux n'atteignent ce stade dangereux de suspiscion, de scepticisme et d'isolement.

"Nous avons connu un ingénieur qui avait suivi des études très poussées, professeur accompli, mais qui se comportait avec les employés sous ses ordres à l'usine avec sécheresse et brutalité. Il déjeunait tout seul et ne discutait et fréquentait personne. Il ne souriait ni plaisantait et ne permettait à personne de le critiquer. Nous savions tous qu'il souffrait au fond de lui-même de son état et qu'il espérait pouvoir discuter avec les autres, participer à leurs plaisanteries et les traiter en amis ou, mieux encore, en frères!.
"Lorsque le psychologue le reçut et analysa son état et sa situation, il sut que cet homme doutait-inconsciemment-de l'obéissance de ses ouvriers et s'imaginait qu'ils le croyaient indigne d'être leur chef et donc il devait les traiter avec dureté et brutalité".30

Le livre: un ami inestimable

Si nous avions à choisir un ami, dans nos moments de solitude, le "livre" serait le choix judicieux, car il nous propose des sujets dignes d'intérêts et d'attention et nous connaîtrons, grâce à lui, les oeuvres des grandes figures du passé, porteuses d'un savoir étendu et de valeurs authentiques.
Les progrés et développements fantastiques qu'a réalisé l'homme dans les différents domaines du savoir et des arts ne sont pas le résultat d'un sursaut soudain; ils sont la consequence des expériences accumulées au fil des siècles et sont passées aux générations successives à travers les livres et les écrits. Bien que les penseurs eux-mêmes aient disparu depuis des lustres, leurs pensées et leurs oeuvres ont été préservées dans les "livres".

Par l'étude de ces oeuvres, le lecteur franchit, en un sens, les limites du temps et profite du savoir de ces hommes exceptionnels qui ont disparu aujourd'hui. En compulsant ces sons du passé que sont les livres l'on découvre bien des vérités insoupçonnées.
L'un des avantages qu'offre l'étude des oeuvres des hommes de culture et de savoir, c'est que tout le monde-riches ou pauvres-peut rencontrer ces personages illustres et passer le temps qu'il veut à la connaissance des hommes qui ont marqué l'histoire humaine. Par la lecture, nous pouvons sauver nos âmes des affres de la solitude.

Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Celui qui prend plaisir aux livres peut se passer des autres loisirs".31

Il ajoutait:
"Celui qui recherche le savoir ne craint pas l'isolement".32

Un savant européen disait:

"L'homme, par sa nature, fuit et craint l'isolement et veut toujours côtoyer ses semblables et ses proches, comme s'il y avait un vide dans sa vie qu'il faut combler et que des liens et des attaches le reliaient aux autres, empêchant qu'il vive dans l'isolement. Nul doute, dès lors, que le livre est le meilleur compagnons, car il nous transporte d'un environnement plein de gens ordinaires à un monde de pensées et d'imaginaire fantastique. Il nous permet d'entrer en contact avec les grandes figures de l'histoire et de partager leur savoir.
"Ainsi, nul compagnon et soutien aux jours de solitude n'est plus approprié et plus fidèle que le livre, car la compagnie des hommes de ce monde n'est pas exempte de dangers du fait qu'ils tentent parfois de nous entrainer à suivre leurs désirs et leurs penchants peu avouables. Ils nous poussent donc vers le gouffre des pêchés alors que le livre nous conseille, tel un vieux sage expérimenté qui, par ses propos, éloigne l'influence des désirs néfastes de notre esprit".

Pour Taylor.

"Le livre est un guide pour les jeunes qu'il entraine vers le bien et la vertu, car la nature de ceux-ci est un mélange d'orgueil et d'ardeur, tandis qu'il est, pour les anciens, un divertissement qui les libère des chaines de la tristesse et du désespoir, car la vieillesse est l'étape de l'isolement et de la solitude dans la vie".33

L'étude de la vie de ceux qui ont amené de grands changements dans l'histoire de l'humanité nous permettra de mieux nous orienter dans la connaissance de la vie et nous offrira des modèles d'hommes dignes d'être suivis dans l'existence. Tout comme il est possible de connaître la moralité des gens en étudiant leurs amis et compagnons, de même le choix des livres qu'on lit et qui nous passionnent est révélateur de la pensée et de l'esprit de l'individu.

Ainsi, si nous voulons être vigilants dans le choix des amis, pour éviter tout lien ou relation dommageables, nous devons également faire un choix pertinent de nos livres, car le livre n'est pas toujours digne d'être lu et de combler avec profit notre temps libre. Beaucoup de ces revues et de ces lectures n'ont aucun intérêt et peuvent même être porteurs d'idées et de pensées empoisonnées, surtout lorsqu'ils sont destinés à un lectorat disposé à tout admettre avec enthousiasme, sans critiques ni discernement. Ce genre d'écrits peut causer bien des dommages à la jeunesse et hypothéquer son avenir.
Il est regrettable qu'à notre époque on diffuse de tels livres, vides de tout sens et de nature tendancieuse, dont les effets pervers sont manifestes et l'influence très dommageable pour les jeunes, en particulier. Ces livres sont comme ces brigands qui se cachent pour ravir les coeurs des jeunes et leur esprit, s'empressant de détruire les valeurs humaines et saper les fondements de la foi chez les jeunes qui pratiquent ce genre de lecture.

Le plus souvent, nous nous aperçevons que les moyens de loisir sont, pour une grande partie de la jeunesse, des livres de moralité douteuse. C'est ainsi que, jour après jour, ces jeunes s'orientent vers les aspects matérialitstes de la vie, car peu leur importe le contenu du livre du point de vue pédagogique pourvu qu'il contienne des histoires d'amour à profusion.
Il est donc évident que lorsque le choix des livres ne se fait pas sur la base de l'étude et de l'observation clairvoyantes et objectives et que le seul but recherché est le plaisir, la lecture sera dès lors le prélude d'une vie d'errance, de vilénie et de dispersion des énergies.

Pour Raymond Page:

"Les jeunes doivent faire attention à la qualité de ce qu'ils lisent, car il est rare, aujourd'hui, que nous soyons confrontés à des pensées et des idées nobles. Par contre, nous observons que les différentes revues hebdomadaires et mensuelles factices et peu instructives sont la source quasi-unique de lecture chez les jeunes.
"Lorsque les adolescents et les adolescentes choisissent les livres dont le contenu n'a aucune consistance, c'est alors que, progressivement, ils perdent tout désir de connaître ce qui est plus instructif et plus noble, car ces livres éveillent en eux des sentiments de haine et d'incompréhension et les rapprochent d'une situation qui ménera en fin de compte à la déchéance morale. Ces livres affaiblissent la volonté de leurs lecteurs et les habituent à un manque de sérieux dans la réflexion. Autrement dit, ils modifient la vie psychologique chez le lecteur en une vie vile et sans raison".34

En conséquence, la lecture de livres dignes d'intérêt, parallèlement au fait qu'ils accordent au lecteur une meilleure vision du monde, peuvent ouvrir un nouveau chapitre dans la vie des hommes et font que leurs activités, leurs énergies et leurs efforts tendent à leur ouvrir une nouvelle voie qui améliorera et annoblira leur personalité. Ils sont nombreux ces individus qui ont acquis leurs force morales et spirituelles et leur connaissances par cette source intarissable que sont les livres, pour s'éiever vers les plus hauts honneurs.

Pour Gass Hood:

"Ma propention naturelle à lire des livres a sauvé le navire de ma vie, durant ma jeunesse, et l'a empêché de couler au milieu des flôts de l'ignorance et des pechés, tandis que rares sont ceux qui, comme moi, privés de l'affection et de la surveillance des parents, ont réussi à échapper aux vagues de l'obscurantisme et de l'errance.
"Des livres m'ont empêché de sombrer dans les vices du jeu, de l'alcool et de la fréquentation des milieux troubles. Certes, celui qui trouve la bonne voie grâce à l'enseignement des gens illustres n'acceptera jamais de vivre en compagnie des hommes de mal, des pêcheurs et de la mauvaise engeance".35