Chapitre XIII


LA CONFIANCE EN SOI ET L'AMOUR DE LAVERITE



Le succès dans la vie: un droit pour l'homme

Les progrès et développements réalisés par l'homme dans tous les domaines scientifique, culturel, artistique ou économique, ainsi que la réussite que symbolise les grandes figures de l'histoire n'ont pu se faire que grâce à la confiance en soi et une activité soutenue, car nul ne peut accéder aux plus hautes marches du triomphe sans ces qualités.
Notre foi dans le succès nous permet d'atteindre nos objectifs. C'est la condition sine qua non de la réussite, car toute action qu'entreprend l'homme n'est que la résultante de sa volonté et de sa profonde conviction en ses idées et ses projets. Si son assurance et sa confiance étaient ébranlées, alors toute son activité demeurerait infructueuse.

Il ne faut jamais confiner nos pensées dans les limites, grandes ou petites, de nos actions, quelles qu'elles soient, mais, nonobstant son importance, nous devons poursuivre toute action avec une grande confiance en soi, persévérance et honnêteté jusqu'à son achèvement. Dans toutes les sociétés, il existe des individus qui se sont fait eux-Mêmes, en puisant dans leurs qualités morales et spirituelles pour le plus grand bien de l'humanité, réalisant les objectifs humains les plus nobles, car plus les principes humains sont pris en compte, plus notre action est positive et fructueuse. La mise en pratique des principes humains, dans le contexte adéquat, a rendu célèbres bien des hommes et conduit à leurs réussite tout au long de leur existence.
Le manque de confiance en soi et la faiblesse de l'esprit sont les causes principales de l'apathie et du manque de dynamisme et ceux qui doutent de leur volonté et de leurs actes et comptent sur les autres pour réaliser leur bonheur matériel et moral, attendant et espérant leur aide, verront les portes de la réussite se fermer devant eux.
Dès que le manque de confiance en soi et que le doute dans la capacité à entreprendre quoi que ce soit s'installent dans l'esprit, dès lors rien ne réussira et aucun espoir de succès ne sera permis.

Nombreuses sont les dispositions naturelles qui n'ont pas été exploitées du fait du manque de confiance en soi. Nombreux sont les rêves et les espoirs grandioses et ambitieux qui sont restés enfouis et sans lendemain par manque de foi. Car l'on oublie souvent que même si les capacités ne sont pas énormes, dès lors que la confiance en soi est inébranlable, la réussite dépassera toutes les prévisions. Mais en présence de quelqu'un qui doute de lui-même, la moindre difficulté sera pour cet individu insurmontable, car il ne peut fournir l'effort nécessaire au dépassement des évènements et des obstacles.
Ils sont nombreux ces gens qui ne disposent que de capacités limitées mais qui ont progressé grâce à leur esprit confiant dans la vie et ont accumulé les succès. Aux instants critiques et lorsque nécessaire, ces individus puisent dans leurs âmes les forces et énergies qui leur permettent de surmonter les dangers et, par conséquent, de s'en préserver.

Les problèmes complexes ne causent, à ces personnes, aucun changement dans leur destin, car un esprit résolu dégage une énergie positive et déterminée. Ainsi, tout ce qui peut augmenter et renforcer leur volonté conduit, par la même, à une diminution de l'énergie négative qui s'oppose au dynamisme et à la confiance en soi.
Ceux qui puisent en eux-mêmes la volonté nécessaire sont ceux qui rejettent toute pensée négative et surmontent toute faiblesse ou paralysie qui pourrait les affecter. Nul ne peut les détourner de la juste voie qu'ils se sont choisis; nul ne peut les éloigner des objectifs auxquels ils croient. Ces hommes sont foi en Dieu et croient qu'il n'empêche personne d'accéder aux sources du bonheur et de la réussite, car l'incapaité et la privation sont le résultat des pensées des gens. La réussite est un droit que l'homme peut revendiquer à juste titre, à condition qu'il soit dôté d'un esprit positif et constructif et qui poursuit son but avec foi et résolution.

Pour le Dr Marden:

"La foi et la confiance en soi sont une force créatrice, tandis que l'absence de foi est une énergie négative qui apporte humiliation et destruction.
"Le sentiment de confiance en soi éloigne et chasse la faiblesse et le manque de résolution. Il permet à l'homme d'aller de l'avant sans s'arrêter ou hésiter et sans dépenser une énergie excessive, mais avec la force et la résolution requises. Tous les inventeurs, réformateurs, explorateurs et autres conquérants avaient confiance en eux-mêmes et dans leurs dispositions, énergies et capacités. Par contre, lorsque nous passons en revue la personalité des gens incapables et abattus, nous nous aperçevons que la plupart d'entre eux n'avaient aucune résolution car manquant de confiance en eux-mêmes.

"Nous ne savons pas ce que Dieu a semé dans l'esprit de ces gens qui ont la capacité totale d'entreprendre de grandes actions. Cependant, nous savons que la confiance absolue de l'homme en la réussite dans son action est le signe évident de sa disposition et de sa capacité et que celui à qui Dieu a accordé la foi et la confiance absolue en lui-même. Il l'aide à réussir dans ses oeuvres. Alors, ne vous privez pas de la confiance en vous-mêmes et ne permettez pas aux autres de vous faire douter, car votre réussite en dépend. Si cette base est ébranlée, alors toute la structure qu'elle soutient s'effondrera avec elle et si elle reste intacte alors les portes de l'espoir s'ouvriront devant vous".1

La manière de réfléchir a une grande importance dans la vie des gens et dans leurs relations sociales. Si vos pensées sont dominées par la détermination et la confiance vous gagnerez là où vous vous trouverez la sérénité et la paix de l'esprit. Mais lorsque vos pensées sont minées par un sentiment de suspiscion et de doute et que votre confiance en soi est à son plus bas niveau, alors la faiblesse et l'incapacité à agir seront votre lôt.
Certains ont une capacité innée à empoisonner leur milieu et environnement et à propager le doute et l'incertitude dans l'esprit de ceux qui aspirent au bonheur et à la liberté. Ces personnes négatives sont, dans la société, à l'instar des mauvaises herbes. Elles n'ont d'autres préoccupations que de démolir le moral des gens qui les entourent. Il est donc naturel que lorsque ces individus se multiplient dans une société, non seulement aucun bonheur ou succès ne sauraient se développer mais que tout espoir de progrès et de développement disparait la confiance en soi et le dynamisme créateur et s'effacent et la volonté d'oeuvrer et de faire des efforts également.

D'un autre côté, la vie devient insupportable à tous ceux qui se caractérisent par le dynamisme et l'activité qui sont contraints de côtoyer directement et régulièrement ces gens négatifs, au point que lorsqu'ils s'en éloignent ils ressentent un profond soulagement, comme si une énorme poids leur était ôté.
On trouve, dans la société, une autre catégorie d'hommes qui se sont habitués à la "faiblesse d'esprit" de manière telle qu'ils sont incapables de prendre une résolution fixe, même pour les choses les plus banales. Aux moments critiques qui appellent des décisions importantes, ils sont frappés d'immobilisme, alors que l'opportunité qui leur est offerte peut transformer le cours de leur existence. On le voit, dans ces moments décisifs, hésitants et indécis au point où toute observation ou critique de quiconque les amene à différer leur décision, si juste et si intéressante soit-elle.

La hantise de l'échec et de l'insuccès pousse à se soumettre aux pensées des autres et à leurs conseils, sans réflexion ou discernement, abandonnant même tout ce qui a été déjà entrepris.
Il est alors évident que cette tare ou cette faiblesse se traduira par l'immobilisme et l'inaction qui réduiront les perspectives de développement de l'individu.
Plus la confiance en soi de l'homme est grande, plus la confiance des gens à son égard s'en trouvera renforcée. L'influence de l'individu sur ses semblables est liée au niveau de confiance et de foi qu'il aura emmagasinée en lui. Si l'on a confiance en soi et qu'on a foi en nos actions, l'on pourra alors capter la confiance de ceux qui vivent autour de nous. A contrario, moins on a confiance en soi, plus on sera disposé à se soumettre à la volonté et à l'avis d'autrui.
En un mot, chacun de nos mouvements, dans la direction de la confiance ou de l'hésitation, produira une réaction en conséquence de la part d'autrui.

Du danger à se nourrir d'illusions

La confiance en soi et l'activité soutenu, tendant à réaliser le bonheur, sont les éléments déterminants de la réussité.

Cependant, le fait de nourrir des espoirs insensés et de graver ces espoirs au lieu de se consacrer à réaliser des choses concrètes, éloignera l'homme des réalités de la vie. Les rêves et espoirs doux et trompeurs peuvent influer profondément sur l'esprit des gens et en les éloignants de la vérité et de la réalité, causer leur perte.

Le Calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Rejette l'espoir et n'ait pas foi en lui, car il est trompeur".2

Vivre sur des espoirs illusoires et irréalisables peut perturber gravement l'esprit, consécutivement à l'attente vaine de leur réalisation et à la désillusion qui s'en suit.

Ainsi, le calife Ali (que le salut soit sur lui) affirmait que la désillusion mène au complexe de l'esprit. Il disait:
"L'avilissement des hommes réside dans leur désillusion".3

De même, les psychologues certifient que la désillusion est un élément important dans le sentiment d'indignité et la disparition de la confiance en soi. Ils disent:

"Aucun facteur ne cause peut être autant de dégâts à la valeur de la personalité humaine que les revers et le reproche qui leur est consécutif, car l'échec conduit l'individu à se sousestimer par rapport aux autres. Lorsque l'homme fait face à un échec, il pense être moins digne que les autres ou être plus misérable qu'eux. L'insuccès mine la confiance en soi et fait naître le désespoir et l'abattement. Ainsi, les enfants et les adolescents vont développer des complexes de mepris de soi lorsque leurs actions et tentatives se soldent par des échecs répètés".4

Quelques leçons du prophète

Le Prophète de l'Islam (que le salut soit sur lui) utilisait plusieurs méthodes pour former l'homme dont celle qui consistait à développer l'esprit d'émulation dans le travail chez ses compagnons, car les musulmans ont développé, conformément aux prescriptions du Prophète, une confiance en soi totale, un esprit d'entreprise, une résolution obstinée et de nobles objectifs, sans se laisser aller aux penchants et aux désirs ou se bercer de faux espoirs. Ils se reposaient toujours, en toute action, sur les bienfaits du Seigneur.

Le Cheikh Al-Kulayni a rapporté que l'Imam Al-Sâdeq disait:

"Il fut rapporté qu'un compagnon du Prophète (que le salut soit sur lui) a vu sa situation se détériorer. Voyant cela, sa femme lui dit: Si tu allais chez le Messager de Dieu et le questionnais. Il se rendit alors chez le Prophète et lorsque celui-ci le vit, il lui dit: Qui nous demande, nous lui donnons et qui se dispense Dieu l'enrichit. L'homme dit: Il parle de moi, Il revint alors vers sa femme et l'informa. Elle lui dit: Le Prophète est humain, alors confie-toi à lui. Lorsque le Prophète le vit à nouveau, il lui dit: Qui nous demande nous lui donnons et qui se dispense Dieu l'enrichit. Cette scène se répéta trois fois.

"Alors, l'homme emprunta une hache et se dirigea vers la montagne pour couper du bois. Il le vendit pour une demi-mesure de grains dont il se nourrit. Le lendemain, il rapporta plus de bois et le vendit jusqu'à ce qu'il acheta la hache et, plus tard, deux mulets et un jeune esclave. Il travailla tant et si bien que sa situation s'améliora et qu'il put vivre à l'aise. "L'homme se rendit chez le Prophète et lui raconta son histoire. Celui-ci lui rappela ce qu'il lui avait déjà dit: Qui nous demande nous lui donnons et qui se dispense Dieu l'enrichit".5

Le célèbre savant Samuel smiles disait:

"La confiance en soi est la base de tout succès et de tout progrès. Si la majorité s'y soumettait, alors cette nation serait grande et puissante. Le seul secret de sa réussite et de sa capacité est cette grande qualité, car la volonté de l'homme se renforce s'il ne compte que sur lui-même et s'affaiblit en proportion de l'aide et l'assistance qu'il reçoit d'autrui.
"Les aides qui lui parviennent des autres réduisent son activité et affaiblissent sa force et son esprit combatif. Dans ce cas, l'homme ne trouve plus de raisons de travailler ou d'entreprendre, surtout si les aides extérieurs couvrent largement ses besoins, car dès lors l'énergie de l'homme s'amenuise et s'éteint en lui l'esprit d'initiative et de combat.
"Les meilleures lois et législations accordent, certes, à l'homme l'indépendance et la liberté, pour qu'il se prenne en charge et régle sa vie, mais certains s'imaginent que les lois sont faites pour leur garantir le repos et le bonheur, sans efforts de leur part."

"A la réflexion, on s'aperçoit que les méfaits et les faiblesses que nous attribuons à une nation, ou à un peuple, ne sont en réalité que le fait de certains individus de cette nation et tant que les moeurs de cette nation et son esprit n'auront pas changé et que l'on voudra combattre ces méfaits par et au nom de la loi, ceux-ci ne tarderont pas à réapparaître, sous une autre forme et en d'autres lieux".6

Le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Qui n'aide pas n'est pas aidé".7

Il ajoutait aussi:
"Qui est incapable d'action se dérobera à ses responsabilités".8

Un penseur occidental écrivait:

"La nature ne permet à toute créature de demeurer en son sein que si cette créature est capable de se défendre et de lui étre utile. De même, la formation d'une étoile, le choix de son orbite et sa stabilité sur cette orbite, l'arbre qui résiste aux vents et aux tempêtes et les forces vitales présentes en tout être vivant sont l'expression même du principe de la confiance en soi.
"Quant à nous, nous sommes tels une communauté sans discipline où personne ne respecte les limites qui lui sont fixées, où chaque individu ne consacre son intelligence à penser ou à se remettre en cause, préférant tendre la main pour demander l'obole.
"Pour ce qui concerne nos jeunes, si leur existence est marquée, à ses débuts, par l'insuccès, alors leurs esprits seront défaits. Si un jeune commerçant ne réussit pas dans ses affaires, les gens le classeront dans la catégorie des perdants. Si une personne douée d'une grande intelligence, poursuivant ses études dans une université, ne trouvait pas un emploi au bout d'une année, d'attente, ses amis et lui-même considéreront que c'est un homme sans espérance et sans avenir.

"Un jeune homme obstiné du Vermont vaut mieux qu'une centaine de ces gens polissés et civilisés, car il s'adonnera pratiquement à toutes les activités durant des années, de manière soutenue. Il achétera, par exemple, une ferme pour planter et cultiver avant de devenir marchand ambulant puis directeur d'école maternelle, prêcheur de bonnes paroles, secrétaire dans un journal, propriétaire d'une parcelle de terre, etc... Chaque fois qu'il tombera, il se relèvera tel un chat sur ses pattes, indemne et prêt à se lancer dans d'autres activités.
"Ce jeune homme progressera avec le temps et n'aura pas honte dans le choix de ses activités, car il n'admet pas de gâcher sa vie et tente de tirer profit de chaque minute qui passe. Pour chaque occasion de perdue, il en saisit cent autres. Laissez les gens stoîques ouvrir la voie du progrès devant l'homme et lui dire qu'il n'est pas un arbre qui plie à tout vent, mais qu'il a la force de sortir indemne de toutes les crises et grâce à la confiance en soi, il verre surgir en lui des capacités nouvelles".9

Bien que la confiance en soi est une des grandes vertus et l'une des plus positives, nous devons faire, attention cependant à ce que cette qualité ne se transforme pas en un sentiment d'orgueil et de suffisance, car entre la suffisance et le réalisme la différence est grande et de taille.

Celui qui a foi en lui-même plus que de raison et agir avec excès dans cette attitude est un homme que domine le sentiment d'orgueil. En fait, cet orgueil est à l'origine de beaucoup d'erreurs parce que l'orgueilleux s'imagine posséder des forces et des capacités qui sont, en réalité, imaginaires. Cette confiance en soi excessive lui ôte toute vision réaliste des choses, souvent complexes, de l'existence.
"Au contraire de cet individu, l'homme doué d'une vision réaliste est toujours préparé à affronter les difficultés et regarde l'existence avec optimisme. Pour atteindre ses objectifs, il consacre les efforts nécessaires à cela, sans mettre plus que de raison ses capacité et ses énergies à l'épreuve.

Les pessimistes et le manque de confiance en sol

Autant celui qui a foi en ses qualités et voit ses forces et ses énergies décuplées, vivant ainsi heureux, libre et progressant dans l'existence, autant celui qui est influencé par les idées et les pensées négatives voit ses forces constructives diminuer, perdant en fin de compte tout dynamisme et tout esprit d'entreprise.
L'homme qui gémit continuellement sur son sort et sur les difficultés qui découlent de la vie court vers l'échec et la désillusion. au lieu de préparer son avenir par sa seule volonté, il perd toute volonté face aux obstacles qui le repoussent en arrière et l'éloignent inéxorablement des objectifs et des projets qu'il a conçu.
La faiblesse de caractère est le trait de caractère distinctif chez ceux qui manquent de confiance en soi.

Les psychologues disent:

"Il peut se trouver des pessimistes qui refusent de rendre service lorsqu'on leur demande quelque chose, car ils ne sont pas sûrs d'eux--mêmes et sont marqués par un esprit indécis. Convaincus qu'ils sont faibles et diminués, ils ne peuvent pas être en mesure de rendre le service qu'on leur demande. Ces gens ont peur de répondre positivement et de se trouver liés par un engagement qu'ils peuvent ne pas honorer. Par là, ils baissent dans l'estime de leurs semblables. Leur refus à toute sollicitation est en fait, pour eux, une manière d'éviter tout dilemme et toute épreuve.
"Le pessimiste voit toute chose sous un aspect négatif, car son attitude, son comportement et sa vision des choses et des êtres sont le fait d'un manque d'assurance. C'est pour cette raison qu'il apprécie peu la présence d'autrui différent, critiquant et accentuant les faiblesses de tout le monde. Cette attitude est dominée par un orgueil démesurée à l'égard de ses semblables. Il met en doute les pensées établies et rejette les idées nouvelles et novatrices.

"Les pessimistes ont une attitude méfiante, pour ne pas dire belliqueuse, vis-à--vis des hommes qui leur sont inconnus et acceptent difficilement leur présence. Il arrive même que ce comportement s'enracine tellement chez ces individus au point où ils voient tout le monde d'un mauvais oeil et qu'ils critiquent toute idéologie ou pensée avant de la soumettre à examen. Ils deviennent, de ce fait, des individus asociaux.
"Si ces gens vont vers leur semblables, c'est parce qu'ils croient que leur compagnie aidera à diffuser les idées, théories et croyances qu'ils prêchent".10

L'Islam et l'indépendance d'esprit

L'amour de la liberté individuelle trouve sa source au plus profond de la conscience humaine. Ce besoin inné est à la base de toute action humaine.
L'Islam parle des penchants humains avec objectivité et réalisme. Non seulement il appelle à ne pas refouler les instincts constructlfs et positifs et à les exprimer, mais il en fait également le fondement du progrès qui aide à réaliser les objectifs humains les plus nobles. Cependant, Il englobe, dans cette vision, les forces dynamiques, d'un côté, et les principes qui régissent ces forces par la discipline et l'ordre, d'un autre côté.
Dans cette vision globale, on réalise l'équilibre de l'esprit humain. Au moment voulu, pour aller de l'avant et atteindre le stade de la plénitude, on consacre les efforts nécessaires avec résolution et persévérance, sans gaspiller les énergies accumulées à réaliser des objectifs autres que ceux essentiels dans la vie.

Le développement et le progrès sont des objectifs purement humain. Sachant que l'homme possède des forces limitées, il lui est dès lors interdit de dépenser celles--ci à réaliser des objectifs indignes de lui. De grands espaces d'expression lui sont accessibles et il peut choisir le chemin qui lui parait le plus à même de le mener à un monde meilleur et plus élevé.
Car vouloir réaliser des objectifs indignes, en répondant aux motivations négatives, constitue la raison première de la chute de l'homme. Celui-ci doit s'activer et oeuvrer à son élévation.

L'lslam engage à mobiliser les énergies positives pour affronter les difficultés, pour faire face aux évènements douloureux et gerer le quotidient par une lutte soutenue contre les obstacles et les entraves. Ces énergies permettront également de rester ferme de vant les puissants et de préserver sa position. Ce faisant, on augmente son dynamisme et on acquiert une force spirituelle et morale plus grande.
L'honneur et l'indépendance de l'homme sont liés à sa vitalité dans l'existence et à sa confiance en soi, espoir qui ne peut se réaliser que si l'homme campe vaillement sur ses pieds avec la volonté résolue d'assurer son bonheur matériel et moral.

A ce propos, le calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:
"Qui honore son engagement sera glorifié par tous".11

Celui qui perd confiance en soi et indépendance d'esprit est un homme qui se terre par crainte de la vie. Il est telle la plante parasite qui enroule ses racines autour d'un arbre pour se protéger des tempêtes et des intempéries.
Il peut arriver que l'esprit pessimiste finisse sombrer dans une méprisable soumission aux plus forts. Lorsque l'homme se méprise de cette manière, il perd alors toute personalité et ne pourra, dès lors, prendre de décision, car il ne s'appartiendra plus. Tant que cette façon de penser le dominera, il ne peut aucunement prétendre aux qualités d'un homme. Ali (que le salut soit sur lui) disait:

"Celui dont tu as besoin te méprisera".12

La responsablité individuelle

Dans la vision islamique, parvenir au bonheur moral éternel repose sur les actes positifs du croyant. Plus encore, la responsabilité individuelle est à la vase même de l'enseignement de l'Islam, car les responsabilités qui incombent à l'homme, dans les domaines religieux et temporel, doivent être honorées par le croyant lui-même. C'est au vu de ses propres actions que l'homme sera soit puni soit récompensé, car le Coran dit: "Tout individu est l'otage de ce qu'il s'est acquis".13

Aussi: "Quiconque, mâle ou femelle, fait oeuvre bonne tandis qu'il est croyant, alors très certainement Nous lui ferons vivre une excellente vie. Et très certainement Nous les paierons des meilleures de leurs actions".14

Même dans la vie d'ici-bas, l'homme est soumis au jugement de ses actes. Le Prophète (que le salut soit sur lui) disait:
"Qui a fait du mal, le paiera dans la vie".15

Il ajoutait::
"Qui sème le bien récolte l'agrément et qui sème le mal récolte le regret".16

Emerson écrivait:

"Le monde est comparable à une table de multiplication ou à une équation matéhmatique. Quelles que soient les données qu'elle contient, elle s'équilibre toujours et donne invariablement une solution. En fait, quelle que soit la manière que nous avions choisi pour résoudre un problème mathématique, les résultats seront obligatoirement les mêmes. Ainsi, la nature dévoile ses secrets d'une manière parfaite, punissant tout crime et récompensant toute vertu.

"Ce que nous appelons punition n'est que le rapport de la partie au tout. autrement dit, tout comme lorsque nous voyons de la fumée nous savons qu'elle s'élève d'un feu, ou lorsque nous voyons une main ou une jambe nous appréhendons le corps d'un être humain, toute action intégre sa sanction. Disons que, suivant cette loi, tout s'appréhende selon deux voies. La première: la manière expreimée. Cette manière exprimée c'est ce qu'on appelle la récompense et la punition. La punition corporelle se voit à l'oeil nu dans la chose même, tandis que la punition morale se perçoit par l'entendement.
Cette punition particulière peut apparaître, bien des années après, mais elle s'applique dans tous les cas. Le crime et la punition sont les rameaux d'une même branche, la punition étant, à cet égard, le bourgeon qui éclôt et mûrit en émergeant de la fleur du désir qui l'a porté et protégé."17

L'échelle de valeurs de l'action humaine

L'Islam juge, d'un point de vue objectif et rationnel, les motivations personnelles intrinséques qui poussent l'homme à agir. Les actes se fondent sur "l'intention". Le Coran ne dit-il pas: "Les actes se jugent sur les intentions".
Chaque acte revêt deux aspects qui sont étudiés séparément. Un acte peut être méritoire, d'un côté, mais sans valeur, d'un autre côté. Dans ce cas, l'attention doit être portée sur les motivations morales et spirituelles qui ont poussé l'auteur de cet acte à agir ainsi et sur le but qu'il poursuivait du point de vue de la pensée et de la foi.

Notre jugement, à ce stade, doit reposer sur les valeurs sociales et extérieures particulières de cet acte, sachant qu'il n'y a ici aucune objectivité dans l'intention de son auteur. Nous devons savoir que cet homme peut à travers son acte poursuivre un objectif purement matérialiste et vil, ou bien un but noble. Dans les deux cas, l'intention étant sincère et pure. La bonne action dans le cadre social est celle qui est bénéfique à la communauté et qui n'a aucune relation avec l'intérêt particulier de l'individu, même si celui-ci a agi selon des motivations et en fonction d'éléments qui lui sont propres. Cependant, dans l'Islam, ce qui compte principalement ce n'est pas l'acte en tant que tel, car ce qui a de la valeur c'est la manière d'agir et l'effet psychologique généré sur l'esprit de son auteur. La récompense ou la punition dépendent, ici, du lien dialectique qui unit l'acte, son auteur et l'intention qui est à la base de l'acte, c'est-à-dire le but recherché derriére l'acte. Si celui-ci est le résultat d'un désir de gloire, alors son auteur ne se rapprochera pas de Dieu mais s'en éloignera davantage, car il ne suffit pas que l'acte soit bénéfique à son auteur mais il faut également qu'il serve la société.

L'acte social bénéfique n'est considéré comme tel que s'il porte en filigrane l'intention et le désir sincères de servir la cause sociale, l'esprit étant libre de toute tentation de gloire personnelle, et s'il y a la détermination et la volonté de son accomplissement.
Dieu dit, dans le Coran: "Ils ne leur fut ordonné que d'adorer Dieu, avec loyauté dans l'acte".18

Le Prophète (que le salut soit sur lui) disait pour sa part:
"Les actes sont jugés sur leurs intentions".19

Ainsi, il est évident que l'intention sincère et la volonté d'agir dans le sens du bien sont les éléments qui concourent à l'élévation de l'âme et à la recevabilité des actes et à l'agrément du Seigneur.
L'élément déterminant d'une foi inébranlable c'est l'intention. Dès lors, l'action aura une valeur et une portée particulières et son auteur bénéficiera de la miséricorde et de la protection divines.
Celui que la grâce du Seigneur ne touche pas est un être dont l'esprit ne possède ni sincérité ni foi. Cet homme est motivé, dans ses actes, par les désirs et les penchants de l'âme. Tout ce qu'il entreprend est vide de sens et amoral.
Ces intentions indignes sont la raison du rejet de ses actes, car ses oeuvres n'ont aucune valeur aux yeux de Dieu et ne lui rapportent rien de plus que ce qu'il visait à travers eux.
Cependant, ceux qui ont confiance en eux-mêmes et sont confiants dans leurs actes et n'ont nul besoin d'en tirer gloire et fierté sont les gens dignes de la grâce du Seigneur. A ce sujet, le Calife Ali (que le salut soit sur lui) disait:

"Les paroles du flagorneurs sont belles, mais son coeur est malade".20

Il ajoutait également:
"La fierté est liée aux petits destins".21

Schachter écrivait:

"Parmi les subterfuges que nous utilisons pour attirer l'attention des autres, lors de nos échecs, désillusions et insuccès, il faut relever la tendance à s'attribuer un mérite factice. Nous nous imaginons les actes que nous aimerions réaliser et les succès que nous souhaiterions remporter, comme s'ils s'étaient réalisées, pour nous les attribuer ou bien pour nous convaincre de toujours parler des actes que nous avons entrepris en les glorifiant, quelle que soit leur importance, en oubliant toutes les actions que nous n'avons pas faites et les succès que nous n'avons pas obtenus.

"Ce genre de personne se leurrent elles-mêmes et en tirent contentement, laissant passer les occasions de vraiment oeuvrer et entreprendre. Si la satisfaction de l'égo évite à son auteur les tourments de l'échec et de l'insuccès à attirer l'attention des gens et à les tromper momentanément, cela ne résoudra pas pour autant le problème.
"Celui qui peut faire le bien et y réussit, obtenant l'estime des gens, n'a nul besoin de se tresser des couronnes. Au lieu de cela, il entreprend, oeuvre et gagne, chaque jour, de nouveaux amis et vole de réussite en réussite".22

Pour Schoppenhauer.

"La louange de soi suscite le mécontentement chez autrui, car, d'un côté, cela peut contenir une part de mensonges et de contre-vérités et, d'un autre côté, elle est le fruit de l'ignorance et de la bêtise. Celui qui parle tout le temps d'une qualité ne la possède probablement pas lui-même. Sachez que ceux qui parlent continuellement de leurs réussites, de leur intelligence, de leurs capacités et aptitudes en sont certainement démunis. Nous ne devons pas oublier que le mensonge et la vantardise ne durent pas éternellement et arrive un jour oú le voile sera levé sur la réalité. C'est alors que l'homme perdre sa dignité et sa respectabilité".23

La mesure de sol

Si l'homme est sans moralité, son jugement sur le comportement et actes d'autrui sera basé sur ses motivations et ses intention, si méprisables soient-elles. Ali (que le salut soit sur lui) disait à cet égard:

"L'homme de mal ne voit le bien en personne car il ne le voit, bien sûr, qu'en lui-même".24

Ceci est une vérité bien établie. Les psychologues disent:

"Si le monde est observé à travers le prisme de nos sentiments, de nos penchants et de nos pensées, il est alors évident que nous verront toute chose selon l'image qu'on en reçoit, comme si notre moi était au-dessus de la création. Les tempêtes amènent le désespoir et l'abattement, tandis que la brise légère contente et apaise. Ainsi, nous voyons la nature du point de vue de nos sentiments et de notre perception qui peuvent nous amener à croire, c'est selon que le chat est un animal docile et d'agréable compagnie ou bien qu'il est nuisible et désagréable. Les sentiments déforment l'image du monde réel dans lequel on vit.
"Les juristes et les hommes de loi savent qu'il est très rare que des témoins fassent des déclarations concordantes sur des évènements qu'ils ont pourtant tous vu de près. Même quand il s'agit de choses qui ne nous émeuvent pas, nous nous aperçevons de la différence dans nos pensées et nos visions, à l'égard de ces choses. A fortiori quand il s'agit d'évènements ayant un caractère émotif, car dès lors nos esprits sont encore plus hésitants et méfiants".25

Les effets du recours à Dieu

La confiance en soi est conforme au recours à Dieu et, par réciprocité, le recours à Dieu renforce l'âme et la personalité. Le croyant qui a confiance en lui-même et possède une personalité indépendante, qui sait tirer profit des possibilités qui lui sont offertes et qui n'en laisse passer aucune, ne limite pas son esprit aux seuls aspects matériels. L'élévation de l'âme lui est également importante, dépassant de loin les objectifs matérialistes, car il lie ses activités et ses énergies aux objectifs de son existence.

Celui dont le combat est apaisé par la foi verra sa confiance en Dieu Tout Puissant augmenter: "Ce que Dieu ouvre de miséricorde aux gens, il n'est personne qui le retienne. Et ce qu'll retient, il n'est personne qui le relâche après Lui. Et c'est Lui le puissant le sage".26

Où pourrait se réfugier l'humanité de la volonté de Dieu? Un refuge autre que celui de Dieu n'amène que déchéance et mépris, car comment envisager qu'un homme qui ne possède rien puisse se tourner dans une autre direction que celle du Seigneur?

Ainsi, rien ne peut être plus beau ou plus sublime que de vivre dans la miséricorde et la protection de Dieu, créateur de toute chose. La soumission à Dieu, dans le bonheur comme dans le malheur, et la croyance ferme en la puissance absolue du Divin, supérieur à toute autre puissance ou force matérielle, introduit l'âme su croyant dans un univers de paix et de quiétude qui le préservera de tout désagrément ou d'être surpris par les évènements.
Cette soumission à Dieu et au destin qu'Il nous trace remplit l'âme d'une obéissance totale et lui donne force et humilité. autrement dit, tout ce qui rend les autres aveugles et les prédispose à l'orgeuil ne l'affectera nullement, car sa volonté, sa foi et la paix qui l'habitent le soutiendront à tout moment et en toute circonstances.

Le recours à Dieu ne mène pas à la faiblesse ou à l'abattement, mais plutôt est une force supplémentaire qui renforce la volonté, évite au croyant le doute et l'hésitation qui pourraient habiter son coeur.
La lutte continuelle que mènent les gens de bien contre les éléments de destruction et de déviation dans la société et contre les pensées néfastes qui s'y répandent est une lutte âpre et farouche. Bien que ces gens vivent dans un environnement défavorable, ils tirent leurs forces de la vérité éternelle qui leur permet de réaliser leurs plans réformistes et d'orienter les gens vers leur salut. Leurs âmes sont soumises à la volonté divine et ils poursuivent leurs buts jusqu'au bout avec conviction et détermination.

La confiance en soi qui n'est pas en parallèle à la foi en Dieu ne peut sauver l'âme humaine dans les moments critiques, à ces instants où elle est assaillie par le doute et le pessimisme. Les difficultés et les obstacles de la vie triomphent de l'esprit qui ne possède pas la foi en Dieu et dont la vision ne depasse pas l'horizon des choses sensibles. Dans ce cas, l'individu ne peut rien entreprendre dans sa quête de la plénitude et dans sa recherche de la vérité, même lorsque celles-ci sont à sa portée.
L'étude de l'esprit des musulmans des premiers temps de l'Islam prouve cette affirmation. En effet, ils étaient le meilleur modèle d'homme qui puisse exister quant à la foi et le recours à Dieu.
Nous ne pouvons attribuer l'incapacité, la faiblesse, la nonchalence et l'immobilisme à ceux dont le comportement a été dominé par l'esprit d'entreprise, l'activité et le sacrifice au service de leur foi et dans l'espoir de construire une société nouvelle bâtie sur le bonheur, alors qu'ils vivaient une période très difficile.
Ceux qui ont été éduqués à l'école de l'Islam, à sa naissance, ne connaissent pas l'incertitude, car leur volonté ferme et leur sérénité d'esprit leur ont ouvert la voie du progrès. Ils sont arrivés à créer cette société équilibrée, modèle unique dans l'histoire.

Chacun se soit de se remettre en cause dans la vie et savoir si le choix qu'il a opéré est le mieux à même de lui apporter le bonheur ou si, au contraire, il ne conduit qu'au malheur et à la désillusion. En connaissant nos besoins spirituels, nous pourrons alors faire face aux éléments contraires qui assaillent l'esprit et le empêche de nous nuire, car nous ne pourvons soigner un mal dont nous ne connaissons pas le remède.
Ce qui convient mieux aux gens qui manquent de confiance en soi et qui ont peur d'entreprendre une action qu'il ne réussiraient pas serait d'analyser les éléments de ce mal spirituel, car il est nècessaire, pour soigner tout mal de connaître ses racines pour parvenir à pénétrer au plus profond de nous mêmes et y trouver les remèdes salutaires.

Une fois que le diagnostic de l'instabilité et du désarroi de l'âme aura été établi, on oeuvrera à extirper le mal pour qu'enfin se dessine la réussite, car il est évident que la nature humaine est capable de résister aux difficultés et de surmonter les obstacles d'ordre psychologique qui contrarient le bonheur humain.
Tout habitude négative est le signe d'un manque de volonté qui s'est développé chez l'homme par répétition d'un acte donné puis qui s'est transformé, avec le temps, en un mal chronique, Si, de prime abord, le changement d'habitude parait chose malaisée, il demeure cependant que l'entraînement et la pratique soutenus peuvent changer le cours de cette habitude malsaine et la transformer en une habitude saine.
Le triomphe sur toute habitude négative, pour atteindre un état d'esprit serein, est une victoire sans équivalent.

Le calife Ali (qui le salut soit sur lui) disait, à ce propos:
"C'est grâce aux bonnes habitudes qu'on accède aux plus hautes positions".27