Chapitre XIV


La réponse de la science à la pré-éternité du monde

A l'instar de l'homme dont l'énergie, après avoir atteint son paroxysme, se dégrade peu à peu jusqu'à s'éteindre dans la mort, l'univers tend vers la décomposition et la désintégration.
Il faut par conséquent se garder de considérer la matière comme une substance éternelle et s'incliner devant l'évidence de la création, pour la raison que les énergies disponibles dan's l'univers tendent à s'harmoniser, et les atomes à se transformer en én .ergie, et l'énergie elle - même tend à passer d'un état actif à un état d'inertie; et lorsque tout sera uniformément réparti, l'univers connaîtra un état de silence et d'extinction.

Le second principe de la thermodynamique qui est le principe de l'entropie nous enseigne que bien que nous ne puissions déterminer la date exacte de l'apparition de l'univers, il est incontestable cependant qu'il y a eu un commencement, car la chaleur du monde tend progressivement à la baisse, à l'exemple d'une pièce de fer en fusion qui répand progressivement sa chaleur dans l'atmosphère environnante. Un moment arrivera où la température du fer sera égale à celle de tous les objets qui l'entourent. Si l'univers n'avait pas eu un début, il y a une infinité d'annees que les atomes se seraient désintégrés et transformés en énergie, et que l'univers se serait refroidi, parce que la matière serait devenue de l'énergie perdue lors des transformations permanentes et en chaînes qu'elle aurait connues. Désintégrée, il n'y aurait plus eu de possibilité de récupérer toute l'énergie et de la retransformer en matière et en corps célestes pouvant présenter un aspect harmonieux et complet.

Selon le principe de l'entropie, avec l'épuisement des forces utilisables, il n'y aura plus d'actions et de réactions chimiques. Or, comme les actions et réactions chimiques se poursuivent, et que la vie est possible sur la planète terrestre, et qu'un corps céleste aussi gros que le soleil se désintègre au rythme journalier de 300 milliards de tonnes, la question de la création de l'univers s'éclaircit.

La mort des étoiles et des autres corps célestes constitue une preuve du caractère périssable du système existant, et témoigne que l'univers se dirige vers l'anéantissement et la fin inévitable.
C'est ainsi que nous voyons les sciences naturelles reconnaître non seulement que le monde a un caractère accidentel (hodouth), mais aussi qu'il est apparu à tel moment précis.

Par conséquent, au moment de sa naissance, l'univers a eu besoin d'une force surnaturelle où les éléments ne s'étaient pas indifférenciés et où toutes les choses étaient uniformes, il fallait que l'étincelle première, celle qui imprime le mouvement et la vie provienne de l'extérieur, hors de la nature. Autrement, comment un milieu sans énergie où règne le silence total pourrait être la source du mouvement?

Le professeur Ravaillet écrit:
Si, comme l'affirme la science contemporaine, la création des êtres provient d'une formidable explosion initiale, cela supposerait aussi nécessairement l'existence d'un combustible pour l'explosion et d'un espace absolu dans lequel cet évènement se produirait. En d'autres termes, il faudrait admettre l'existence d'une "materia prima" ayant servi à la formation de tous les phénomènes de l'univers, des énergies et lumières et des milliards d'étoiles et corps célestes. Or il s'agit là d'une vérité irrécusable au point de vue scientifique, intellectuel, spirituel, et mathématique.

Mais comment le destin de tous les phénomènes ultérieurs à l'explosion initial a-t-il pu être déterminé et précisé alors que l'univers n'était encore qu'un seul corps céleste? Ce même corps, cette boule originelle, d'ou provient - elle? et comment est-elle condensée? Ceux qui ont la certitude de tout connaître dans ce monde affirment: "Rien n'est stable dans notre univers, tout est en état de transformation, de "devenir", et de création.

On ne peut pas définir la matière indépendamment de l'esprit. Le moindre mouvement de la vie sur la terre est conçu avec tant de précision et de subtilité, comme s'il était l'oeuvre d'un cerveau supérieur, d'une intelligence extraordinaire, que l'on ne peut nullement l'imputer au hasard.
Cela ne peut se justifier que par la voie même indiquée par Einstein, en l'occurence l'acceptation d'un Dieu suprême, et par rien d'autre."26

La mécanique nous dit ceci: un corps inerte est toujours inerte. Et tout corps inerte qui veut se mouvoir ne pourra le faire que par l'effet d'une force qui lui est extérieure. Cette loi fondamentale régit notre univers matériel, et nous ne pouvons pas par conséquent croire au hasard et à la probabilité, parce que jusqu'à présent aucun corps inerte ne s'est mis en mouvement autrement que par l'effet d'une force externe. Il faut donc qu'il y ait -conformément à cette loi de la mécanique-, une force, autre que l'univers matériel pour instaurer la matière, lui imprimer énergie et mouvement, lui donner forme et variété et différentes apparences.

Frank Allen, professeur de biophysique, et éminente personnalité scientifique, avance un argument fort attrayant au sujet de l'origine de l'univers.
Il dit: "Beaucoup se sont efforcé de clarifier ce point que l'univers matériel n'a pas besoin d'un créateur. Mais ce sur quoi il n'y a point de doute, c'est que le monde existe, Quatre solutions peuvent être envisagées à propos de son origine:

La première est que contrairement à ce que nous disions précédemnent le monde ne serait qu'un rêve et une illusion. La deuxième solution est qu'il soit venu de lui - même. La troisième est que le monde n'a pas eu de commencement, qu'il existe de toute éternité. La quatrième solution est qu'il a été créé.

La première hypothèse suppose qu'il n ya fondamentalement pas de question à résoudre, exceptée la question métaphysique de la conscience de soi qui se réduit elle - même en fin de compte à l'illusion, au songe.
Il serait alors possible de dire que des trains imaginaires apparemment pleins de voyageurs illusoires, passent par des ponts immatériels construits avec des concepts mentaux, au - dessus des rivières irréelles!

La deuxième hypothèse, à savoir que le monde de la matière et de l'énergie a procédé du néant sans autre soutien que lui - même, est comme la première, dépourvue de sens et impossible, et ne peut en aucune manière faire l'objet d'intérêt et d'attention.

La troisième hypothèse selon laquelle le monde a existé de tout temps, a un point commun avec la thèse de la création, à savoir que la matière inerte et l'énergie qui l'accompagne ou l'être créateur existent tous les deux éternellement et inséparablement. Dans aucune de ces deux représentations, on ne peut relever d'objections semblables à celles faites aux hypothèses précédentes. Mais la loi de la thermodynamique a démontré que l'univers tend à un état dans lequel la température sera uniformément basse, et où par conséquent il ne disposera plus d'énergie utilisable. Dans ces conditions, la vie ne sera plus possible.

Si l'univers n'avait pas de commencement et qu'il était éternel, il y aurait eu bien longtemps que cet état de mort et d'inertie se serait instauré. Le soleil qui brille, les étoiles qui scintillent et la terre qui pullule d'êtres vivants sont des témoins irrécusables de cette vérité que le monde a un commencement dans le temps, et qu'il a commencé à un moment précis. Par conséquent, il ne peut qu'avoir été créé. Une quelconque cause première immense ou un créateur éternel omniscient et omnipotent a forcément créé le monde."27

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