Chapitre IV l'Ecole Médiane Tous les êtres du monde jouissent d'une forme de conduite propre au
degré de développement qu'ils ont atteint. Ces formes spécifiques
correspondent à leurs différents degrés de l'existence. Bien que les animaux soient sujets à la forte attraction des instincts
et sont en ce sens des êtres soumis, ils jouissent d'une certaine liberté
qui leur permet jusqu'à un certain point de se libérer de la dure emprise
de la nature. La nature satisfait de diverses façons les différents besoins des
plantes. Dans le monde animal, bien que la mère ait à fournir des efforts
pour porter, nourrir et protéger sa progéniture, l'instinct apparaît très
tôt en le jeune et la mère n'a pas trop de soucis à se faire pour leur
éducation. Mais dans le cas de l'homme, nous voyons qu'il n'a pas
d'instincts naturels puissants et son pouvoir de résistance aux facteurs
environnants défavorables est très inférieure à celui des animaux.
Le noble Coran parle clairement de la faiblesse de l'homme et de son impuissance. "l'Homme a été créé faible et impuissant" Coran, sourate 4, verset 28 La nature a livré l'homme à ses propres desseins plus qu'elle ne l'a
fait avec l'animal. D'une part nous voyons en l'homme une preuve de
liberté et l'émergence d'une capacité d'acquérir une conscience et d'autre
part un accroissement dans la dépendance et le besoin. Tout en jouissant
d'une liberté relative, l'homme est de plus en plus entraîné dans le
tourbillon de la nécessité. En portant le fardeau du pacte divin, ce cadeau que les cieux et la terre ont été incapables de recevoir, et s'avérant seul digne de l'accepter, l'homme est confronté à deux choix seulement dans sa lutte et ses efforts. Soit il devient prisonnier de l'instinct et du désir, en se dégradant ainsi et en s'avilissant.Et soit, puisant dans toutes ses capacités de décision, pensée et volonté, il se lance sur le chemin du progrès et du développement et commence à s'élever. * * * Chaque fois qu'un être se libère de l'obéissance à ses instincts, et jette les chaînes de la servitude et commence à faire usage aussi bien de ses capacités innées que de ses capacités acquises, ses facultés sensorielles s'affaiblissent et ses capacités naturelles diminuent. La raison en est que tout organe ou toute capacité laissée stagnante et
non utilisée chez un être humain tend à s'annuler. Réciproquement, plus
intensive est l'utilisation d'un organe, plus il grandit et gagne de
l'énergie. La propreté, le désir de la liberté, la science et la civilisation,
tous ceux - ci sont le résultat direct de l'exercice du libre arbitre de
l'homme. Une fois que l'homme atteint la liberté et continue ses
necessaires efforts, il peut avancer rapidement dans le processus de
progrès et la découverte de tous les aspects de sa nature essentielle
innée. Lorsqu'il atteint sa maturité et ses pleines capacités, il sera
transformé en une source de bénéfice et de vertu pour la société. Voyons maintenant quelles sont les limites du pouvoir du choix de l'homme et jusqu'à quel point il s'exerce. Le point de vue du Chi'isme, qui est tiré du Coran et des paroles des Imams, est une troisième école, intermédiaire entre les déterministes et les partisans du libre arbitre absolu. Cette école ne souffre pas des inadéquations et faiblesses du déterminisme qui contredit la raison, la conscience et tous les autres critères d'éthique ou sociaux et nie la justice de Dieu en lui attribuant toutes les atrocités et les injustices qui ont lieu, ni de l'affirmation de l'absolu libre arbitre qui nie l'universalité de la puissance de Dieu et rejette l'unité des actes de Dieu. Il est évident que nos actes volontaires diffèrent des mouvements du soleil, de la lune et de la terre, ou des mouvements des plantes et animaux. Le pouvoir de la volonté vient de nous mêmes et nous rend capable de faire ou de ne pas faire un acte donné, nous donnant ainsi la liberté de choix. Notre capacité de choisir librement de commettre de bons ou de mauvais actes provient de notre capacité de discernement. Nous devons utiliser consciencieusement notre don du libre arbitre: nous devons d'abord réfléchir de façon mûre et posée, peser les choses avec précision, et ensuite faire un choix calculé. La volonté de Dieu est que nous devrions faire usage de notre liberté dans le monde qu'il a créé, d'un usage conscient et éveillé. Tout ce que nous faisons est inclus dans la sphère de la volonté et de
la connaissance antérieure de Dieu. Tous les aspects de la vie, tout ce
qui touche à la destinée de l'homme est limité et conditionné par sa
connaissance; tout est défini dans des limites prééxistantes déjà dans la
connaissance de Dieu. De plus, nous ne sommes à aucun instant libre de
cette essence à laquelle nous sommes reliés, et l'usage de la puissance
naturelle de notre être est impossible sans l'aide de Dieu. Tout en étant capable de créer des effets dans ce monde grâce à sa
volonté, l'homme est lui- même soumis à toute une série de lois
naturelles. L'Imam Jaafar es Sadiq - Que la paix soit sur lui a dit: Il a ainsi le libre arbitre, mais il n'est pas total, car supposer une sphère séparée à l'homme équivaudrait à attribuer à Dieu un partenaire dans ses actes. Le libre arbitre dont jouit l'homme est voulu par le créateur de la nature et le commandement de Dieu se manifeste sous forme de normes qui gouvernent l'homme et la nature, les relations naturelles, les causes et les facteurs. * * * Pour l'Islam, l'homme n'est ni une créature toute faite, condamnée par
son destin, ni une créature jetée dans son environnement sombre et sans
finalité. C'est un être débordant d'aspirations, de talents, d'habileté,
de conscience créative et d'inclinations diverses, toujours accompagné par
une sorte de guidée interne. Les hommes obstinés dans la mécréance, et qui s'opposent à toute forme
de prédication et d'avertissement, adoptent d'abord une position erronée à
cause de l'exercice du libre arbitre, et ensuite expérimentent les
conséquences de leur obstination et de l'aveuglement que Dieu leur fait
subir. Le Coran dit: "Oui, il est égal pour les mécréants, que tu les avertisse Coran, sourate 2, versets 6 et 7 Quelquefois, la corruption et le péché ne sont pas tels qu'ils empêchent le retour à Dieu et à la vérité. Mais des fois, ils atteignent des proportions telles qu'il n'est plus possible de retrouver la véritable identité humaine, car le sceau de l'obstination a taché les esprits des incroyants. Ceci n'est qu'une conséquence naturelle de leur comportement, déterminé par la volonté et le désir de Dieu. La responsabilité de telles personnes a sa source dans leur exercice du
libre arbitre, et le fait qu'il n'aient pas bénéficié des bénédictions
divines ne diminue en rien leur responsabilité. Il y a un principe
constant et évident qui dit que "Tout ce qui a son origine dans le libre
arbitre et finit dans la contrainte ne contredit pas le libre
choix". Les versets coraniques qui relient toutes choses à dieu et les
décrivent comme provenant de Dieu, s'attachent à proclamer la volonté pré
- éternelle du Créateur comme l'auteur du monde, et à expliquer comment
Son pouvoir couvre et pénètre le cours entier de l'être. Son pouvoir
s'étend en chaque part de l'univers, sans aucune exception, mais la
puissance incontestable de Dieu ne diminue pas la liberté de l'homme. Car
c'est Dieu qui fait du libre arbitre une part de l'homme, et c'est lui qui
la lui dispense. Il a rendu l'homme libre de suivre le chemin de son
choix, et il ne tient aucune personne pour responsable des fautes des
autres. Ainsi quand nous accomplissons le meilleur des actes, la capacité de
les accomplir est de Dieu, et le choix d'user de cette capacité de les
accomplir est de Dieu, et le choix d'user de cette capacité est de
nous. Dans tous les versets parlant de la volonté de Dieu, on ne peut en trouver aucun qui attribue les actes volontaires de l'homme à la volonté divine; Ainsi le Coran proclame: "Quiconque fait un bien du poids d'un atome le verra Coran, sourate 99, versets 7 et 8 "Et vous serez très certainement interrogés sur ce que vous oeuvriez" Coran, sourate 16, verset 93 "Bientôt ceux qui donnent à Dieu des associés diront: 'si Coran, sourate 6, verset 148 Si le salut et l'égarement de l'homme devaient dépendre de la volonté
de Dieu, aucune trace de mal ou de corruption n'existeraient sur terre:
qu'il le veuille ou non, tout suivrait alors le chemin du salut et de la
vérité. Certains mécréants qui se cherchent des excuses prétendent que
tous leurs péchés sont voulus par Dieu. "Quant ils commettent une turpitude, ils disent: 'nous y Coran, sourate 7, verset 28 Tout comme Dieu a voulu récompenser les bons actes, il a aussi voulu
punir le péché et la corruption, mais dans les deux cas, vouloir le
résultat est différent de vouloir l'action menant au résultat. Le noble Coran affirme clairement dans certains de ses versets que Dieu a montré à l'homme le chemin du salut, mais il n'est pas obligé ni d'accepter le salut ni de tomber dans l'égarement. "Oui, c'est Nous qui le guidons dans le sentier, Coran, sourate 76, verset 3. Le Coran nie donc que les actes volontaires de l'homme soient attribués à Dieu. * * * |