Le mauvais
caractère
- La valeur de l’amitié et de l’affection - Le mauvais caractère est
répugnant. - Le Prophète de Dieu, modèle et guide
L’amour est l’un des sentiments naturels de l’homme. C’est ainsi
que nous constatons en ce dernier, l’existence d’une force secrète
l’incitant à s’attacher aux autres. On ne peut combattre cette tendance
naturelle, et il est impérieux que ce besoin inné soit satisfait. Tout
individu s’emploie de ce fait à établir des relations fraternelles avec
ses semblables pour susciter leur affection et se lier avec eux.
L’amitié est source de sérénité et l’une des meilleures jouissances
spirituelles, qui, une fois née se renforce et s’épanouit dejourenjour, et
qu’aucune autre chose n’égale en prix.
La douleur de la solitude et de l’exil, et l’éloignement des chers sont
le pire des tourments.
Si l’affection n’unissait pas les coeurs des hommes, ils seraient
livrés à l’inquiétude et au tourment, et leur existence deviendrait
infernale. C’est ce qui a fait dire à un savant que le secret du bonheur
réside en des rapports avec autrui régis par la fraternité et non
l’inimitié, et quiconque se montre incapable de vivre dans l’amour de ses
semblables ne peut pas vivre sans souci et agitation.
Les relations des individus, qui sont fondées sur les sentiments et
l’amitié réelle sont à tous points de vue les meilleures pour la
société.
La meilleure union de deux âmes est celle qui procède de leur
attraction réciproque par l’amour, sur lequel s’édifie le bonheur
complet.
Pour assurer la permanence des liens de l’amitié, il faut écarter les
facteurs de division, et s’empresser de répondre aux bons sentiments des
autres.
La plus précieuse des amitiés est sans doute celle qui n’est pas
tributaire des intérêts personnels, celle dans laquelle le sentiment de
fraternité demeure vivace, et qui peut satisfaire l’âme éprise de chaleur
et d’amitié.
Une amitié fidèle doit rester invulnérable aux coups du sort, et doit
demeurer constante en toutes circonstances, prête à apporter soutien au
coeur de l’ami en proie à l’anxiété, et y déverser espoir et sérénité.
On ne peut compter sur l’amitié des autres ni vivre à l’ombre de leur
affection, si notre coeur n’est pas débordant d’amour à leur égard. Un
sage a dit:
«Notre vie est semblable à une région montagneuse où l’homme entend
se répercuter les échos de son appel. Celui dont le coeur est plein
d’amour pour autrui, ne peut recevoir qu’amitié et fidélité.»
Notre vie matérielle est certes fondée sur l’échange et nous ne pouvons
dire qu’il devrait en être de même pour notre vie spirituelle. Mais
comment pourrait-on attendre d’autrui qu’il témoigne de fidélité à notre
égard quand nous sommes nous-mêmes inconstants? Comment exiger d’eux un
amour sans faille alors que le nôtre est fragile?
La fréquentation de nos semblables serait source de souffrance et
d’amertume, si elle était dépourvue d’amour réciproque. Si le spectre de
l’ostentation faisait planer son ombre sur les coeurs et sur l’exsistence
des hommes, si l’obséquiosité tenait lieu de sincérité et de pureté, et si
encore l’amitié authentique était sacrifiée à l’autel de la société, les
sentiments s’affaibliraient et la société en question perdrait l’esprit de
solidarité.
Sans doute, dans vos relations sociales, vous est-il arrivé de
rencontrer des personnes chez lesquelles vous n’avez décelé, nul sentiment
d’amitié et nulle affection, mais qui ont pu se donner l’apparence du
contraire. Et très souvent, il vous a été donné de percer le masque de
leur hypocrisie et d’en voir toute la laideur.
L’une des conditions du bonheur, et qui est aussi une des voies de
l’édification de l’esprit est d’établir des relations amicales avec les
hommes de bien. A leur côté, les esprits s’épanouissent et s’élèvent vers
les hauts sommets de la piété et de la vertu. Il importe par conséquent de
faire preuve de perspicacité dans le choix de ses amis, et ce serait une
erreur que de se lier avec une personne dont on n’est pas assuré de la
pureté et de l’intégrité.
Le mauvais caractère est répugnant:
Il existe des défauts moraux et des habitudes inconvenantes qui
secouent gravement les fondements de l’amour au point d’en rompre les
attaches. L’homme doté d’un mauvais caractère, et qui se montre asocial
voit se dresser entre lui-même et les autres un mur qui le rend aveugle à
la lumière de l’amour.
Le mauvais caractère réduit la valeur de l’homme, et détruit son
bonheur et sa paix intérieure.
Tout le monde fuit l’homme ayant mauvais caractère car on souffre
toujours de la présence d’un être au caractère incompatible avec le nôtre,
et qui ne nous est d’aucun apport moral.
Sans son mauvais caractère, un tel homme aurait pu jouir de nombreuses
possibilités présentes en lui pour progresser dans la vie.
Si l’on veut établir des liens avec nos semblables, nous devons au
préalable acquérir certaines connaissances de l’art du savoir-vivre avec
autrui, puis tacher de les mettre en application, sans quoi l’on
demeurerait toujours en marge de la société.
Faire preuve d’un bon caractère est la première condition du bonheur
parmi les hommes; il est un facteur de l’accomplissement de la
personnalité car il permet à l’homme de tirer profit de toutes ses
qualités potentielles, et possède un impact profond sur la vie sociale;
aucune autre qualité humaine n’égale le bon caractère en force
d’attraction des autres et potentialité affective.
L’homme doté d’une telle qualité sublime ne présente jamais aux autres
un visage renfrogné trahissant ses difficultés, mais s’efforce en
permanence de créer autour de lui une ambiance de joie et de travail qui
atténue les peines des gens, tout en conservant le calme en dépit des
peines de la vie, et parvient grâce à ce calme au succès et à surmonter
tout obstacle.
Le bon caractère est le facteur ayant l’impact le plus déterminant et
le plus puissant sur la réussite sociale des individus. Inutile de dire
que la promotion d’une société commerciale par exemple dépend en grande
partie du bon caractère ses employés.
Le directeur d’une entreprise quelconque, s’il jouit d’un bon
caractère, attirerait une bonne clientèle pour peu qu’il déploie une
activité suffisante.
Hâfiz de Chirâz, le grand poète iranien dit en substance:
«Oppose-leur ton bon caractère et tu en feras des amis, l’homme
intelligent ne chasse que par ce moyen.»
La gentillesse est la clef de l’attirance, et le mauvais caractère
n’entraîne que l’antipathie. En examinant plus attentivement nos
relations, nous voyons pourquoi certains de nos amis nous sont plus
intimes que d’autres.
Un intellectuel occidental relate son expérience personnelle à ce
sujet:
«J’avais décidé de vérifier en moi- même le pouvoir de la gaieté et
de la bonne humeur, alors que je me trouvais depuis quelque temps, abattu
et triste. J’avais remarqué souvent que la douceur et le dynamisme des
gens que je rencontrais se transmettaient à moi, et je me suis demandé si
je pouvais moi-même avoir par mon comportement une telle influence sur les
autres. Je ne cessais de me répéter cette résolution de garder toujours
une apparence souriante, et je m’efforçais de me persuader que j’étais un
homme très chanceux. Comme fruit de cette auto- suggestion, je ressentais
un soulagement, et j’étais envahi d’une joie profonde comme s’il me
poussait des ailes, et tout autour de moi me paraissait baignant dans la
félicité et l’optimisme.»
Et quand il m’arrivait de rencontrer des visages marqués par les
tourments et l’agitation intérieure, j’étais navré de ne pouvoir leur
communiquer une parcelle de la lumière qui inondait mon coeur...
J’entrai une fois dans le bureau où je travaillais, et saluai le
comptable avec un empressement dont je n’aurais jamais fait preuve avant
ma décision, quand bien même il m’aurait sauvé la vie. Le comptable ne put
se retenir de se montrer à son tour chaleureux et affectueux, ce qui
confirmait mon attente.
Le chef de la société commerciale qui m'employait était un de ces
hommes qui se dévouent à leur tâche sans même jeter un seul regard à ce
qui se passe autour d’eux. Il était d’un caractère dur. Il me réprimanda
ce jour-là au sujet de mon travail d’un ton tel quejen’aurais jamais
supporté,car j’avais les nerfs à fleur de peau, et des réactions
violentes. Mais puisque j’étais résolu à garder mon calme, je lui répondis
si poliment qu’il changea d’humeur.
Cet événement était le second de la journée où j’ai tâché de garder
une apparence gaie jusqu’au soir.
J’adoptai la même attitude au sein de la famille chez qui j’étais en
pension. Le résultat en fut que je constatais des signes d’affection et de
bonté dans les visages où ne se lisaient auparavant que froideur et
indifférence.
Après de nombreuses expériences, je découvris que je pouvais me
redonner de l’enthousiasme et le communiquer aussi à mon
entourage.
Vous aussi, si vous adoptez la même attitude, vous verrez s’épanouir
devant vous les visages, comme éclatent les bourgeons au printemps, vous
ne saurez plus compter vos amis, et la paix et l’entente régneront entre
vous.»
Personne ne nie l’influence de cette qualité, même quand il s’agit de
s’attirer les sympathies de l’ennemi. La douce parole a des pouvoirs
magiques, tant elle envoute les autres. La politesse et le respect dans la
parole jouent aussi un rôle important dans la maîtrise de l’ennemi.
Un écrivain occidental dit:
«Toutes les portes s’ouvrent devant l’indulgent alors que les hommes
au caractère grossier et rude sont contraints de les forcer comme des
malfaiteurs. Le mieux est de faire les choses avec respect, politesse, et
considération.»
J’ajouterai que le bon caractère crée nécessairement le bonheur, et
peut conduire à la perfection lorsqu’il procède de la sincérité et qu’il
est loin de toute préoccupation d’apparence ou d’ostentation. En d’autres
termes le sentiment d’amour doit jaillir du fond de l’âme. Car tant que la
politesse et la bonté ne feront pas partie des qualités les plus ancrées
de la personnalité, elles ne sauraient mériter considération. L’apparence
seule n’est pas une preuve suffisante d’une excellence intérieure, et de
la pureté d’intentions, car elle peut cacher un coeur souillé et obscur.
Combien de Satans se cachent sous des masques d’anges, et qui dissimulent
la laideur effarante de leurs faces.
Le Prophète de l’Islam, guide et modèle:
Chacun de nous sait que le caractère parfait et la conduite digne
d’éloge du Prophète fut un des principaux facteurs de la progression de
l’Islam. Dieu attribue l’expansion de l’Islam à l’excellence du caractère
du Prophète.
Le Coran dit en effet:
«...Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se disperseraient
autour de toi, loin...»1
Le Prophète accueillait en ami tous les hommes, et son visage reflètait
un amour profond et indescriptible pour l’humanité. Il marquait une
considération et une affection équitable à tous les musulmans.
«Le Prophète avait coutume de partager son temps entre ses
compagnons, écoutant celui-ci, puis celui-là, avec la même
sollicitude.»2
Il réprouvait le mauvais caractère, et disait:
«Le mauvais caractère est funeste. Le pire d’entre vous est celui
dont le caractère est le plus mauvais.»3
Le Prophète dit en une autre occasion:
«Ô, enfants de Abdul Mottableb, Vous ne vous attirerez pas les gens
avec vos biens. Rencontrez- les donc avec la gaieté au visage et la
bienveillance.»4
Anas Ibn Malik, qui fut à son service évoque en ces termes ses traits
de caractère:
«J’ai servi le Prophète- que le salut de Dieu soit sur lui et sur sa
Famille pendant dix ans. Je ne l’entendis jamais se plaindre de moi, ni me
reprocher mon acte, ni d’avoir déçu son attente.»5
Un bon caractère et beaucoup d’enthousiasme pour la vie, sont des
facteurs favorisant la longévité. L’Imam Sadeq, sixième Imam des Chiites,
a dit à ce sujet:
«Les bonnes oeuvres et le bon caractère créent la richesse et
prolongent les âges.»6
Le Dr. Sanderson dit:
«La bonne humeur est l’un des plus importants facteurs dans le
traitement et la prévention des maladies. La plupart des médicaments
créent une santé artificielle et fragile tout en ayant des effets
secondaires affaiblissants, alors que la gaieté suscite des effets
permanents sur l’ensemble des organes du corps. L’enthousiasme confère
fraîcheur au regard, souplesse au corps, agilité aux jambes et douceur à
la voix. Elle mobilise toute l’énergie de l’homme. La circulation sanguine
est plus rapide et la respiration meilleure chez l’homme actif; la santé
est également plus assise et plus consolidée, alors que la maladie y est
rare.»7
Relevons ce point remarquable dans les propos de l’Imam Sadeq qui
établit un rapprochement entre la bonne oeuvre et le bon caractère, en les
considérant comme deux choses concourrant à la long évite. L’âme généreuse
éprouve une joie particulière du fait de son acte. Ce qui prouve le bien
fondé du rapprochement établi par l’Imam.
Celui-ci considère cette qualité louable comme une des sources du
bonheur disant:
«Le bon caractère contribue au bonheur de
l’homme.»
Samuel Smiles dit pour sa part:
«Il est un fameux adage disant que le bon caractère et le bon
tempérament influent sur le développement et le bonheur de l’homme au même
titre que les forces et les prédispositions inhérentes naturelles. En
fait, le succès des individus dépend en grande partie, de leur caractère
et de leur capacité d’amour pour autrui.»8
L’affabilité améliore qualitativement la vie, accroit les richesses et
les amis. L’Emir des Croyants, Ali- que la paix de Dieu soit sur lui-
dit:
«Le caractère bon accroit les biens, et multiplie les
amis.»9
Dans son livre, «L’auto-édification», Esaut Marden écrit ce qui
suit:
«Je connais le directeur d’un restaurant qui s’est enrichi et jouit
d’une bonne réputation en raison de son bon comportement au point que les
voyageurs et les touristes acceptent de faire de grands détours pour
arriver à son restaurant où ils ont le sentiment d’être chez eux. Les
clients y sont reçus avec le sourire et la joie qu’ils ne retrouvent pas
ailleurs. En outre ils n’éprouvent pas les contraintes et la froideur
inhérentes à tous les restaurants. Les employés font de leur mieux pour
créer une ambiance amicale, et à reléguer au second plan l’aspect
commercial de l’affaire. Ils ont toujours le sourire, et font montre de
sollicitude et d’empressement envers leurs visiteurs. Ils suscitent en
chacun de leurs clients un sentiment de rapport particulier qui
l’encourage non seulement à revenir lui-même, mais à recommander à ses
amis d’en faire autant.»
Il est clair qu’une telle attitude ne peut avoir que des effets
bénéfiques sur l’accroissement de la clientèle.»
L’auteur ajoute:
«La politesse n’a jamais eu tout au long de l’histoire l’impact
qu’elle a aujourd’hui. La bonté de caractère, le pouvoir d’attraction, et
l’intérêt porté au bien-être d’autrui sont aujourd’hui un capital pour
tous ceux qui recherchent bonheur et succès dans leur vie
propre.»10
L’Imam Sadeq- que la paix soit sur lui- considère la bonté comme un
signe de l’intelligence disant:
«L’homme dont l’intelligence est la plus complète est celui dont le
caractère est meilleur.»11
Samuel Smiles écrit:
«L’histoire nous montre que les grands génies furent des hommes
souriants et optimistes, ayant saisi le sens réel de la vie. Ils ont
essayé d’être eux-mêmes l’incarnation de leur intelligence. Lorsqu’on
examine leurs oeuvres, on y constate avec clarté qu’ils étaient dotés d’un
esprit sûr, et d’une âme saine, à travers leurs actes et leurs
aspirations. Celui dont l’âme est sublime et l’intelligence achevée est
toujours gai et son comportement sert de modèle pour tous ceux qui veulent
bien l’imiter après avoir été touchés par la lumière qui émane de
visage.»12
Le noble Prophète de l’Islam- que la paix et les bénédictions de Dieu
soient sur lui et sur ses descendants- a dit:
«Deux choses conduiront au Paradis le plus grand nombre de ma
communauté: la crainte de Dieu et le bon caractère.»13
Quiconque accepte la raison comme maître, et aspire à mieux vivre
devrait se mettre en quête de ce précieux capital moral. Pour se
débarrasser d’un mauvais défaut, l’homme a besoin d’une grande volonté
entièrement concentrée sur l’objectif à atteindre. La conscience des
préjudices qu’il subit du fait de son mauvais caractère devrait suffire à
l’homme pour le décider à se changer.
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